
On fe fer? auffi de differens poinçons , dont le
plus néceffaire eft celui qu’on appelle à arrct, c’eft-
à-dire, dont la pointe ne peut percer que fuivant
une profondeur déterminée , comme eft celle d’un •
cartouche , fans entamer la matière qu’il renferme.
Pour n’être pas obligé d’en faire faire exprès pour
chaque épaiffeur , il faut que le côte du poinçon
près du manche , foit à vis avec ecrou, qu on fait
avancer ou reculer d’un pas de vis ou deux , fuivant
le befoin qu’on en a , pour ne le pas enfoncer plus
avant qu’il ne convient. Voyez fig. $7.
11 faut une fcie à main pour rogner les gros cartouches.
Un grand couteau pour couper le carton & pour
rogner les moyens cartouches.
De grands & de petits cifeaux.
On aura un affortiment de ficelles & de cordes de
toutes gtoffeurs, depuis la plus petite , dont on lie
les lardons, iufqu’à la groffeur du petit doigt , qui
fert à étrangler les pots des groffes fufées ; celle qui
fert à lier la gorge des cartouches , doit être peu
câblée ou retorfe ; elle en eft plus fouple & lie
mieux. On appelle la ficelle du filagore, en terme
d’artificier. .
Vétoupille eft du coton filé , mis en plus ou moins
de doubles , fuivant la groffeur qu’on veut lui
donner.
Lorfqu'on a préparé ces mèches de coton, on les
arrange en rond dans un plat de terre, ayant la précaution
d’en tirer les bouts hors du plat , crainte
qu’ils ne fe mêlent ; puis on verfe deffus de l’eau-
de-vie , encore mieux de l’efprit-de-vin, autant qu il
en faut pour que le coton puiffe s’en bien imbiber.
On le laiffe tremper pendant quelques heures ; &
Jorfqu’il eft bien rempli de la liqueur, on jette deffus
du pouffier de la poudre à canon. Après quoi on
manie ces mèches dans le plat, pour qu’elles fe couvrent
de la pâte de poudre ; & quand elles en font
fuffifamment pénétréès & recouvertes, on les retire
du plat, on les paffe légèrement dans les doigts pour
en étendre la pâte & l’égalifer. On met enfuite ces
mèches à l’ombre , fv/r des cordes , pour fécher.
L’étoupil'le étant bien sèche , on la coupe par morceaux
d’environ deux pieds & demi de longueur ;
on en forme des bottes ou petits paquets, ou on la
dévide fur des cartons, chaque efpèce à part, que
l’on conferve dans un endroit bien fec.
L’êtoupille la plus commune fe fait avec du
vinaigre, dans lequel on laiffe tremper le coton pendant
douze heures.
On fe fert de Xêtoipille pour amorcer les fufées &
pour conduire le feu d’une pièce à une autre.
La groffeur commune de Tétoupilîe, pour les communications
de feu & pour les fufées de moyenne
groffeur, eft d’une ligne & demie de diamètre, d’une
ligne pour les ferpentaux , & de deux lignes pour
les groffes fufées.
On fait l’étoupille autant lente que l’on v eu t, en
mêlant plus ou moins de foufre avec le pouffier. Le
charbon pourrait bien produire le même effet ; mais
auffi elle feroit fujette à manquer, ce qu’on n’a point
à craindre lorfqu’elle eft ralentie avec du foufre.
On fait encore de groffes étoupillës avec de la
compofition d'étoile, que l’on appelle corde à feu9
qui fert, à former des chiffres & autres deffins. On
attache deffus une étoupilîe prompte de même longueur
, & on cloue la corde à feu fur le deffin avec
de petits clous d’épingle ; en donnant feu dans un
endroit, il fe communique par-tout. Voyez fig. 47s
l’étoile en fil d’étoupille pour les pots de fulées ôc
d’autres.
Veut-on avoir une étoupilîe pour communiquer
le feu fous l’eau : prenez une mèche de coton filé ,
de deux à trois lignes de diamètre ; paffez-la trois
fois dans un mélange compofé par moitié de poudre
fine grainée &. de pouffier ; roulez- la enfuite fur de
la poudre grainée pure qui s’y attachera. Cette étou-
pille étant sèche , paffez-la dans du goudron, puis
dans du foufre tamifé,; le foufre formera une croûte
qui empêchera le goudron de poiffer , en lui con-
fervant fa foupleffe. Lorfque cette étoupilîe aura été
difpofée dans l’eau, mettez le feu au bout que l’on
a eu foin de tenir dehors, &. le feu fe communiquera
par ce moyen , par deffous l’eau , à l’artifice, qui y
fera caché.
Vamorce fe fait avec de îa poudre en grain, que
Ton humeéle d’un peu d’eau, & qu’on broie fur une
table avec une molette de bois jufqu’à ce qu’elle fois
réduite en pâte bien fine. On s’en fert comme d’un
mortier pour coller & retenir Vétoupilîe dans la
gorge des fufées.
Des feux qui s’élèvent dans Vair.
Un moule de fufée volante eft un tuyau de bois
tourné, & orné, fi l’on, veut, de moulures. La forme
extérieure eft celle d’une boîte d’artillerie : il eft
percé d’un bout à l’autre ; & cette cavité dans
laquelle on place le cartouche, doit être bien ronde
& bien unie.
Son épaiffeur eft arbitraire; il fuffit que le moule
réfifte à l’effort des coups du maillet. On proportionne
cette épaiffeur à la force de la matière dont
il eft faitcom me métal, ivoire, buis & autre bois
dur. Voyez fig. 14, le modèle d’un moule à charger
les petites fufées. Fig. 16, celui d’un moule de fufee
volante avec la baguette à charger.- Figure 4$ ., un
moule à faire des étoiles.
Le moule eft fupporté par une bafe cylindrique
de même matière , qu’on nomme le culot.
La hauteur du culot eft d’un diamètre du moule
& fa largeur d’un diamètre un quart.
Le culot porte une broche de fer dans fon milieu.
Cette broche , quoique d’une feule pièce , a quatre
parties diftinguées par leurs formes &. par leurs
noms.
La première » au deffous du cylindre , eft la queue
de la broche ; elle eft de forme carrée , & on la fait
entrer'à force dans le culot, où elle doit être fixee
folidement.
La deuxième partie de cette broche de fer eft
cylindre, qui a de hauteur le diamètre intérieur du
moule &~les dix - neuf vingtièmes de largeur, afin
qu’il puiffe y entrer aifément.
La troifième partie eft une demi-boule qui fur-
monte ; elle a de diamètre les deux tiers du diamètre
intérieur du moule , & de hauteur moitié du même
diamètre : cette demi-boule porte la broche; elle
fert en outre à foutenir le cartouche lorfqu’on la
charge, & à conferver la forme demi - ronde à la
partie qui eft au deffous de l’étranglement.
La quatrième partie eft la broche : elle fert à
ménager un vide dans l’interieur de la fufée ; c’eft
ce vide qu’on nomme Xame de la fufée 3 qui la fait
monter en préfentant au feu une plus grande furface
de matière inflammable qui, fe réduifant eh vapeurs
dans ce vide ,fa it, fuivant le fentiment de M. l’abbé
Nollet, Voffice d’un reffibrt qui agit d’une part contre
le corps de la fufée , 6* de Vautre , contre un volume
d’air qui ne cède pas auffi vite qu’il eft frappé.
Voyez fig. 2i y un culot & fa broche pour les petites
fufées.
On peut faire auffi en bois le pied , le cylindre,
& la demi-boule au milieu de laquelle on place
pne broche de fer.
On chargeoit autrefois les fufées toutes maffives ;
& après les' avoir fermées par un étranglement, on
les perçoit avec une broche conique au bout d’un
vilebrequin. Cette méthode ne convient point à
nos fufées , dont la compofition eft trop refoulée
pour être percée , & le cartouche trop dur pour
être étranglé après qu’il eft chargé.^
Tant que cette pratique a été en ufage , on a
ignoré la manière dont il faut charger les fufées pour
les conferver bonnes , dont le fecret ne confifte qu’à
employer la compofition bien sèche, & à la refouler
deux fois plus que les anciens ne faifoient, afin de
pouvoir y faire pénétrer la broche ; ils étoient même
contraints de mouiller la compofition pour ralentir
le feu, qui, trouvant à pénétrer dans une matière
peu comprimée, auroit crevé le^cartouche fans cette
précaution ; ainfi ils ne pouvoiënt les garder qu’auffi
long-temps qu’elles confervoient le même degré
d’humidité.
On a depuis imaginé de les percer avec de petites
tarières ou mèches de vilebrequin ; ( Voyezfig. 28 ,
une fufée chargée , dont le trou eft fait avec un
vilebrequin ; & fig. 3 0 ,3 1 9 33 , les.machines propres
à diriger le vilebrequin ) ; enfuite on achève,
fi l’on veut, de former le trou avec la broche, conique.
Ce moyen permet bien de refouler îa matière
autant qu’il convient, & les fufées ainfi fabriquées
feront bonnes, pourvu que le trou foit percé droit;
mais la difficulté de le faire à la main, ou l’embarras
de fe fervir dè machine pour guidèr le vilebrequin ,
fera toujours préférer de les- charger avec des baguettes
creufes fur un culot qui porte fa broche.
L’office du moulé eft principalement de foutenir
le cartouche lorfqu’on le charge , pour l’empêcher
de fe rider &. de crever fous l’effort des- coups de
maillet. 11 fert auffi à régler le maffif.
Cependant .on en fait a&uellement peu d’ufage ,
attendu que nos cartouches ayant plus d’épaiffeur
que ceux des anciens , étant d’un carton meilleur ôc
collé entièrement, ont la force de fe foutenir fans le
fecours du moule , & de réfifter même à un plus
grand nombre de coups de maillet qu’ils n’en don-
noient. On évite encore p ar-là une très - grande
incommodité, qui eft celle de ne pouvoir , très-
fouvent, retirer la fufée du moule qu’avec bien de
la peine & en perdant beaucoup de temps. D’ailleurs
le moule exige la plus grande jufteffe ; un peu plus
ou un peu moins de groffeur dans le moulage des
cartons, rend le moule inutile & fait mettre les cat>
touches au rebut.
Ainfi , fans le fecours du moule, on charge les
cartouches tout Amplement fur la broche ; & le
maffif fe règle avec une baguette , fur laquelle on
fait une marque qui en indique là hauteur lorfque
tous les cartouches font rognés à égale longueur.
Voyez, figure 43 , le développement d’une fufée
chargée "& fur la broche,
Quoiqu’on ne fq ferve pas des moules , il eft
pourtant à propos cTen avoir de toutes les différentes
groffeurs de fufées, pour fervir de mefure à;
la longueur & à l’épaiffeur que l’on doit donner aux
cartouches, cette longueur étant la même que celle
dû moule, y compris la partie qui eft au deffous de-
l’étranglement, que l’on appelle la gorge.
La hauteur des moules doit diminuer à proportion
que le diamètre intérieur grandit. La caufe de cette
diminution, eft que la force de la matière enflammée-
n’augmentant pas en raifon du diamètre des fufées,
elle ne pourroit enlever une groffe fufée, fi on lui
confervoit la même hauteur qu’à une petite..
Nous allons donner, d’après le manuel de l’artificier,
la table des proportions qui doivent s’obfervec
entre le diamètre & la hauteur du moule, & entre
la hauteur & la longueur de la broche, dont la différence
, lorfque le moule eft. pofé fur fon culot, fait
la hauteur du maffif.
L’expérience- a fait connoître qu’il doit diminuer
de hauteur, & la broche augmenter de longueur à
proportion que les fufées font plus groffes.
Si l’on n’obfervoit pas cette progreffion, & que,,
prenant là proportion moyenne on donnât également
aux groffes & aux petites fufées un diamètre un quart
de maffif, il arri'vëroit que le maffif des petites feroit
trop tôt confumé , & qu’elles jetteroîent lëur gar-
niture avant d’avoir fait leur v o l, & que lès- groffes
fufées ne jetteroient leur garniture qu’eu retombant-,
attendu que le maffif en eft plus épais, quoique dans,
la même proportion & d’une compofition plus lente-^
& qu’ainfi il feroit plus de temps à fe confumero.
*