
mais il n’eft guère probable que l’orgë ni le riz corrige
les défauts de cette chaux de plomb.
La cérufe ne doit être autre chofe que le blanc de
plomb broyé, fi elle eft bien pure ; mais elle peut
être mélangée avec' une partie du blanc de Rouen
ou de craie , fans qu’on puiffe s’en appercevoir facilement.
C’eft pourquoi ceux qui veulent avoir de
beau blanc de plomb pour la peinture à 1 huile , doivent
toujours le faire broyer quand il eft en écaillé.
Le blanc de plomb mélangé , étant employé à
Thuile , noircit dans la fuite. On reconnoît encore
ce mélange , ft l’huile avec laquelle on 1 a broyé
n’eft pas vieille, & que le blanc foit gras ; ce qui
vient de la craie.
Blanc ou magiflère de bifmuth. Voici , fuivant M.
P o tt, la meilleure façon de faire le blanc de bifmuth
pulvérifé. On verfe par deffus bien doucement, &
à plufieurs reprifes , deux parties d’efprit de nitre ,
bien pur & bien dégagé de l’acide vitriolique , pour
que le magiflère foit "bien blanc ; car fans cela il
prendroit une couleur grife. On prend garde aufli
qu’il n’arrive point d’effervefcence.
Peu de temps après la diffolution , il fe forme des
criftaux blancs ; o u , fi on ne veut pas attendre la
formation de ces criftaux, on n aura qu a précipiter
la folution avec huit parties d’eau claire toute pure ;
on fait par là tomber une chaux blanche qu’on lave
dans plufieurs eaux pour l’édulcorer ; on la fait fécher
enfuite à l’ombre ; car , fi on le faifoit au foleil ou
au feu, la chaux perdroit de fa blancheur. Si on met
cette chaux calciner , elle devient blanche & brillante
comme du talc folié ; c eft ce qu’on appelle blanc
de bifmuth, blanc d'Efpagne , ou blanc dè perles. Cette
.chaux eft regardée comme un grand cofrnepque ;
on s’en fert, comme d’un fard , pour cacher les
difformités du vifage ; ÔC on prétend qu elle blanchit
le teint.
Le blanc dit des Carmes., n’eft autre chofe que de
la chaux de Senlis fort blanche , & paffée dans un
tamis très-fin. Quand eette chaux eft claire comme
du la it, on en applique cinqoüfix couches; mais il
faut que chacune de ces couches foit bien sèche avant
que d’en donner une nouvelle ; il faut aufli les bien
frotter avec la broffe: après cela, on frotte 1 ouvrage
avec une broffe de poil de fanglier, ou avec la paume
de la main ; c’eft ce qui lui donne ce luifant qui en
fait tout le prix.
On fait dans les Indes un blanc très-pur ôc très-
luifant- avec de la chaux vive mêlée avec du lait
& du fucre, dont on enduit les murailles que l’on
polit enfuite avec une pierre d agate. Cet enduit
les rend d’un poli qui imite la glace, ÔC dont le
plus beau blanc des Carmes n’approche pas.
Le blanc de doreur fur bois Ce fait avec du plâtre
bien battu , qu’on faffe à un tamis très-fin, & qu’on
affine à force de le noyer dans de l’eau : on en forme
enfuite des pains qu’on laiffe fécher ; on le délaye
avec de l’eau pour s’en fervir,ôc on 1 applique apîu-
fieurs couches fur les ouvrages deftinés à être dorés,
afin de remplir les traits des outils, & rendre la do^
.rure égale ôc unie.
Le blanc des fadeurs d'orgues, eft une compofi-
tion dont ils fe fervent pour blanchir les parties qu’ils
veulent fouder ; c’eft un mélange de colle, d’eau ôc de
blanc d’Efpagne. Pour faire 1 e blanc propre à blanchir
lesfoudures, on met de l’eau dans une terrine, dans
laquelle on jette du blanc d’Efpagne réduit en poudre;
on met enfuite la terrine fur le feu , qui ne doit
point échauffer la compofition jufqu’à la faire bouillir,
ce qui la rendroit inutile ; on verfe enfuite dèdans
un peu de colle fondue que l’on mêle bien avec la
compofition qui fe trouve ainfi achevée. Pour en
faire l’effai, on en met un peu fur une bande d’étain
poli ; fi le blanc s’écaille , c’eft une marque qu’il
eft trop collé ; s’il s’efface , on connoît qu’il n’a pas
affez de colle. Il vaut mieux mettre de la collé petit
à.petit, que d’en mettre trop , parce qu’il faudroit
remettre de l’eau ôc du blanc , ôc faire réchauffer le
mélange que l’on connoît "être bon, lorfqu’en tortillant
le morceau d’étain fur lequel on fait 1 effai,
il ne s’écaille ni ne s’efface point.
Autre procédé. Prenez du blanc d’Efpagne réduit
en poudre dans une terrine de terre verniffée ; verfez
deffus du vinaigre en quantité fuffifante pour détremper
le blanc; vous aurez une compofition qui n’a
pas befoin d’épreuve. Pour employer ce blanc qui
ne s’écaille ni ne s’efface jamais , il faut en prendre
avec un pinceau , & paffer ce pinceau fur les vives
arêtes des pièces que l’on veut fouder , enforte
qu’elles en foient couvertes. On met une fécondé
couche fur l’étain après que la première eft fechee;
enfuite on gratte avec la pointe à gratter le blanc ,
& même la furfa.ce des pièces a fouder, dans tout
l’efpace que l’on veut que la foudure occupe.
11 y a deux fortes d'encres blanches pour écrire fur
le papier noir. * '
3 La première confifte à mettre dans l’eau gommee
une fuffifante quantité de blanc de plomb pulvérifé,
de manière que la liqueur ne foit ni trop épaiffe ,
ni trop fluide. -,
La fécondé forte d’encre blanche eft plus compo-
fée, ôc elle vaut mieux. Elle s’approche du procédé
que nous avons donné plus haut, pour obtenir le
blanc de coquilles d’oeufs. 9
Prenez coquilles d’oeufs frais bien lavées & bien
blanchies ; ôtez la petite peau qui eft en dedans de
la coque , & broyez-les fur le marbre biçn nettoyé
avec de l’eau claire ; mettez-les enfuite dans ün vafe
biennet, ôc laiffez-les repofer jufqu ace que la poudre
~foit defcendue au fond ; videz enfuite légèrement
l’eaü qui refte deffus, & faites fécher la poudre au
foleil ; Ôc lorfqu’elle fera bien sèche vous la ferrerez
promptement. Quand vous en voudrez faire ufage,
; prenez de la gomme ammoniaque , de celle qui eft
en larmes ôc en morceaux ronds ou ovales , blancs
dans leur intérieur , & jaunâtres au dehors, très-
bien lavée ôc émondée de la peau jaune qui la couvre :
mettez-la enfuite détremper l’efpace d’une nuit dans
du vinaigre diftillé, que vous trouverez le lendemain
de la plus grande blancheur ; vous pafferez le
tout enfuite à travers un linge bien propre, & vous
y mêlerez de la poudre de coquilles d’oeufs. Cette
poudre eft fi blanche qu’elle peut fe voir furie papier.
Pour le blanc du marbreur de papier, il ne faut
que de l’eau Ôc du fiel de boeuf. Mettez fur une pinte
d’eau quatre cuillerées de fiel de boeuf; battez bien
le tout enfemble : cette liqueur fans couleur ne fer-
vira proprement qu’à rehauffer le blanc même du
fond du papier.
F O C A B U L A I R E.
5 3 l anc , couleur tirée de la marne.
Blanc d’Espagne ; nom donné à un blanc de
marne très-fin,
—'—de Troyes ; c’eft un blanc qui fe fabrique auprès
de cette ville, ÔC qui eft le plus beau des blancs
tirés dé la marne ou craie.
*— des Carmes ; blanc de chaux très-fine.
---- des Indes ; autre blanc de chaux, mêlé avec du
lait ÔC du fucre.
C É r u s e ; chaux en diffoultion de plomb, qui
donne un beau blanc.
Encre blanche , ou blanc pour écrire en blanc
fur du papier coloré.
FABRI QUE DE BLEU.
JRLI L Et? UT: cette couleur s’emploie dans les arts,
ôc fe tire de différentes matières. Nous allons donner
les procédés de la fabrication de plufieurs efpèces
de bleu.
Bleu d’azur. Le nom d’<7^reft confacré pour
défigner en général une belle couleur bleue ; il fe
•donnoit autrefois au lapis la^uli, qu’on appelle encore
pierre dfaçur, Ôc au bleu qu’on en prépare.
Aujourd’hui on nomme particulièrement bleu
dia^ur, le bleu tiré du cobalt , quoiqu’il foit d’une
nature bien différente dans fon origine , ÔC qu’il
foit d’un emploi tout-à-fait oppofé , ne pouvant
fervir aux mêmes ufages, fingulièrement à la peinture
à l’huile.
Pour plus de clarté, il faut nommer la pierre
d’azur lapis ou lapis la^uli, ÔC défigner par lé“ nom
de bleu cCoutremer, ou feulement C outremer, le bleu
qui eft préparé avec la pierre d’azur. Voye£ ci-après
bleu d*outremer.
L'azur du verre bleu fait avec la terre du cobalt
Ôc les matières propres à le vitrifier, fe nomme
fifre , quand le mélange du cobalt avec le fable ôc
le fel alkali commence à couler dans fon bain ; on
1 appelle fmalt lorfque le mélange eft exaélement
vitrifié, ou qu’il eft en maffe ; ôc il ne prend dans le
commerce le nom d’azur, que quand il a été réduit
en poudre, ôc s’appelle alors plus particulièrement
bleu d'émail. Voyez ce mot.
On dlftingue l’azur en plufieurs efpèces, fuivant
fa beauté , par les noms d’açur fin , d’azur à poudrer,
d'açur de quatre feux. Plus Yaçur a d’intenfité
de couleur , ÔC plus il eft broyé fin , plus il eft
eftimé Ôc cher.
L’azur fert à colorer l’empois ; c’eft pourquoi on
le nomme aufli bleu d'empois : on s’en fert dans la
peinture en détrempe, ôc dans la peinture en émail,
fur la faïence ôc fur la porcelaine ; on l’emploie
Arts b Métiers. Tome I. Partie I.
pour colorer les verres en bleu , pour imiter les
pierres fines bleues ou bleuâtres, telles que les fa-
phirs, l’aigue-marine ôc autres.
Le bleu cCasptr s’obtient par différens procédés que
nous allons rapporter.
i° . On peut tirer cette couleur de l’argent ; mais
les favans Boyle ôc Henckel prétendent avec raifon
que cela n’arrive qu’à caufe du cuivre qui fe trouve
mêlé à ce métal. Voici la façon la plus exaéle de
le faire. Faites fondre dans de fort vinaigre diftillé
, du fel gemme, du fel alkali, Ôc de l’alun de
roche ; fufpendez au deffus de ce vinaigre des lames
d’argent fort minces; enterrez le vafe où vous aurez
fait Fondée ces matières, dans du marc de raifin.
Vous pouvez tous les trois jours ôter de deffus les
lames d’argent la couleur bleue qui s’y fera formée.
20. Autre préparation. Mettez dans une livre de
fort vinaigre , des lames d’argent aufli minces que
du papier ; joignez-y deux onces de fel ammoniac
bien pulvérifé ; mettez le tout dans un pot de terre
Verniffé , que vous boucherez avec foin 4 enterrez
ce pot dans du fumier de cheval pendant quinze
ou vingt jours : vous trouverez, au bout de ce
témps, lès laines d’argent chargées d’un beau bleu
d'azur. . • * ■
30. Autre procédé. Prenez une once d’argent dif-
foüs dans l’elprit de nitre, 2^ fcrupules de fel ammoniac
, autant de vinaigre qu’il en faut pour précipiter
l’argent ; décantez le vinaigre , mettez la
matière précipitée dans un matras bien bouché ;
laiffez repofer le tout pendant un mois, il en réfui -
tera un beau bleu daçur.
40. On tire le bleu Sa^ur du cuivre, de la manière
fuivante.
On prend de verd-de-gris ôc de fel ammoniac de
chacun trois onces ; on mêle ces deux matières
avec de l’eau où l’on a fait fondre du tartre, on
Ee