
S%8 T R Y
T R U CH E T , ( Jean ) , (voyez Sébafiien).
TRUCHSES , ( Hiß. mod. ) nom d’une des quatre
anciennes & principales charges de l ’empire
de Conftantinople , & de celui d’Allemagne. On
appelloit autrefois celui qui en étoit revêtu , pr&-
pofitus menfa régi a : on l ’a nommé en fuite archi-
dapifer. La fonâion de l’archi - truchfes en Allemagne
, au couronnement de l’empereur, confîfte
aujourd’hui à porter, fur la table de ce prince ,
entre deux plats d’argent , une pièce du boeuf
qu’on rôtit tout entier à cette folemnité. Autrefois
les empereurs donnoient cet emploi , félon
leur choix , à quelque ptince de l’empire, jufqu’à
ce que cette charge fût attachée à la m nron Palatine
, ' qui la perdit ainfi que l’éleélorat en \6z$ ;
mais elle lui fut rendue en 1708, & depuis elle
repalîa a la maifon de Bavière en 1714. La charge
de truchfes héréditaire de l ’empire fous l ’archi-
truckfes , appartient aux comtes de \Ta!debourg.
Vcyel Codin , de ojfic. aul& Con.ftantin.opol. Fau-
~©het, de Vorig. des dignités. Supplém• de Moreri }
tome II.
TRYPHIODORE ( Hiß. Litt. Mod. ). Poëte
Crée du fîxième fièd e, un de ces auteurs au fujet
delquels on a d t :
Stultum efi, difficiles habere nugas.
avoit compofé une Odyffée en vingt-quatre livres,
fans Alpha dans le premier, fans Beta dans le
fécond , & ainfi des autres. Un Neftor qui vi-
voit fous l’Empire de Septime Sévère , en avoit
fait autant pour l’Iliade. C ’étoit bien la peine d é-
crire après Homère, pour faire de ces facéties 1
TRYPHON C Hiß. Sacr. ) . Général Tyrien,
on trouve l'hiftoire de fes trahifons dans le premier
livre des Machabées. Chapitres ï ï . la. 13.
14. If.‘
T S A R , ( Hiß. de Rußte ) ce mot fignifie roi dans
toute la bible en langue efclavone , & les étrangers
lui ont fubfiitué le mot c%ar, qui eft une corruption
de celui de tfar. Dans la bible efclavone traduite
du grefc , il y a fept cent ans , longtems avant
que les ducs de Roffie priflent le titre de t\ar\ les
lois Pharaon, Saül, David, &c. font appelles t%ar ;
il n’y a point dans cette langue de différence entre
roi & empereur#
Le premier qui prit le titre de t^ar, fut Iwan
Wafiélwirz , ayeul de Ivan Bafilowitz , qui reprit le
titre qu’avoit porté fon grand-pere , fe qualifiant
crar de Cafan , d’Aftracan & de Sibérie , comme ,
aufïi powelîtel & fâmoderfchetr de toutes les Rufîîes. j
Le premier de ces deux derniers mots lignifie im- i
perator ou général, &. le dernier veut dire fou- \
,perain. Ces titres ont été donnés à tous les fuc- !
T S C
ceffeurs de Bafilowitz'jufqu’cn l’année 171T, que
l’archevêque de Novogrod perfuada au czar Pieire
I. de changer le titre ruflien de powelîtel en latin,
& de fe qualifier empereur ; & quoique- toutes les
puif.ances lui -enfle:nt toujours donné ce titre en langue
ruffîenne , il cauf.i dès le moment qu’il fut latinifé ,
de grandes conteftarons en Europe ; mais le vainqueur
de Charles XII. les fit celler par fa puif-
fance. ( D. J . ) ,
TSCHIRNAUS, ( Ernfroi Walter d e ) ( Hiß,
Litt. Mod. ) de l’académie des Icieuccs , naqu t
le 10 av.il id j i dans la Lufitce fupérieure, d’un
pere & d’une mère , tous deux de la plus haute
noblefTe. Sa mai!on éto t orig naire de Moravie &
de Bohême, & il y avoir plus de quatre cents ans
qu’elle poffédeit la terre où naquit M. de Tschir-
naus. Il eut pour les fciences. tous les maîtres
qu'en donne aux gens de fa cond tien & de la
fortune. Dès qu’il fut qu'il y avoit au monde une
géométrie ^ il la.fàific avec ardeur ainfi que les
a utres parties des mathématiques. A l’âge de dix-
fept ans, il vint achever fes études à Leyde , il
eut bientôt use grande réputation parmi les fa-
vans de Hollande. Dans la guerre de 167% il entra
au fervice des Etats-généraux, en qualité de
volontaire ; après avoir fervi dix-huit mois , il
retourna dans fon pays , puis il voyagea en Angleterre,
en France, en Italie, en Sicile, à Malte,
etudiant par-tout & les fciences & les favans,
obfèivant & les curiofîtss naturelles, & les chefs-
d’oeuvre de l’art & les manufacturés remarquables
ou par leur utilité ou, par leur fingularité. Il ie-
tourna en Allemagne & alla paffer quelque tems
à la cour de i’empereur Léopold. Il vint à Paris
pour la troifième fois, en 1682.*, il y apporta des
découvertes qu’il vouloir propofer à l’académie d. s
fciences, & qui l ’y firent admettre lui- même à
l’âge de trente & un ans. C ’éroient les fameufes
caufliques qui ont retenu fon nom ; car dit M. de
Fonteneile, on dit ordinairement les caufliques
de M. de Tfchirnaus , comme la fpirale d’Archimède,
la conchoïde de Nicomède, la cifioïde de
Dioclès, les développées de M. Huyguens : « un
géomètre ne doit pas être moins glorieux d’avoir
donné fon nom à une courbe, ou à une efièce
entière de courbes, qu’un prince d'avoir donné
lé#èn à une ville. Les rectifications des couibes
éioient fort peu communes alors, & cette décou»
verte eut le mérite d’avoir précédé l ’invention du
calcul de l’infini, qui l'auroit rendu plus facile.
M. de Tfchirnaus avoir commencé â compofer
dès l’âge de dix-huit ans ; il avoir depuis revu fes ouvrages
avec un oeil févère Sc s’éroit impofé la loi
de ne rien faire imprimer avant trente ans.; il
arriva delà qu’il ne fit jamais imprimer qu’un feuj
ouvrage , ce fut un traité de medicinâ mentis &
corporis , ouvrage donc il femble qu’Horace ait
donné l ’idée, & montré la nécefli é dans ces vers
de l’épitre du premier livre ;
T S C
Si quesret quid agam, dic multa & pulchra minantem,
Vivere nec r e S ë , neefuaviter ; haud quia grando
Contuderit vite s , oleamque momorderit cejius ;
Nec qu'ta longinquis armentum eegrotet inarvïs:
Sed quia mente minüs validus quàm corpore toto
Nil audire velimnïL difeere , quod levet tsgrum ,
Fidis offendar medicis ,• irafear amicis,
Cur mefunejlo propèrent arcere veterno ,
Quce nocuere fequar, ƒ ugiam quee profore credam !
Homes tibur amemventofus, tibureromam.
11 pat oit que M. Tfchirnaus mettoit dans l ’arrangement
de fa vie, de fes occupations, de fes études,
une méthode un peu minutLufe , & qui n’etoit
pas fans fuperftition > il avoit des travaux différent
, & un régime divers pour les diflerenres faisons
; il fe couohoit à neuf heures, & le faifoit
éyedler à deux heures après minuit, ce qui pou-
vo:t paroitre moins extraordinaire alors qu’à pré-
fent ; il travailloic dans le fîlence & le repos de
la nuit, ce qui paroîtroit peut-être, moins extraordinaire
aujourd’hui ; il Ce rendormo.t à fix heuies,
mais feulement jufqu’à fept, ce qui doit paroître
affez extraordinaire dans tous les tems.
Si l’on en croit M. de Fonteneile, M. Tfchirnaus
avoit pour les fciences, cet amour pur & définté-
reffé qui, appliqué à la théologie , excita vers le
même tems, des orages. Il a dit lui-même à fes
amis, que dès 1 âge de vingt-quatre ans , il croyoit
s’êrre affranchi de l ’amour des plaifirs , des richeffes
& de la gloire ; il n’afpiro't donc point par toutes
fes veil e s , à cette immortalité qui nous touche
tant & qui nous appartient fi peu ; ce fer oit encore
une fingularité bien remarquable dans le caradère
de M. Tfchirnaus , car enfin , d t encore M. de
Fonteneile , il n’y a point de grands travaux fans
grands motifs, & les favans font des ambitieux de
cabinet.
Le régime de M. Tfchirnaus, offre encore quelques
bifarreries apparentes, réelles peut-être, mais
elles étoient toujours raifonnées. On apprend de lui-
meme, qu’étant dans l’obligation de manger beaucoup
, il mangeoit alternativement des chofis fort
oppofées, chaudes & froides, faites & douces,
acides & amères, &. que ce mélange fervoit à
-corriger les excès des qualités les uns par les autres.
Ceci n’eft pas fi conforme à la dodrine d’Hoiace
fur la frugalité :
nam varies res
Ut noceant Jlomacho, credas, memor illius efees,
Quce Jimplex olim tibi federit. At Jimul affis
Mifcueris elixa, Jimul conchylia turdis:
Dulcia fe in bilem vertent, Jlomachoque tumultum
Lent a feret pituita.
M. de Tfchirnaus fie diverfes découvertes de
ôiopuique & de pnyfique, que M. de Font en elle
T S C 389
annonce comme prefqne miraculeufes. Il en fit
aufli d'admirables en chimie , il parvint à faire
de la porcelaine toute pareille à celle de la Chine,
& il en donna le fecret à M. Homberg , en échange
de quelques autres fecrets de chimie. Ce fecret de
la porcelaine duc paroître alors d’autant plus étonsr
nant qu’on, avoir regardé jufques-D , cette pro-
dudion comme un don particulier dont, la nature
avoir gratifié les chinois, en leur donnant une
terre particulière qui ne fe trouve que dans leur;
pays. On fait aujourd’hui que c’eft un mélange
de quelques terres qui fe trouvent par-tout, mais
qu’il faut favoir mêler dans l ’ordre & dans le degré
convenables.
M. de Tfchirüaus, fur la fin de fa vie, fur
éprouvé par des chagrins domêfliques , à l imprcflio«
defqueis i f fut réfilter pendant cinq ans ,• à forev
de réfignation philosophique & reÜgieufc ; fa'famé
y- fucconiba enfin, peut-être , dit M. de Fontèrselie ,
parce qu’on ne peut vaincre fi long-tems le chagrin
, fans en être fort affoiblï. Il croyoit avoir
des remèdes fur s contre la fièvre, la pht.fie , Fhv-
dropifie , la goutte , il ne craignoit que la pierre
qu’il ne fe flattoît pas de pouvoir ou prévenir, ou
guérir , du moins aufli aifément_, car il avoit trouvé
une préparation de petit lait, à laquelle il croyoit
quelque vercu , même contre cette maladie. Au
mois de (ept.embre 1708, il eut de grandes douleurs
de g avelle, fuivies d’une fupi reHion d’urine,
les médecins l’abandonnèrent bien-tôt, parce qu’ il
s’étoit fait médecin lui-même, il continua de fe traitée
félon fa méthode & fes principes, & mourut le 11
câobre fuivant. Ses derniers mots furent : triomphe y
v i c t o i r e , qui paroiffent faire allufion au bonheur de
fe fer tir délivrer de toutes les mifères de la vie
humaine.
Il avoit donné une partie confidéraMe de fon
patrimoine, aux lettres. Dans fon ouvrage, qui
par fa nature eft fufceptible d’embraffer une multitude
d’objets , il propofe le plan d’une fociété
de gens riches & amateurs des fciences , qui
fourniroicnr à des fa y ans plus appliqués , p':us
voués au travail , tout ce qui leur feroit nécef-
faire, & pour les fciences , & pour eux-mêmes ,
& il poitoit avec plaifir , plus de fa part des charges
d’une pareille communauté , même fans ravoir
formée. Il fit traduire en allemand, & imprimer
à fes dépends, le cours de chimie, de Lcmery,
& il en ufa de même à l’égard de plufieurs livres
d’autrui , dont il efyéroit quelque utilité pour le
public. C ’étoic un bel & utile exemple qu’il don-
noit aux grands & aux riches , & qui n’a pas
été affez fuivi; ce feroit une manière d’être bienfaiteur
du genre humain qui les affocieroit aux
travaux & au mérite des bons écrivains. M. de
Fonteneile termine l ’éloge de M*. de Tfchirnaus9
par ce trait vraiment philofephiquc : « II n’étoic
point' philofophç par des connoifiànces tares, fie