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TOURNON , ( François de ) ( Hiß. de Fr. )
C ’eft ie fameux cardinal de Tournon., archevêque
cl'Embrun , d’Auch , de, Bourges , de Lyon , abbé
de Tournus, d’Ambournay , de la Chaife-Dieu,
d’Ainay , de Saint-Germain-des-Prés , de Saint-
Aroine , &c. car l’accumulation des bénéfices
étoit pouflée alors à un excès qui feandalifé même
notre, iiècle. Le pape. Clément VII lui donna la
pourpre romaine en i ç 30 ; François I. le mit dans
ion conlèil. Tournon , fans avoir l’élévation des Suger
& des Bernard, avoir pnffé comme.eux, du cloître
a la cour , & de l’obéi flan ce monaftique au gouvernement
des éta!s ; mais les dignités'ecclefiafliques
lavoient élevé par degrés à ce comble’de la puiflance.
11 avait fervi le roi .dans des négociations importâmes
pendant fa p.ifon, il lui avoit rendu depuis
des fer vi ces-prefque militaires. Pendant la guerre de
2556, il fut chargé de veiller à la sûreté de quel-
- qoes provinces qui auroient pu être entamées,du
cÔ;é dû-'Piémont 6c de la Savoie. Il gouverna les
afîàjr.es avec un coeur droit, & des mains pures ;
minime irréprochable dans fa médiocrité , s’il n’a voit
eu Cette piété impie 8c ce zèle perfécuteur , qui font
haïr aux âmes frivoles, la religion , feule confolatrice
du genre humain. C’éroir lé plus, vertueux des in-
tolérans , mais c’étoic un intolérant. Ce fut lui qui,
en ï'53 5 , empêcha le voyage de Mélanchton en
P rance. Le roi connoiflant la modération de ce läge
Frctefhnt, efpéroit que ce voyage pourroit produire
quelque conciliation"; Tournon prévoyoit qu’il
en rélulterou au moins un efprit de tolérance, qu’il
croyôit contraire à la religion ; il fe préfenta un
jour devant le roi un livre à la main, le roi avant
demandé ce que e’étoit que ce livre : <■ ce font les
» oeuvres de Saint-Irène e, lui dit le cardinal, .j’étois
» tombé fur un endroit ,cù ce père rapporte que
» Sain -Jean étant entré dans un bain public, & y
a? voyant i’hérétîque Cérimhe , fortit fur le champ ,
» ne voulanr pas refter dans, un lieujouillé par la
» préfènee de cet impie ; & vous , Sire, vous ap-
» peliez l’hérétique Mélanchton dans vos états, vous
» ne craignez point le venin dé l’erreur qu’ri di Aille
» avec rapt d’art, vous vous fentez apparemment-plus
» édaiî é , mieux armé contre la féduéùon , que
m l’apôtre chéri de Dieu. »
Il paroît que d’un côté, le roi fe rendit aux remontrances
des évêques, &cefïa d’inviter Mélanchton,
& que d’un autre côté, les proteftans zélés, craignant
l’itnpartiali:é , l’incertitude de Mélanchton, le
firent retenir en Allemagne.
Le cardinal de Tournon, par une faite de ce même
efprit d’intolérance, fut un des plus ardens inftiga-
îcurs du mafiacre de Cabrières & de Mérindol , &
François I , qui principalement à fa fo.licitation , ordonna
ou permit ce maflacre, n’en eut pas vraifem-
b'ablement tous les remords que quelques auteurs
iiii ont attribués , puisqu’en expirant, il crût devoir
rendre un témoignage éclatant aux vertus du cardinal 4 e Tournon, fans aucune reftriétion fur l’article de
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l’intolérance. Sous le règne de Henri II , le cardinal
de Toümon fut éloigné des affaires , non pas à came
de cette intolérance, mais plutôt parce qu’il avoit
été miniftre de François I , & à caufe de l’éloge que
ce prince en avoit fait : éclipfé fous les deux règnes
fuivants, on le voit reparoîtré en 156 2, au colloqué
de Poifly , entre les Catholiques & les Proteftans.
Théodore de Beze y fcandalifa fort les Catholiques
en difant que. le corps de Jefus-Chrift eft aufli
éloigné de l’Euchariftie que le Ciel l'eft de la terre.
Les prélats frémirent, le cardinal de Tournon cria au
biafphême , & demanda juftice à la reine mère,
Catherine de Médicis. Mais, puifqu’on vouloit des
colloques, il lemble qu’on devoit y porter des oreilles
plus aguerries. Quelque forte que fut l’expreflion de
Théodore de Beze , on pouvoit y être préparé,
elle ne contenoit que le fond d’une opinion bien
connue pour être celle de toute fa feéle. Le cardinal
de Tournon mourut cette même année , âgé de
foixante 8i treize ans. Il aimoit les lettres , &. il
avoit toujours auprès de lui ou Muret ou Lambin,
eu quelque autre ïavant.
- TOURON, Antoine ) ( Hifl. litt. mod. favant
Dominicain, auteur des vies de Saint-Thomas d Aquin,
de Saint Dominique & d’ autres hommes ifluftres du
même ordre ; d’un ouvrage intitulé : la vie & F efprit
de Saint-Char Les Borrornèe, d’une jilfloue de FAmérique.
Né dans le diocèlè de Caftres en 1,686 , mort à
Paris en 1775. Il a écrit aufli contre les incrédule^
TOURREiL , ( Jacques de ) ( Hifl- litt. mod. ) de
l’académie françoife 8c. de l’académie des inferiptions
8c belles-lettres, naquit à Touloufe, le 18 novembre
1656. Son père étoit procureur général du'parlement
de cette ville. Marguerite de Fieubet, fa mère, étoit
foeur du premier préfident du même parlement, $c
tante de M. de Fieubet, concilier d’état, qui mourut
retiré aux Camaldules. Ce ir.agiftrat tint lieu de père
à M. de TourreiL , qui avoit perdu le fien.
Tourrcïl remporta deux prix d’éloquence à l’académie
Françoife, en 1681 & en 1683. Ce goût
pour l’éloquence l’attacha particulièrement à l’étude
de Démofthène, & c’eft par la traduélion de cet
orateur, qu’il eft fur-tout connu.
Tourreil étoit de ces gens dont on dit qu’ils ont
trop d’efprit, reproche toujours flatteur , quoi qu’on
en dife. Il avoit tort cependant de vouloir orner
Démofthène , dont le principal mérite eft dans la
fimplicité ; on connoit cette exclamation de Racine ,
fur certains endroits où Tourreildénaturoit Démofthène,
en voulant l’embellir : Ah le bourreau ! ne va-t-il
pas donner de F efprit à DémofAène ? c’étoit en effet
une efpèce de profanation.
On dit qu’il avoit mis prodigieufement d’efprif &
de variété, dans une autre occafion où l’efprit étoit
mieux placé. Reçu à l’académie Françoife en 1692*
il fe trouva peu de temps après à la tête de cette
compagnie , lorfquelle préfenta au roi, aux princes
& aux miniftres, fon diélionnjiire qui venoit d’être
achevé. Il fit à cette occafion vingt-huit compliment
différens , qui, dit-on, ne^rentreient point trop les
• uns dans les autres, qui tous éroient pleins defprit
&d e grâces, qui furent très-applaudis, mais dont il
- ne voulut jamais donner de copie. Le fouvenir de
cet heureux tour de force fe conferva long-temps
„dansl’académie. Il avoit été reçu, en 1691, à l’académie
des inferiptions & belles-lettres , qui étoit encore alors
la petite académie, & qui n’étoit compofée que de
huit membres, a 11 penfoit & aimoit à s’exprimer
» d’une façon peu commune, dit le fecrétaire de
cette académie ; n il ofoit heureufement en ce genre ; il
» amenoit fi finement une penfée , il fàuvoit fi
■n. adroitement une expreflion, qu’il venoit enfin à -
m bout de faire palier avec grâce , les idées les plus
31 fingulières & les plus hardies métaphores. Les
» faillies , la promptitude & la force de fes reparties
» ne lui donnoient pas feulement quelque fupériorité,
» elles alloient jufqu’à le rendre redoutable dans la
» converfatiom. n
On a retenu de lui des mots qu’on redit tous les
jours, fans favoir de qui on les tient ; c’eft lui qui
a dit le premier au fujet de Démofthène, qui avoit
été une fois dans, le même cas qu’Horace : reliEtâ
non bene parmuld ; qu’après la brawure il ny avoit
rien de plus brave que F aveu de la poltronnerie. C’eft lui
qui a dit qu 'il ri y d de. véritable roture que celle des
aêlions.
fl donna en 1701 , une féconds édition defatra-
duâion de Démofthène très- corrigée & très- améliorée
à la tête de laquelle il mit une préface qui eft un
très-beau tableau hiftorique de la Grèce. Il avoit
punlie en 1694 » des efjais de jurifprudence , où il
avoit fu faire d’un livre de droit un ouvrage d’agrément.
Il mourut'le 11 oâobre 1714.
TOURV IL LE , ( Anne-Hilarion de Conftantin
ou Coftentin. de ) ( Hifl. de Fr. ) l’un de nos plus
grands marins , l’uri des maréchaux de France, in- j
troduits dans la Marine par Louis XIV ; d’abord
chevalier de Malthe, il fe diftingua dans fes caravanes,
il arma en courfe avec le chevalier d’Hocquincourt,
ils firent des prifes confidérables fur les Corfaires
de Barbarie , ( auxquels feuls peut-être il faudrait que
toute l’europe fit la guerre) avec un feul vaiffeau ,
ils mirent en fuite fix navires d’Alger , & une multitude^
de galères. Attaché à la Marine Royale, en
qualité de capitaine de vaiffeau , Tourville fe fi-
gnala fous le maréchal de Vivonne ; chef d’efeadre
en 1677 > Ü combattit -fous Duquêne. Lieutenant
général en 1681 , il péfta en plein jour la première
galiotte pour bombarder Alger; c’étoit une
nouveauté hardie, ces fortes d’opérations ne s’étoient
encore faites que de nuit- C ’eft fur-tout dans la guerre
de 1688, qu’on voit s’élever de plus en plus ces
héros qui portent la Marine Françoife au comblé
de la puiflance & de la gloire. En 1689 » Tourville,
avec une infériorité marquée d’hommes &de canons ’
force au falut l’Amiral d’Efpagne. En 1690, le
l i % j°int avecChateau Renaud , autre marin
Multre du temps, il remporte près de Dieppe, une
vfototre lignalce fur les flottes Angloife 6c Hollandoife.
Il étoit alors vice - amiral " général cks arméi-s
Navales , avec la permiffion d’ârbôrer le pavillon
Amiral, & ce fut alors que_les flottes Espagnoles,
Arigloifes & Hollandoifcs , ou fuyoient ou fe. cadraient
devant les flottes françoifes ,- & nqfoient
parqître dans la Manche. Si , en '1692 , au combat
du 29 mai entre Cherbourg & la Hougue , les
François , qui n’avoient que cinquante vaifleaux contre
quatre-vinge-huit, fe retirèrent à la nuit „ aptès avoir
combattu pendant la journée entière , & s*î's eurent
treize vaifleaux brûlés, Tourville , qui avoit prévu
ce malheur, qui avoit'voulu éviter le .combat, qui,
forcé par des ordres fupéiieurs de le livrer , fit tout
ce qu’il étoit poflïble de faire , & tout ce que lui
feul peut-être pouvoit faire, Tourville prit Va revanche
le 27 juin 1693 , entre Lagos 5c Cadix ,
fur le Vice-Amiral Rook, qui eut quatre vaifleaux
de guerre brûlés, & plus de quatre-vingt vaifleaux
marchands de la flotte de Smyrne, qu’il efeortoir,
pris, brûlés ou coulés à fond , Tourville fut' fait
maréchal de France en 1701. Il' jouit peu de cet
honneur.
De quoi lui ferviront ces grands titres de gloire,
Ce feeptre des guerriers, honneur dé fa mémoire
Ce rang, ces dignités , vanités des hères,
Que la mort avec eux précipite aux tombeaux ?
II mourut le 28 mai de la même année.
TOUSSAIN de St ..- L u c , ( Hiß., litt mod. )
Carme Billette, de la province de iirètagne, mou
en 1694, eft auteur de mémoires fur F état du clergé
& de La noblejfe de Bretagne , d’une hiftoire de Ccnan
Mériadec, fouverain de Bretagne; d’une hftoire de
l’ordre du Mont-Carmel & de Saint-Lazare , d’une
vie de Jacques Cochois. dit Jafmin , ou le boa
Laquais.
toujours été en diminuant. Maltraité en France * $
fè retira d’abord à Bruxelles, puis à Berlin , il y publia
là traduéfion des fables de Gellert ; celle du Petit
Pompée, &. de'quelques autres romans Anglois. Les
articles de jurifprudence des deux premiers volumes
de l’encyclopédie, font de lui. On dit qu’il avoit
commencé par faire des hymnes à la louange da
Diacre pans ; mort à Berlin en 1772.
T oussain, ( Charles-François ).( Hifl. litt. mod.')
Bénédiétin de la Congrégation de Saint-Maur, très-
favant dans les langues , auteur d’une nouvelle Diplomatique,
continuée par dora Taflin, fon confrère.
Il a écrit aufli en faveur de la Conftituticn. Né en
1700, mort en 1754.
. TOUTTÉE , ( Dora Antoine-AugufKn ) ( Hi[t.
lut. mod.) Bénédictin de la Congrégation deSaint-
Maur ,.né à Riom en Auvergne, en 1677 ; mort
à Paris en 1718 , avoit fait tout le travail d’une
édition .en grec & en latin, des oeuvres de Saint-
Cyrille de Jerufalem, mais il mourut avant l’impreflion.
dont on fut redevable aux foins de doua Prudent Marans.