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Il eut un frère , ( Emmanuel-Jofcph ) , comte
de Richelieu , qui fe trouva au combat de Saint-
Gothard en Hongrie , le y août I6<$4 5 & mourut
au retour à Venil'e , le 9 janvier iô<5<> , dans Ta
'■ in6t-fixième am i^ Il «voit les abbayes de Mar-
moutier St de Sant-Ouen de Rouen , & le prieuré
de Saint-Martin des*Champs à Paris,
L’homme le plus célèbre de toute cette race, eft
le maréchal de Richelieu, Louis-François-Armand ,
petit fils d’Armand-Jean , & qui, comme lui, & en
ve tu de la même fubftiiuùon, porto't le nom &
les armes pleines des du Plefiis-Riehelieu. Ce fut
un des hommes les plus brillans da dix-huitième
liecle, & celui de tous les feigneurs françois qui a
le plus donné ion efprit & Ion ton à ce fièole. Le
directeur de l’académie fraaçoife , qui r.çut le 16
février 1789 , dans cette compagnie, M. le duc de
Harcourt, fucceiTeur de M» le maréchal de Richelieu,
peint dans celui-ci un des vainqueur de
Fontenoi, un des libérateurs de Gènes, le conquérant
de Mahon, le débellateur de Cloftcr-
Scven, le général vraiment, françois, & fa t pour
guider des françeis , qui obtenoit tout du foldat,
« en le menaçant feulement d’être privé de Flion-
» neur de monter à l’aifaut ou de fervir à la tran- ■
3? chée ; l’homme aimable qui conquérait les coeurs j
» comme les états , qui fa voit plaire comme il fa- i
55 voit vaincre , qui forçoit l’envie à lui pardonner |
» les talens & fès fuccès de tout genre en faveur de !
■» lès grâces ; le négociateur habile, l’homme de ;
» cour fin & délié, fous les traits de l’audace & de 1
» la vivacité chevalerefques ; le héros brillant,
3* célébré par nos mules les plus brillantes , enfin |
» l’Alcibiade de Voltaire, »
Il le compare à ce Théfee , dont Théramène j
retrace à Hippolyte_, tantôt la valeur intrépide 3 conf
i a n t les mortels de labfer.ee etAlcide , tantôt les
amours volages , la f o i par-tout offerte & reçue en
e tn lieux. Les Hélènes, les Péribées , les Arianes,
tant (Tautres 3 dont les noms lui font même échappés ,
» éblouies de fa gloire, charmées de fes grâces 3
« briguent fa conquête , déplorenrfon inconfiance5
» toutes Je préfèrent, toutes font préférées.
Toutes les femmes l’adoroient,
Toutes avoient la préférence,
a dit Voltaire. « La galanterie françoîTe rapproche
s» avec complaifànce les deux brillantes m o i t i é s d ’ u n e
= f i b e lle h if t o ir e , qu’on voit enfuite avec refped fe
» terminer, auéfi noblement qu’heureufement, dans
» l e f e in de la confiance, de la t e ndrelfe 8c- de la
»vertu.
» Ici la fcène change ; le héros prend un ca-radère-
» plus ioepofant & plus vénérable ; c’eff le Nefior
» dont nous avens admiré la vigoureule vieillefle,
x le Nefior des guerriers, le Nefior de l’académie;
» qui a vu cette compagnie le renouveler tant de
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» fois ; qui, plus long-temps académicien, plus
» long - temps doyen de l’académie que Fontenelle
» lui même , a'paru fortifier cette erreur populaire :
» que l académie a toujours un Richelieu ci fa tête ou
>3 dans fon fein ; le Nefior, enfin , dont la carrière,
»» & u va fie & fi pleine , embrallc par fes fortunes
*» diveJes, par fes exploits, par fes mariages, les
» trois plus longs règnes de la monarchie. » O11 fait
qu’en effet il a été marié trois fois, fous trois règnes
différcns ; que (bus le règne de Louis X IV , il époufa,
le i i février 1711 , Anne-Catherine de Noaillés,
morte le 7 novembre 1716 ; que fous le règne de
Louis X V , il fe maria , le 7 avril 1734 , avec ma-
demoifelle de Guifc, laquelle fut mère du duc de
Richelieu qui v ent de mourir, & de madame la
corn telle d’Egmond, & qui mourut le 2, août 1740;
qu’enfin, fous le règne de Louis XVI , il a époufé
madame la maréchale de Richelieu, aujourd’hui fa
veuve.
M. le duc d’Harcourt retrace en militaire 8c en
homme d’état route la carrière militaire & polir
tique de M. le maréchal de Richelieu.
Ne en 1696 , M. de Richelieu fit f s première,s
armes, en 1712, , da-ns les moufquetaires, & fe
trouva au fameux combat de Denain. Il fervir au
fiège de Landau; il fut blefle à celui de Fribourg;
il porta au roi la nouvelle de la prife des châteaux
de Fribourg ; le compte qu-il en rendit plut à
Louis X I V , qui préfagea dès-lors la gloire future
de ce jeune guerrier.
Après la paix de Rafiàd, il alla fervir en Efpagne,
:■ dans la campagne de 1715» ^ & fe diftingua dans les
différens lièges qu’entreprit le maréchal de Berwick.
En 1720 , à vingt-quatre ans il fut reçu à l’an
cadémie franç’oifè.
En 1725, ilîftit envoyé en. ambafiade à Vienne.,’
& il y conclut un traité de pacification très-impor-i
tant le 31 mai 1727:.
Il fut créé chevalier, de l ’ordre du faint-efprît le
premier janvier 172.8..
En 1733', il fervît encore fôüs le maréchal , de
Berwick au fîcge de Kell , & en 173 4 à celui de
Philisbourg. Il fut fait brigadier d’armée en'1733,
& maréchal de camp en 17.30.
Eh 1742» il fut employé dans l’armée d’obfeN
vation du maréchal de Noaillés.
En 1743 j 11 combattit à Dettingen.
Lieutenant-général en 1744, il fervif en Flann
dre , aux lièges de Mcniri , d’Ypres, de Furne ,
& pajffa en Alface avec le roi. .
En 174 f , on fait quelle part il eut à la vici
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ïoîrc de Fontenoi. La même année il revînt à la
cour concerter l’expédition du prétendant contre
l'Angleterre.
'En ‘ 1746, après avoir fervi en Flandre, comme
aide-de-camp du ro i, il fut envoyé à Drcfde pour
faire la demande de la prince Ile de Saxe , fécondé
femme de M. le dauphin , & mère du roi régnant.
En 1747 > il fervit encore en Flandre, & fe trouva
le 2 juillet à la bataille de LawfFelt. La meme année
il fut envoyé à Gênes après la mort du duc de
Bouflfers, qui venoit de délivrer cette ville; il
confomma fa délivrance , il a {fur a fa liberté, ajouta
dos ouvrages à la défenfe de fes murs, chafia les
autrichiens de la rivière, & du ponent & du le vant,
emporta le pofte de Varagio, & fes avantages
& les fuccès ne furent interrompus que par
la paix lignée en 1748 à Ai%-la-Chapelle,
Gênes entièrement délivrée , donne a fon libérateur
le titre de noble génois :
Roma p a t r em patrioe Ciceronem libéra dixit.
Elle lui érigea une flatue dans le fénat :
Je la verrai cette ftatue
Que Gêne élève juftement
Au héros qui l’a défendue.
7Votre grand oncle, moins brillant!
Vit fa gloire moins étendue ;
Il ferait jaloux à la vue
• De cet unique monument.
s’écrie à ce fujet M. de Voltaire.’
En 175-6" , M. de Richelieu s’immortalife parla
prife de Minorque , .M. de Voltaire célèbre encore
ce grand événement.:
Jadis les amans , les époux
Trembloient en vous voyant paroitre.
Près des belles & près du maître,
Vous avez fait plus d’un jaloux,
Enfin c’eft aux héros à l’être.
C’eût rarement que dans Paris
Parmi les feftins & les ris,
On démêle un grand caractère.......
Le grand homme échape au vulgaire;
Mais lorfqu’aux champs de Fontenoi
Il fert fa patrie & fon roi ;
Quand fa main, des peuples de Gênes,
Défend les jours & rompt les chaînes,
Lorfqu'auffi prompt que les éclairs
Il chafl’e les tyrans des mers
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Des murs de Minorque opprimée,
, Alors ceux qui l’ont méconnu
En parlent comme fon armée........ .. ;
Homme aimable, illuftre guegier,
En tout temps l’honneur de la France,
Triomphe# de l’anglois altiei ,
De l’envie & de l’ignorance.. . . . . .
Vous allez graver votre nom
Sur les débris de l’Angleterre......... *
De deux Richelieu fur la terre
Les exploits feront admirés :
Déjà-tous deux font comparés,
Et l’on ne fait qui l’on préféré.
Le cardinal affermifi’olt
Et partageoit le frang fuprême
D’un maître qui le haïfloit ;
Vous vengez un roi qui vous aime.
Le cardinal fut plus puifiant,
Et même un peu trop redoutable ;
Vous me paroifl’ez bien plus grand,
Puifque vous êtes plus aimable.
En 1757, pendant que le maréchal d'Efirées ga-
gnoît la bataille d’Hafiembeck , Fin-patience da
miniftèrelui nommoit un fucceiTeur, mais du moins
ce fucceiTeur étoit le conquérant de Mahon ; ce fut
alors que fe fît cette fameufe capitulation de Clofier-
Sévén, à l’occaÏÏon de laquelle le feu roi de Prufle
lui écrivit cette lettre que M. le duc de Harcourt
rapporte, & qui e'fi en effet un grand titre de gloire
pour celui à qui elle eft adreilée par un tel monarque
& un tel général.
« Je fens, moniteur le duc, que l’on ne vous a
pas mis dans le pofte où vous êtes ppur négocier. Je
fuis,cependant tres-perfuadé que le neveu du grand
cardinal de Richelieu eft fait pour ligner des traités
comme pour gagner des batailles. Je m’ad telle a vous
par un effet de l’efiimé que vous infpireï à ceux qui
ne vous connoiflent pas même particulièrement. Il
s’agit d’une bagatelle 3 de faire la paix , fi on le
veut bien ( ou j? ion veut le bien ). J’ignore quel es
font vos înfirudions; mais dans .’a fuppofirion, qtfaf-
furé de la rapidité de vos progrès, le roi votre
maître vous aura mis en état de travailler- à la
pacification de l’Allemagne , je vous adrelfe M. 0 e 1-
chezel, dans lequel vous pouvez prendre une confiance
entière. Quoique les événéra eus de eette
année ne devraient pas me faire efpcrer que votre
cour confecvât encore quelques dilpofitions favorables
pour mes intérêts, je ne puis cependant me
. perfuader qu’une liaîfon qui a duré feize aucées,
n’ait pas laiifé quelques traces dans les efptits. Peut?
être je juge des autres par moi-même. Quoi qu
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