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l’étendre à celui de la vie commune ; elle perdolt
au contraire tous les jours, & les eccléliaftiques
furent bientôt les feuls qui l'entendirent ; les langues
romane & tudefque , tout imparfaites qu'elles
croient , l’emportèrent , & furent les feules en
ufage julqu’au regne de Charlemagne. La langue,
tudefque lubfifta meme encore plus long-tems a la
cour , puifque nous voyons que cent ans après ,
en 94&, leslettres d’Artaldus, archevêque de Rheims ,
ayant été lues au concile d'ingel heim , on fut obligé
de les traduire en rhéotifque , afin qu'elles
füllent entendues par Othon roi de Germanie, &
par Louis d’Outremer , roi de France , qui fe
trouvèrent à ce concile. Mais enfin la langue romane
qui fembloit d’abord devoir céder à la tudefque
s l’emporta infenfiblement-, & fous la tro fième
race elle fut bientôt la feule & donna naiffance
à la langue françoife. Mémoiresdes Infcriptions,
tom. X V . ( D. J .)
TUD OR ( Hiß. d‘Anglet. ) , nom de la D y rallie
Angloife qui luccéda dans la perfonne du roi
Henri V l ï à celle des Plantagenets , ( voye^
Henri VU & Richard III. )
Il eft dit à l’article Henri V I I , que ce roi étoit
de la maifon de Lancafire , c’eft-à-d.re qu’Henri VII ;
tiro'.t, de la mailon de Lancafire donc il defeer - ;
doit par Marguerite de Sooemerfet, la mère, fon ]
droit à la couronne d’Angleterre} mais il étoit de j
la maifen Tudor, & il commence la nouvel'e race j
parmi les rois d’Angleterre ; tout ce qu’on fait de
fon origine , c’eft que Catherine de France, fi le
de notre roi Charles V I , veuve de Heuri V , 8c
mère de Henri V I , avoit époufé en fécondés noces,
un gallois nommé Owen Tudor, dont Ja noblefle
étoit aflrzdouteuiê- De ce mariage écoit né Edmond,
comte de Richemont , celui-ci avoit époufé Marguerite
de Sommerfet, de la maifon de Lancafire. Le
jàfs d’Edmond & de Marguerite , fut Henri, comte j
de Richemont, îffu de la maifon royale d’Angleterre,
par fa mère ; mais on voit qu’avec cet avantage
il étoit poflible que le roi Henri VII ne fût pas
gentilhomme. Quelques écrivains ont regardé cette
fîRgulafité comme un des inconvéniens qu’entraîne
la fucceflion par les femmes; plut à Dieu qu’elle
n’en entraînât point d’autres : un bon roi leroit toujours
allez noble.
Selon des auteurs, Owen Tudor étoit un braffeur, ;
félon d’autres, c’étoit un tailleur qui , en habillant
la reine Catherine, écoit parvenu à lui plaire.
Quand fon petit fils fut parvenu au trône, Owen
Tudor fut non feulement un gentilhomme gallois, !
mais un defeendant des anciens princes de Galles
& des anciens rois bretons.
TUILERIES, ( Hiß. m o d le jardin du Louvre j
porte le nom de jardin des Tuileries , parce que ;
c’écoit autrefois une place où i’on faifoit des tuiles, !
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Cependant fous le nom de Tuileries on n’entend
pas feulement' ce jardin , mais aulfi un pala's fu-
perbe dont la façade répond à toute la largeur
du jardin Ainfi.l’on a dit pendant la minorité du
roi régnant, que fa majefié logeoit aux Tuileries.
Le palais des Tuileries eft joint au Louvre par
une longue & large galerre qui régné le long du
bord fep entrional de la Seine , & qui a vue fur
cette rivière.
Ce magnifique édifice.fut commencé en 1 5:64 ,
par Catherine de Médicis veuve d Henri II. & du
.teins de fa régence pendant la minorité de Charles
IX. Il fut fini par Henri IV. & orné par Louis
XIV. Louis XIII. avoir aulfi beaucoup embelli le
jardin des Tuileries ; ma:s ce fut fous Louis XIV.
que le fameux le Nôtre en dirigea les nouvelles
plantations, & qu’on y plaça la plupart des grouppes
& des ftatues qu’on y voit aujourd’hui. (A. R )
TUILLIER , (Adrien )•( hift titt. mod. ) de
l’acadfmie des fciences, étoit fils de M. Tuillier,
do&eur-iégent de la faculté de médecine de Paris.
Il lui arriva précisément le contraire de ce qui
arrive à tant d’enfans, que leurs pareils defiiuent
ordinairement à leur profefiion , & que la nature
appelle à une autre. Fils de médecin, il f t def-
t'né au barreau; il y entra, il s’y difiingua même
à l ’âge de vingt-deux ans ; mais un goût dominant
le rappella impérieusement à la profefiion de l'on
père , il (è fit médecin.
Il étoit né le ro janvier 167y , il entra dans
l ’académie des fciences , en 16 9 9 . En 1702 étant
médecin de 1 hôpital de Keytervert, pendant le
fié ge qu’y mil tint le marquis de Blainviile , il y
mourut le 2 juin , d’une ma’adie , fuite des fa-
t'gues qu’er traînoient les foins qu’il ne cefïoit de
donner aux malades Se aux bleffés.
TU L B EN TO G L A N , terme de relation, nom
que porte celui d’entre les pages du grand feigneur
qui a foin de fon turban; cet honneur appartient
au cinquième page de la cinquième chambre. Ùu
Loir. (A . R. )
TUL LIE (Hift. rom.). Deux Tullies bien dif-
férentes^une de l ’autre jouent un' grand rôle
dans l’hiuoïre romaine.
i° . Tullie, fille-de Sèrvius Tullius & femme
de Tarquin le fuperbe , a mérité de fervir de modèle
à tous les enfans dénaturés ; nul n’a jamais-
foulé »aux pieds la nature avec tant d'in fol ence &
d’indignité. ( Voyez à l’article Tarquin) , l'hilL Le
de fes deux mariages avec les dtux fils ou petits
fils de Tarquin l ’ancien , voyez aufii l'article Serv
e s Tullius: fi l’on en croit Tite-Live , ce fut
Tullie elle même qui unie par le crime avec Tarquin
le fuperbe, ne ceffa de fanixjier par les difcours
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Cours les plus violens à détrôner & â tuer fon '
père, ( Servius Tullius ) , crime qu’il balançoit
encore à commettre long-tems après l’avoir réfolu ;
ce fut elle qui lui en infpira l ’abominable courage.
Quand tout fut prêt pour l’exécution de fon
deffein , il paroît dans la place publique avec une
troupe de fatellîtes, convoque le fénat, vient
s’y afieoir fur le trône de Servius ÿullius qu’il dit
Être à lui , il harangue le fénat déjà gagné en
grande partie par fes intrigues & celles de Tullie,
i l réclame hautement ce qu’il appelle fes droits.
Servius furyient, & lui demande de quel droit, lui
vivant, il ofe convoquer le fénat & occuper le
trône de fon beau père; du droit, répondit il ar-
rogamment, du droit que la naiffance me donne
& qu’elle refufe à un elclave tel que toi ; en effet
Servius, comme fon nom l’annonçoit, étoit né dans
l ’efclavage , ( voye[ fon article ) , la querelle s’échauffe,
le fénat, & le peuple fe partagent. Tarquin
, alors dans toute la vigueur de la jeunefle ,
faifit, d’un bras robufte , fon beau père tremblant
fous le poids de l’âge & fous celui de la colere , 51 le tranfporre hors de l’ affemblee & le renverfe
fijr les degrés, qui donnoient dans la place, puis
i l retourne dans le fénat ; le vieillard blefle , froifie,
à demi mort ne fonge plus qu’ à retourner dans fa
maifon à l'aide du peu d'officiers que la crainte
n’avoit pas mis en fuite ; des affaflins que Tarquin
prit foin d’envoyer après lu i, & a ce qu on
croit par le confeil de Tullie , l'atteignirent & le
tuèrent.
I l paroît certain du moins que bravant les moeurs
& les ufages du tems , comme les fentimens de
Ja nature, elle traverfa fur fon char la place publique
où le peuple étoit affemblé , entra aw fé-
jia t, en fit fortir fon mari, & fut la première à
le proclamer roi dans Taffemblée du peuple. Tarquin
, foie par un refte de pudeur qu’elle fouloit
aux pieds , foit par la crainte des dangers où elle
pouvoit être expofée dans un pareil tumulte, lui
ordonna de fe retirer. En retournant à la maifon,
elle rencontra, le corps tout fanglant de fon malheureux
père ; le cocher faifi d’horreuf à ce fpec-
tacle, s’ arrêta & voulut fe détourner. Ellelefprça,
dit-on , de pafter fur le corps de fon père, &
après cette aftion , rentra , comme en triomphe,
dans fa maifon. On pourroit .foupçonner ici les
hiftoriens d’un merveilleux moral, qui ne leur efi
pas moins cher quelquefois que le merveilleux phy-
fique, mais il y a une efpèce de monument de
cette indigne aftion. La rue fouillée de ce crime,
s’appelloit alors la rue Cyprienne , & fe nomma
depuis la rue fcélérate , via feelaruta ou vicus fee-
leratus. Tullie fut chaffée de Rome avec fon mari
dans le tems de l'aventure de Lucrèce ,& mourut
en exil auprès de lu i, privée du moins de l'objet
de fon ambition & du fruit de fes crimes. L’action
de Tullie efi de l ’an y 3 3. fcvant JY Ç» > 2.2.0
dç la fondation de Rome.
ffifloirc Tome Vy
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i°. T b l l i e , fille de Cicéron & de Terentia. Elevée
par Ion père, elle fut digne de lui, pleine d’inf-
truftion & de vertus. Elle fut mariée trois fois;
la première à Caius Pifon, homme difliagué pat
fon efprit, par fon éloquence, par fon attachement
à fa femme & à fon beau-père, la fécondé
à Furius Craflipes dont elle fut obligée de feféparer;
la troifîème à Publius Cornélius Dolabella, jeune Patricien,
d’une n ai fiance illuftre, de la maifon Co r n eli a ;
ce dernier mariage, conclu par Terentia dans l’abfence
de Cicéron , qui avoit d’autres vues & fans attendre
fon confentement, ne fut point heureux. Dolabella
jeune fut efclave des plaifîrs , dans un âge
plus avancé il le fut de l’ambition, & il finit
par en être la viâime. Tullie , la dernière des
femmes illuftres de la république romaine , mojiruc
l’an 709 de la fondation de Rome, 44 avant J . C.
deux ans avant Cicéron. La douleur de ce grand
homme efi: prouvée par fon traité de la confola-
tion ; elle efi: d’ailleurs célèbre dans l’hifioire. On
a ofé profaner la tendrefle & la douleur d’un père
Vertueux par des loupçons criminels, car le public
exige les fentimens de la nature , & il les
calomnie. Cicér; n parut inconfoJable , il s’enferma
& fembla fe féparer du monde pour fe livrer tour
entier au fouvenir de fa fille; une mélancolie profonde
s’empara de fon ame & de fes fens ; il fit
à fa chère Tullie une elpèce d’Appthéofe, il voulut
lui élever un temple. Sous.le pontificat de Paul III,
on prétendit avoir trouvé dans la voie Appienne
un. ancien tombeau avec cette inferiprion : Tul-
lioU fi Ha me a . Ce tombeau renfermoit > difoit-on ,
le corps d’une femme, qui tomba en poudre à la
première impreflion de 1 air ; une lampe y brûloit
encore depuis environ (eize cens ans & s?éteignit
au moment de l’ouverture du tombeau. On voulut
que ce fût le tombeau de Tullie & le monument
de la douleur de Cicéron ; mais il efi bien reconnu
que ce n’étoit qu’une fable ; Oétave Ferrari
la réfutée dans fon traité de lucernis fepuU
chralibus. On ignore l’année delà naiffance de Tullie.
TUL LIUS ( Marçus Tullius Ciçero ) , ( Hijl,
rom. ) . Cet illuftre orateur, naquit le 3 janvier
de l’an 0*4Y de Rome dans Arpinum, ville municipale
du pays des Volsques , aujourd’hui Ar-
pino fur les confins de la campagne de Rome Sc
de la terre de Labour. De fiers patriciens lui ont
trop reproché l’obfcurité de fa naiffance. Il étoit
d’une famille honnête, fes ancêtres étoient depuis
long-tems chevaliers romains de père en fils, mais
aucun n’avoit poffédé dans Rome de charge eu-
rule. Le furuom de Cicéron qui lignifie pois chi->
che, ne lui étoit point perfonnel, il le tenoit de
fes pères. Pline, le naturalifte, tire de i hiftoire na-*
turelle tous ces fobriquets, de Cicéron , de Fabius t
de Lentulus, qui, félon lui, défigtient la préférence
que divers cultivateurs donnoient à différées
genres de culture, pois , fèves, lentilles. Les amis
de Cicéron lui confeillèrent dans la fnire de quit-a