
un perfide ami nommé Udiafte, qui eut pour ré-
compenfe le gouvernement qu’avoit eu Tériteuchme.
Un fils d'Udiàfte j nommé Mithridate ', étoit un
des gardes de Tériteuchme. Il étoit fort attaché à
Ion maître ; quand il fait que fon père étoit l’afTaffin
de Tériteuchme, il fe révolta contre ce père coupable
, & voulut rétablir le fils de Tériteuchme ,
dans le gouvernement qu’Udiafte avoit acquis par le
crime. 11 fut accablé par la pjjiiîance d’Udiàfte &
fur-tout par celle de Darius. Celui-ci livra foute
là famille d’Hidame à la vèngeance de Parylàtis, qui
ne pou voit pardonner à Roxane l’amouf qu’elle avoit
i«fpiréô à Tériteuchme, 8c qui avoit penfé être fi
funefte à Ameftris fille de Parylàtis ; la barbare
Pacyfatis , (vqyqrion article 6ccelui d’A rtaxerxes-
MnÉmon. ) fit' fcier en deux Roxane, & fit périr
toute la famille d’Hi darne , excepté S tarira , quelle
iut obligée d’accorder aux larmes 6c aux tendres
folliclrations d’Artaxerxès, et le fils de Tériteuchme
qu’elle épargna auffipourlorf. Darius approuva toutes
cçs violences: , 6c vouloit même qu’on fît périr
Starira. ’
Da rius mourut ; alors Starira montée for le trône
avec Artaxerxès fe fit livrer Udiafte ; elle lui fit
arracher la langue , le fit périr dans les tourmens
6c donna fon gouvernement à Mithridate , parce
qu’il étoit devenu , comme nous l’avons dit , l’ennemi
de fon père. Parylàtis de fon côté, poursuivant le
cours de les vengeances , empoifonna. le fils de
Tériteuchme ; elle parvint enfitite à empoifonner Starira
elle-même, qui prenoit cependant la précaution de
Me manger qu’après elle des mêmes viandes 6c des.
mêmes morceaux.- Gigis , une des femmes de Pary-
iàus 8c fa complice, avoua . ce crime 6c eut la tête
écrafèe entre deux pierres $ lé roi fe contenta. de confiner
Paryfaîis fa mère à Babyione , qu’elle choifit
pour le lieu de. fa retraite , 6c il lui jura qu’il ne la
reverrcît jamais.
3°. Starira ., femme de Darius Codoman,.fut prife
avec Silygambis , mère,-du même Darius * par
Alexandre après la bataille d’Iflus. Alexandre fachant
qu’elle étoit belle , refufa de là- voir'pour ‘ne* pas
s’expofer au danger d’abufer de là viâôire. Il lui' fit
rendre tous les honneurs dus à la femme d’un grand
roi. .Elle étoit. greffe lorsqu’elle fut faite prifonnière,
elle fi: une fauflecouche 6c mourut, pleures d’Aléxan-
pre, qui lui fit faire de magnifiques obféques.
3P- Statua, fille . de Darius Codoman ÔC de la
précédente Starira, fut propofée pour femme par
Darius à Aléxandre ; elle eût pu être alors un gage
de paix entre ces deux rivaux : Alexandre la refufà
pour lors, ii ne la connciffoit point: quand il l’eût
vue il l’aima, il l’époufa; elle lui forvécut ainfi que
Roxane autre femme d’Alexandre ; celle-ci étoit
greffe à la mort d’Alexandre , 6c craignant que
Statïra>né îe fut au f il, et que l’enfant qui nâîtroit
d’e-He. rfenlevât au fien la fuccefîioh de ce prince en
tout-pu- en'‘parue-, die la fit pérrr par tràhîfôn.'
4°* Starira, une des feeuts du grand Mithridate î
roi de Pont ; ce prince ayant été battu par Lucullus,
6c craignant que fes femmes 8c fes feeurs ne tom-
baffent au pouvoir du vainqueur , leur envoya l’ordre
de mourir. Roxane , une de ces feeurs, n’avala le
poifbn qu’en vomiffant mille imprécations contre
Mithridate ; Starira, plus douce 6c plus réfignée ,
lui fit rendre grâce de ce qu’au milieu des dangers
oîi il étoit lui-même expdfé, il ne les avoit pas
oubliées, 6c leur avoit fourni les moyens de mourir
libres.
Statut de sang , ( Hijl. (FAngleterre ) c’eft ainfi
qu’on nomma en Angleterre le réglement qu’Henri
VIII fit en 1539 au fojet de la religion.. Il décerna
la peine de feu ou du gibet contre ceux ;
i®. qui nieroient la tranffubftantiation ; 21** qui fou-
tiendrotent la néceffité de la communion fous les
deux efj>èces ; 30, qu’ii^ étoit permis aux prêtres de
fe marier ; 40. qu’on peut rompre le voeu de chaf-
tete ; 50. que les méfiés privées font inutiles ; 6°. que
la contefiion auriculaire rieft pas néceflaire pour le
làlut. Gardiner , évêque de Wînchefter , étoit le
véritable auteur de ces loix. Il avoit fait entendre
au prince , que «’étoit le feul moyen d’empêcher
qu’il ne fe formât une ligue contre lui; que ce qu’il
avoit aboli n’étoit pas effentiel à la religion ; 6c qrien-
fin perionne ne le regarderoit comme héréri-
que, pendant- qu’il maintkndroic ces fix articles. On
rechercha ceux qui les condamnoient , mais on en
découvrit un fi grand nombre , que le roi fe vit
obligé de changer la peine de mort , en celle de
la confifeation des biens contré ceux-là feulement
qui feroient coupables de violation du quatrième
fltatut. Enfin , en 1547, fous Edouard VI. la loi
des fix articles fut révoquée pour toujours , ce fut-
là l’aurore des jours plus heureux qui reparurent fous
lè règne d’Elifabeth. ( D. J. )
ST AUP1TS ou STU PITZ,( Jean) (Hi(l. du Luther an l)
Vicaire général des Auguftins en Allemagne ; lorf-
qu’il vit l’emploi de publier les indulgences, transféré'
en 15.17 , des. Auguftins aux. Dominicains ,
prit le parti de crier non pas contre les indulgences,
non pas même contre la vente de ces indulgences,
mais., contre la manière dont elles-fe publioient &
fe vendoient , ce qui fignifioiti feulement : les Dominicains
ri entendent rien à cette commijjlon, il faut
la rendre aux Augufrim. Stquphs ézoh un homme de
mérite pour ,fon état, 6ç pour le temps ; l’Elçéfeur
de Saxe lui avoit confié la. direélion d’une Univer-
fité npuyellement fondée à Vittemberg , 8cr Staupits
l’avoit remplie d’Augnftins. Cè fui lui qui chargea
.Lutfier d'écrire contre des, nouveaux vendeurs d’indulgences.
I r :mourut à Salizbourg. en 152.7 , la’f-
• iànt quelques ouvrages de dévotion qu’il riefi: plus
queftion de lire.
STAURACE ou STO R A CE , ( Hijl. de l'Empire
Grec ') c’eft le riofii, i°. du fils de Biicepliore I ,
empîreur 'd'Oriént. Tl avoit été afibeié à Teïripire
‘far ’fëh- pëfe' éti §<dy p Ôc1 jl‘ ne' lui fùçcéua p^int ;
le peuple de Conflantinople lui préféra Michel Rhan-
gabé, fon‘ hea\i-ûèrQ. Staurace mourut en 812 , dans
un monafîère.
20. D’un Miniftre de l’Impératrice Irène, détrônée
par ce Nicéphore dont nous venons de parier. Stauracè
étoit en effet le grand Miniftre des violences & des
perfidies de’ cette princéffe , l’ardent inftigateur du
meurtre de fon fils; mais il voulut comme tous ces
coupables ambitieux , n’avoir travaillé que pour
ki-même. Déjà il commençoit à braver Irène, 8c
à confpirer prefque publiquement. Irène alla en per-
fonne l’accufer en plein -Sénat , 6c le déclarer déchu
de tous fes emplois. Le même jour, il fut attaqué
d’une de ces maladies inconnues, qui faifoient
toujours périr tous les ennemis d’Irène, au moment 6c
dans les circonftances où sa politique l’exigeoit. G’eft
ainfi qu’avoient péri Cônftantin Copronyme, fon
beau-père, Léon Porphyrogénète, fon mari, Conf-
tantin Porphyrogénète , fon fils.
STÉELE , ( Richard ) ( Hiß. litt.moi. ) ami d’Àd-
diflon ; ils ont donné enfemble quelques ouvrages qui
n’ont d’abord été attribués qu’à Richard Stiele, Ad-
difion ayant voulu garder £incognito ; mais il y a
de lui , dans le Speélateur 6c ailleurs , plufieurs
morceaux excellens.
Richard Steele publia en 1709 , le Tat 1er ou le
Babillard , premier journal moral qui ait paru en
Angleterre , ÖC même dans le monde. Il eut un
grand fùccès.
Le Babillard h’étoit que le précurfeur d’un autre
journal du même genre , publié biën-tôt après par
le .même M. Steels, fur un plan qu’on a jugé beaucoup
meilleur ; c’eft le Spectateur, « le livre de
» morale le plus agréablement écrit, le plus uni-
” verfellement lu , ÔC par cela même le plus utile,
>> ce femble , que l’Angleterre ait produit , dit M. 1 abbe Blau chat , qui en a traduit des morceaux
cno'fis. '
Ofons dire que le Spectateur François, quoique
tpp bien différent , ( car quel autre que M.
de Marivaux a jamais eu le ton de M. de Marivaux,
ou comment M. de Marivaux auroit-il pu avoir le
ton d un autre ? ) rieft cependant pas indigné du Spectateur
Anglois ; qu’il eft tout aufli moral, d’une moralité
anfïï^agréable 6c aufîi attachante, éc qu’il contient,
tomme le Spectafeur de Richard Steele, beaucoup
d’h ftoires inté reliantes jufqu’aux larmes.
Le Guardian , ou le Mentor du même Richard
Stêde, fui vit de près le Spectateur. C’eft., dit M.
l’abbé Blanchet, un cadet qui ne déshonore point
cet illuftre aîhé , quoiqu’il rien ait ni la réputation
ni tout le mérite.
Ces trois journaux furent publiés feuille à feuille
dans h lpace de quatre ans 6c demi. La première
feuille du Babillard eft da 1 2 Avril 1709,6c la dernière
ou Mentor eft du 1 Oélobre 1713, Le Babillard pa-
roiffoit trois fois la fëmaine; le Spectateur, 6c en-
lune le Mentor parurent tous les jours, excepté le
Dimanche. Toutes Tes feuilles rafiemblées, fous ces
trois titres, composèrent quatre volumes i//-i20.:
Ces divers journaux ont paru feus des noms
d’emprunt: le Babillard fous celui d’Ifaac Bickerftüff,
aftronome. 6c médecin ; le Mentor fous le nom de
.Nëftor Ironfide, « vieillard encore verd , qui fe'
» charge de rendre à toute fà nation , le meme
n fervice qu’il rend à une famille particulière , à
n quatre, grands garçons 6c à cinq filles à marier,
n dont il eft le Gouverneur 8c la Gouvernante.»
Lè Spectateur a paru fous le nom de M. Buckley,
obfervareur tac'tume, qui paffe ,fa vie à la Bourfe,
où lès marchands le croient un de leurs confrères ,
6c au café de Jonathan, où les agioteurs fe prennent
pour un Juif ; qui fe fourre par-tout, écoute
toujours , ne parla jamais , eft tout dans la ipé-/
culation , rien dans la pratique , 6c fur-tout n’eft
ni Wigh ni T o r y , mérite bien rare alors.
Beaucoup d’auteurs François modernes ont puifé
dans cés fources , fur-tout dans le Spectateur, c’eft
de là queft ^tirée l’hiftoire d’Inkle 6c Iarico , donc
M. Dorât a fait deux Héroïdes : on la trouve dans
fe N°. 11 du Spectateur , M." d’Arnaud a fait un
drame de l’hiftoire touchante de Confiance ôt de Théo-
dofe , N®. 164 du Speéhteur ; 6c l’hiftoire d’Eudbxe
6c Léonce, N°. 123 du Spectateur , a fourni, le fond
d’une comédie moderne intitulée : Tèçôk des pèrts.
Les morceaux cTAddiffon, comme nous l’avons dit,
font fes principaux ornements des journaux de Stéele ;
voici comment ce fage 6c tendre Addifïbn parle de
la bonté.
«.Il rieft ni commerce ni fociété dans le monde,'
» qui puiffe fubfifter long-temps fans la borné, ou
n du moins fans quelque chofe qui lui refiemb'e , ÔC
” qui en tienne lieu. Cela eft fi vrai, que fes hom-
» mes ont été forcés d’inventer une efpèce de bonté
” artificielle, qu’ils ont appeiiéè politejfe. Car, fi l’on
” y prend garde , la politeffe rieft au:re chofe
n qu’une bonté imitée ou contrefaite , ou y fi l’on
» veut, c’eft l’affabilité, la ccmptaifance 6c ladou-
v ceur naturelle qu’on a voulu réduire en art. Ainfi
”, le figne de la bonté rieft pas rare ; 6c quand la
” chofe fe trouve jointe au figne , rien rieft plus
” propre à- gagner tous fes coeurs.Mais,fans borné
” réelle, la politeffe eft comme l’riypocrifie, qui,
» démafquée une fois , devient plus odieufe qu’une
it impiété ouverte 6c déclarée.
Dans notre comédie du Glorieux , le comte da
Tuffière dit :
Quant à moi, j’aime la politeffe.
Et 1e bourgeois Lifimon répond :
Moi je ne l’aime pas, car c’eft une traîtrdTe;
Addiffon pourfuit :
«t En lifant Je célèbre morceau de Sallufte , où