
vendent. Mais il y a de grandes mefures à garder
dans ce commerce ; car la Turquie eft le pays du
monde où la juftice eft fouvent la mieux obi'ervée
parmi les injustices»
Si le g ra n d -v ifir a le génie belliqueux, il y trouve
mieux Ion compte que dans la paix. (Quoique le
commandement des armées l’éloigne de la cour ,
il a fes penfionnaires qui agiffent pour lui en Ton
abfence ; 8c la guerre avec les étrangers, pourvu
qu’elle ne Toit pas trop allumée, lui eft plus favorable
qu’une paix qui cauferoit des troubles intérieurs.
La milice s'occupe pour lors fur les frontières
de l’empire , & la guerre ne lui permèt pas
de penfer à des foulevemens ; car les efprits les
plus ambitieux cherchant à fe diftinguer par de
grandes avions, meurent fouvent dans le champ
de Mars ; d’ailleurs le miniftre ne fauroit mieux
s’attirer l’eftime des peuples qu’en combattant contre
les infidèles.
Après le p rem ier v ifir , il y en a fix autres qu’on
nomme . Simplement v ifirs 3 v ifirs du banc ou du
c o n fe il, & p a c h a s a tro is queues, parce qu’on porte
trois queues de cheval quanl ils marchent, au lieu
qu’on n’en porte qu’une devant les pachas ordinaires.
Ces v ifirs font des perfonnes fages, éclairées
3 Savantes dans la loi, qui aflifient au divan j
mais ils ne difent leurs fentimens fur les affaires
qu’on y traite, que lorfqu’ils en font requis par le
g r a n d - v i f i r 3 qui appelle fouvent aufïi dans le confeil
fecret, le moufti & les cadilefquiers ou inten-
dans de juftice. Les appointemens de ces vifirs
font de deux mille écus par an. Le g ran d -v ifir
leur renvoie ordinairement les affaires de peu de
Conféquence,, de même qu’aux juges ordinaires ;
car comme il efl l’interprète de la loi dans les
chofes qui ne regardent pas la religion, il ne fuit
le plus fouvent que fon fentiment, foit par vanité,
foit pour faire fentir fon crédit. \ D . J . )
VISTNOU , ou VISTNUM , f. m. (k i f t . mod.
m y th o l. ) c’eft le nom que l’on donne dans la
théologie des-bramines , à l’un des trois grands
dieux de la pemiere claffe, qui font l’objet du
culte des habitans de l’Indoflan. Ces trois dieux
fo n t B ram a 3 Viftnou ScRuddzren. Suivant le védam,
' c’efi-à dire, la bible des indiens idolâtres, ces trois
dieux ont été créés par le grand Dieu, ou par
l’être fuprême , pour être fes minières dans la
nature. JSrama a été chargé de la création des
êtres ; Viftnou eft chargé de la conférvation , &
Ruddiren de la deftruâion. Malgré cela , il y a des
frètes qui donnent à Viftnou la préférence fur fes
deux confrères , & ils prétendent que Brama lui-
même lui doit fon exiftence & a été créé par lui.
Ils difent que Viftnou a divifé les hommes en trois
ciaflès, les riches, les pauvres, & ceux qui font
dans un état moyen ; & que d’ailleurs il a créé
piulieurs mondes, qu'il a rempli d’cfprits » dont la
fonâion eft de conferver les êtres. Ils affirment
que le védam , ou livré de la loi, n’a point été
donné à Brama, comme prétendent les autres indiens
, mais que c’eft Viftnou qui l’a trouvé dans
une coquille. Toutes ces importantes difputes ont
occafionné des guerres fréquentes & cruelles , entre
les différentes leétes des indiens , qui ne font pas
plus difpofées que d'autres à fe paffer leurs opi-,
nions théolggiques.
Les indiens donnent un grand nombre de fem»*
mes à leur dieu Viftnou , fans compter mille concubines.
Ses femmes les plus chéries font Le ch iy n iy
qui eft la Vénus indienne, & la déeffe de la fortune
, dont la fonction eft de gratter la tête de fon
époux. La fécondé eft S i r i pagoda 3 appellée aufli
p um i d iv i ,'la déeffe du ciel, fur les genoux de qui
Viftnou met fes pieds , qu’elle s’occupe à frotter
avec fes mains. On nous apprend que ce dieu a
eu trois fils, Ka c k e n , Lav en , & V a ren 5 ce dernier
eft provenu du fang qui fortit d’un doigt que
Viftnou s’eft une fois coupé.
Ce dieu eft for-tout fameux dans l’Indciftan,
par les incarnations qui font au nombre de dix,
qui renferment, dit-on, les principaux myftères
\ de la théologie des bramines , & qu’ils ne communiquent
ni au peuple ni aux étrangers. Ils
difent que ce dieu s’eft transformé j°. en chien de
mer ; i®. en tortue $ 30. en cochon ; 40. en monfi*
tre moitié homme & moitié lion ; 50. en mendiant ;
6 ° . en un très-beau garçon appelle Frajfaram. ou.
p a re c h a R am a 5 70, il prit la figure de Ram qui
déconfit un géant ; 8°. fous la figure de Kifna I ou
Krifna ; dans cet état il opéra des exploits merveilleux
contre un grand nombre de géans , il détrôna
des tyrans , rétablit de bons rois détrônés #
& fecourut les opprimés ; après quoi il remonta
au ciel avec fes 16000 femmes. Les indiens difent
que fi toute la terre étoit de papier „ elle ne pour-
roit contenir toute l’hiftoire der grandes adions de
Viftnou y fous la figure de Cifna ; p°. il prit la
forme de Bodha , qui, foivànt les Banians, n’a ni
père ni mère , & qui fe rend invifible ; lorfqn’il
fe montre il a quatre bras : on croit que c’eft ce
dieu qui eft adoré fous le nom de Fo , dans la
Chine, & dans une grande partie de l’Afie ; io ° .
la dernière transformation de Viftnou , fera fous
la forme d’un cheval aîlé , appellé K a l in k in , elle
n’eft point encore arrivée , & n’aura lieu qu’à la
fin du monde.
Le dieu Viftnou eft le plus refpedé dans le.royaume
de Carnate ; au l eu que Rame ou Brama eft
mis fort au-deffus de lui , par les bramines de
l’empire du Mogol , & Ruddiren eft le premi.ee
des trois dieux, pour les Malabares.
Ceux qui voudront approfondir les myftères de
U teligion indienne , & cortnaîree à fond 1’hifloire
de V if in o u , n’auront qu’à consulter l hiftoire u n i-
v trfclle d’une fociété de favans anglais , tont. V I .
in -4^. ( A- R . )
VISTNOUVA , ( h if i. mod. ) on a vu dans
l’article qui précède, que les bramines, ou prêtres,
font divifés en plufieurs feétes , fuivant les dieux
à qui ils donnent le premier rang. . Ceux qui regardent
le dieu ÏVifinou comme la divinité fupreme,
s’appellent Vifinouva s ; leur fefte fe foudivile en ,
deux, les uns fe nomment c advadis , difputeurs,
ou bien m ad v a -v if in o u v a , du nom de leur fonda-
leur. Ils fe font une marque blanche qui va du
né au front, fur les tempes, & fur les- omoplates ;
c’efl , félon eux , le ligne de V if in o u , & ils i«nt
convaincus que tant qu’ils le poiteront , ni le
diable, ni le juge des enfers n’auront aucun pou-
voir fur eux.'Ces ta d v a d is ont un chef ou patriarche,
qui rélïde près de Paliacate fur la côte de Coromandel
, qui eft obligé de garder le célibat fous
peine de quitter Ion ordre* ( n i . R . )
La fécondé fefte de vifin o u v a s s’appelle romu-
n ouva v ifinouva ; ceux-ci fe mettent la marque de
l’Y grec fur h front, faite avec de la craye ; &
ils le font une brûlure fur les omoplates ; il* font
petfuadés que Vifinou ne les punira d aucun péché.
Ces. feftaires', comme de raifon,fe croient infiniment
plus parfaits que les T o ïv a d is ; leur chef
réfide à Carnate. Il n’eft point permis à ces prêtres
ni de faire le commerce, ni d’entrer dans des lieux
de débauche , comme aux autres, ( ad. R ) ■
VITAKER ou \?HITAKER , .( Guillaume )
( hifi. lin. mod. ) profefTeur en théologie dans
l’u-niverfité de Cambridge. ..Ses oeuvres, ont été recueillies
en deux volumes in -foi. Il a réfuté Bella.r-
min , St l’écrit du père Campian, jéfuite, intitule :
Us <Lix raijôns. Cet écrit étoit en faveur de l’églife
romaine & le P. Campian étoit en Angleterre., ou
l’on ne vouloit point ablblument admettre de jefut-
tes; il fallait l’en chalfer, & on. pouvpit, comme
fit Vitaker, réfuter fon écrit, mais il ne falloit pas
pendre l’auteur, & onle pendit. V ita k e r mourut a
Cambridge en 1525.
VITAL, ( v o y e i Orderic. )
VITALIEN, eft le nom d’un général redoutable
aux empereurs de lôn tems, & le nom d’un pape.
Le premier, feythe de nation , étoic petit-fils
du général J f p a r , dont M. de Pontenelle a fait le
fujet d’une tragédie , jouée faRs Cuccés & condamnée
par M. de Fontenelle lui-même. On con-
noit l’épigramme de Racine ;
C C’c(l; à l'Afpttr du fleur de Fonteflelle,
Vit.d-.cn étoit maître1 de la milice fous l ettipe-
Jfiifipire, Tome V .
reur Ansftafo. Cet empereur favonfoit les euty-
chiens, rejettoit le concile de Chalcédoins, qui
les avoir condamnés, & perfécutoit lesorchodoxes ;.
V ita lie n prit la défenfo de ceux-ci, la prit les
armes à la main , fe rendit maître de plufieurs
provinces, de l’empire, parut aux portes de Conf-.
tantinople à la tête d’une armée formidable. On
négocia, les évêques orthodoxes furent rappelles
de l’exil , la perféeution ceffa. V ita lien eut d'a-,
bord un grand crédit à la cour de Juftin ,-focceffeur
d’Anaftafc i mais Juftinien , qui vouloit fuccéder
à Juftin fon oncle, regardoit la gloire & la puif-
fance de V ita lie n comme un grand obftacle a ce
deffein i il lui fut aifé de- rendre fufpeâ à l’empereur
un homme qui avoit toute la. faveur des.
; troupes & qui difpbfo t d’elles à fon gré. Juftin
réfolut de le perdre, mais avec prudence , c’eft-
à-dire, avec perfidie , de peur de fe perdre lui-
même en attaquant ouvertement un general fi
cher à. tous les guerriers. V ita lie n 3 foit défiance,
foit amour du repos > s’etoit retire dans laThrace;.
Juftin l’appelle a la cour, fous pretexce de lui
donner des inftrudions fur une grande affaire dont
il vouloit lui confier la conduite j g fo défigna,
conful pour l’année fuivante , mais^ V ita lie n mourut
affafliné le feptième mois de fon confolat ,
(juillet 5x0). L’empereur-ne défavoua point ce
meurtre , & pub’ia que V ita lie n etoit un ambitieux
& un hypocrite, toujours to«t prêt 'à le déclarer
tour-à-tour pour les orthodoxes & pour les
eutychiens, & à entrer dans toutes les cabales coii-v
traires à l'autorité.
Le fécond , c’eft-à-dire , 1e pape faint V i t a l i e n ,
élu le ^o juillet .657 , mourut le 2.7 janvier 6 7 1 .
On a de lui' quelques épitres. C’eft de fon tems
que commença, dans lès églifos d Italie , 1 ulage
des orgues, qui ne fut cennu en France que bien
avant dans le huitième lîècle, fous Pepm-le Bref
& fous Charkmagne.
VITELLIUS , ( Aulus & Lucius frères ( H iß .
r o m . ) Galba , Othon , Vitelliu s 3 Vefpafien, proclamés
tous empereurs prefque en même-tems dans
divers lieux, fe difputoient tous à la fois le trône
de Néron l’an 8,19 & 8a.o. de Rome J une fé-
dition ayant élevé Othon fur les ruines de Galba'
& de Pifon que Galba venoit d’adopter a ce fut
principalement V ite lliu s qu’Othon eut à combattre.
V ite lliu s n’avoit rien dans fa naiflance qui dût
1e porter à l’empire , ni qui dut non plus l’en
éloigner. Son ayeul P. V ite lliu s etoit chevalier
romain, Lucius V ite lliu s fon père fut ^trôis fois
conful , une fois entre autres avec l’empereur.
Claude, & de plus cenfeur il dut fes dignités
à la foupleffe & à l’adulation plus qu’au mérite^
Publius Vitellius , frère de celui-ci oncle da
l’empereur , eut le mérite d’être ami de Germa-
nicus, même après la mort de ce prince. Dans
le tems de la république naiffante, il y avok ea
D d d d