
■ fle gazoft, ôc bouchera la cheminée , mais non fi
exaaement qu’il n’en forte encore beaucoup de
fumée ; il defcendra enfeite de deffus fon fourneau,
& s’il fait un peu de vent, il apportera des claies,
les dreffera, ôc empêchera le vent de hâter le feu.
Le charbonnier ne pourra quitter fon fourneau de
deux heures, quand il y aura mis le feu. 11 faudra
qu’il veille à ce qui fe paflfe , ôc qu’il foît attentif à
jetter du frafiri ou de la terré dans les endroits ou la
fumée lui paroîtra fortir trop épaifie. S’il arrive que
l’air qui s’échappe du bois , mêlé avec la fumée ,
lie trouve pas une iflue facile , cet air fe mettra à
circuler intérieurement , en faifant un bruit fourd
& aflez violent ; ce bruit finira, ordinairement par
im éclat, ôc par une ouverture qu’on appelle auffi
cheminée, mais mieux vent. Le charbonnier bouchera
cette ouverture avec de la terre ou du frafin. Au
bruit qui fe fera intérieurement, & à l’éclat qui le
fuivra, ceux qui n’auront jamais vu faire de charbon,
croiront volontiers que le fourneau s’eft entr’ouvert
ôc eft difperfé ; cependant cela n’arrive jamais. Tout
l’effet fe réduira à un'petit paffage où Ton remarquera
un cours de fumée confidérable, que l’ouvrier
arrêtera avec une légère pelletée de terre ou de
frafin.
L’ouvrier aura encore une autre attention- a ce
fera de couvrir peu à peu le bas de fon fourneau, &
de rétrécir cet efpace que nous avons dit qu’il avoit
Jaiffé découvert. Quand il aura fait cet ouvrage ,
il pourra quitter fon feu, & s’en aller travailler à
la conftruétion d’un autre fourneau. Il fuffira que
d’heure en heure, ou de demi-heure en demi-heure,
$1 vienne modérer les torrens de fumée , Ôc qu’il
accoure quand il fera averti ôc-appelé par les bruits
des vents , ce qui arrivera, de temps en temps. Il
faudra , pour que le feu brûle également, que la
fumée s’exhale également de tout côté, excepté' au
fommet vers là cheminée , ou l’on contiendra le
cours de la fumée plus fort qu’ailleurs»
Il arrivera quelquefois , dès le premier jour-, fur
le foir, que le feu ait été plus vite dans un endroit
que dans un autre, ce que l’on appercevra par les
inégalités qui fe1 feront à la furface du côte oh le
fourneau aura Brûlé trop vite ; alors le charbonnier
prendra le rabot. Le rabot eft un morceau de bois
plat, taillé comme un fegment de cercle ,■ & em*
manché dans le milieu de la furface d’un long morceau
de bois ; • les-' deux angles du fegment fervent à
ouvrir le fourneau; & le côté r-eétiligne ,-à étendre
la terré ou le frafin fiir le fourneau-, & à l’anir. Le
charbonnier, avec la’ Corne de cet inftrument, découvrira
le côté élevé du fourneau, & lui donnera
de l’air jufqu’à ce qu’il paroiffe une efpèce de flamme
légère ; fi la flamme étoit vive & forte , le bois fe
confemeroit, ôc l’on auroiï des cendres au lieu de
charbon.
La première nuit, l’ouvrier ira Vifitér fort feiï
deux à trois fois , examinera le vent, placera lèÿ
claies comme il convient, donnera de l’air aux endroits
qui en auront bçfoin, ôc le fupprimera dans
Ceux oh il paroîtra en avoir trop. Le feu n'ira bien,
ôc le fourneau ne fera bien conduit, que quand, par
l’attention du charbonnier, à étouffer ôc à donner, de
l.’air à temps & aux endroits convenables, l’affaiffe.
ment du fourneau fe fera à peu près uniformément
par-tout.
Le fécond jour, le travail du charbonnier ne fera
pas confidérable ; mais à l’approche de la nuit du
deuxième jour, il ne pourra plus le quitter. La cuiffon
du charbon s’avancera, & le grand* feu ne tardera
pas à paroître; On appelle Y apparition dit grandfeu,
le moment oh toute la chemife fe montre ronge &
en feu ; ce fera alors le moment de polir le fourneau:
on regardera le charboncomme cuit; on prendra lé
rabot ôc la pelle ; on rechargera le fourneau de terre
Ôc de frafin avec la pelle , Ôc on l’unira avec le côté
reâiligne du rabot, en tirant lé frafin ou la terre de
haut en bas , ce qui achèvera de fermer la partie du
contour inférieur qui pourroit être reftée découverte.
Cette opération étouffera le feu , bouchera toutes
les petites ouvertures ou crevafles-, & empêchera le
charbon de fe confumer.
Quand le fourneau fera poli , il ne fe fera prefque
plus de fumée, & le travail fe fufpendra jufqu’air
moment de le rafraîchir. Cette opération fe fera dans
la journée. Pour rafraîchir, on tournera le rabot du
côté circulaire ; on l’appuiera un- peu fur la furface
du fourneau, ôc l’on tirera de haut en bas le plus de
terre ou de frafin qu’on pourra ; après quoi on reprendra
cette terre ou ce frafin avec- h pelle, ÔCon
le répandra par-tout fur le fourneau, y en ajoutant
même un peu de nouveau : par ce renouvellement
d’enduit ou de chemife, on-achèvera d’interrompre
toute communication à l’air extérieur avec l’intérieur
du fourneau ,. ôc à- étouffer entièrement le charbon*
On rafraîchira jufqu’à deux à trois fois ; mais une
fois fuffira quand on aura bien fait.
Le quatrième jour , le charbon fera cenfé fait &
prêt à être tiré.. Il fuit de ce qui précède, i°. qu’en
feppofant que le bûcheron mette le feu à fon fourneau
au point du'jour, ce feu durera deux jours ÔC
deux nuits toujours en augmentant ; que le troifieme*
jour, lorfque le grand feu aura, paru, le feu étouffé
par l’opération qu’ils appellent polir ôc rafraîchir,
commencera à diminuer, Ôc que le quatrième jour de1
grand matin, ©n pourra ouvrirle.fourneau ; ce qur
s’exécutera avec l’infirument appellé crochet. On
n’ouvrira le fourneau que d’un côté; fi le charbon
n’eft que chaud, on le tirera; s’il paroît-embrafé, on
le recouvrira bien avec la terré & le frafin, Ôc l’on
remettra l’ouverture du fourneau au foir du même
jour, ou au matin du lendemain.-
2 ° . Qu’on pourra faire du charbon en tout temps
ôc en toute faifon; mais que le temps calme fera le plus
propre ; que les grands vents feront nuifibles ; qu’il
en fera de même des pluies d’orage, mais qu’il n’en
fera pas ainfi du brouillard ou d’une petite pluie ;
que l’humidité légère achèvera la euiflon ; que cette
tfa'afe réduira quelquefois les planchers en charbon 9
ce- qui n’arrfeer» jamais dans les- temps orageux.
C H A
^0; Que le feu s’étendant du centré à la circonférence
, il fera à propos, quand on conftruira les planchers
& les étages , de placer le plus gros bois vers le
centre de Faire, des planchers ôc des étages, ôc le
menu bois à la circonférence.
Le charbon fe fait en Bourgogne un peu diverfe-
fïient; après avoir préparé Faire à la Bêche ÔC au
rateau, comme on le voit faire au bûcheron de la
fig. i de la première vignette, on plante au centre
dé Faire a b une longue perche c e; on arrange au pied
de cette perche quelques bûches cd d9 de manière
qu’il y ait Un peu d’intervalle entre la perche ôc les
bûches; on remplikune partie de cet intervalle que
forment les bûches c dd'pat leur inclinaifon, de bois
fec ôc de menu branchage ; on continue d’incliner
des bûches fur les bûches c dd; on forme en grande
partie l’étage f , figure 2; on ménage à travers les
bûches de cet étage , un paffage k qui va de la circon-*
férence de cet étage'jufqu’au centre, ôc on le tient
ouvert par le moyen de la perche k. On va chercher
du bois; on forme l’étage g en grande partie; on
achève l’étage ƒ, dont l’extrémité des bûches eft contenue
par les rebords de Faire; on achève l’étage g,*
on forme l’étage h en entier ; on élève fur cet étage
l’étage i j on termine le fourneau par de menus bois ,
ôc on le met en état d’être couvert de fa chemife.
C’eft ce qu’exécute le bûcheron de la fig. 3 , avec fa
pelle; il commence par remplir les premiers interf-
tices extérieurs avec de l’herbe ; puis avec de la terre
tirée d’un chemin qu’il-pratiquera autour de fon fourneau,
s’il manque de frafin , ou avec le frafin qu’il
aura recueilli fur Faire d’un fourneau , quand il en
iaura tiré le charbon, il formera à fon fourneau la
chemife m, L Pour cet effet, il prendra avec la
partie concave de fa pelle le frafin , le jettera fur
le bois, ôc avec la partie convexe il l’unira. Lorfqu’en
conduifant fon travail fur toute la furface du fourneau,
il. Faura entièrement couverte , il y mettra
le feu, non par en haut comme dans la première
manière de faire le fourneau, mais par en bas. On
voit, fig. ƒ deuxième vignette, le fourneau en feu ;
on laiffe la couche de frafin légère en P P, pour que
la fumée puifle s’échapper. On voit , fig. 4 , un fourneau
tout percé de vent; fig. 6, uu bûcheron qui
découvre un endroit élevé du fourneau, ôc lui donne
de l’air afin qu’il aille plus vite. Les autres bûcherons
poliffent ôc rafraîchiffent.
Nous n’entrerons dans aucun détail ferla manière
de conduire le feu de ces fourneaux ; la manière différente
dont ils font conftruits, n’influe en rien fer
celle d’en mettre le- bois.,ên charbon^, ce font les
memes principes ôc les mêmes précautions. On voit,
fig-9 , un ouvrier qui prépare du bois ou une perche ;
fig> 10, le bois coupé ôc en tas ; en Q N O , fig. 21,
la voiture à charbon ; en R S T V X X Y Y , fon
développement; enKKLLMMII, figure 22, la
brouette; en G , fig. 20, le crochet; er\F afigure 14,
la pelle; en C D , figure / ƒ, le rateau. Le crochet eft
de fer.
G n ç o n f t r u i t e n c o r e ailleurs les fo u r n e a u x de la
C H A 517
manière fuivante : on fait au milieu de Faire un
plancher carré de gros bâtons de bois blanc ; on
répand fur ce plancher du bois de chemife; fer ce
plancher on‘ en forme'un fécond, de manière que
les buches.de ce fécond traverfent ôc faffent grille fur
celles du premier; on jonche ce fécond plancher de
bois de chemife ; on en forme un troifième, un quatrième
, un cinquième, ôcc. les uns fur les autres, ÔC
de la même manière. On pratique au centre de ces
planchers une ouverture d’un demi-pied en carré ;
on en fortifie la conftru&ion par quatre perches
qu’on plante à chaque angle. On incline enfeite des
bûches debout contre cet édifice: on forme un premier
étage de ces bûches ; fer cet étage , on en forme
un fécond, un troifième, &c. Ces étages vont
toujours en diminuant, enforte que le fourneau
entier a l ’air d’une pyramide à quatre faces; on
obferve de placer les plus gros bois au centre de
cha_que étage. On couvre cette pyramide de gazon ,
de terre ou de frafin ; on y met le feu, foit par eu-
haut, foit par en "bas-, ôc on conduit le feu comme
nous avons dit plus haut. Ce feu fe répand fort
varlfi parce qu’à mefere qu’on élevoit la pyramide ,
on remplifloit de matières faciles à enflammer,. le
trou carré des planchers faits les .uns fur les autres
au centre de cette pyramide, ôc félon toute fa hauteur
, ôc les interftices des bois qui formoient les
planchers.
Le bois neuf eft le meilleur pour le charbon ; celui1
de vieux bois n’a point de corps & né donne point
de chaleur. On en fait avec toutes fortes de bois ;
mais il n’eft pas également bon à toutes fortes
d’ufages. On dit que celui de chêne, de faule, de
châtaignier, d’érable , de frêne Ôc de charme, eft
excellent pour les ouvriers en fer ou en acier ; celui'
de hêtre, pourlespoudriers; celui de bois blanc, pour
les orfèvres; celui de bouleau, pour les fondeurs;-
celui de faule Ôc de troène , pour les falpêtriers :
en un mot, il eft évident que le charbon doit avoir
différentes qualités, félon les bois dont on Fa fart-;
ôc que fes qualités ne font pas indifférentes aux
artiftes, félon qu’ils fe propofen-t-, ou d’avoir de
l’éclat, ou d’avoir de la chaleur , ou d’avoir du
moëfleux ôt de la douceur.
On a remarqué que les charbons de bois tendre
comme le bouleau ,- le tremble , le peuplier, le
tilleul, le pin, ne pétillent point ; ôc qu’étant employés
pour la foute des métaux , ils les adouci
fient.
Le charbon de bois dur donne beaucoup plus de
chaleur, mais il pétille davantage que le charbon de
bois tendre : étant employé pour la- fonte des métaux,
il les aigrit.
On e m p lo i e l e c h a r b o n d e b o i s b l a n c p o u r polir
le s m é t a u x , ôc p o u r fa i r e d e s c F a y o n s p r o p r é s a u x
d e f f in a te u r s ;
Le charbon de bois eft le corps le plus durable de
la nature : il eft incorruptible, ôc c’eft cette qualité
qui Fa fait employer anciennement par les Egyptiens
dans Fçmbaumement de leurs corps, ôc ce qui l’a