
fur la juftice chrétienne, qui ont été çenfurées; par la
forbonne : il n’en eft, ou du moins il n’en fut que plus
célèbre. André mourut en 1723 ; Galparden 1752.
Jean, frère cadet d’ André * & frère aîné de Gaf-
pard , né en 1670, fut aufli oratorien un moment, ou
plutôt deux momens; car après être forti de l’oratoire
il y rentra , & en refortit encpre ; ïnconftance
qui déplut tant à fon père, qu’il le réduifit à fa légitime.
Le fyftême le dédommagea amplement, & l’enrichit
par hazard; mais il pouvoil dire des biens de la
fortune, ce que Titon dit des années de la jeuneffe :
"Rendez-les moi, grands Dieux I pour les reperdre
encore.
Il les perdit en effet en peu de temps, vécut toujours
dans une extrême médiocrité ; mais-toujours
content. Il fut reçu à l’académie dés Sciences en 1707;
il obt nt en : 7 21 une chaire de philofophie Grecque
& Latine au collège Royal; il fut reçu en 1732 à,
l’académie tFrançoilè : ce fut-là fa fortune. Il vivoit
v dans le monde, & il y paroHToit entièrement étranger,
parce qu’il négligeoit, par principe, de s’occuper,
même pour les befoins de la convérlation , des intérêts
des princes & des affaires d’état. Il difoit qu'il ne
faut point fe mêler du gouvernail, dans un vaijjeau ou
l'on riéfi que pajfager. 11 eft pourtant bien dur , quand
on eft palfager dans un vailfeau, de ne pouvoir pas
ar:ê:er des manoeuvres oui tendent manifeftement à
fubmerger le yaifTeau. Son ignorance profonde &
iÿftématique des choies que tout le monde croit lavoir
, parce que tout le monde en parle ; fon apathie
philoiophique fur ce 'qui intérefle & agite tous, les
autres , Jui donnoient un ait de ficnplicité naïve,
qu’on avoit quelque peine à concilier avec l’idée de
l ’efprit.'Ceux qui, d’après fes ouvrages, ne pouvoient
pas lui.en rçfulèr, diloient quil ri étoit homme a efprit
que de profil. La marquife de Laflai ne s’y trompoit
pas , & difoit quil ri y avoit qriyn homme de beaucoup s
d'ejprit qui pût être ri une/ pareille imbécillité. 11 n’eft
perfonne qui ne lé vante ( & on ne croit pas que ce
fbit fe vanter beaucoup ) d’avoir une probité au-defliis
de toutes les tentations de la fortune : l’abbé Terrajfon
parloit plus modeftement de lui, & , femblable à cette
fàgé reine qui difoit : vous en direç tant, qu'à la fin
il faudra bien fuedomber ; il difoit : je réponds de moi
j^fijrià un million : cette rélèrve même pouvait ajouter
u la confiance. L’abbé Terrajfon avoir des amis ; ■ il en
avoir peu. tl difoit : que ceux qui avaient tant ri amis
avaient peu ri amitié. On connaît lés ouvrages. Son
roman moral & poétique de Sethos , a donné lieu à
des épigrammes ; ma:s il fut, St il eft encore eftimé.
Il prit parti çontre les anciens dans la fameufe dilpute
des anciens & des modernes. Sa differtation critique
for XIliade ma pas été traitée avec mépris par les fa-
vans , parce qu’elle jétpit d’un favant. Sa traduélion
de Diqdore de Siçile eft eftimée. Ses réfléxions en faveur
du fyftême deLa^sy font peu connues; c’éroitun
monument palfager de recQnnpiflançe pour un fyftême
auquel il a^oit dû fa richefle paflsgère. L’abbé,Terrain.
mourut en 175.0.
Ma thieu Tçrrajfon , parent des précédens, avocat
au parlement de Paris , cei,four-royal, un des auteurs
du journal des Savans, né en 1669', mort en 1754.
On a fes oeuvres i/2-40. recueillies par fon fils, Antoine
Terrajfon, auffi avocat & cenfeur-r.oyal, auteur
de Yhifloire de la jurisprudence Romaine.
TERTRE , (Jean-Baptïfte du ) ( Hiß. litt, mod. )
dominicain, miftïonnaire aux ifles de l'Amérique: on
a de lui.une hifloire générale des Antilles. Né à Calais en
1610 , il entra dans l’ordre de Saint-Dominique en
1635 ; revint de Tes voyages en 165 8.;. mourut à Paris
en 1687 : il avoit fervi avant d’entrer dans l’état Ecclé-
fiaftique &. Monaftique.
T ertre , ( François-Joachim du Port du ) ( Hiß.
litt. mod. ) de la fociété littéraire - militaire de Be-
fançon, & de l’académie dAngers, auteur d'un abrégé
peu co.ïnu de l’hiftoire d’Angleterre, d’une hiftoire. un
peu plus connue des conjurations & des confpirations
célébrés , de l’almanach des Beaux-Arts, connu depuis
fous le 'nom de la France-Littéraire : c’eft lui qui a
publié en 175 3 les mémoires du marquis de Chiuoes ,•
mort en 1759 à qua ante-quarré ans. Il étoit de Saint-
Malo : il avoit été Jéfuite.
TERTULLIEN, ( Qiiintus Septimus Florens Ter-
tullianus ) | Hiß. Éccléf) Prêtre de Carthage, fils
d’un çen tenter, qui fervoit fous lé proconfol d’Afrique,
eft mi' à quelques égards au rang des pères de l’Eglife ,
& à quelques égards au rang des hérétiques. Il adopta
les erreurs de Montan, & la fia dés foélateurs , qu'on
nomma TertuUianifies : on d ft ngue fes écrits faits avant
fa chute, & fes écrits faits depuis fa chûte. Né .dans
le Paganiime, il s’était fait Chrétien ; & fon apologie
des Chrétiens qu’il fit à Rome pendant la pérfécutïon
de l’empereur Sévère, eft le plus célébré de fes ouvrages:
plufieurs de ces ouvrages ont été traduits en
François. Tertullien étoit d’un caraéfè.-e ardent &
févère : la chaleur Africaine l’emporte fouvent au-delà
des bornes, & lui infpire de fortes hyperboles. C ’eft
lui qui dit dans fon livre de la chair de Jéfus-Chrift:
le fils de Dieu efl mort ; cela efl croyable, parce que
cela eß ridicule. Ayant été enfeveli 3 i l efl rejfufcïté j
cela efl certain , parce que cela efl impojfihle. •» Mo.rtuus
» eft Dei filius, credibile eft quia ineptum eft ; &
» fopulus refurrexit ; certum eft quia impoffioile
» eft ».
C ’eft lui qui faifoit aux Payens ce défi. » Amenez-
v moi votre vierge célefte qui promet des pluies , &
v votre Efculape qui conferve la vie à ceux qui la
» doivent perdre quelque temps après, s’ils ne con-
» feffent pas qu’ils font des démons, ( n’ofànt mentir
» devant un Chrétien ) verfez le fapg de ce Chrétien
» téméraire. Qu’y a-t-il de plus mamfefte ? Qu’y a-
» t-il de plus prouvé?» Enfin, c’eft un homme éloquent
& paflionné, dont il ne faut employer l’autorité
qu’avec précaution. La meilleure édition de fes
oeuvres, eft celle-qu’en a donnée Nicolas Rieault à
yeniïe
Venife în 1746 : Thcmas, feigneür du-Folle, a j
donné le; vies de Tertullien & d'Origène. - ' ;
: TES AU R O , (Emmanuel) ( Hifl. litt. mod.')
biftorien Piémontois du dix-feptième fiècle , eft auteur
d’une hiftoire de Piémont & d’une hiftoire de Turin.
Eli travaillant il étendit fes idées, & entreprit Une
hiftoire générale de toute l’Italie, dont il ri’y a que
l’abrégé d’imprimé à Turin en 1664, avec des notes
de Valerio Caftiglione.
TESCATILPUTZA, ( Hifl. mod. Juperfl. ) nom
d’une divinité adorée par les Mexicains, à qui
ils adrefloient leurs voeux pour obtenir le pardon de
leurs fautes. Cette idole étoit d’une pierre noire , lui-
fànte, & polie' comme du marbre, & parée de rubans.
Elle avoit à la lèvre inférieure des anneaux d’or
& d’argent, avec un petit tuyau de cryftal, d’où
fortoit une plume verte ou bleue. La trèfle de fes
cheveux étoit dorée, & fupportoit une oreille d’o r,
fouillée par de la fumée, pour repréfenter les prières
des pécheurs. Cette ftatue avoit fur la poitrine un lingot
d’or fort grand ; fes brasétoient couverts de chaînes
d’or , & une grande émeraude formoit fon,nombril ;
elle tenoit dans la main gauche une plaque d’or unie
comme un miroir, d’où fortoient des plumes de différentes
couleurs; la main droite portoit quatre dards.
~Ç.e dieu étoit très-redouté des Mexicains, parce
qy’on çraignoit qu’il ne punît & ne révélât les crimes
qne l’on avoit pu commettre. Sa fête fe célébroit tous
les quatre ans ; c’étoit une efpèce de jubilé, qui apportait
un pardon général de toutes les fautes. {A. R )
TÈSIIK- AGASi-BACHI ; ( terme de relat. ) c’eft
âinfi qu’on nomme en Perfe le commandant de la
garde du roi, corapofée de deux mille fantaftins.
( D . J . )
TESKEREGI-BACHI, C m. {H-fl. mod. ) grand
officier de la Porte-Ortomane , peur l’adminiftration
des affaires de l’ëmpire fous le gçand-v fir. C ’eft le
premier fecrétaire d’état, chargé de toutes les affaires
importantes qui fe décident, foit au galibé divan,
foit par le prince en fon particulier. Le teskèrcgi-bachi
expédie toutes les lettres - patentes & miftives du
grand-feigneür, les fauf-conduits , kat-chérifs, &
autres mandemens. Tous les fecrétaires, tant du
prince que des hachas, & des tréforiers de l’épargne,
en un mot, de tous ceux qui manient la plume pour
les affaires de l’état, de la guerre & des financesfont
fournis à ce fecrétaire majeur , qui eft leur chef, ainfi
•quelle porte fon nom. Teskeregi, en langue turque,
lignifiant fecrétaire, & bachi, chef, c’eft-à-dire ; chef
ow fur-intendant des fecrétaires. Guer. Moeurs des Turcs,
Jom. IL
TESSÉ, ( Froulai de ) ( Hifl. de Fr. ) noble &
ancienne famille du Maine, qui, dans les temps les
- plus difficiles, s’eft toujours piquée d’un attachement
inviolable à fes rois & à la religion Catholique ; c’eft
• cé que qu’exprime la devife de cette maifon : pro rege
& profide. Les Froulai tirent leur nom de la châtellenie
«de Froulai, qui relève du duché de Mayenne : ils
Hifloire. Tome Jri,
font ! connus par-des titres de fondation dès- le douzième
fiècle. -Nous diflinguerons- dans cette ia-
mille :
i°. Guillaume II, chevalier, tué en 1317 à la ha-
taille de Bîangi.
2°. Ambroifo de Froulai, fon petit-fils y tue dans un
çbmbat de trente François contre trente Anglpis,
qu’il ne faut pas confondre avec ce qu’on appell j le
combat des Trente, dont l’époque eft 135 0. Celui
dont nous parlons fe livra en 1436 à Argentan, en
Normandie, au' fort des guerres de Charles VII
contre les Anglois.
30. Guillaume I I I , frère d’Ambroife t tué à la bataille
de Caftillon en 1453 , en fervant. le même
Charles VII contre les mêmes Anglois. '
4°. André, feigneür de Froulai, chevalier de
l’ordre du roi, fe diftingua dans les guerres de religion
à la bataille de Montcontour en 1569 , à la défaite
des Reîtres à Auneau en 1587, & dans beaucoup
d’autres occafions. Il paffa enfuite au fervice des Véni-
tiens , qui le nommèrent colonel-général de leur infanterie.
Il époufa le 11 Juillet 1567 l’héritière de
Tejfé. ■
50. C ’eft en faveur de René fon fils que Tejfé a été
érigé en comté. Il porta la cornette blanche en 159^
au voyage qui fe fit en Bretagne pour la réduélion de
cette province.
6°. René I I I , c’eft le maréchal de Tejfé, Il fit fes
premières armes en 7 670, commanda en 1677 le
corps des dragons en. Allemagne, fous le maréchal de
Créquy , & fe diftingua dans une multitude de petits
combats; il fe trouva cette même année au fiége de
Fribourg. En 1678 il fut fait brigadier des armées , en
1680 lieutenant-général des provinces du Maine,
du Perche & du'comté de LavaK; en 1683 il commanda
en chef dans le Languedoc & dans le Dauphiné
;en 1684 il fut fait meftre-de-camp-général des
dragons de France ; en 1688 , le 24 Août, maréchal
de camp ; en 1689 ^ commanda un corps de troupes
dans le palatinat; en 1690 il mit à contribution une
partie du pays de Juliers ; en 1691 , fervant -dans
l’armée de Savoie ; il reçut une bleffure confidérable
à la prife de Veillane ; en 169-2 il eut la charge de.
colonel-général des dragons, & fut fait lieutenant-
général ; en 1693 il fit lever le blocus de Pignerol, ÔC
contribua au gain de la bataille de la Marfailie ; en
1694 il fut fait chevalier des ordres du roi ; en 169*5
il travailla au traité pour la.démolitipa de Gazai; en
1696, ambaffadeur auprès du duc de Savoie, il négocia
la paix & le mariage de la princeffe de Savo e avec le
duc de Bourgogne , il condnifit la princ-ffe à Fontainebleau
; en 1697 il fervit en Flandre fous îe maréchal
de Catinat ; en 1700 il accompagna jufquaux frontières
le nouveau roi d’Efpagne, Philippe V ; en 1701
il battit le comte de Merci, & le fit prifonnier;^ en
1702 il étoit au combat de Santa-Vittona^ &. à la
bataille de Luzara ; en 1/03 il fut fait maréchal de
France ; en 7704 il alla commander les. troupes des.