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rafité de ce jeu n'eft plus auffi fenfible dans tous fes détails
qn elle l’ étoit dans l’origine.
SESSE, f. f. ( terme de relation ) c’eft une bande ou
écharpe de toile, dont les Orientaux entourent le
• bonnet de leur turban , & qui leur ceint la tête. Les
émirs, ou defeendans de Mahomet, ont droit de porter
feuls la turban avec la fejfe de laine verte. L’habit des
• femmes de Samos, au rapport de Touraefort, confift*
en un doliman à la turque, avec une coëffe rouge,
bordée d’une fejje jaune ou blanche qui leur tombe fur
le dos, de même que leurs cheveux, qui le plus fouvent
font partagés en deux trefîes, au bout defquelies pend
quelquefois un trouffeau de petites plaques de cuivre
blanches, ou d’argent bas. ( D , J. )
S E T IER , f. m. (terme de relation ;) c’eft le nom que
les Francs donnent à des barques turques, avec lefruelies
ils font le commerce de proche en proche. ( D. J. )
SEVERE , (Lucius-Septimius.) ( Hiß. Rom. )
Lo rlqu’après la mort du vertueux Pertinax, affaifiné
par les Prétoriens , qu’il vouloit difcipliner , Didius-
JuÜanuseut acheté l’empire honteufement mis à l’encan,
il s’éleva de toutes parts d’autres prétendants à l’empire
,dont le moins digne en étoit moins indigne que lui.
Pefcennius Niger en Syrie , Albin dans la Bretagne
( l’Angleterre) Sévère , dans Illlyriefurent proclamés
chacun par leursfoldats.-Sévère, comme le plus voisin
de Rome>y arriva le premier ; Didius-Julianus ayant
vainement effayé , d’abord de lui débaucher fon armée
, enfuite de le faire àffaffiner , finit par lui offrir
de l’affocier à l’empire , & il effuya un refus* Bientôt
abandonné de tout le monde , il fut tué (l’an -193 de
Ï . G ) Sévère entra comfnê en triomphe dans Rome, j
Il commença par venger la mort de Pertinax. Il aroit
envoyé ordre aux Prétoriens de venir au-devant de
lu i, fans armes , avec les habits qu’ils portoient dans
• les folemnités où ils accooepagnoient les empereurs. Ils
fe préfentèrent avec des branches' de laurier à la main,
Le nouvel empereur les fit envelopper par toutes les
troupes ; & montant fiir fon tribunal, il leur reprocha
' d’un ton févère & avec un vifage irrité, le parricide
‘ commis dans la perfonne d’un grand prince , d’un
vieillard vénérable, & le crime par lequel
Iis mirent les premiers à d’indignes enchères,
L’ineftimable prix des vertus de leurs pères ;
l ’empire en un mot. Il leur fit grâce de la vie , excepté*
à ceux qui avoient eu part en perfonne à la mort
de Pertinax ; il les dégrada tous , leur -ordonna de
quitter leurs chevaux & toutes les marques de la milice
romaine. Ils defeendirent de cheval, & on les dépouilla
julqu à la tunique ; ce corps féditieux & in-
eifeipiiné , effuya dans cette occauon , une confufion
qu’il avoir fouvent méritée. Sévère les rélegua tous à
cent milles de Rome , avec défenfe , fous peine de la
vie , d’ofer s’en rapprocher. Il y eut un de ces Prétoriens
que fon cheval fuivit , malgré ceux qui vou’urem
l’en empêcher : ce foidat, ou pour éviter tout foupçon
de connivence, ou pour riavoir pas de fucceffeur -
dans la poffeffion de cet animal fidèle,
S E V ,
' Nequt enirt^j 'fortijjimè, credo
J*J}* aliéna pâti, oui dominos dignabere Teticros.
eut le courage de le tuer , mais il fe tua lui-même à
fm-ftant.
Septime Sévère étoit né en Afrique, dans la ville de
Leptis, 1 an de J. C. 145 ou 146.Son père fe nommoit
M. Septimius Geta, & fa mère , Fulvia Pia,ëtoit
fbeur de deux conïuls. Il fut lui - même quefteur
tribun , proconful, conlul. Il étoit également propre
a la guerre & aux affaires, & jsignoit la capacité
à la valeur , 8c la promptitude de l’exécution à la
promptitude des vues^ un coup-d’oeil lui apprenoit
tout ce qu’il falloiî faire , & il n’y avoit point de
milieu pour lui entre voir & agir ; il prévoyoït tout,
penétroit tout, &. fongeoit à tout. Ami généreux ,
ennemi dangereux, d’ailleurs mauvais politique, puif-
qu’il étoit fourbe 8c cruel.
Tel çft à-peu-près le jugement, qu’en porte Dion
Caiiius; il ajoute que Septime Sévère avoit plus d’inclination
que de dilpofition pour les fciences. Il paffoit
pour fort favant dans l’aftroïogie judiciaire , que les
Romains-, dit Tac»te , ont toujours condamnée &
toujours étudiée.
Cet empereur étoit recommandable aufli par lés
avantages extérieurs ; la nature T’avoit traité favorablement
elle lui avoit donné un corps robufte, un
air augufte & vénérable, une voix fonore & agréable.
Il lui refloit à combattre des concurrents plus- redoutables
que le lâche Didiùs-Julianu«. Niger , vaincu
julqu’à trois fois , fut pris & tué dans la dernière bataille
qui fe livra aux portes de Cilicie, aux environs de
la ville d’Iffus , où Darius avoit autrefois été vaincu
par Alexandre. Niger- fuyant vers l’Eüphrate , fut
atteint par les vainqueurs, qui lui coupèrent la tête,
8c la portèrent à Sévère. Celui-ci fit mourir auffi la
femme, les enfants, tous les parents , tous les amis
de Niger ; mais, comme -il mêloit quelquefois de la
grandeur à fes cruautés même les plus odieufès, il
laiiTa fubfifier dans Rome une infeription faite en 1 honneur de Niger. « Je veux , dit-il, que- l?on con-
» noiffe l’ennemi que j’ai vaincu ».
Albin, fon autre concurrent, lui parut allez redoutable,
pour,qu’il defeendît à fon égard jufqu’à la
diffimulation la plus , perfide. Il l’adopta , il le nomma
Céfar ; & Albin, content de ce titre 8c de la fécondé
place, ne conteftoit plus rien à. Sévère. Celui-ci fit
confirmer ce titre de César par le fénat ; il ajouta
encore à ce qu’il avoit.fait pour' Albin,, il fit frapper
des médailles en fon honneur , il lui érigea des ftatues.,
il le. nomma conful. 11 lui prodigua les honneurs et
les bons traitements tant qu’il eut à combattre Niger.
Mais dans le même temps où il en ulbit ainfi avec
Albin, &. ok il lui écrivoit dès lettres pleines de
proteftations d’amitié fes émiffaires tentoient par fes
ordres, d’affaffiner ou d empoifànner ce même Albin.
Quelques-uns d’entrieux ayant été arrêtés & mis à fa
queftion fur des foupçons légitimes, révélèrent tout le
complot. Albin ouvrit les yeux , 8c fut obligé d’armer
pour fa défenfe ; car les (accès de fa politique artifi-
S E V
cièufe viennent toujours aboutir à la défiance 8c à la
guerre. Sévère alors alléguant l’ingratitude de cet Albin,
comblé de fes bienfait^ V révoqua fon adoption , & fit
proclamer Cefar , Baffiéri fon fils aine, c’efba-dire ,
Caracalla, fous le nom chéri de Marc-Aurèie-Antonin.
Albin fe fit de nouveau Proclamer empereur ; la
guerre s’alluma. Dion rapporte un incident Singulier de
cette guerre. Un homme peu connu, nommé Numé-
rien, pafïa dans les Gaules, devenues le théâtre des
hoftilités, il fe donnoit pour u i fénateur du parti de
Sévère, 8c chargé par lui de faire des levees ; il eut
un camp volant, avec lequel il lèrvit utilement Severe,
8c battit un corps de Cavalerie du parti d’Albin.
Sévère inftruit de cet avantage , lui écrivît une lettre de
remerciement & de louanges, & lui donna en effet,
la commiffion dont il s’ètoit dit charge. Numerien
remporta encore de plus grands avantages. Après la
guerre terminée, il vint trouver l’empereur & le faire
connoître à lui ; ce n’étoit point utt fénaîeur-, c’étoit
Un fimple maître d’école, qui n’avoit voulu qu’obtenir
de l’emploi à la guerre & qu’acquérir de la gloire ;
il refufa les honneurs & les richeffes que Sévère lui
offrit pour récompenfe ; 8c rentrant dans fon obfcurité,
il alla paffer le refte de fes jours à la campagn , où
il vivait de la penfion la plus modique. Cet homme
n’avoit eu qu’un moment d’ambition , et cette ambition
, qui n’avoit rien que d’eftimable, étoit fans aucun
mêlage d’intérêt.
Le malheureux Albin fut vaincu à la bataille de
Lyon ; l’an T97. Les uns disent qu’il fe tua lui-même
de défelporr ; les autres, qu’il fut pris, & qu’on lui coupa
la tête ; ce qui ëft certain , c’eft que cette tête rut
envoyée par lui à Rome, avec une lettre foudroyante
pour ceux qui avoient ou embraffé ou fayorifé le
parti d’Albin, ne fût -ce que de leurs voeux, 8c dont
il avoit trouvé les noms dans les papiers même d’Albin.
* Je vous l’envoie cette tête, d it- il, afimque vous
» voyiez ce qu’il en coûte, quand1 on tn’oftenfe ». Il
exerça plus de cruautés encore fur les parents 8c les
amis d’Albin' que fur ceux de Niger, Une des déplorables
viêhmes de fa vengeance, lui dit u Sévère ,
» vous pouviez être vaincu, vous pouviez vous trou-
» ver en ma place. Vous auriez voulu alors rencontrer
» un vainqueur plus humain ». Si j’eusse été en ta
place , répondit Sévere , j’aurois fouffert cèque tu vas
souffrir, 11 assoüvissoit ainsi fes vengeances uns aucun
remords ; il fe les juftifioit à lui-même par la nécelfité
d’empêcher que l’efpérance du pardon ne rendît les révoltes
plus faciles 8c plus fréquentes ; il louoit Marius ,
Sylia, Augufte d’avoir, disoit-il, pourvu à.leur sûreté,
par des aâes dg rigueur utiles ; & Céfar,,par fa clémence
imprudente , ajoutoit-il , avoit été la caufe de fa
perte ; il ne vouloit pas voir que les proferiptions de
Marius avoient entraîné celles de Sylia, qui en avoient
été les repréfailles ; que le fou venir de celles d’Augufte
avoient, long-temps encore après, donné lieu à dix
conjurations contre fa perfonne ; que fa clémence
feule à l’égard1 de Cinna, avoit mis fin à ces confpi-
rations ; que Céfaf avoit été affaffiné, non à caufe
de fa cjémence , qui feule, l'avoit défendu quelque
S E V
temps, mais malgré cette clémence , à caufe qu’il avoit
détruit la République & la liberté encore chères aux
coeurs romains.
Caracalla,’ fils aîné de Sévère, applaudlffoit à toutes
fes cruautés, Géta, frère de Caracalla, mais bien différent
de lui, difoit en foupirant 1 tous ces malheureux
n’ont-ils donc point de parents ? Ils en ont beaucoup ,
lui répondoit-on ; que de gens, ajoutoit-il, vont donc
s’affliger de notre victoire ! Il dit auffi à Caracalla : Si
vous tuez ainsi tout le inonde , vous tuerez un jour
votre frère. Il le tua en effet. Il vouloit tuer auffi fon
père. Un jour en Bretagne , à la vue des armées
Romaine et Bretonne r comme s’il eût fait trophée
du parricide , il tira fon épée , 8c parut prêt à frapper
fon père par derrière ; un cri d’horreur qui s’éleva de
la part des affiftants , le retint. Sévère tourna la tête ,,
vit l’épée nue entre le mains de fon fils , diffimula &
fe tut. Le foir étant couché, il manda fon fils, &
en préfence du célèbre Jurifconfùlte Papinien & de
Caftor, un de fes domeffiques les plus affidés , il lui
préfenta une épée, a Pourquoi, lui dit-il, vous désho-
» norer par un parricide à la face de deux armées; si
» vous voulez tuer votre père , vous n’aurez du
» moins ici que deux témoins.
Les légions foulevées par ce Caracalla , le pr<a*
clamèrent empereur , et vouloient dépofer Sévère r
comme affoibli par l’âge & par la goutte; il avoit ea
effet, la goutte aux pieds, mais fon ame confervoit
toute fa vigueur ; il mande les tribuns et les centurions»
qui n’aYoient point empêché la révolte, il leur fait
couper la tête , & faifant grâce à fon fils feul, pour
lequel il n’avoit que trop l ’indulgence d’un père r-
« apprenez , lu i - i l , jeune ambitieux , que c’eft fa.
» tête qui gouverne, 8c non pas les pieds ». Caracalla
fe fit l’effort d’attendre la mort de fon père. Sur
h- mariage de ce monftre de Caracalla ou Baffien , avec:
Pfautille , fille de Plautien, &fur fa conduite à.l égard
de fa femmî & de fon beau - père , l’articlë.
Plavtien. Voye\ auffi les .articles Caracalla 8L
G bta.
Sévère fit la guerre avec fuccès aux Bretons , dan*
les dernières années de fa vie. Il répara, le mur
qu’Adrien avoit fait çonftruire pour réprimer les.
ccurfes des Bretons feptentrionaux.. Il y avoit, dit-on »
des tours à chaque mille de diftance, 8c entre chaque
tour des tuyaux d’airain, qui portant d’une.tour à
l’autre le moindre bruit avertiffoient lès garnifon*
renfermées dans ces tours ,- qui pouvoient le raffem--
bler & fe fecourir au feefoin. Ce mur s’étendoit, à c e
qu’on croit, de Carlîfle jufqu’a Neucaftle.
Sévère eut le tort de persécuter les Chrétiens ; lé
pape faint Yiélor, un autre faint Viéfor d’une famille
illuftre de Marfeille ,, faint Irénée , évêque de Lyon ^
LéonidaS, père d'Origëne , & beaucoup d’autres fouf~
frirent le martyre fous ce règne. Ce fut 1a. cinquièmes
perfécution élevée dans l’£glife_
Sévère mourut à Yorck , dans le coure de fon. expédition
en Bretagne , l’an de J. C. 2iM..Qn croifW#
avança volontairement fes: jours, mais depuis longtemps
il fe fentoit mourir. Il «connoift^it *1ons.