
il étoit la feule efpérance , le feul appui. Vergi
avoir fou te nu les fers , bravé la mort, rejette les
féduifantes faveurs de la fortune : il ne put ratifier
aux larmes de fa mère ,
nox & tua tefiis
Dextera, qubd nequecm lacrymas per ferre parentis.
il fe rendit, & il fut le f ut en qui la dé-feérion
devint prefque, une vertu. Vaincu par la nature,
domine Coriolan il fut plus grand que- le héros
romain _, en ce qu’il ne fallut pas 'moins que les
larmes d’une mere pour faire rentrer Coriolan-
dans fon devoir, & qu’il ne fallut pas moins pour
en faire forrir Vergi.
Il fut fidèle à fes nouveaux engagemens, fous
Louis X I , & fous Charles VIII fon fils » mais la
couronne ayant pafle dans une ligne collatérale,
avec laquelle -il n’ayoic point traité , il le hâta de
retourner à fes maîtres légitimés. Marie de Bourgogne
étoit morte mais l ’empereur Maximilien
d’Autriche fon mari , vivoic ; Maximilien le fit
maréchal de Bourgogne en 1498 , & Philippe-le-
Beau, fon fils, lui donna, en 1-504, le gouvernement
des pays de Gueldres & de Zutphen, il fut
fait chevalier de l’ordre de l’annonciade en 1519
& mourut en J 520.
lo e. Guill aume de Vergi, cinquième du rfbm,
petit fils de Guillaume I V , chambellan de l’archiduc
Charles d’Autriche , fils de Philippe-le-Beau ,
& qui fut depuis l’empereur Charles-Quint, l ’accompagna
, en 1516 , en Elpagne. A la bataille
de Pavie , en 1525, il cômmandoit dans l'armée
impériale la cavalerie de la Franche-Comté. Il
mourut à Bruxelles le 16 janvier 1531.
1 1 ° . François de Vergi, fils du précédent, avoit
été elevé , comme enfant d’honneur, auprès du
meme Charles-Quint. Il porta la cornette impé
riale à la bataille de Mulberg , où Charles-Quint
accabla les proteftans en 1547. Il fervit encore .
avec éclat aux lièges de’Metz en 1553 5 de Dour- ;
lens , de Saint-Quentin , de Ham $ à la bataille de
Saint-Quentin en 1557 , de Gravelines en 1558.
Philippe II le nomma gouverneur de Bourgogne ,
érigea fa terre de Champlite en comté , le fit
chevalier de la toifon d’or en 1584. Il mourut le
4 décembre 15^1.
12°. Fernand de Vergi, feigneur de Flagei,
fils de François, capitaine d’infanterie , fut tué par
mégarde d’un coup d’arquebufe -à une revue de fa
compagnie.
VER GIE H (Jacques) ( hifi.Jitt. môd. ) né à i
Lyon en 1657., fut fait, en 1690, commiflaire ordonnateur
de la marine , & fut enfuîte préfident
du confeil de' commerce à Dunkerque , il quitta
tout pour vivre à Paris en homme de plaifir & en
b«l efprit. Ses pocfîes font faciles & 'négligées.
JeanBaptîfte Roulfeau l’appelle l’Anacréon François
pour fes çhanfons de table, dont aucune n’eft ref-
1 tee. M. de Voltaire le loue avec plus, de mefure
& le juge plus équitablement', lorfqu’il dit, en
parlant de fe» contes : « Vergier cft, à l’égard delà
« Fontaine , ce que Campîftron eftà Racine , imita-
» teur foible, mai' nature, b. Ces contes font libres ;
celui du tonnerre eft voluptueux, Celui de l’abfcès
eft naïf & plaifuïit , mais fale & größter.
La mort de Vergier a donné lieu à des calomnies
contre un; 'grand prince. Il fut aflafliné le
23 août 1720 d’un coup de piftolet dans la rue
du bout du monde vers minuit , en revenant de
fouper chez un de fes amis. C ’étoit à-peu-près le
tems où paroilfoient les Philippiques. On fuppofa
qu’il avoit été; foupçonné: d’y avoir eu parc, ou
d’ayoir fait quelque autre fatyre contre le prince,
& que le prince, au Peu de le faire punir, l’avoit
fait alfafliner 5 on nommoit même l’exécuteur de
fa vengeance , & on oV-t dire qu’il avoit eu la
croix de Saint Louis pour prix de cette violence.
La vérité eft que le doux & voluptueux Vergier
étoit bien incapable d’une fatyre, & que le généreux
Philippe, qui pardonna les Philipiques mêmes
à Lagrange , étoit bien plus incapable encore d'un
afïamnat. On fait très-bien le nom du véritable
aflafîin de V er gier , ou du moins le nom qu’il pre-
noit î il étoit connu fous celui du chevalier-I.e-
Craqueur , c’étoit un vo’eur de ptofeflïon , & fon
objet étoit de voler l’inconnu qu’il afiaflina ; mais
un caroffe qui vint à paffer l’obligea de prendre la
fuite. Le Craqueur étoit un des compagnons & des
aflociés de Cartouche , il fut rompu à Paris le 10
juin 1711. Il avoua ce meurtre parmi plufieurs
autres.
VERGNE , ( de la): ( hiß. de F r .) Lamaifon
de Treffan de la V ergne dt ancienne dans la province
du Languedoc. De ce;te maifon étoit la
célèbre Madame de la Fayette ( voye^ Partitle
l a F a y e t t e ). Elle étoit fille dAymar de la
Vergne , maréchal de camp, gouverneur du Havre
de Grâce.
Un homme de cette maifon, Pierre’ de Treffan
de la Vergne , fe rendit utile & célèbre dans un
genre qui n’eft pas celui de tout le monde, dans
les millions 5 élevé dans la religion proteftante ,
qu’il abjura depuis à l’âge de vingt aus , il paffa
d’abord quelques années a la cour, mais ayant corn
fervé de fon anc en proteftantifme ce qu’il en falloir
pour être au moins janfénifte , il fe retira auprès
de M. Pavillon, évoque d’Aleth. De concert avec
ce faint prélat, il fit un voyage dans la Palefline.
A fon retour , les millions & la diréâion des âmes
l’occupèrent tout entier. La perfécution alla le
chercher au mi’ieu de ces occupations chrétiennes 5
il fut exilé pour avoir eu quelque part à quelques
produirions janféniftes. Remis en liberté , il eut
le malheur de fe-noyer prés du château deTëragne ,
le 5 avril 1684, en revenant à Paris. Il a lai/lg
fous le nom du fieur de Saint Germain, un ouvrage
relatif à la dire&ion, fous ce titre : examen général
de tous lés états & conditions , 6* des péchés quon
y peut commettre•
Mais l’homme le plus célèbre de cette maifon
de la Vergne de Trelfan, eft feu M. le comte
de Trelfan, lieutenant général des armées du roi ,
de PaCadémiï fiançoife, de l ’académie des fciencés,
& d’une multitude d’autres académies , tant nationales
qu’étrangères. Perforine ne pourroit mieux
le faire connoître qu’il ne l’a fait lu'-même dans
un ouvrage intitulé: réflexions fommaïres fur l'efprit.
L ’efprit y eft confîderé dans toutes les différentes
acceptions qu’il peut recevoir, dans toutes les opérations
qu’ii peut produire, & relativement à tous
les objets auxquels il peut s’appliquer. L e fujet vafte
& indéterminé , que ce titre annonce , f rt de
prétexte à l ’auteur pour expofer fes connoiffances
en tout g nre , parcourir & juger les différente»
opinions, relever les erreurs, dillinguer & annoncer
les vérités utiles. Son principal objet eft ri’infpirer
à fes enfans, le goût de l’étude 5c l’amour des
fciences, qu’il leur repréfente comme faifant le
charme de fa vie. Cet ouvrage eft proprement un
cours d’études à leur ufagej il les entretient paternellement
de (es jouiilances , de fes volup és littéraires
, de ce plaifir inexprimable attache aux
méditations favantes , de ce bonheur pur de penfer
& de connoître, de la confédération que les lumières
& l ’efprit cultivé donnent dans le monde même
le plus frivole, du mépris qui fuit par-tout 1 ignorance
& la frivolité : on croit entendre Perfe prononcer
contre ceux qui négligent de s’inftruire ,
cet arrêt formidable :
Ejfluis amens,
Contemnere.
On croit aufli entendre le fage Neftor inftruire
les jeunes grées, par fes récits & par fes exemples :
« Elevé dès l ’enfance, dit l’auteur, dans la cour
du régent du royaume, admis à celle de mon
maître qui n’avoit alors que dix ans, j’ai vu le
plus grand nombre de ceux qui compofoient celle
de Louis-le-Grand, pendant 'les vingt dernières
années de fon règne , & je m'en fouviens avec
admiration ».
» Le ton de la cour du Palais-Royal étoit moins
contraint , moins réfervé ; mais il confervoit la
plus grande dignité au milieu des plaifîrs. . . .
Jamais on n’a raffemblé plus d’esprit, de connoiffances,
de goût, de noblefïe & de gaité que M. le
régent. Il fe fai (oit obéir en badinant ; il employa
fouvent même, l’art de jettér un ridicule fur les
punitions qu’on le forçoit à prononcer »,
Mais fi ces punirions étoient néceffaires, pourquoi
y jettef du ridicule ? /Telles étoient ridicules,
ou inutiles, pourquoi avoir la fôibleffé & la rigueur
de les infliger ï
» Souvenez-vous, mes enfansr, apprenez-le aux
vôtres y que depuis plus de cent ans notre race
fut au fervlce, & comb’é des bienfaits des princes
de l’auguftç fang d’Orléans ».
» A Rouen, la fympathie la plus forte m’unit avec
M. le Çat...... Je travaillai avec lui à toutes les
parties de la phyfique..... »3
m A Parme , les riches co!le&ions de la maifon
Farncfe ; les flatues, les médailles antiques, les
tableaux de Raphaël, & fur tout ceux du Corrège
& du Parmefan m’occupoient délicieufemcnt. Cependant
je me rapprochois toujours du dodeur Buonçore,
premier médecin de l ’infant, homme fupérieur
dans tout ce qui tient à la chymie & à l ’économie
animale; il daignoit fe plaire avec moi ; il con-
noifloit mieux que moi-même, la penfée fecreue
qui m’entraînoit vers la fcience...... 33
33 A Rome, les bontés & l ’amitié de M. le
cardinal Quirini, m’ouvrirent la bibliothèque du
Vatican ».
33 A Paris, je fis deux cours d’anatomie fous
M. Hunault ».
» A la F è re , je fuivis les écoles favantes de
l’artillerie , j’étudiai le grand Vauban; je me liai
avec M. de Buffon......Il elt bien naturel de prendre
les pallions de ceux qu’on elrime , qu’on admire
& qu’on aime....... Gelie de l ’hiftoire naturelle en
eft devenue une violente pour moi.......
. 3» J'ai vécu long-tems dans la fociété de madame
de Tencin. Jamais femme n’a réuni comme elle ,
le don fitpérieur d’éclairer & de p!aire, jamais
un moyen de fe rendre utile à fes amis ne lui eft
échappé : elle imaginoit mieux qu’eux-mêmes, les
moyens d’y réuflir ; je ne l'ai jamais vu montrer
plus d’efprit que ceux qui caufoient avec elle.
Également au ton de MM. de Fontenelle & de
Reaumur , fes amis intimes , & de la jolie femme
occupée de fa parure Sc de fon amant. Un des plus
favans hommes de l’Europe , s’ étoit rendu le premier
tyran de cette fociété , un ton magiftral d’ancien pro-
fefleur , une voix de ftentor , un efprit fans goût,
une ame fans aménité, nous le faifoit voir toujours
une férule à la main. Il faifoit taire M, de Fon-
tenejle; il b^ufquoit la maitreiïe de la maifon,
fes aimables iftveux & fes pauvres bêtes ; il rava-
geoit notre fociété 5. comme un ouragan ravage
une prairie. Nous avions encore une autre efpèce
de tyran dans un demi-cinique.......... Il arrivoit
crotté comme un barbet, marchant fur la Juppé
des femmes qui lui déplaifôient, parlant aux
, jolies comme un moine libertin ; criant, crachant
encore avec plus d’éclat que notre pédant 5 contra-
l riant tout le monde avec aigreur, déridant de