
hw* ou les rois; les cinq très-brefs font les ministres.
Les dénominations de ces p oints-voye lles, qui
font carnets , tfere , chirek, cholem, patach , &c. ont
leurs lignifications dans la langue hébraïque, quoique
Capçlle foutienne le contraire, & qu’il prétende
que ce font des mots étrangers à cette langue.
Carnets lignifie le comprejjeur, parce qu’il faut ferrer
les levres pour le prononcer ; patach, apertor, parce
qu’il oblige à ouvrir les lè v re s , &c.
Outre ces points-voyelles que l’on voit dans la
Planche , les Hébreux en ont encore d’autres, que
je n’aurois point omis, fi cette Planche n’eût point
été déjà gravée lorfque j’ai eu la direction de ces
alphabets. Ces points font le dagefch, qui fe met dans
le ventre de la lettre, & fert à la doubler ; le map-
vik9 qui eft un point qui fe met dans le he finale, 8c
Je rend mobile. Les Hébreux ont aufii un grand nombre
d’accens ; favoir , douze qui fe mettent fous les
lettres, dix-huit qui fe mettent deflus, quatre qui fe
mettent deflus 8c deflous, un qui fe met à côté. Ces
accens fervent à avertir d’élever ou de baiffer la voix :
il y a lès accens aigu, grave & circonflexe; d’autres
fervent à diftinguër les différens membres d’une
phrafe ; enfin , il en eft aufii dont on ignore ljufage,
mais qu’on ne laifle pas, nonobfiant cela, de mar-
dans le texte hébreu de la Bible, avec la plus
fèvere exa6ntu.de» Les doCtes hébraïfans ont eu de
grandes difputes entre eux fur l’origine & l’antiquité
de ces points & de ces accens ; les uns, par urt excès
de zèle, ont prétendu foutenir que cette quantité
prodigieufe de points 8c d’accens étoit aufii
ancienne que leslettresmêmes; leurs adverfaires, au
contraire, ont foutenu qu’ils étoient nouveaux, &
de 1 invention des Mafloretes, qui trouvèrent le
moyen de fixer la leçon du texte facré, par l’appo-
fition de ces pc-intsrvoy elles 8c des autres remarques
marginales. Mais il y a , je crois, un milieu à prendre
entre deux fentimens fi oppofés- ; il ne s’agit que
de réduire cette ponctuation hébraïque à la fimpli-
«;te de la ponctuation arabe , & on verra que tout
le refte n’à été imaginé que pour une plus grande
exactitude , à caufé de la profonde vénération que
îo n a eue pour le texte hébreu* Mafclef, chanoine
d’Amiens, s’avifa, en 171(1, de publier une grammaire
hébraïque , dans laquelle rej.ettant 6c l'antiquité
des points, ôî l’autorité de la malfore, il prétendit
qu’on devoit donner aux lettres hébraïques le
fbn qu’elles ont dans l’alphabet ; ainfi par-tout ou il
fe trouveroit un beth, ghimel, daleth, &c. il falloit
prononcer bs, ghi, da, &c. enforte que fuivant ce
nouveau fyftême, au beu de m&fcheh, canaanr ma-
uafcheh, felomok, il faudra lire, inefçhhk, canouan ,
menoufchik , filameh : fyftême aufii ridicule que mal
conçu, & qui ne tend pas moins qu’à renverfer toute
^ grammaire hébraïque. u Qiio-nomine tantum ad—
» ficiam temeritatem-, non, ïnveniô, dit le favant M.
» Schultenz, hoc non efi illudere tantum orbi erudito y
* f d etiaminfultare. Pubïtcum ?fuamque. in eofamam ,
» parum curent necejfeefï, qui talia fcribere audent. Ne
» mentionem quidem feçijpttti tanta yanitatis, nifima-
» teria coegijjet. » En effet, l’ignorance greflîère qui
fait la bafe de tout ce fyftême, eft telle que je n’euffe
point rapporté moi-même ces paroles de M. Schultenz
, 'f i je n’avois eu deffein de détourner plufieurs
perfonnes , qui encore aujourd’hui à Paris, perckmt
leur temps à vouloir apprendre l’hébru d’après ces
principes.
P l a n c h e I L S y r ia q u e & S tra n g h e lo .
La langue fyriaque, appelée en divers temps}
langue chaldèenne ou babylonienne , araméenne, ajfy-
/tienne, fut encore nommée hébraïque, non qu’on la
confondît avec l’ancien hébreu, mais parce qu’elle
etoit devenue la.langue vulgaire des Juifs, depuis
leur retour de la captivité de Babylone , 6c qu’elle
l’étoit encore du temps de Jefus-Chrift. Il paroît confiant
qu’une partie des livres du nouveau Teftament
ont été écrits en fyriaque. Les termes de boanerges,
raca y mammouna , barjona, cephas , &c. répandus
dans le nouveau Teftament, font fyriens; ce qui doit
rendre l’étude de cette langue recommandable aux
Chrétiens. Les dénominations des lettres de l’alphabet
fyriaq.'.ie ne font prefque point différentes des
hébraïques. Ges lettres fervent également de chiffres;
les lettres youd, koph, lomadh, m im , noun, femkath ,
e e , phe, JJode, avec un point deflus, valent 100,
200, 300 , 400 , 500,600, 700, 800,900. Idolaf
avec un trait femblable à notre accent grave audef-
fous , vaut 1000 ; le beth, avec un pareil trait, 2000 ;
le même olaf, avec un trait horizontal mis deflous ,
vaut ioooq; \e youdh, avec un pareil trait deflous ,
vaut 100000 ; cette même barre mife fous un koph ,
vaut un million ; une efpèce d’accent circonflexe mis
fous Yolafy exprime dix millions ; fous le beth9 vingt
millions, 6c ainfi des autres lettres de l’alphabet.
Aujourd’hui on ne parle plus la langue fyriaque ;
la langue vulgaire des Syriens 6c des Maronites eft
1 arabe; enforte que le fyrieiv, comme parmi nous te
latin, eft la langue de l’Eglife 6c des livres faitsts«
Lorfque les Syriens veulent écrire en arabe fans être
entendus des Mahométans , ils fe fervent des caractères
fyriens ; 8c comme les Arabes ont fix lettres de
plus que les Syriens, favoir , les lertets thfe* cha ,
dhfalyulad, da 8c gain, ils y fuppleent en ajoutant
un point aux lettres tav, kop, dolath, ffodhe, tteth
6c ee. Le fyriaque eft aufii la langue favante des-
C hrétiens de faint Thomas, dans les Indes. J’ai qnel-
ques-uns de leurs livres écrits dans un caraCtère qui
tient beaucoup du ftranghelo, entre autres l’évangile
de faint Thomas, dont on trouve une verfioiî
latine dans le-recueil dès faux évangiles de Fabri-
ctus, 6c qu’on a condamné à Rome, comme un livre
apocryphe dont on n’avoit pu. recouvrer l’original*
Le fyriaque en eft aufii pur que celui du nouveau
Teft ament ; leur écriture eft fort belle 8c ronde ; elle
a cela de particulier que les. lettres- dolath , refch 8i
çain reffemblent, favoir,. les- deux premières au dal
des Arabes, 6c le \ain au vav- On remarquera que
les Syriens a- pelient encore leurs points-voyelles
des noms d'Abrohom > Exhala} Qdom 6c Ouiiah, qui
font autant de noms propres, dont la première lettre
a le fon d’une de ces voyelles.
Les Syriens Neftoriens étoient fort répandus dans
la Tartarie vers le douzième fiècle ; ils y avoient
établi leurs miflions. L’an 1625 , des maçons trouvèrent
à la Chine, dans un petit village près de Sig-
hanfou, capitale de la province de Chenfi, une
grande pierre de marbre, contenant une infcription
en très-beaux caraélères chinois, qui prouve que
les Syriens entrèrent à la Chine dès le fixième fiècle
fous le règne de l’empereur Taitçom, 6c que depuis
cette époque jufqu’en l’année 782, qui eft la
date de l’éreélion de ce monument, la religion chrétienne
y avoit fait de rapides progrès fous la protection
des empereurs. Ce monument, qui eft peut-
être le plus beau qu’on puiffe voir en ce genre ,
contient en marge , 6c en caraélère ftranghelo . les
fignatures d’environ foixante-fept prêtres fyriens ,
6c celle d’un certain Adam, à qui l’on donne le titre
de prêtre, chorévêquë 8c papafi du Tfineftan, c’eft-
à-dire du royaume de la Chine, appelé Tfin par les
Orientaux.
Je ne fais pu Duret a trouvé ce vers latins ,
E ccelo ad flomachum'relegit Chaldtza lïturas.
qui prpuveroit qu’autrefois les Syriens écrivoient de
haut en bas, à la manière des Chinois 8c des Tartajes
Mouantcheoux.
P lan ch es I I I 5c IV- Arabe.
Les Arabes écrivent de droite à gauche ; leur
alphabet eft compofé de vingt huit lettres, c’eft-à-
dire, qu’ils ont fix lettres de plus que les Hébreux 6c
le Syriens. Le lam-alif9 qui forme la vingt-neuvième
lettre de cet alphabet, n’eft qu’une lettre double ,
compofée du lam 8c de Yalif. Cet alphabet, tel
qu’on le donne ici, a été mis dans cet ordre par les
nouveaux grammairiens, qui, en cela, n’ont eu en
vue que de réunir des lettres de même figure. En
effet, plufieurs de ces lettres ne font reconnoiffables
que par les points diftinéiifs qui s’appofent deflus 6c
deffous. L’ordre naturel de l’alphabet ara^e ne doit
point différer de celui des Hébreux, 6c la preuve en
eft claire, en ce que la valeur numérale des lettres
arabes correfpond à celle des Hébreux. Les fix lettres
que les Arabes ont ajoutées à cet ancien alphabet,
font thfe9 cha, dh^al, dad, da &L ghàin. Elles
doivent être placées à la fin de cet alphabet dans le
même ordre que je viens de les nommer, 6c elles va-
fent, favoir, thfe , 500 ; cha, 600; dh^al, 700 ;
dad, 800 ; da9 900 ; ghain, 1000. Ces fix lettres ne
«iffèrent que par leurs points, des lettres te9ha9
dal, [ad, ta 8c ain. Si nous étions aujourd’hui bien
au fait de l’ancienne prononciation de l’hébreu, fans
doute que nous pourrions expliquer la raifon qui a
porté les Arabes à admettre ces fix lettres d’augmentation
; car il y a lieu de préfumer que les Hébreux
prononçoient le tav tantôt comme un r, 6c
tantôt comme ths ; qu’ils afpiroient quelquefois la
lettre he, 6c la prononçoient dans certains mots
comme le cha des Arabes, &c. par la même raifon
qu’ un point mis à droite ou à gauche fur la lettre
en fait unfchih ou un fin. Quoique les Hébreux
n’aient pas mis la même diftinéfion fur les autres
lettres que je viens de nommer , cela n’empêche
point qu’elle ne pût fubfifter dansl’ufage, 6c confé-
quemment que cela ait donné lieu- aux Arabes de la
faire dans leur alphabet. On peut croire encore que
l’étendue des pays où on parle arabe, 6c les diffé-
rens dialeétes de cette langue , on donné lieu à ces
lettres d’augmentation. Quant à la prononciation ,
on obfervera que les lettres ain 6c gain fe tirent du
fond du gofier ; il eft rare de ne point reconnoître
un arabe à la prononciation de cette lettre.
Les notes ortographiques, qui font ham^a. wefla.
ou ouafla , madda, gieçrna, ÔC tafchdid, fervent, favoir,
le hamça à marquer le mouvement de Yalif,
lorfqu’il eft appofé deflous ou deflus cette lettre, ou
à en tenir lieu lorfqu’il eft écrit ou feul, ou fur le»
lettres vav 6c y e ; fon ufage eft encore dédoubler
ces voyelles. Le ouafla fe met fur Yalif initial, 8c
défigne qu’il doit perdre fa prononciation pour prendre
le fon de la dernière voyelle du mot précédent.
Le madda fe met également fur Yalif, 6c le rend long ;
il fert aufli d’abréviation aux mots. Le gieçnta marque
que la confonne fur laquelle on le met, eft quief-
cente, ou deftituée de toute voyelle. Enfin, le tafchdid
double la lettre fur laquelle on le met.
Les tanouin ou nunnadons, oun , an , in , fervent
à défigner; favoir,oun, le nominatif;an ,l ’accufatifj
6c in, le génitif, le datif 6c l’ablatif.
Les plus anciens caraélères arabes font ceux qu’oit
appelle coufites, ainfi nommés de 1a ville de Coufah,
bâtie fur l’Euphrate. Les caraétères modernes font
de l’invention du vifir Moclah, qui fleuriffoit l’art
933 de l’ère chrétienne, fous les règnes des calife»
Moéfader, Caher-Billah 6c Radhi-Billah. Les intrigues
de ce vifir lui coûtèrent, à trois reprifes différentes
, la main droite, la main gauche, ôc enfin la
langue ; ce qui le conduifit à traîner une vie mifé-
rable 6c languiffante, qu’il finit l’an 949. On rapporte
que, lorfqu’il fut condamné à perdre la main
droite, il fe plaignit de ce qu’on le traitoit en voleur,
6c de ce qu’on lui faifoit perdre une main qui
avoit copié trois fois l’alcoran, dont les exemplaires
dévoient être pour la poftérité le modèle de l’écriture
la plus parfaite. En effet, ces trois exemplaires
n’ont jamais ceffé d’être admirés pour l’élégance de
leurs caractères, nonobftant qu’Ebn-Bauvab les ait
encore furpafles, au jugement des Arabes. D’autres
attribuent l’invention de ces beaux caractères à A b -
dallah-al-Haffan, frère d’Ebn Moclah. Il fubfifte encore
des monumens coufites, qui font de toute
beauté, mais affez difficiles à lire à caufe des orne-
mens étrangers dont ils font Rechargés,
Turc»
Les Turcs ont cinq lettres de plus que les Arabes j
qu’ils ont empruntées des Perfans. La prononciation
turque tient un milieu entre la prononciation perfane
F f f ij