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paffage de la mer rouge 9 8c divers écrits fur
1’ Egypte.
. S1CHARD, ( Jean ) ( Hiß. litt. mod. ) Jurif-
confulte Allemand, qui publia le premier l’abrégé
des huit premiers livres du code théodoften, com-
pofé par Anien. On lui doit atiffi les Inftitutes de-
Caïus, 8c les fententuz receptce de Julius Paulus ; né
en 1499, mort en 1552.
SICILE , tribunal de la monarchie de , ( Hiß. de
Sicile ) c eit aïnfi qu’on nomme cette heureule ju-
rifdiétion eccléfiaftique & temporelle , indépendante
de la cour de Rome, dont jouiffent les rois de Sicile.
Il faut indiquer l’origine de ce beau privilège.
Dès que le comte Reger eut enlevé cette île aux
Mahometans & aux Grets, & que Péglife latine y
fut établie, Urbain II. crut devoir y envoyer un
légat pour y régler la hiérarchie : mais Roger refùfa
fi fortement & fi conftamment de recevoir ce légat
dans le pays de fa conquête s que le pape voulant
ménager une famille de héros fi néceffaireà l’entre-
prife des croifades, dont il étoit tout occupé , prit
le parti'd’accorder, la derniere année de fa vie, en
1098 , une bulle au comte Roger, par laquelle il
révoqua fbn légat, 8c créa ce prince & tous fès fuc-
ceffeurs légats nés du faint fiège en Sicile, leur attribuant
tous les droits & toute l’autorité de cette
dignité qui étoit à la fois fp!rituelle & temporelle.
Voilà ce fameux droit attaché à cette .monarchie ;
droit, que depuis, les papes ont voulu anéantir, &
que les rois de Sicile ont-maintenu* Si cette prérogative
, ajoute M. de Voltaire , eft incompatible
avec la -hiérarchie -chrétienne , il eft évident qu*Ur-
Bain ne put la donner ; fi c’eft un objet de dilci-
pline que la religion ne réprouve pas, il eft également
certain que chaque royaume eft maître de fe
l ’attribuer. Ce privilège au fond, n’eft que le droit
de Conftantin & de tous les empereurs, de préfider
.à la police de leurs' états ; cependant il n’y a eu
dans toute l’Europe catholique , qu’un gentilhomme
qui ait fu fè procurer cette prérogative aux portes
de Rome même. ( D. J. )
SIC3N1US DEN TATUS , ( Hiß. Rom. ) tribun
du peuple, on le nommoit l’Achille Romain ; 8c pour
juger combien il méritoit ce titre , il ne faut que voir
le compte qu’il rend lui-même de fis fervices & de
fès fuccès .dans une harangue qu’il fit l’an de Rome
298 , àu milieu des débats élevés entre le fénat 8c le
peuple au fujet de la loi Agraire ; loi dont, en qua- :
lité de Plébéien 8c de tribun du peuple, ,il étoit le
défenfeurnaturel. «Il y a , dit-il , quarante ans que
*> je porte les armes , & trente ans que j’ai dans
v les troupes divers commandement. J’ai paffe par
» tous les dégrés de la milice. Je me luis trouvé à
» cent vingt & une batailles ; j’y ai fauvé la vie à
» plufieurs patriciens ; j’y ai plus d’une fois recouvré
» des drapeaux qui, fans moi, ferviroient dé trophées
» à l’ennemi. Je puis montrer quatorze couronnes ci-
v viques, trois murales, huit d’or, quatre-vingt-trois
» colliers aufli d’or , foixante bracelets, dix-huit lances,
» vingt-trois chevaux avec leurs ornemens militaires, J
s 1 c
» dont il y en a .neuf qui font le prix d’autant dé
» combats finguliers, où je n’ai, pas moins triomphé
» des ennemis de l’état que dans les batailles. Cette
fc» gloire que j’ai acquife , je l’ai payée de mon fang;
» elle m’a coûté quarante-cinq bleffûres toutes reçues1
» par- devant, ( car toute autre me feroit rougir)
» j’en ai reçu douze quand nous avons repris le ca-
» pitole. Nous avons mes compagnons 8C moi reculé
» les front ères de la république , nous avons con-
n quis de vaftes 8c de fertiles champs que nous
» voyons poffédés fans droit par des gens fans mérite ,
n tandis que nous n’en avons pas la moindre portion. I
» N’y aura-t-il donc jamais de prix pour la vertu ? I
» N’y aura-t-il jamais de fin à nos peines ?
Une invafion fotidaine des Eques, lùfpendit ces'dé-
bats ; on courut aux ennemis , & Sicinius en donna
l’exemple. Les confu-s qui ne l’aimoient pas , l’envoye-
rent à un pofte où il devoit périr, 8c dont il ne se
tira que par une valeur fupérieure encore à celle I
qu’il avoit montrée jufqu’a-lors. Eu allant à ce pofte
il pénétroit les vues perfides 8c la coupable efpérancc
des Confuls ; au lieu d’y réfifte'r il fe faifbit un noble I
plaiiir de les confondre : on livra bataille , Si ü eut I
la plus grande part à la victoire, mais, pour se venger I
des confuls , il leur fit refufer les honneurs du triom-
phe, & par fbn autorité de tribun il les fit con- I
damner à de fortes amendes.
Il s’oppofa courageufèment à la tyrannie des décemvirs
• Appius n eut pas d’ennemi plus redoutable ; I
mais il avoit des moyens de fe défaire de fes ense- |
mis, qui n’étoient point à l’ufàge de Sicinius, & dont I
celui-ci ne pouvoir qu’être la viâime. On l’éleva
pour le perdre. On lui donna un emploi honoiable |
dans l’armée affemblée à Cruftumium contre les I
Sabins; mais comme on avoit éprouvé qu’il favoit Ë
fe tirer des occafions périlleufès , on n’ofa plus s’en I
rapporter aux ennemis, du foin d’accabler fa valeur ; [
on l’envoya en détachement, & ce détachement étoit \
compofé de gens qui avoient ordre de le tuer. Ils \
l’attaquèrent au nombre de cent, mais il vendit cher
fa vie. Denis d’Halicarnaffe affure qu’il en tua quinze,
qu’il en bleffa trente, 6c qu’il infpira tant de crainte
aux autres qu’ils n’oferent plus l’attaquer que de loin, ;
en l’accablant de traits & de pierres. Il fuccomba I
enfin, 6c fes affafiins publièrent qu’il aveit été tué [
par les ennemis ; on affeâa en conféquence d’honorer
fa mémoire : on lui fit de magnifiques obliques. \
Mais la'vérité fe fit jour à travers ces pompeufes
apparences ; on fçut qu’Appius & les Décemvirs I
étoient les véritables auteurs de fa mort, 8c l’horreur |
1 qu’infpira ce crime concourut avec l’aventure de I
Virginie, à détruire la tyrannie Déaemvirale. Sicinius |
Dentatus fut tué l’an de Rome 304 , à'cinquante- I
huit ans. Une belle figure, un air de noblefle 8c I
d’audace , une éloquence affortîe à cet air relevoient I
en lui l’éclat de la valeur , 8c fi c’étoit le vaillant
Achille , cetoit aufli Achille , le plus beau des I
Grecs.
Quelques - autres Sicinius figurent encore .dans [
l’hiftoire Romaine, tels que :
S I D
ï°. Sicinius Bellutus ; celui - ci joue un grand rôle '
dans la retraité des légions 8c du peuple fur 1 é Mont
[acre, l’an de Rome 259. Le Sénat, pour retenir le peuple,
déclara qu’il ne congédioit point les légions , parce
■ que les Sabins 8c les Eques, alors ennemis des
Romains , étoient encore en armes. Or, chaque foldat,
en s’enrollant, juroit de ne jamais quitter le drapeau
fans un congé formel; le fénat s’applaudiffoit'dé cét •
expédient qui retenoit tous les foidats fbùs le drapeau
par un motif de religion. Sicinius Bellutus leva ce
fcrüpule par une équivoque miférable , mais par une
aéfion hardie..; il alla enlever du camp les drapeaux
de l’armée ; « fuivez-moi /dû-H alors aux foidats, venez
>r remplir votre ferment, voilà ce que vous avez juré -
v de ne pas abandonner. On le fui vit en effet fur le
Mont Sacré , le peuple n’en descendit qu’après avoir
obtenu des magiftrats fpécialetnent chargés de fa
défenfè , c’eft à-dire , des tribuns. Sicinius Bellutus
fut le premier avec Junius Brutus. Ils furent créés
l’an de Rome 260. L’an 262 , ce Sicinius eut le
malheur d’être l’accufateur 8c un des principaux
perfécuteurs de Coriolan.
2 Sicinius Sabinus, Conful avec Aquilius Tufeus,
l’an de Rome 266 ; les Romains , fous la conduite
de ces deux confuls , remportèrent deux célébrés victoires
, l’une fur ies Herniques, l’autre fur les Volfques;
çeux-ci perdirent dans la bataille leur général Tuilus
Attius , dont la jaloufie 8c la haine avoient caufé la
mort de Coriolan.
. SIDNEY, ( Hift. cTAngl. ) le comte de Leicefter,
favori d’Elifabeth reine d’Angleterre, avant le comte
d’Effex, 8c vicieux comme tous les favoris, eut un
neveu qui périt en combattant fous lui pour la caufe
des Flamands dans les pays bas , en 1586 -, 8c que
tous les hiftoriens reprefentent comme un modèle
accompli de talent, de conduite & de vertu. Le petit
avantage que remportèrent les Anglois en cette oc- ■
cafion, bien plus par la valeur des troupes que par
la capacité du chef, tint lieu -d’une calamité par la
perte de ce feul homme. Ç ’eft le fameux Philippe
Sidney, auteur de YArcadia, 8c de plufieurs autres
ouvrages. Jamais il n’êmplbya que pour le progrès
des letrres 8c le bien de l’humanité, le crédit que la
parenté lui donnoit fur le comte de Leicefter, 8c celui
que cette même parenté , jointe à l’agrément de ton
efprit 8c a 1 éclat de fa réputation , lui donnoit fur
la reine elle - même : fa vertu ne fe démentit pas dans
fes derniers momens; Percé de coups, perdant tout fon
fang, tourmenté d’une foif dévorante, il n’attendoi't
de foulagement que d’un peu d’eau qu’on lui apporta
dans un flacon, 8c qu’on avoit eu bien de la peine
a trouver ; il vit alors à fes cotés un foldat bleffé
comme lui. Les befoins de cet homme, dit-il , [ont
plus preffans que les miens. Il lui fît prendre le flacon
8c mourut. L’ Angleterre &• la Hollande le pleurèrent;
la reine d’Ecoffe Marie Stuart, charmée de fès vertus
« compofa des vers latins fur fa mort : ce tribut d’admiration
payé à un Anglois , qu’elle devoit regarder
comme un ennemi, rappelle le-tombeau, que le petto
Iiijloire. Tome F.
S I E 7? fils du Grand Confalve'de Cordoue fit ériger au
Maréchal 'de Lautrec 8c à Pierre de Navarre, 8c les
belles paroles qui terminent l’épitaphe du dernier : hoc
in [e habet virtus ut vei in ho fie fit admira bilis. » C ’eft
» la prérogative de la vertu, de fe faire admirer même
» dans un ennemi.
Algernon Sidney, epufin germain du précédent
8c fils du comte de Leicefter , avoit pris Brutus pour
modèle, 8c vculoit, comme ce Romain , procurer
la liberté à fon pays. Ce fut dans ces vues qu’il
prit part à l’efpèce de conjuration connue fous le
nom de complot de la maifion de Rye, feus le règne
de Charles I I , 8c dont il paroît que l’objet principal
étoit d’exclure delà fucceffionle duc dTforck, depuis
Jacques II. Sidney périt fur un échafaud, condamné
irrégulièrement fur des preuves mcomplettes. L’inique
8c barbare Jeffrey s , chef de juftic-e , (yoyeç fon article)
ennemi de Sidney, parce qu’il l’étoit de tous les gens
de bien 8c de tous les bons cîtoyens ; Jeffreys, le
Laubardemont 8c le Laffemas.de l’Angleterre ,au défaut
de preuves juridiques, érigea en preuve d’un attentat
Contre le R oi, des écrits làifis parmi les papiers de
Sidney, 8c uniquement relatifs à fo'n fameux traité
da Gouvernement. Ce même Jeffreys , triomphant
d’avoir à prononcer à Sidney fa fentence de mort,
affeétoit de le plaindre 8c l’exhortoit avec une com-
paffion hypocrite ' à ïubir fon fort , avec réfignation i
täte moi le pouls , lui dit Sidney , & vois f i mort
[ang eft agité.
Il aÿcit un frère, Herrï sidney grand maître de
la garde-robe. Au couronnement de Jacques I I , oh
on remarqua comme à celui de Henri I I I , Roi de
France,', que la couronne chancela fur fa tête, Henri
Sidney la foutiïit, et ne le refufà pas le plaifir dé
dire , « Ce n eft pas la. première [ois que notre famille
» a joutemu la Couronne. Il contribua beaucoup dans
la farte , à l’èriléver à Jacques , pour Venger Algernon
Sidney fon frère.
SIDONIUS APOLLINARIS,(Sidoine Apollinaire)
( Hifi. litt. ) Evêque de la ville d’Auvergne, qu’orï
a depuis nommée Clermont, Prélat diftingué par fes
talens, par fes vertus , fur-tout par fa charité , naquit
à Lyon vers l’an 430, fut fait évêque en 472 ,'
mourut le 25 août 488; Ses écrits, fur-tout fes poefies,'
font un monument précieux de' la littérature du cinquième
fièe’e , 8c nous font connoîïre divers ulages
des François, relativement à la manière de s’habiller,
de combattre, 8cc. Le fameux Savaron , 8c depuis
encore le Père Sirmond , nous ont donné de bonnes
éditions de Sidonius Apollinaris.
SIECLES d’Ignorance , ( Hlft. Mod. ) les
neuf, dix 8c onzièmefiècles font les vraisfiècles digno•
rance. Elle étoit fi profonde dans ces temps-là, qu’à
peine les rois , les princes , les feigneurs , encore moins
le peuple , fa voient lire; ils connoîffoien: leurs poffef-
fions par l’ufage , 8c n’avoient garde de les foutenir
par des titres, parce qu’ils ignoroient la pratique de
l’écriture; c’eft ce qui faifoit que les mariages d’alors
étoient fi fouvent ' déclarés nuis. Comme ces traités