
fition liquide , d’un fin limon tamifé, & incorporée
avec de la bourre & du crotin de cheval ; c’eft pour
la première couche. L’ouvrier .la prend à pleines
mains, & l’applique fur le noyau par plufieurs pièces,
ou gâteaux qui s'unifient & fe lient enfemble pour peu
qu’on les étende. Cet ouvrage grofîier fe perfeéfionne
par plufieurs couches d’un ciment des mêmes matières
, mais beaucoup plus claires. Chaque couche
eft applanie par le compas, Si on les laiffe fécher au
feu l’une après l’autre avant que de faire jouer le
calibre. On ne manque pas de couvrir toutes les
couches de grand chanvre de toute fa longueur ,
pour empêcher le moule de fe fendre & de faire
des lézardes.
Lorfque le moule eft fini & que le calibre enlève
tellement la dernière couche , qu’il n’en laiffe plus
rien , & qu’il ne laiffe appercevoir que le fec de la
couche précédente, on démonte de fon arbre ce
calibre ou planche d’échantillon ; on coupe fon trait
au vif Si dans fon jufte milieu.
Enfuite , à la hauteur du troifième bord marqué
fur la planche , on fait une-entaille bien propre Si
un peu profonde, & deux moindres en deffus St
en deffous pour former cinq cordons : un peu au
deflous du onzième bord , on en fait aufli plufieurs
qui donneront les cordons ou filets propres à placer
les infcriptions ; puis deux autres extrêmement
minces , pour dénoter l’endroit des proportions de
la cloche au cinquième bord Si demi, Si au douzième
bord moins un fixième.
Il n eft plus queftion que de mettre la dernière
main au moule. Pour cela , on fait au réchaud une
compofition de fuif, de favon , Si d’un peu de cire ;
on replace le compas fur fon pivot ; on applique fur
le modèle une couche légère de cette compofition,
que l’on ragrée avec le compas, légèrement 8t également
appuyé enfin, on retire le compas , puis
on met les infcriptions , les figures Si les armoiries
qui font faites avec des feuilles de cire amollies dans
l’eau chaude. On fait prendre aux feuilles de cire
l’empreinte des gravures convenables, faites dans
des morceaux de bois ou de cuivre qui fervent de
moules.
Fig. 6 , la chape, ou le furtout, ou la chemife.
C e moule, qui fe nomme ainfi, parce qu’il couvre
les deux autres , doit être extrêmement fort, à caufe
qu’il doit fouffrir le travail d’un feu prefque continuel
, qu’il doit être enfoui dans une terre preffée
& foulée à la poire à force de bras, & qu’il doit
en outre^porter tout le poids & toute la force du
métal tout de feu lors de la fufion.
L’échantillon étant démonté à l’ordinaire , on
ouvre un compas de l’épaiffeur au moins d’un bord
de la cloche ; & tandis que l’on conduit une de fes
jambes le long du trait de l’échantillon , l’autre
jambe grave fur la planche tout le trait d’épaiffeur
qu’il convient de donner à la chape. Ce trait étant
gravé, on coupe l’autre trait comme précédemment,
su vif ôc en bifeau ; on met la planche montée dans
la traverfe en un vafe rempli d’eau, de peur qud
les coins ne fe deffèchent.
On prépare alors pour la première couche de ce
moule , une compofition de fin limon, d’abord paffé
par le tamis , qu’on mêle enfuite avec de la bourre
bien émondée & du crotin de cheval; puis le tout
étant mis dans l’eau, on en fait un brouet qui , étant
coulé au garnis , fe convertit en un fin coulis.
On travaille à faire la couche de la façon que
voici : l’ouvrier tient d’une main un chaudron plein
de cette matière ; il plonge l’autre main dedans pour
‘ prendre de cette compofition , qu’il applique fur
toute la furface du modèle , mais doucement, afin
de ne- pas déranger les lettres & les figures. Cette
matière s’étend d’elle-même par-tout & couvre
tous les reliefs , remplit les finus & les cavités des
figures & des lettres; l’opération fe continue jufqu’à
l’épaiffeur de deux lignes. On laiffe fécher, fans feu,
cette couche ; laquelle,-au bout de x2 ou 15 heures,
forme une croûte.
On charge cette croûte d’une deuxième couche de
même matière, mais moins claire ; & lorfque cette
couche a pris une certaine confiftance, on remet le
compas en place ôc le feu -dans le noyau, avec cette
précaution de ne lui donner d’aéfivité, qu’autant qu’il
en faut pour faire fondre la cire des infcriptions, ôl
former peu à peu dans les premières couches, les
creux des lettres & figures, par l’écoulement de la
cire fondue.
On charge enfuite d’une terre un peu moins claire
encore, & l’on met toutes les couches de plusfolides
en plus folides ; on les entremêle de haut en bas de
gros chanvre entier en long ôc en large, que l’on
applanit à chaque fois au compas. L’épaiffeur du
moule doit defcendre plus bas que la meule, de 4
à 5 pouces, ôc la ferrer de près, afin que le métal ne
puiffe point s’extravafer.
Il faut trancher par le bas cette' épaiffeur, & la
terminer en vive arête par le moyen d’un petit
morceau de bois attaché à l’extrémité de la planche ;
ôc pour le haut, on inférera dans la main de force un
morceau de planche taillé enforme de couteau, qu’on
appelle le ne^9 ôc qui, en tournant le compas, dif-
poferafur le collet la forme oh doivent être placées
les anfes. On donnera à cette forme une ouverture
proportionnée au volume des anfes.
Avant de lever la chape, il faut y marquer plufieurs
repaires , que l’on abaiffera jufques fur la
meule en lignes droites, avec les numéros en haut
ôc en bas de ces lignes, afin de la repofer fur ces
mêmes repaires & fur ces mêmes numéros quand il
en fera queftion.
Pour lever la chape, on place en quatre ou cinq
endroits fous fon extrémité, deux bouts de planche
& un coin entre les deux, fous lefquels autant de
perfonnes frappent à petits coups de marteau tous
enfemble, afin qu’elle fe détache également Ôc fans
rien brifer du modèle d’épaiffeur. La voilà foule-
vée ; il ne faut donc plus que des gens qui s’entendent
bien, ôl qui, au fignal du fondeur, l'élèvent
en
en haut à force de bras ou avec les crochets & la
chèvre, comme on voit dans la figure, fi la chape eft
trop pefante pour l’élever à, force de bras.
La chape étant enlevée, on en remplit les cre-
vaffes ôl autres défeéhiofités, s’il s’en trouve, avec
un coulis d’eau ôl de cendres-, que l’on fait fécher
enfuite avec un fallût de paille allumé ; on brife le
modèle de la cloche, on le jette dehors de la foffe,
on nettoie bien le bord de la meule, fur laquelle
on replace la chape, ayant foin d’en faire convenir
les repères avec ceux dé la meule.
Nota. Avant que d’enlever le furtout, il doit
être chargé de fes anfes; car toute la maffe doit fe
lever à la fois.
Fig. 7 , le noyau dans lequel on a placé l’anneau
qui fert à fufpendre le battant. On voit cet anneau
féparé entre les fig. 4 ôl $.
Fig. 8 3 modèle ou moule pour les figures de cire.
Il eft de cuivre ôc defliné fur une échelle double ; il
y a un rebord qui entretient la cire, qui prend facilement
l’empreinte des creux: on moule les lettres
de la même manière.
Fig. 5?, l’empreinte de cire tirée du moule, ôc
dans l’état oh on l’applique fur le modèle de la
cloche.
Fig. 10, le chapeau qui contient le moule des anfes ,
du jet ôl des évents , vu par le côté oppofé à l’entrée
du métal.
Fig. 11, 1e même chapeau vu par le côté de l’entrée
du métal.,
. Fig. /2,plan des anfes. a , a 9 les volans; les
anfes antérieures ôl poftérieures; c 3 le pont.
Fig. 13 9 les anfes en perfpeétive, pofées fur une
partie du cerveau de la cloche.
Pour faire le moule des anfes repréfenté par les
figures 10 Ôl //, l’ouvrier prend les modèles d’anfes
qu’il faupoudre de charbon pilé ou de craie, pour
empêcher que la terre ne s’y attache ; il enveloppe
la moitié du modèle, d’un gâteau de la terre des
moules qui eft raffermie , ôl fans féparer le moule,
on fait féparer le gâteau au feu ; quand il eft fec, on
ragrée fon bord avec le couteau , ou faupoudre
ce bord ainfi que l’autre moitié du modèle que Ton
couvre d’un fécond gâteau ; on le met au feu après
avoir féparé le premier, ôl quand il eft recuit, on
le retire ; ou les taille tous les deux fort proprement
ôc à vives-arêtes, ôl on les applique l’un contre
l’autre; on les colle enfemble par une bonne charge
de la même compofition , qu’on leur applique en
dehors, ôc par un bon enduit de terre légère, qu’on
leur donne en dedans. On fait cuire le tout à volonté ;
après quoi on lave ce creux, ou ces deux demi-
creux par dedans, afin d’enlever les parties grume-
leufes qu’il peut y avoir. Enfin on remet l’ouvrage
à la cuiffon, ôl voilà ce qui concerne la façon des
creux qui font au nombre de fix , & des demi-creux
au nombre de douze. On travaille à tous dans le
même-temps, fi l’on a fix modèles.
Pour le pont ou la maîtreffe anfe, on fait un
modèle de terre mêlée de bourre ôl de crottin,
Arts & Métiers. Tome I. Partie II.
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corroyés à la main, ôl on le figure tel qu’il doit être,
ôl ayant vers fon extrémité fupérieure une ouverture
pour paffer la trompe de la tloche. On donne à
l’extrémité d’en bas, une circonférence divifée en
fix parties égales , qui feront, en partant du centre
de cette circonférence, fix rayons égaux : c’eft par
le moyen ‘du centre & de ces rayons, que les fix
anfes s’ajuftent fur le pont par le bas. Mais pour les y
joindre par le haut, il faut faire un repère fur chacun
de les côtés, en forme de croix, pour les deux
anfes appellées les deux volans : il en faut outre cela
deux fur chacune des faces de ce pont, favoir, un à
droite ôl un à gauche pour une face, Ôl un aufli à
droite Ôl un autre à gauche pour la face oppofée, lefquels
doivent fe trouver vis-à-vis d’une face à l’autre
, en conduifant ces mêmes repères fur la fommité
de ce même pont.
, Pour affembler les pièces, c’eft-à-dire les croix
avec le pont3 on couche la maîtreffe anfe fur une
planche.làupoudrée ou cendrée ; on adapte les deux
volans fur fes "côtés ôl fur leurs repères, puis deux
autres anfes fur leurs repères Ôl fur fa face, ôl voilà
déjà quatre anfes ou autrement quatre creux d’anfes
pofés ôl appliqués ; mais il faut que les diftances au
centre du pont foient égales entre elles, ce qui fe
trouve au compas. Ces creux étant ainfi arrangés,
on emplit d’un morceau de terre, l’ouverure du pont
qui formera un paffage pour paffer la trompe , puis
on garnit de terre les coudes des anfes ôl des volans,.
avec des gâteaux affez longs ÔI larges, pour remplir
tout le vide d’un moule à l’autre ; enfuite on
donne à tout cet ouvrage une bonne ôc fuffifante
charge ; c’eft un gros maflïf pour lors que l’on fait
cuire au feu de charbon , jufqu’à ce qu’il ait pris affez
de force pour être manié ôl renverfé ; bien entendu
qu’en arrangeant les pièces ôl avant que de les
expofer au feu , on aura foin de faire au milieu de
la tête du pont, avec un bâton bien arrondi, un
jet capable de recevoir le métal en fufion, puis
deux foupiraux ou évents aux deux côtés du j e t ,
mais un peu plus étroits & plus bas, afin que l’air
forte hors du moule dans le temps que l’on coulera.
Il refte l’autre partie de l’opération. On renverfe
le maflif fur une table, pour placer les deux autres
creux d’anfes fur fon autre face, fur leurs repères
ôl à la même diftance du centre du pont que les deux
creux précédens, au moyen du compas dont on a
confervé l’ouverture. On donne les mêmes charges
de ce côtérci que de l’autre, 61 une autre charge de
furplus fur la jonélion des deux pièces, afin qu’elles
ne fe féparent point. On met cuire ce côté-ci, comme
on a fait l’autre ; la cuiffon en étant faite, les deux
moitiés féparées, on enlève la fauffe anfe , qui eft
le pont, pour ne plus reparoître, mais fi adroitement
que rien ne (oit brifé, fur-tout le morceau de.
terre qu’on a mis dans l’ouverture du pont, qui eft
tout ce qui en doit refter pour faire l’emplacement
de la trompe quand on coulera.
Ayant de féparer ces deux moitiés, on trace avec
Y yyy.