
Iggè T O U
en 1697, par une differtation latine, adreffee à
M. Sherard, autre Botanifte anglois; ce qui n’a pas
empêché que, dans un ouvrage poftériéur à cette
Giipiue, M. de Tourne fort n’ait donné de grands &
de jufles éloges à M. Rai, &. même fur fon lÿftême
des plantes.
Vers ce même temps, M. de Toumefort fat reçu
doéteur en médecine de la faculté de Paris, car
c’étoit principalement vers la médecine qu’il dirigeoit
fes connoiiTances en botanique. y»
En 1698, il publia fon ‘ hifoirs des plantes -qui
naîjjejit aux environs de Paris, avec leur ufage dans
la médecine.
En 1699, un Anglois nommé Simon V/arton, qui
avoit étudié trois ans en botanique au jardin du roi,
fous M. de Tourneforf^ fit imprimer à Amfterdam,
un catalogue de plantes, hommage rendu à fon maître
fous ce titre: Sehola botamca , Jive catalogùsplanta-
rufti, quas ab aliquet annis in horto regio Parifier.fi
ftudiofis indiguavït vir clarijjimus Jofephus Pitton de
Totirncfort, dotior mi dieu s , ut & Pauli Hermannt
Paradiji Batavi prodremus, &c.
En 1700, M. de Toumefort donna en,faveur des
étrangers une traduéfion latine, & plus ample, de
ies é]émeus de botanique, fous ce titre: Inflitutioncs
n i herbarioe , en trois volumes in -4 ° . avec une
grande préface ou in roduElion a la botanique, qui,
ou lie les principes de fon fyftême, contient lxi.floire
de la botanique, & des Botanistes.-
1» Son amour, dit M. de Fontenelle, n’étoit pas
» fi fidèle aux p'ances, qu’il ne fe portât prelque avec
à la même ardeur à toutes les autres curiofités de
33 la phyfique, pierres figurées, marçaffites rares,
» pétrîneanors & çnftallifations extraordinaires ,
s? coquillages de toutes les efpèces n* Il avoit une opinion
particulère for les pierres; il croyoït que c’étoient
des plan es qui végétoient & qui avoient des graines :
il & oit même allez dtfpofé à étendre ce fyftême
jafqu’aux métaux; il femble qu’autant qu’il pouvoir,
il transformoit tout en ce qu’il aimoit le mieux. Il
ramafîbit auffi des habiUemens, des armes, des
inûi umer.s de nations éloignées ; Sic. De ces curiofités
de toute efpece, il s’étoit formé un cabinet fuperbe
pour un particulier & fameux dans Paris, que les
curieux effimoient quarante-cinq ou cinquante mille
livres.
Ce fut un bonheur pour les faïences, dit avec raifon
M. de Fontenelle, que l’ordre que M. de Toumefort
reçut du roi & de M. le comte de Pontchartrain en
1700, d’aller en Grèce, en Afie, & en Afrique,
non feulement pour y recormoître les plantes des
anciens, mais encore pour y faire des obfervations
fur toute l’hiftoire naturelle, for la géographie ancienne
& maderne, & même for les moeurs, la religion
& le commerce des peuples: Il étoiî accompagné
dans- ce voyage de M. de Gundelsheimer, excellent
médecin Allemand & de M Aubriet, habile peintre.
Tout le monde connoit la belle relation qui’il nous
T O U
a donnée de ce voyage, deft un dès ouvrages de
ce genre les fîlus inufuélift & les plus agréables. On
peut juger des lumières & des talens de l’auteur
dans les genres mêmes les plus étrangers à la phyfique
, par la defeription pleine de philofopbie &. de
gaieté comique qu’il tait des cérémonies fuperftitieufes
obfervées au fujet d’un Vroucolacos ou Broucolaque.
On fait que les Broucolaques ou Vfoucolaques font
eri Grèce .& ailleurs , ce que font dans plufieurs. contrées
de l’Allemagne. & du Nord , les prétendus Vampires,
c’eft à-dire, des morts qu’ou fuppole engraiflés
de la fubftance des vivans ; crédulité déplorable &
fource de iu perditions, fans autre fondement que le-
(peétaçle ordinaire de tant de gens qu’on voit ritomir
par dégrés de la phtifie ou confompiion ; ils font
vampirdës, dit-on , à la vue de tout le monde, &
„pour s’en venger, ils vampirifent les autres à leur
tour après leur mort. Pour arrêter le cours, du
vampi: ifme, on a imaginé des efpèces de conjurations
ou d’expiations alïorties à l’efprit fuperfiitieux qui a
fait inventer ces chimères. On peut juger auffi du
talent de l’auteur pour les delaipronfs phyfiques , par
celle des abîmes de la grotte d’Antiparos, & par
le pla fir mêlé d’horreur que caufe le récit de la
defeente des voyageurs dans ces abyfmes. M. le cômte
de Choifeul-Gouffier, dans fon beau voyage pitto-
refque de la Grèce, infinue eue la peur , la nouveauté
de l’objet, ou le plarfir du danger vaincu3 a
entraîné M. de Toumefort dans quelques exagérations
pardonnables peut-être à un voyageur qui décrit
pour là première fois un lieu fi exvraordinaire ;• pour
fui, il diminue beaucoup-l’idée de ce danger mais
il avoue auffi que l’idée ün peu forte qu’il s’en étoit
faite d’api es la defeription de Toumefort, peut l’avoir
difpofé à trouver ce danger moindre. Defcendu dans
cette grotte, M . de Toumefort fut bien payé de
fes peines, en y trouvant une confirmation apparente ,
mais qui n’étoit pourtant qu’apparente, de fonfyftêmefur
la végétation des pierres. M. de Fontenelle ne le contredit
point fur cette idée chérie & paraît au contraire
l’adopter. « M . de Toumefort, dit-il, eut la
» fenfible joie d'y voir une nouvelle efpece de
n jardin , dont toutes les plantes étoient différentes
>3 pièces de marbre, encore naiffantes ou jeunes,
3j & qui, félon toutes les circonftances dont leur
33 formation étoit accompagnée, n’avoient pu que
33 végéter. En vain, ajoute-t-il, la nature s etoit car
33 chée dans des lieux fi profonds & fi inacceffibles
33 pour travailler à la végétation des pierres ; elle
33 fut pour ainfi dire prife for le fait par des curieux
33 .fi hardis, n
Ce joli mot mériteroit d’avoir été appliqué à une
découverte réelle ; mais on fait aujourd’hui que la
nature né fut point prife fur le fait , & que ces fta-
laéiites fe fôrmoient par accumulation lucceffive &
non par végétation.
M. de Toumefort avoit été jufqu’à la frontière
de Perfe , toujours herborifant &. toujours obfervant ;
il avoit mis à contribution l’Europe &. l’A f i e l ’Afiique
frique étoit comprife auffi dans le deffein de .fon |
voyage, mais lorqu’il alloit y palier , la pefte ,
qui étoit en Egypte , & dont il ne tiendroic peut-
être qù’è l’Egypte de fe délivrer, en prenant les
précautions convenables , le fie revenir de Smyrne en
France, en 1702 ; il revint chargé des dépouilles de '
t Orient, dit AT de Fontenelle , en lui appliquant
ingénieufement ce vers de Virgile fur Jules Céfar.
Hune tu olim codo , fvoliis Oricntts onufum
Accipies fecura !
Il fit de toutes les nouvelles efpèces de plantes
-qu’il avoit recueillies dans fon voyage, & qui vendent '
fe ranger naturellement fous les différentes elaffes de
fon fyftême de botanique , fon corollarium inflitu-
tionum rei herbarnz , qui parut en 1703.
Il mourut le 28 décembre en 1708, des fuites
d’un coup violent reçu par hafard dans"ia poitrine ;
il laiffa par fon teftament fon cabinet de curiofités
au roi , pour l’ulàge des favans , & fes livres de
botanique à M. l’abbé Bignon. M. de Fontenelle
finit par louer dans le voyage du Levant, une grande
connoiffance de l’hiftoire tant ancienne que moderne ,
& une vafte érudition , dont nous n’avons point
parlé, dit-il, tant nos éloges font éloignés d’être
flatteurs.
TOURNELLE , ( la Marquife de la ) Duchefle
de Château-Roux. ( voyeç Mailly. )
TOURNELY, ( Honoré ) ( Hif. litt. mod, )
Profeffeur de théologie d’abord a Douay , enfuite
en Sorbonne; efttrès-connu par fon cours de théologie
en lai in, qui fort ou qui fërvcit ,-du moins
autrefi is, d elémens dans toutes les écoles de théologie
qui n’écoient pas janféniftes. Dans le temps qu’il
étoit à Douay, il voulut bien'féconder les Jéfuires
dans ce qu’on appelle l’intrigue du faux Arnauld ,
& qui étoit en effet une vilaine intrigue. Les Jéfàites
voulant connoître les ennemis fecrets qu’ils pouvoient;
avoir dans TUniverfné de Douay & les Janféniftes
honteux qui pouvoient s’y cacher , imaginèrent de
leur écrire fous le nom du fameux doéieur Arnauld ;
la plûpart croyant répondfe au chef du parti Janfé-
nifte, fe démafquèrent & offrirent à la perfécution
jéfoitique,, les vi élimé s qu’elle ■ cherclioit. Tournely ,
voulut bien prendre fur lui l’odieux de ce vil ftra-
tagême ; les Jéfuires lui en furent gré -, & firent fa
fortune. Il fe montra zélateur ardent de la conftitu^
t'.on unigenitus. Son nom agréable aux Jéfuites &
à leurs parrifens, eft en horreur aux Janféniftes , qui
l ’ont trop décrié. Né à Antibes en 1658 ; il avoit
gardé les pourceaux dans fon pays. 11 mourut en
1729.
TOURNEM1NE , ( Réné-Jofeph de ) ( Hif.
litt. mod. ) favant Jéfuite , étoit de plus d’une très-
ancienne maifon de Bretagne , oL paffoit pour fe
fouvenir un peu trop' de ce dernier avantage, qui
»étoit plus d’aucun ufage chez le$ Jéfuites. Ce nom
Hifoire. Torne V,
I de Toumemine, qui étoit véritablement celui de fa
maifon , auroit pu lui être donné comme fabrique-
tant fon vifage étoit difformè î Le P. JBuffier , fon
confrère , croyant avoir à fe pla:ndre de quelque
refroidiffement de fa part, fit for lui ces deux vers ,
oh il joue fur fon nom , en lui Faïfant un petit je -
proche d’amitié :
Quant bene de fade verfâ tibi nomen, amicis
T am cito qui faciem vertis, amice, tuis !
Le P. Tournanme étoit bibliothécaire de la Ma'fbn-
ProfefTe des Jéfuites ; un des auteurs du journal dè
Trévoux, qui fut fur-tout célèbre de., fon temps;
c’étoit un ; (avant très-confulté par les favans, con-
fulté mênie par les gens d’ efprit. L’intérêt qu’il prit
à la Mérope de M. de Voltaire , prouve que c etc iî
un homme de goût: un Jéfuite , un favant , qui ,
en 1738, ofoit écrire que cette pièce, dont l’auteur
étoit vivant alors à Paris, pajjerâit jufqu à la pofié-
ritè, pomme une de nos tragédies les plus parfaites ,
comme un modèle de tragédie, n’étoit pas à coup sur
un homme ordinaire. On a de lui une bonne édit on
de Ménochius, une de l’hiftoire des Juifs de Pri-
deaux. Le P. Hardouin voulut l’intéreffer à fes Paradoxes
littéraires.. Le P. de Toürnemine étoit trop i:vitrail
pour en être la dupe , il ne fit que s’en moqu-r.
Né à Rennes en 1661 , mort à Paris en 1739*
TGURNET, ( Jean ) ( Hif. litt. mod. ) avocat
du dernier fiècle , auteur d’un recueil d’arrê's fur
les matières bénéficiales, de notes fur la coutume da
Paris, & d’autres ouvrages de jurifprudence.
TOURNEUX , ( le ) Nicolas ) ( H i f liit.mod)
M. de' V oltaire l’appelle : le T OURNEUR.
Vous avez, au lieu-de Vigiles,
Des foupers longs, gais & tranquilles^
Des vers aimables & faciles,
Au lieu dés fatras inutiles
De Quefnel & de le Tcforneur ,
Voltaire, au lieu d’un Dire&euf.
Ce que M. de Voltaire traite fi légèrement de
fatras inutiles , eft bien loin de paroître tel aux dévo s
& fur-tout aux Janféniftes. M. le Tournrux , quoi-
qu’elevé aux Jéfuites , fut très-attaché à Meffieur's
; de Port-Royal 11 fe fit un nom dans la chaire , veyç?
à l’article Boileau , ce que celui-ci dit de M. le
Tourncux à Louis XIV. C ’êft par ion année chrétienne ,
que M. le Tourncux eft fur-tout connu. C e livre
èft du nombre des livres janféniftes célébrés Gue
les Jéfuites ont vainement tenté dé faire oublier en
les refaifant fur un plan oppofé. On dit Cpiè le
Tourncux founrfîbit à Santeuil le canevas de fa.
hymnes, IUvoit remporté en 1675 3 un prix d’éloquence
à l’académie Françoife. Il étoit né à Rouen
en. 1640 ; il mourut à Paris, en 1689. f i S a j.
lui, outre l’année chrétienne, une foule de Üv ^
de dévotion , bien moins connus que cehù-là.