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La fig. 43, eft un cifeau appelé èbaucholr à grain
d'orge, dont le taillant a formant un angle un peu
aigu, fert pour couper dans les angles.
Les fig. 44, 4 ƒ & 4 6 ,pl. X X X I , font des ci féaux
femblables aux trois précédens, mais différens en ce
qu’ils font emmanchés chacun dans un manche de
bois.
La fig, 47 , eft une cheville de fer qui fert pour
cheviller les pièces qui compofent les grues , gruauxg
échafaudages 8c autres chofes femblables, qui font
fujettes à etre démontées & remontées à différentes
reprifes, portant un talon 8c un trou pour pouvoir
les retirer facilement lorfqu’elles ont été trop chafîees.
Les fig. 48 8c 4p 9 font l’une un rabot, & l’autre
une galère, faits tous deux pour dreffer & applanir
les pièces de bois qui ont befoin de l’être.
La fig. So , eft une pièce de fer fervant de levier,
d’environ deux poncés à deux pouces & demi de
grofleur, fur fix à fept pieds de long , arrondie par
un bout a , & amincie par l’autre b , en forme de pied
de. biche.
La fig. f t , eft un levier de bois qui peut avoir plus
ou moins de longueur 8c de grofleur félon les occasions
que l’on a de l’employer.
La fig. f i , eft un cric dont les fig. f } , .74 & f f
font les dévei'oppeméns : cette machine fervant à
élever des fardeaux, eft compofée d’une forte pièce
de bois a , creufée- en-dedans x frettée par chaque
bout & au milieu, dans les endroits oh elle eft foible,
portant une lumière b du-haut en-bas, par ou pafîe
le crochet c d’üne Forte barre de fer plat d , portant
par fon extrémité fupérieure un croiflant e : cette
Ba^re, qui fert à éleyèr lés fardeaux par fon crochet
c , ou fon croiflant e , eft remplie de dents d’un bout
à l’autre , dans lefquelles s’engrène un pignon fi, fig.
S3 , mu par une manivelle g , fig. f2 ., que l’on retient
par un crochet h , lorfque le poids eft affez élevé ; 8c
lorfque l’on veut augmenter la force du cric, on
attache à ce pignon F , fig. f4 , une petite roue /, engrenée
par un fécond pignon le , mu alors par la manivelle
dont nous venons de parler.
Il faut convenir* que l’art de la charpenterie a
fait de très grands progrès en'France , depuis que la
plupart des entrepreneurs 8c les ouvriers ont fu s’inf-
truire de la partie des mathématiques qui leur étoit
néceflaire.
Mathurin Joufle r le Muet, Tiercelet, Davillier
& Blanchard, ont écrit fur cet art , 8c leurs ouvrages
doivent être étudiés & confultés ; quant à la pratique,
on a fur-tout de grandes obligations, comme
nous l’avons déjà d it , au fleur Nicolas Fourneau ,
maître charpentier à Rouen, auparavant démonftra-
teur de trait à Paris, qui a publié en 1 7678c 1769,
un ouvrage utile & favant fur l’art du trait de la
charpenterie.
On trouvera encore quelques détails fur Fart de la
charpenterie, dans les planches gravées 8c leur explication
, 8c dans le vocabulaire, qui font à la fuite de
cet article»
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Communauté des maîtres Charpentiers
D’anciennes ordonnances qu’on rapporte au temps
de S. Louis , prouvent que ce roi avoit donné l’office
de Maître général de la charpenterie à fon maître
charpentier, nommé Foulques’du Temple. On voie
dans ces ordonnance» que les charpentiers, hachiers,
tonneliers, charrons, couvreurs de maifons, & tous
ouvriers qui travailloient du tranchant & en merrain,
étoient fournis à fa jurifdiélion. Il établiffoit là dif-
cipline fu^plufieurs métiers, recevoir les fermens
des maîtres , jugeoit fur des rapports, puniffoit les
abus par condamnation d’amende, jouifloit des gages
8c des droits honorifiques : rien ne çàraétérife mieux
un ofRcier public. En 1303 le ro i, par arrêt de fon
parlement , ôta cette petite juftice à fon maître charpentier
, 8c la rendit aux officiers du châtelet. Ce
n’eft auffi que depuis 1303, que lès métiers ,- auparavant
fubordonnés au maître général de charpenterie
, fe font rangés en corps ou communautés, &
que les prévôts de Paris leur ont donné des ftatuts
féparément.
Avant l’année 1574, fl n 'y avoir aucune diffé-'
rence entre ceux qui compqfoient la communauté
des maîtres charpentiers de la ville 8c faüxbourgs de
Paris; tous y étoient égaux, & il n’y étoit point
mention de jurés du Roi es oeuvres de charpentiers ,
qui, avec les maîtres charpentiers, font à préfent
cette communauté»
Les jurés étoient alors éleéîlfs, comme il paroît
par les anciens réglemens de 1454, 8c les lettres-
patentes- des rois Charles V I , Louis XI & François;
I , des années 1404, 1467 8c 15-16. Mais
Henri III ayant créé ces charges en tîtrë d’office,
au mois d’oélobre 15 7 4 ,.avec attribution de plu-
fieurs dons 8c privilèges ; cette création a été confirmée
par grand-nombre de fentences, d’arrêts du
confeil, ainfi que par arrêt;du parlement, jufqu’en
1644. Dès lors non-feulement la première forme
de cette communauté fut changée, mais les anciens
ftatuts dévinrent prefqii’entïèrement inutiles.
Ce fut ce qui obligea cette communauté de faire
dreffer de nouveaux ftatuts, & d’en demander la
confirmation au roi Louis X IV , fous la régence de
la reine Anne d’Autrichë fa mère , par lettres-
patentes du mois d’août' 164.9 > enregiftées en parlement
le 22 janvier 1.652.
Par ces ftatuts, l’ancien des jurés du roi eft nommé
doyen de fa communauté. Le premier rang lui eu
affigné dans les affemblées qui doivent toutes fe
tenir dans fa maifon, 8c non ailleurs.
Le fyndic de la Communauté doit s’élire tous les
ans, le lendemain de faint Jofeph. Il doit être choifi
parmi les jurés.
Il n’appartient qu’aux jurés du roi, à l’exçlufion
même des maîtres, de faire destoifés, eftimation,
ràpport, 8cc. à peine de faux 8c d’amende. Il en
auffi de leur charge de vifiter tous les bois à bâtir,
ouvrés 8c non, qui arrivent fur les ports.
On ne peut être reçu juré du roi, qu’ôn h’ait fait
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capacité aux ouvrages de charpenterie,
qu’on n’ait fubi toutes les formalités néceffaires par
les afpirans à la maîtrife, 8c qu’on n’ait été reçu
maître hafanVaut.
Les jurés ni les maîtres ne peuvent avoir qu’un
apprentif à la fois, obligé au moins pour fix ans.
Les apprentifs forains , pour être reçus maîtres ,
doivent fèrvir quatre ans fous les maîtres de Paris.
Aucuns, pas même les fils de maîtres, n’eft dif-
penfé du chef-d’oeuvre.
Les afpirans à la maîtrife font obligés de fervir
trois mois chez un des jurés, 8c autant fous l’un
des anciens maîtres; après quoi f i, fur le trait géométrique
qu’ils font fur un^carton, ils font jugés
capables par les jurés, on les admet au chef-d’oeuvre,
8im enfuite à la maîtrife.
Il n’eft permis ni aux jurés, ni aux maîtres, d’entreprendre
des bâtimens pour les vendre la clef à
la main; ces fortes d’entreprifes leur font défendues
fous peine de 1500 livres d’amende.
Il y a encore eu quelque» changemens de faits
fur ces ftatuts, en 1697, par un arrêt du confeil
qui ordonne qu’éleélion fera faite de quatre nouveaux
jurés-fyndiçs, dont deux fortiront de charge
l’année fuivante, à la place defquels deux autres
auffi élus.entreront, 8c ainfi d’année en année.
Les droits de réception à la maîtrife qui y font
•fixés, font confidérables.
Il y eft dit. que tous les jurés du roi, que les
quatre jurés-fyndics auront à chaque réception treize
jettons d’argent, 8c les quatre, maîtres mandés,
chacun quatre jettons.'
Que les vifites dans les bâtimens, chantiers 8c
ateliers, fe feront deux fois le mois, par deux jurés,
l’un expert 8c l’autre juré-fyndic.-
Par la déclaration du 2$ juin 1705, le roi a réuni
à la communauté des charpentiers, l’office de tré-
forier receveur 8c payeur de leurs deniers communs,
& l’a confirmée dans l’hérédité de l’office
de fyndic-juré, 8c d’auditeur de leurs comptes.
Les jurés-fyndics peuvent faire leurs vifites dans
tou$ ateliers 8c chantiers, même dans les lieux
privilégiés ; & en cas qu’ils y trouvent des malfaçons,
des bois défe&eux, ou des ouvrages contraires
aux réglemens de police, 8c à l’art de charpenterie
, ils en drefferont procès-verbal, 8c fe
pourvoiront pardevant lè lieutenant général de
police. Cette déclaration fut regiftréë au parleinent
fe 17 août 1706, à la charge que les jurés en èxer-
cice continueroient de faire leurs rapports pardè-
vant le procureur du roi au châtelet, dé toutes
les contraventions & abus qu’ils découvriroient,
pour .donner fon avis en la manière accoutumée,
& être enfüite procédé pardevant le lieutenant
général dé police. C ’èft encore aujourd’hui la manière
dont s’exerce la police de là charpenterie.
Il eft défendu aux compagnons d’emporter les
copeaux, fous peine de punition corporelle.
Eeur bureau eft rue Galande; leur patron . S,
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Jofeph ; 8c leur églife, aux Carmes de la place
Maubert.
Les droits de réception, fixés par l’édit d’avril
1776, font de 800 livres.
Explication fuivie des planches de la Charpenterie-
Planche I. La vignette ou le haut de la planche
repré fente à fa partie fupérieure un chantier de charpentier
, dans lequel travaillent différens ouvriers.
a , ouvrier occupé à refendre.
b , ouvrier occupé à faire des mortaifes.
c , ouvrier occupé à écarrir avec la béfaiguë*
d , ouvrier qui hache avec la cognée.
e , ouvrier qu’on appelle goret ou maître corn-
pagnon » occupé à recevoir les ordres du maître.
ƒ , ouvrier qui tranfporte des bois.
Sur le devant de ce chantier eflfune voiture à deux
roues g , appelée diable, avec laquelle les ouvriers
tranfportent eux-mêmes la plupart de leurs bois.
Dans le fond eft un hangar h , ou les ouvriers
travaillent à couvert pendant les mauvais temps ;
le deffous eft plancheyé, pour procurer par-là aux
ouvriers le moyen de tracer par terre leufs ouvrages.
Près de-là en i , eft un pan de bois que l’on élève.
De l’autre côté 8c derrière le chantier vers k , eft
un échafaudage de charpente , deftiné à l’édification
d’un grand bâtiment.
Bas de la planche.
Fig. 1, un tronc d’arbre. La coupe montre les cercles
À , dont C eft lexentre commun; ces cercles
indiquent l’âge.
Fig. 2 , une pièce de bois d’éearriffage.
A , les bois de brin.
B , les doffes.
Fig. -}, une pièce de bois d’écarriffage refendue,
formant plufieurs pièces de bois de fc’iage A.
Fig. 4 , une pièce de bois en chantier difpofée
pour être écarrie.
A , la pièce.
B , B , chantiers de bois.
C 8c D , les extrémités.
F , G , règles pour marquer le dégâuchiflement.
Fig. f , dernière pièce de bois èn chantier, dif-,
pofée à être, tracée au cordeau A , B , C.
Fig. 6 , même pièce de bots refendue des deux
côtés,, difpofée à être tracée de nouveau au cordeau,
pour refendre les deiix autres côtés E , F.
Planche II. AJfemblages & pans de bois 9 anciens & à la
. moderne , cloifons & planchers.
Fig. 7 , affemblage à tenon 8c mortafle droit.
a , tenon.
b , mortàife.
Fig. 8 , cheville pour cheviller les aflemblages à
1 tenon & mortàife.
Fig. p , pièce de bois à tenon , avec renfort b au
collet.
Fig. 10, autre pièqç dç b o is , auffi à tenon avec
■ renfort b au collet.