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de ba’.t an , ils chantent avec l’iman , Si lui répondent.
Du Loir, [A. R.)
TALLARD o« TA L LAR T ,(H ifl de Fr.) Hoftuti
de la Baume de) eft le nom d’une, noble & ancienne
inaifbn du Dauphiné , diftinguée dans jcette province
dès le treizième fiècle.
On remarque dans cette raaifon plofieurs per-
fonnages célèbres, (ur-tout parmi les chevaliers hok
p;taliers-de Saint-Jean. de Jérufalem:
i°. Antoine, chevalier de cet ordre à Rhodes ,
commandeur de Grenoble , au quinzième fiècle ;
2°. Un autre Antoine , commandeur & maréchal
du mêmè ordre à Rhodes ; au feiz.ème fiècle;
3°. Théodore , chevalier du même ordre , tué
d un coup de fauconneau » à la prife de Rhodes par
Soliman I I , en 1522 ;
4°. Laurent d’Hoftun, capitaine de vaiiTeau, mort
au fiège de Candie en 1669.
Aucun de ces d’Hoftun n’avoit porté le nom de Tallard,
qui jufques-là leur étoit étranger. Le chef de la branche
des comtes, puis ducs de Talfard, eft Roger d’Hoftun ,
marquis de la Baume , qui fut comte de Tallard par
fon mariage avec Catherine de Bonne, fille Si
unique héritière d’Aléxar.dre de Bonne d’Auriac,
vicomte de Tallard,
De ce mariage naquît le 14 Février 16 f i , le
maréchal de Tallard, Camille d’Hoftun , c’eft le
perfonnage le plus confidérabîe de fa maifon, II entra
au fervice aufli-t:t qu’il put y entrer; il fut meftr.e
de camp du régiment des Cravares, à feize ans en
1668 ; en 16 72, il foivit Louis X IV à ia conquête
de la Hollande, & combattit fous le grand Condé
en 1674 , à la fanglante affaire de Senef; il fe trouva
dans le- cours de cette guerre à un grand nombre
dations Si. y reçut plufieurs bleflures. Dans cette
même-année 16 74, M. de Turenne le choifit pour
commander le corps de bataille de fbn armée aux
combats de Muihaufen , le 25 décembre 1674, &
de Turkeim , le 5 Janvier 1675 » car la guerre fè
fit pendant tout l’hiver.
Dans la guerre de 1688 , il eut divers corps
d’armée fous fes ordres: pendant l’hiver de 1600 , il
commanda dans les pays {itués entre la Sare , Ja
Mofelle & 4e Rhin; il coaçut & exécuta'ledeffein
prefque téméraire depifterle Rhin ferla glace, pour
mettre à contribution des pays fitués au-delà. Il fut
fait lieutenant général en 16 ^ . En 1698, il fut .envoyé
ambafladeur à Londres, & les deux traités de
partage de la feccefîiond’Efpagne, l’un du 11 oâobre
1698, qui donnoit l’Efpagne au prince éleéforal de
Bavière; l’autre des 13 & 25 Mars 17.00, après la
mort du prince éleéforal, furent en grande partie
l’ouvrage de M. de Tallard.
Malgré tous ces traités , la mort du roi d’Efpagne
fit renaître la guerre. En 1702 le comte de Tallard
prit Trêves, le 2$ octobre , la ville & le coteau de .
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Traerbac le 6 novembre, & chaffa les Hollandol^
du camp de Mitlheim.
En 1703 le 14 janvier, il fut fait maréchal de
France. La même année il commanda l’armée d’Allemagne
fous M. le duc de Bourgogne, avec M. de-
Vauban , qui yenoit d’être fait maréchal de
France en même-temps que lui Après le départ du
duc de Bourgogne , il gagna la bataille de Spire1 le
15 novembre, contre le prince de Hefle , qui fut
depuis roi de Suède, & il prit Landau le lendemain.
Ceitç campagne de Spire & de Landau eft la campagne
brillante du maréchal de Tallard, & ce fut
la dernière campagne heureufe des François dans
cette guerre. Le coûts de leurs profpérités fut interrompu
dès l’année fuivante. La bataille d’Hochftet
fut perdue par les maréchaux de Tallard & de
Marfin , qui commandoient fous l’éleéleur de Bavière *
le mareçhal de Tallard fut bloffe , pris Si. conduit
en Angleterre, où il fut détenu fept ans. Le roi,
pour lui montrer qu’il ne jugeoit point de lui par
"événement , le nomma gouverneur de Franche-
Comté, peu de mois après cet échec d’Hochftet.
Quand il fut revenu d’Angleterre , il fut fait duc en
17 12 , & pair en 17i f .
Louis XIV le nomma par fon teftament pour être
du cpnfeil de régence. En 1726 il fut fait miniftre
d’état.
Il entra dans l’académie des fciences en qualité
d’honoraire en 1723. Il mourut le 29 mars 1728.
Il avoit eu deux fils ; faîné fut tué à la bataille
d’Hochftet ; le fécond, Marfe-Jofeph d’Hoftun, duc
de Tallard, fut bleffé dangereufement & fait prifonnier
à la Bataille de Ramill.ies , le 23 mai 1706; il fè
diftingua au .combat de Rumer$heim dans la haute
Alface, te 26 aour .1709. Il fut fait brigadier d’in- '
fanrorie ,1 e p rentier février 1719 , gouverneur de
Franche-Comté en fervivance le 20 mai 1720 ,
chevalier des ordres du roi le 3 juin 1724. Il mourut
en 175 5. Il a f-'-tmé une académie des belles-lettres
à Befânçon , & y a foçdé des prix. Sa femme ,
Marie-Ifabel;'e-Gab}telle de Rohan, fut nommée gouvernante
des en fans de France, en fervivance delà
duçhefle, de Ventadour , fon ayeule maternelle , le
4 fepiembre ,17.29.. La ducheffe de Ventadour donna
fa d'émiffion au mois de mars 1732.
TALLEMANT , ( François) ( Hijl. litt. moi.. )
de l académie Françoife j
C’eft le fec traduéleur du françois d’Amyot ;
fa traduâion de Plutarque , aujourd’hui gén'-
ra’emcnt abandonnée eut fept éditions de fon
vivant. Il a traduit aufli l’hftoire de Venife
du procurateur Nani. Il étoit aumônier du roi , &
il le .fut enfuite de madame la dauphine , princeffe
de Bavière. Né à la Rochelle vers 1620 , il mourut ’
en 1693.
L’abbé Tallernant avoit un parçnt du même nom,
(Paul Tallernant ) qui étoit aufli de l’académi«
Françoife ,& q u i fut fecrétaire de l’académie des Inscriptions
Si belles-lettres« Celui-ci naquit à Paris, le
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¥8 Juin 164a. 11 étoit fils de Géuéon Tallernant, 1’
maître des requêtes, & de Marie du Puget de Montoron I
ou Montauron, fille du fameux Montoron , receveur
général des finances. Le fecrétaire de l’académie des
belles-lettres , fucceffeur de Paul- Tallernant , M. de
Boze, nous apprend que M. Tallernant le père vivoit
en grand-feigneur, & que fa munificence s’exerçoit
fur-tout à l’egard des gens de lettres. Montoron, fon
beau-père', le furpaffoit encore dans ces fortes do
libéralités, les dédicacés pleuvotent autour de lui, dit
M. de Boze , c’eft à lui que Corneille dédia Cinna,
dédicace qui n’étonna perfonne dans le temps , &
qui lui a été tant reprochée de nos jours, car chaque
fiècle toujours fi fécond en erreurs, qui lui font
propres, ne conçoit point les erreurs & les moeurs
d’un autre fiècle. On ne peut au reûe qu’tftimer deux
fimples particuliers d’avoir fait ce qui honoreroitde
grands princes. Né de tels pères, proche parent de
François Tallernant, de Jean Puget de la Serre,
hiftoriographe, auteur de beaucoup d’ouvrages , &
fi connu par Scuderi & par Boileau ; parent aufli
de Madame de la Sablière, & de beaucoup d’autres
perfonnages ( hommes & femmes ) célébrés dans ks
lettres, Paul Tallernant fe trouva dès l’enfance environné
de ce que la littérature & le monde avoit
de plus diftingue, il fui vît la carrière qui lui •• étoit
ouverte, fit des vers galans , des idylles, des paftorales,
des opéras , &c. qui furent allez eftimés pour qu’à
vingt-deux ou vingt-trois ans l’auteur fut reçu à
l’académie Françoife. Il faut avouer qu’il n’en refte
plus rien aujourd’hui, non plus que d’un grand nombre
de panégyriques & de difeours qu’il fit dans
la fuite fur les événemens du temps.
De toute l’opulencè dans laquelle il avoit été élevé,
il ne lui refta dans la fuite qu’une penfion de quinze cens
francs que M. Colbert , touché de fes malheurs &
de ceux de fa famille , lui fit donner par. le roi. Son
père avoit abforbé le fonds de plus de cent mille
livres de rente par fes profufions dans fes intendances,
& par de groffes pertes qu’il avoit faites au jeu contre
le cardinal Mazarin , miniftre contre lequel il ne
falloit pas jouer. Montoron de fon coté avoit diflip t
des richeffes immenfes, & peu de temps avant, fa [
mort, la chambre de juftice avoit foigneufemem^ |
recherché ce que fa magnificence n’avoit pas épuifé. J
Des débris de ces deux fucceflionsMadame Tallernant j
recueillit à peine de quoi fubfifter avec cinq enfans ; jj
Iteureuftment, difoit-elle , en voilà un jFétabli , en J
parlant de Paul , parce qu’il étoit de l’académie g
Françoife. Cet établiiTcment, qui n’en eft pourtant g
pas un relativement à la fortune , augmenta par fon g
admiflion. dans l’académie des Infcripùons & belles-, B
lettres dont il fut nommé fecrétaire en 1694. Il fe 1
démit de cet emploi en 1 yc6 , & on lui donna, félon B
fes voeux, pour fucceffeur M. de Boze. M. l'abbé jj
Tallernant, car il étoit dans l’é-at eccléfiaftique ainfi g
que François Tallernant, mourut le 50 juillet 1706. |
fa famille étoit de la Rochelle , &, calvinifte , fon g
père avoit abjure , & l’abbé Tallernant, grand con- g
H ijlo ïr e . Tome V.
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trovei fifte, avoit ' ait ahurer ph fleur, de fos - paréos.
Il avoit beaucoup pi êchr.
TA LO N , ( Orner 6e Denys ) ( Hijl. de Fr. ) père
& fils , deux avocats généraux célèbres du Parlement
de Paris, Le cardinal de Retz, dans fes mémoires ,
donne- une allez hante idée de l’éloquence du -premier
& des effets qu’elle pouvoit produire lorfqq’il
dit : « Talon, ayocat général, qui parloit .toujours
« avec dignité & avec forcé , fit une des plus belles
» déclamations axix fe foient jamais faites en ce’ genre.
n Je n’ai jamais rien oui ni lu de plus éloquent ; il
« accompagna fes paroles de tout ce qui leur put
» donner 'de la force , jufqu a invoquer (évoquer)
» les Mânes de Henri le Grand : il recommanda la
” France en général à Saint-Louis , un genou en
» terre. Vous vous imaginez peut-être que vous
» auriez ri à ce fpe&acle , mais vous en eufliéz été
” émue comme toute la compagnie , qui s’émut fi
” fortement, que j’en vis la clameur des enquêtes
» commencer à s’affoiblir.
Orner Talon étoit fils & petit—fils de confèillers
d’état, & Jacques Talon , fon frère aîné , qui avoit
aufli été avocat-général avant lui, fut fait confeiller
d’état en .1631 , & lui céda fâ charge. Orner Talon
mourut en 1652 , à cinquante-fept ans. On a de.
lui huit volumes in-doü^e de mémoires depuis 1630.
On y trouve des détails curieux fur les troubles de
la fronde.
Denys fut digne de fon père, & par fes taléris
& par fes vertus ; il y a des pièces de lui dans les
mémoires de fon . père. Il ne mourut pas comme
lui dans la-charge d’avocat-général, il fut préfident
à mortier, & les juges lui reprochoient de porter
dans fa manière d’opiner ce balancement des opinions ,
cette difeuflion approfondie de toutes les raTons des
parties dont il avoit pris l’habitude dansjes fondions
du min'ftère public : il mourut en 1698. La famille
des Talon étoit originaire ^’Irlande.
TAM A YO , ( Martin) ( Hijl. mod. ) foldat
Efpagnol, célébré par une de ces aventures, qui
font toujours une grandé réputation ; il fervoit en
1546 dans l’armée de Charles-Quinten Allemagne,
contre les princes proteftàns. Un .foldat de l’armée
des princes , efpèce de géant à qui la force &
fa vaillance infpiroient beaucoup de préfomption,
s’avançoit chaque jour entre les deux camps , une
hallebarde à la main , provoquant au. combat tous
les braves de l’armée Impériale. Ces fortes de défis,
toujours acceptés, étoient affez fréquents alors pour
affoiblir les armées ; & celle de,Charles-Quint étant
alors la plus foible, ce prince avoit défe: du, fous.peine
de la vie, à tous les fiens d’accepter aucun défi;
Le géant revencit tous lès jours infel-er à,ç ç qu’il,
appelloit la lâcheté, des' Impériaux. 'Tarnayo , à la
fin, ne put fouffrir tant d’infplence , Ü court à cet
homme, le renverfç d’un coup de hallebarde .-dans,
^à . SA°*rge » lui arrache fa propre épée , lui en coupe
la tête , & la porte aux pieds de Charles-Quint en
lui demandant la vie. Il eft difficile en pareil cas dé
A a