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deux plus haut, pour donner plus de longueur, & en
même temps plus de poids à la baguette. Si elle eft
trop pelante , on peut retrancher de fa longueur ,
pourvu qu’elle ait plus de neuf fois celle de la
fufée , ou retrancher de, fon épaiffeur.
Il eft bon de faire faire par le menuifier une cannelure
aux grandes baguettes de fapin, pour placer
la fufée & la tenir ftable. A l’égard des baguettes de
branchages que l’on attache aux fufées intérieures ,
ilfuffit d’applanir avec un couteau l’endroit ou la
fufée eft appliquée; l’extrémité d’en haut doit etre
coupée en talus, afin de préfenter moins de furface
& de faire moins de réfiftance a l’air.
La fufée étant placée, il faut la lier d un noeud
de l’artificier en deux endroits ; i° . un peu au deffous
du talus qui termine la tête de la baguette ; 2°. dans
l’étranglement, 6c faire une entaille dans chacun de ces
endroits , pour que la baguette ne puiffe pas glifler.
On peut faire faire un petit tournoiement à la
fufée , en donnant un peu de courbure a .la baguette
; mais on préfère de la faire monter droit, 6c
c’eft à quoi l’on doit .s’appliquer.
Il faut tâcher, aütan^qu’il eft pofîible, de ne point
tirer de fufée quand il fait un grand vent, qui leur
fait perdre de leur beauté en les écartant de la ligne
, droite ; d’ailleurs, on rifque qu’elles n’aillent porter
le feu en quelque endroit.
On évite d’employer du bois vert pour les baguettes
, parce que ce bois en féchant perd de fon
poids , ce qui change l’équilibre ; & parce qu’étant
plus pefant, il faut le tenir plus court.
Quelques artificiers anglois ont imagine de fe
fervir de petits fauciffons de cartes a jouer , pour
éviter les accidens que peut occafionner la chute des
groffes baguettes de bois. On arrange ces fauciffons
de manière qu’en débordant les uns îur les autres, &•
étant collés de colle forte & recouverts de papiers
collés de colle de farine, ils forment une continuité
unie & folide. Chacune de ces parties contient entre
deux étranglemens , le peu de poudre néceffaire
pour les faire crever. Une étoupille qui tient au pot
de la fufée & qui communique à ces petits fauciffons
tous garnis d’une étoupille, leur donne feu dans le
temps que la fufée jette' fa garniture ; & la baguette
fe divife en autant de petits feux qu’il y a de fauciffons
, ce qui ajoute à l’agrément de la fufee. La
cherté de ces baguettes, & peut-être leur ufage peu
connu , font qu’on ne s’en fert point en France ;
fans doute fi la mode en venoit, des ouvriers fe
mettroient à fabriquer de ces fortes de baguettes ,
& pourroient les donner à un prix modique.
Comme la baguette ne fert qu’à .maintenir la fufee
droite, on a encore imaginé d’y fubftituer des pa-
naceaux ou ailerons, dont on la garnit comme une
flèche ; ce qui produit à peu près.le meme effet par
la réfiftance qu’ils oppofent à l’air. Voyez fig. 37.
Ces panaceaux font de bois mince ou de fort
carton ; il en faut quatre qui prennent depuis le bas
du chapiteau jufqu’àda gorge de la fufée, dont ils
ont par en bas trois fois le diamètre extérieur ; ils
A R T
fe terminent en pointe , & forment un triangle rectangle.
On les fait tenir avec de la colle forte entre
deux petits bâtons couchés & liés fur le cartouche,
qui foutiennent chaque panaceau. Ces fufées fe tirent
fur une efpèce de guéridon. Trpis bâtons qui font
plantés deffus entre lefquels on place la fufée , fervent
à la diriger dans l’inftant quelle part. Voyez
fis. 38. Au refte cette invention eft peu ufitée ; il
eft plus fimple & plus sûr de fe fervir de baguettes.
On a encore effayé de faire des fufées volantes fans
baguette , avec un reffort de fil de fer , auquel
on pend un poids , comme pn voit fig. 3S > w°* 2 i
mais c’eft auffi un moyen abandonné.
Le chevalet eft un poteau que l’on enfonce en
terre , ou qui eft foutenu par trois ou quatre arcs-
boutans : il eft traverfé dans le haut par une barre
de fer plate, pofée fur tranche, fur laquelle on place
les fufées l’une après l’autre pour les tirer. V *fig. 139.
Il y a des chevalets de plufieurs formes ; mais le
plus fimple, qui éft .d'autant plus commode qu’on le
tranfporte aifément où l’on veut, eft un grand bâton
armé d’un fer pointu par l’un des bouts, qui fert a le
piquer en terre. On fait traverfer dans le haut une
verge de fer , fur laquelle on pofe la fufée.
On peut encore fe fervir d’une vrille longue , fur
laquelle on tire les fufées,<ou faire entrer à vis une
verge de fer dans le bois , pour la placer à telle
hauteur qu’on veut : il faut alors la terminer par une
coudure ou par un anneau , afin d avoir la facilité
de la tourner. Il eft même a propos de placer une
autre verge de fer en bas, pour appuyer la baguette
& l’empêcher de vaciller*
La fufée , en partant, ne fait aucun effoxt par
en bas ; c’eft pourquoi il fuffit que la verge de fer
foit affez forte pour porter la fufée. Un couteau
piqué dans une perche , fuffiroit dans 1 occafion pour
des fufées même affez groffes. '
La hauteur du chevalet doit .être au moins de
fept pieds , même pour les petites fufées , afin de
n’être pas expofé d’en être bleffé , fi elles viennent
à crever ou à défoncer.
( Voyez, auffi ce qui eft dit des chevalets dans
l’article de la diflribution des artifices fur lès théâtres,
vers la fin de ce traité. )
Si la baguette eft trop longue pour être fufpendue
fur la barre du chevalet, ilfuffit de l’appuyer contre.
Il faut débonneter chaque fufée dans 1 inftant qu on
la-pofe fur le'chevalet ; ce qui fe fait en crevant le
papier d’un coup d?ongle. f
On met le feu à la fufée avec une lance placée
au bout „d'un porte-, feu , qui eft un léger bâton
d’environ cinq à fix pieds, terminé par une efpèce
de porte-crayon de fer , dans lequel entre la lance que
l’on y retient en la ferrant avec un anneau coulant.
Les fufées , lorfqu elles font bien compofées *
prennent telle direélion que l’on veut. On peut fe
fervir , à cet effet , d’un chevalet qui porte une
divifion de degrés, & de quoi tenir la fufée dans
l’alignement qu’on fe propofe de lui donner. On en
a quelquefois tiré horizontalement, qui ont fuivt
cette dire&ion auffi exactement que fi elles avoient
gliffé fur une corde ; ce-qui prouve que la pefanteur
de la baguette ne fert pas à redreffer la fufée, maisà la
maintenir dans la direélion qu’elle a prife en partant.
On a cherché à introduire dans l’artifice des feux
de differentes coüliurs, vert, jaune, bleu, blanc,
rouge , ôcc. mais les effais ont rarement répondu
aux recherches, 6c les différences que l’on eft parvenu
à obtenir -font fi foibles , qu’elles ne valent
point la peine 6c le rifque de s’expofer à la vapeur
maligne des drogues qui entrent dans la compo-
fition de ces feux, qui font entre autres le fublimé,
le vert de gris, l’antimoine, le vitriol, l’orpiment ;
il y auroit même du danger, fi une de ces fufées
venant à crever on en refpiroit la fumée, ce qu’il ne
feroit guère poffible d’éviter.
Il faut donc, pour diverfifier les feux , n’admettre
que les matières qui ne font pas nuifibles. Telles
font la limaille de fe r , le fable de fonte , le foufre,
le falpêtre , le charbon , 6c la poudre qui en eft
compofée ; la réfine : on émploie encore , mais rarement,
du camphre. Voici les compofitions de différentes
efpèces de fufées volantes , que nous diftin-
gueroris par les noms qui leur font particuliers.
Pour la fufée dite l’éclatante, on fait le cartouche
du double d’épaiffeur qu’il doit avoir pour une fufée
volante ordinaire ; on diminue de moitié le diamètre
6c la longueur de • la broche qui lui eft propre ; on
charge cette fufée en feu brillant, dont nous avons
rapporté ci-devant la compofition, 6c on la garnit
de marrons luifans, dont nous parlerons ci-après.
L’effet de la fufée à fécond vol9 eft , lorfqu’elle a
pris fon élévation, de produire d’autres fufées qui
moment a une grande hauteur , 6c jettent leur garniture.
Pour la compofer , prenez une fufée de deux
pouces fans garniture ; attachez-la fur la baguette,
& collez fix anneaux de carton avec de la colle forte
fur le cartouche, trois en haut 6c trois en bas , à égale
diftance entre eux ; prenez enfuite trois petites fufées,
qui, toutes garnies 6c attachées fur leurs baguettes,
ne pèfent pas plus que la garniture de la groffe ;
paffez les baguettes de ces petites fufées dans les
anneaux de la groffe', qui doivent être affez larges
pour quelles puiffent y entrer & en fortir aifément ;
pofez enfuite ces* fufées fur le carton rendoublè de la
groffe avec des étoupille^qui le traverfent, & qui communiquent
de leur gorge à (onmqffif Les fig. 39 & 40
préfentent les développemens de cette, efpèçe* de
fufée à fécond vol.
La jumelle fe fait en adoflant deux fufées fur une
même baguette, affez forte 6c affez longue pour
maintenir l’équilibre à la mefure ordinaire. Autrement
l’on attache enfemble deux fufées garnies chacune
de leur baguette, & l’on met une étoupille
de communication de l’une à l’autre, pour qu’elles
prennent feu en même temps. On peut même accoupler
un plus grand nombre de fufées. L’effet de
ces fufees , lorfque le feu eft bien fervi, eft de pa-
icître n en faire qu’une, 6c de jeter beaucoup d’éclat
6c une belle garniture. Voyez fig. 32 , un groupe de
trois fufées ; 6c fig. 36 , le plan ou la difpofition de
ces trois fufées. On voitfig. 34, l’intérieur du moule
d’un plus grand nombre de fufées accouplées.
Lorfqu’on veut grouper fix fufées fur une même
baguette, on fait fa tête en exagone régulier d’un
diamètre égal à celui des fufées , 6c l’on en creufe
les côtés en portion de cercle, pour y .appliquer
les fufées. On obferve la même précaution pour que
la baguette ne fe dégage pas du milieu.
On fait, parla même méthode, une fufée en chaîne
ou en forme de caducée , comme on voic fig. 141.
La fufée flamboyante fe fait avec la compofition
cl étoiles ( dont nous parlerons ci-après ) : on doit
détremper cette compofition avec affez d’eau , pour
la rendre en confiftance de bouillie bien claire. On
trempe dedans des étoupes ; 6c , Iorfqu’elles fonttrès-
fèches , On les poudre d’un peu de pouffier; puis
on en couvre entièrement une groffe fufée ; enforte
que ces étoupes pendent un peu au deffous de la
gorge pour faire une continuité de feu avec la queue;
11 faut en mettre une quantité fuffifante pour former
un gros volume de flamme. On les lie feulement fur
le milieu de la fufée avec un fil de fer : la fufée doit
auffi être liée fur la baguette avec du fil de fer, parce
que la ficelle brûleroit.
On commence par mettre le feu aux étoupes ^
qui le communiquent auffi-tôt, par une étoupille ,
à la gorge de la fufée, à laquelle on fait porter pour
garniture , des marrons ou pétards qui la terminent
par une belle efeopeterie ou explofion de plufieurs feux.
On a quelquefois attaché à des fufées des balles lui-
fantes , efpèce d’artifice dont voici la compofition 6c
la manière de le faire.
Prenez fix onces de foufre, deux onces d’antimoine
cruel : de falpêtre, de colophane & de charbon,
de chacun quatre onces ; ou bien de falpêtre , de
colophane , de charbon, de chacun deubc onces ; &
d’antimoine , de foufre 6c de poix noire , de chacun
une once.
Après avoir bien pilé ces matières , on les fait
fondre dans un vaiffeau de cuivre ou de terre-ver-
niffée ; on y jette .enfuite des étoupes de chanvre
ou de lin , autant qu’il en faut pour abforber toute
la matière fondue ; tandis qu’elle fe refroidira , on en
fera des pelotons, qu’on amorcera de poudre écrafée
dans laquelle on les roulera , ou on les enveloppera
de coton d’étoupille.
Il fasiit prendre garde de ne pas faire ces balles fi
groffes qu’elles ne puiffent être totalement confu-
mées en retombant du pot d’une fufée volante , de
peur qu’elles ne foient nuifibles. C ’eft la raifon qui
a fait négliger cette pièce d’artifice.
Si l’on veut joindre un vive le Roi ( V o y>fig.6o\
ou quelque devife en lettres de feu , à une garniture
de fufée volante, il faut -, i° . découper les lettres
dans une bande de carton , de manière qu’elles tiennent
par en haut & par en bas à une bordure qui
forme un parallélogramme,quiles unit 6c les renferme;
20. attacher fur les bordures deux morceaux^de ba*