
de métal, mèttez deux onces de la poudre fufdite.
Pour cet effet renfermez ces deux onces dans une
boîte ; attachez cette boîte à une verge de fer, &
plongez-la au fond du métal, remuant jufqu’à ce qu’il
ne s'’élève plus de fumée blanche. Laiffez encore le
tout en fufion pendant une demi-heure, au bout de
laquelle vous pouvez jetter en moule.
A l’égard des canons de fer, on les conftruit de
la même manière que les autres. Ils ne font pas
capables de la même réfiftance que ceux de fonte ;
mais comme ils coûtent beaucoup moins, on s’en
fert fur les vaideaux, & même dans différentes places
de guerre.
Les canons font de différentes grandeurs, & ils
chaffent des boulets plus ou moins gros,fuivant leur
ouverture.
On faifoit autrefois des canons qui chaffoient des
boulets de trente trois, de quarante-huit, & même
de quatre-vingt-feize livres de balle; mais, fuivant
l’ordonnance du 7 oâobre 173-1 s il ne doit être
fondu en Frànce que des pièces de vingt-quatre,
qui font les plus groffes ; enfuite, de feize, de douze,
de huit & de quatre , c’eft-à-dire des pièces qui chaffent
des boulets de vingt-quatre livres , de feize livres
, & c. ; car le canon porte ordinairement le nom
de la pefanteur du boulet qu’il peut chaffer ; ainfi
une pièce de vingt-quatre eft un canon qui tire un
boulet de vingt-quatre livres, & de même des autres
pièces.
On défigne encore les pièces de canon par le diamètre
de leur bouche, qu’on nomme ordinairement
leur calibre. On dit auffi le calibre d’un boulet; & l’inf-
îrument même dont on fe fert pour prendre la grandeur
de l’ouverture ou diamètre d’une pièce ou
d’un mortier, fe nomme pareillement calibre.
. Cer mftrument eft fait en manière de compas,
mais ayant des branches courbes , afin de-pouvoir
s’en fervir également pour calibrer & embraffer le
boulet.
Quand H eft entièrement ouvert, il a la longueur
d’un pied de roi,qui eft de douze pouces, (chaque
pouce compofé de douze lignes) entre les deux branches.
Sur l’iine des branches font gravés & divifés-
tous les-calibres . tant des boulets que des pièces; &
au dedans de la branche font des crans qui répondent
aux feétions des calibres.
A Pautre branche eft attachée une petite traverfe-
ou languette, faite quelquefois en forme d’S., &
quelquefois toute droite, que l’on arrête fur lêcra-n-
oppofé , qui marque le calibre de la pièce.
Le dehors des pointes fert à calibrer la piècer 8c
le dedans , qui s’appelle talon , à calibrer jes boulets.
Il y a un autre moyen de calibrer les pièces^On
a une règle bien divifée , & où font gravés les calibres,
tant des- pièces- que des boulets-: appliquez
cette règle bien droite fur la-bouche de la pièce ,
rien de plus fimple : le calibre fe-trouve tout d’un
coup ; ou bien l’on prend un compas que l’on pré—
fen e à la bouche de la pièce ; on le rapporte en-
fuite fur la règle, & yous trouvez, votre calibre.
Mais efl-cas qu’il ne fe trouvât pas de règle divifée
par calibre dans le lieu, il faut prendre un pied de
roi divifé par pouces & par lignes à l’une de fes
extrémités.
Rapportez fur ce pied le compas , après que vous
l’aurez retiré de la bouche de la pièce où il faudra
l’enfoncer un peu avant ; car il arrive fouvent que
des pièces fe font évafées & agrandies par la bpuche,
où elles font d’un plus fort calibre que n’eft leur
ame.
Vous compterez les pouces & les lignes que vous
aurez trouvés pour l’ouverture de la bouche & de
la volée de la pièce , & vous aurez recours à la
table que voici pour en connoître le calibre.
Calibre des pièces.
La pièce qui reçoit un boulet pefant une oocé
poids de marc , a d’ouverture'à fa bouche , on
lignes & trois quarts de ligne.
On va continuer fuivant cet ordre.
Pefanteur du boulet. Ouverture du calibre, im
Onces. Pouces. Lignes. Fraftronsî
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2 . • O . . il
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La pièce qui reçoit un boulet pefant une livre1.;.,
qui fait feize onces , a d’ouverture à fa bouche u-n«
pouce onze lignes- &. demie..
Pefanteur du boul e tOuverture du calibre.
L iv r e s - P o u c e s. L ign es . Fraâion s»
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46
47
48
49
5°
55
60
64
du boulet. Ouverture du calibre.
Pouces Lignes Frai
5 • 3
s • 4
5
5
* 5
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s • 7
5 . 8
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5 . 10
5 . ï i
6 . 0
6 . i
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6 . 2
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6 . 7
6 . 8
6 • 9
6 . 9
6 . 10
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6 • ï i
•7 . 0
7 . 0
7 . i
7 . i
7 . 2
7 • 5
7 . 7
7 . 10
Mais
les
connoître
On
terrible
avant que de paffer outre & d’entrèr dans
détails des procédés , il eft bon de faire bien
tre les différentes parties du canon,
diftingue dans ce qui compofe cette arme
. ' i° . La culajfe avec fon bouton : elle n’eft autre
chofe que l’ épaiffeur du métal du canon, depuis le
fond de fa partie concave jufqu’au bouton , lequel
termine le canon du côté oppofé à fa bouche.
; 20. Lés tourillons font les parties rondes & Taillantes
qui fe voient aux côtés d’une pièce de canon.
Ce font deux efpèces de bras qui fervent à foutenir
le canon , & fur lefquels il peut fe balancer & fe
tenir à peu près en équilibre ; je dis à peu près,
parce que le côté de la culaffe doit l’emporter fur
l’autre d’environ la trentième partie de la pefanteur
de la pièce. Comme le métal eft plus épais à la
culaffe que vers l’embouchure du canon , les tourillons
font plus prèis de fa culaffe que de fa bouche.
Les t.-urillons font encaftrés dans une entaille
faite exprès à l’affût ; & ils font embraffés par deffùs
d’une furbande de fer. Les tourillons font cylindriques
ils: ont le même calibre ou diamètre que
la pièce.
30. Marne, qui eft toute la partie intérieure Sc
concave du canon.
Les premiers canons étoient coniques, félon Diego
Ufano ; c’eft-à-dire , que l’intérieur de Y ame finiffoit
en pointe , & que lame de la pièce alloit en augmentant
jufqu’à fa bouche. Cette figure n’étoit guère
convenable à faire agir la poudre Uir le boulet avec
tout l’effort dont elle eft capable. D’ailleurs , les
pièces, fe trouvoient par cette conftruélion avoir-
moins de métal à la partie où elles en ont le plus de
befoin, c’eft-à-dire, à la culaffe. Auffi cette forme
n’a-t-elle pas duré long-tpmps ; on trouva qu’il étoit
plus avantageux de faire l’ame également large dans
toute fon étendue. C’eft ce qu’on obferve encore
ordinairement aujourd’hui. * . .
4°. Au fond de l’ame eft la chambre , c’eft-à-dire ;
la partie qu’occupe la poudre dont on charge la piece.
Il y. a des chambres de plufieurs figures. La chambre
cylindrique':, eft celle également large par-tout; la
chambre fphérique eft: celle faite à . peu près en forme
de fphère ou de boule.
Dans les pièces de 12 , de 8 & de 4 , l’intérieur
du canon eft de même diamètre; mais dans celles
de 16 , de 24 , on pratique au fond de l’ame une
petite chambre cylindrique qui peut tenir environ
deux onces de poudre. Dans la pièce de 24 , cette
petite chambre a un pouce & demi de diamètre , ÔC
deux pouces & demi de profondeur; & dans celles
I de 16 , elle a un pouce de diamètre , fur dix lignes
de profondeur. Le canal de la lumière aboutit vers
le fond de ces petites chambres, à neuf lignes dans la
pièce de 24 , & à 8 dans celle de 16, Leur objet efl:
de conferyer la lumière , en empêchant que l’effort
de la poudre, dont le canon eft chargé , n’agiffe
immédiatement fur fon canal. Les pièces au deffous
de celles de 16 , n’ont point de ces petites chambres »
parce que ces pièces fervent auffi à tirer à cartouche ÿ
la petite chambre ne permettroit pas de percer les
cartouches auffi aifément par la lumière, que lorfque
toute la chambre eft de même largeur dans toute font
i étendue.
M. du Lacq, dans fon Traité fur le mècanifme de
Vartillerie, loue l’invention de ces petites chambres
pour la confervation des lumières ; mais il craint-
cependant quelles- n’aient de grands inconvéniens
par la difficulté de les écouvillonner exactement..
C ’eft à quoi il paroît qu’on pourrdit remédier allez'
aifément, en ajoutant à l’écouvillon ordinaire une
efpèce de petit boudin à peu près de même longueur
& de même diamètre que la- petite, chambre : mais
on peut écouvillonner ces fortes de pièces avec l’é~
eouvillen ordinaire ; il eft fuffifant pour nettoyer
l’entrée & une partie de l’intérieur de la petite
chambre ; parce que la difpofition- de cette chambre
ne permet guère qu’il* s’y arrête de petites parties
de feu , comme il- pourroi-t s’en arrêter dans les
chambres 'Jphèriques celles-ci étoient plus étroites à
| leur ouverture que dans leur intérieur*& par-là la