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» rrvagïltrat'S donnent au fénat, le fénat aux che-
» vahers, les chevaliers au peuple, l’exemple des
93 grands facrifices j portons au trélor public, volon-
w ta.renient & fans décret qui l'ordonne, tout
» notre or & tout notre argent ; non^ulement le
peuple ne murmurera plus, mais foycx fûrs quJune
» genéreufe émulation de concourir à la défenfe
» publique va s’emparer de tous les ordres de
» l’état & déployer toutes les reflources de Rome.
» On ne fe refufe aux charges publiques, que par
» l’idée de la contrainte, par des défiances fur l’éga-
» lité proportionnelle de la contribution, par le
» foupçon quelles grands & les puiifans trouvent le
» moyen de s.y fouftraire; que tout foit volon-
» taire & que les premières perfonnes de l ’état
30 donnent 1 exemple, voilà les deux points prin-
“ C!Paux ». Magifiratus fenatui & fenatum populo 3
peut honore pr a fient, ita ad omnia quA dura atque
afpera ejfentfubeunda duces debere ejfe. Sz qpid injun-
gere inferiori ve lis, id prius in te ac tuos f i ipfe
juris fiatueris^faciUus omnts ïobedientes habeas. Nec
impenfa gravis e f t , cum ex eâ plus quant pro
virilipartefibiquemque capereprincipum vident, Liv
^ L ’expédient de Levinus fut adopté, il eut rout
l ’effet qu’on s’en étoit promis , chacun porroit au
trelor, fon or, fen argent, fc-n cuivre monnoyé,
avec une trlle emulstion , qu on f difjjutoît Ihcn-
neur d’être inferit le ^premier fur les regiflres; que
les triumvirs, officiers prépofés à cette per eption,
ne pou voient Suffire à recevoir ce qu’on leur pré
fentoit, ni les greffiers à faire l’enrcgiffrement. On
eut des flottes , des matelots , des vivres, de 1 argent, & la république fut ^floriffante. Comme
nous ne pouvons guères que nous tiaîner fur les
traces des anciens , & que répéter ce qu’ils ont j
fait, fans examiner les rappo-ts & les convenances,
nous avons quelquefois effayé dans des états corrompus
de fuiyre ces mouvemens énergiques des
républiques^ vertueufes , nous avons cru pouvoir
- remplacer l ’efficacité des motifs purs & des grands
intérêts, par l’honneur, mais qui n’êto.t plus
que de la vanité, par l’envie de faire fa cour ,
Par# k crainte des reproches , par des vues ou
vicieafes ou petites : nous nous fommes trompés
ces reflources ont été mefquir.es , comme leur
principe, & comment desfecours volontaires feroient-
iis abondant, tant qu’ il relie des défiances fur l’emploi
de ces fecours ? & ces défiances, ne les impute*
point aux particuliers , toute défiance efl
forcée, toute défiance accwfe ou là nature ou les j
vices du gouvernement.
La même année Levinus pafie en Sicile, fou-
rnet Agrigeme ; chaffe entièrement de l ’jJc les
carrhag nois, 'y rappelle tous les naturels du pays,
que la violence en a voit bannis, ou que keraime
en avoit écaués, & y fait fuccéder le calme & )a I
p a x à une guerre qui avoit duré cinquante-cinq I
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I . . '^ P e n d a n t cette expédition , la flotte dé
Sicile etoit commande par Murcus V a le r iu s Mei-
iala ; celui-ci pilfia en Afrique, en ravagea las
côjes, & rendit coirpte au conful Loevinus des
préparants unnicnfes qui fe faifoient en Afrique
contre 1« romains; ces préparatifs allarmèrcnt
allez le ienat pour qu’il crût néceflaire de nommer
un dictateur, & Loevinus qui étoit en ce moment
a Rome annonça qn’auflï-tôt qu’il feroit retourné
dans la S ic ile, il nommerait pour dictateur ce
M j. «r -qU1 comman<J°it alors la flotte de Sicile
& d Afrique. Sur cela il s’éleva une conteflation,
le ienat prétendit que le dictateur ne pouvoit étie
nommé que fur les terres appclléès romaines, c’eft-
a-dire qu en Italie où la Sicile n’étoir pas com-
priie, & le peuple de concert avec le ftnat, défi!
™ pour diâateur Quirtus Fulvius Fiaccus
maw c étoit au conful à le nommer ; le conful
prévint le |our marqué pour J’alfemblée où la
nomination devoir être faite, & partit fecrétement
la nuit precedente pour ia Sicile, le fénat écrivit
au conful Marcellus pour le prier de venir aii
1. cours de la république abandonnée par Loevinus
fon collègue Se de nommer le diâateur défîoné
par le peuple, en effet Marcellus nomma Quintus
Fulvius Fiaccus,
■ L »ü £e,Rom.e 5'4+ » ce méme Marcus V a le -
n u s Mena U qui commandoit la flotte de Sicile
& qui avoit manqué la diûature, battit auprès
de Clupee, en Afrique, la flotte des ca.tbaginois ,
leur prit dix-huu vmlleaux, mit le refle en fuite,
« revint en Sicile 'avec beaucoup de butin.
La même flotte romaine, commandée, l ’année
finvante par Marcus V a le r iu s Loevinus, alors
proconlul ravagea le territoire de Carthage &
dUttque, battit une fcconde flotte carthagicoife .
prit dix-fipt galères, en coula quatre à fond &
mit fe refle en déroute. Ces mers étant devenues
fibres par cette viâuire , Ronfe rfçu; de u S;c;,e
des convois de bled confidérabJes.-
• rC ', ^ ers t anj 43 de Rome, vivoît Caïue V a l t -
n u s Fiaccus, qui dans fa jeuneffe avoit affligé fa
refpeâablc famille, & paru flétrir fon grand nom
P” Ie dérèglement de fes moeurs ; le g .and pon-
tife, rublms Licmius, ami vraifemblablement de
la roaifon, imagina un moyen de réhabiliter ce
jeune homme dans l'efprit des romains, & d’effacer
les defordres de fa y ie , il lui confeilia de fe
confacrer au facerdoce de Jupiter, ce qui étonnerait
d’abord , mais d'en remplir les fonâons
avec tant de flagelle & de pureté que fa con-'
dirte parut une expiation continuelle de fes pre-
'mtères fautes & un témoignage authentique de fon
repentir; le jeune homme le crut, & parvint d
un degré de confidération rare dans fa famille
meme.
14°. Vers le même te m s, vivoît un autre V a l e n
t Fiaccus ( Lucius ) Ce fut lui qui ayant des
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(erres contig-was à la petite métairie de Caten le
cenfeur, & inftruit de la vie laboinule, frugale
ti. utile que» Cat.cn, jeune alors, menoit à la campagne
, lui conTeilla & lui perluada de venir à
Rome 6c d’entrer dans les affaires publiques. Il
fut fait conful avec lu i, l’an dç Rome 557. Cenfeur
avec lu i , l'an $68 , & Caton le nomma prince
du fénac. Ce Caton, fi célèbre par fa cenfure ,
d foir que le tems des palliatifs & des remèdes
doux, étoit pade, que les vices de Rome demau-
doient des cenfeurs auftères & inflexibles, & qu il
ne connoiffoic que deux hommes dignes de l ’être :
lui-même parmi les hommes nouveaux, & V a le r iu s
Fiaccus parmi les patriciens. Après leur confulac
( l ’an $61 ) ils avoient fervi tous deux fous le
conful Acilius , & avoient beaucoup contribué à
la viâoire iïluftre remportée par ce conful fur
Antiochus, roi de S ) rie, près du pas des Ther-
mopyles.
I$°. L ’an $57 de Rome, un autre Lucius V a l e r
iu s , tribun du peuple, fe rendit agre'able aux
daines romaines , par la harangue qu’ii fit contre
Caton, pour l ’abrogation de la loi Oppia qui bor-
noie le luxe des femmes dans leurs habits, dans
leur parure, dans leurs voitures ; ce n’eft pas que
la harangue peu galante de Caton , ne fût plus
adaptée aux moeurs d’une république, que la harangue
obféquieufe de V a le r iu s , mais celle - ci
l ’emporta, & la loi Oppia fut abrogée.
16 ° . Nous trouvons dans les tems de Marius
& de Sylla, deux Lucius V a l e r iu s Fiaccus peu
dignes du nom de V a l e r iu s . L’un étoit dans le
parti de Marius, l’autre dans le parti de Sylla.
Le premier, moins collèguequ’efclavede Madus
dans le fixième confulat de celui-ci , l ’au de
Rume 6s 1 , lui fut fubftitué après fa mort dans
fbn feptième confulat, l ’an 6 6 6 . Il «nia cette
même année en Grèce avec une armée , fous
prétexte de faire la guerre à Mir brida te , mais
en effet pour Lire la guerre à Sylla qui trouva
moyen de faire tête à la fois à ces deux ennemis.
V a le r iu s Flacc us étoit & fans talcns & fans vertus ,
une avarice fordide qui alloit jufqu'à s’apprcpr'er
une partie de la paye du foldar , un commandement
dur & fantafque le faifoient également haïr
& méprifer. 1 a inéfîntelligençe fe mit aifément
entre lui & Fimbria , fon lieutenant. ( V o y e ç
l ’article Sylla ) Fimbria fouleva les foldats de
Fiaccus contre leur général, Fiaccus voulut caiïer
Fimbria, la révolte éclata; Fiaccus réduit à la
fuite, fut pourfuivi par Fimbr'a . de By fan ce à
Chalcedoine, de Chalcédoine à Nxcomédie, où
il fut trouvé caché dans un puits, Fimbiiai’en
fit tirer pour être vég >rgé f l ’an 6 6 7 ). VeHcius
Patercultis regarde cette dettinée de V a le r iu s Fiaccus
, comme la julfe peine de la loi qu’il avoit
portée un an auparavant dans fon confulat, loi
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de banqueroute & d’infanfe par laquelle toutes les
créances avoient été réduites au quart.
17®. Le fécond, Lucius V a le r iu s Fiaccus, efclave
de Syl'a , comme le premier l'avcit été de Ma-
riusi, fut nommé prince du fénat, l ’an de Rome
6 6 6 . Sylla , vainqueur de Mit! ridate, s'avançant
vers Rome en 667, V a le r iu s Fiaccus engagea le
fénat à lui envoyer une députat;on, & à lui porter
des paroles de paix. Lorfqu’cn 670 , Sylla voulut
fe Lire donner la diéhture perpétuelle', il commença
par faire nommer un inrerroi , in te r r e x ,
& cet interroi fut V a le r iu s Fiaccus. Sylla fe Lrvït
de lui alors pour déclarer en fon nom & de fa
part, qu'il jugeoit néceflaire de nommer un di&a-
teur, non pas à tems comme autrefois , mais
fans bornes dans fa puifïance & dans fa durée ;
il ne laiffoit pas plus d’incertitude fur la perfonne
que ce choix devoit regarder, il avouoit naïvement
que fî on voüloit le charger de ce fardeau , il
confentiroit à rendre encore ce feryiee à la république.
Alors V a le r iu s Fiaccus, en qualité d’interroi
, porta une loi qse Cicéron appelle la plus
inique de toutes les lo ix , 8c la plus indigne de
ce nom de lo i, par laquelle non-feulement ce
qu’avoit fait Sylla par le paffé , étoit rarifié, mais
pour l’avenir il avoir plein pouvoir de fa:re tout
ce qu’il voùdroiV, de priver de la vie les citoyens ,
de çonfîfqucr leurs biens, de bâtir ou de détruire
des v illes, de donner ou d oter les royaumes à
fon g ré , fans être refponfab'e de rie« à la république.
O m n ium le g um in iq u ijf im a th d i f i tm i l l i -
m am q u e l e g i s ejfe a r b i t r e r eam q u am L u c iu s F i a c c
u s in te r r e x d e S y l la t u l i t , u t om n ia q u t c um q u e
i l l e f e c i j f e t , e j fe n t r a ta . Il étoit doublement
honteux pour un homme qui porroit le nom de
V a le r iu s , de fe rendre aînfi l’organe des volontés
defpotiques d’un tyran & de Toppreffion de fa
république. S y lla , pour récompenfer fa baffeffe ,
le nomma fon maîrr- de la cavale!ie, ce qui mit
le c©mble à l ’opprobre de V a le r iu s .
V alerius-Sor anxjs , ( h i f î . l i t t . r o m ) ( Q u in t u s )
Pompée qui ne fut jamais cruel pour lui-même ,
fut accufé de l ’avoir éré pour les intérêts de Sylla ,
& de s être abaiffé jufqu’à fe rendre l’exécuteur
des vengeances de ce tyrm ; V a le r iu s Sormus fut
une des viétimes immolées, dît on , par Pompée
à Svf a. Nous ignorons s’il étoit de la famille des
précédens V a l e n i i s , mais il étoit d’une naiflance
diflinguée, d: il avoit été préteur. Il paffoit pour'
le plus lavant des romains, fur-tout en ce qui
concernait & ia religion & la philofophie. On
dit que Pompée l ’ayant beaucoup queflionné en fe
promenant avec lui avec toutes les marques de
la confiance & de l’amitié , a bu fa contre lui des
confidences qu'il loi avoir arrachées, & s’en fer-
vit pour l’envoyer au (upplice, l ’an de Rome 67 1 .
On obferve qu’une pareille trahifon eft peu dans
les moems de pompée, & que ce fait peu croyable