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chrétien Çaphte v qui ^facilita fon évçfion. Zaga-
Chrifi paflô la mer Rpugq.j.À s’erçgage. dans les Réfères
de l’Arabie, où , de rçinq cents hommes qui
l ’ayoient d’abord accompagné qumd il avoir quitté
l ’Âbyffinie , cinquante feule ment, çonfèntiient à
le fuiyre, & de ces cinquante0 plaideurs périrent
dans cette pén ble route. C h if mal efeorté ,
mal ^défendu, fut volé [par ïpn> .prince arabe, qui
ne lui laiiîa; qu’une Joi^le partie -'de fon bagage;
il îMitra en Afrique par i’Ifthme de,Sues, & vint
au Caire, ou les cophces, ;& même lebafla d'Egypte,
lui firent un accueil diftingué ; ma:s fa ca> avanne
allait toujours, en diminuant. Lerfqu’après s'êire
repofé en Egypie des Farguçs Hç la pénible route,
il. fe remit en marche pour aller vifiter les lieux
faints, il n’y eut plus que quinze hommes d- fa
fuite, avec huit récolLts , mimonhaires en Egypte,
qui purent ou qui voulurent faccompagner. 11
arriva, enfin à Jérufafem , au commencement du
carême de l’an 1632. Il fe logea chez les religieux
abyfims, & fe trouva là au feip de la religion de
fon pays ; mais quelques fuperchçries pieufes dont
il fut averti, ou qu’il démêla dans les cérémonies
& les- rites des ophtes & des abyffins, lui donnèrent
de d’éloignement pour eux , & le déterminèrent
à fe faire catholique romain. Il alla enfiiife
à Nazareth T où, pendant quelques mois de féjour,
il appiit 1 i alien & un peu de françois , ayant
vraifiniblablement dès-lors le projet daller jouir à Jlome & en France de l ’accueil, que fon ckangs-
ment de religion lui promettoit. En effet, aufli-tôt
que fe pape Urbain V il 1 fut que Zaga-Chrifi avoir
embraüé la religion romaine , prompt à s’applaudir
d’une relie conquête, il écrivit au gardien des cor-
deriers -du couvent de Jérufâlem ,d-*engager ce
prince à faire le voyage de Rome : Zaga partit
pour cette capitale du monde chrétien ; il y fut
reçu av e tous les honneurs & toutes les diftinc-
tious qu’il avoit pu efpérer ; le pape lui donna
un palais pour log ment., ,& fournit à fon entretien
& à celui de toute fa fuite pendant deux ans que
Zaga-Chrift pafla dans Rome. Il vint en France
en 163? ; il y pafla trois ans.^ & mourut à Rue l,
dans la maifon du cardinal de Richelieu , n’étant
âgé que de à z8 anf.
ZAHN , ( Jean ) H if . litt. mod. ) prémpntré,
prévôt de la C elle près Wurtzbourg, s’occupa d'expériences
phyfiques. On a de iu: : OpttÇçulano-
tabilium de mirabilium feientiarum, Oculus tele.-
dioptricus. Quoique l’effet naturel des expériences
foit de prpcuier des notions nouvelles , ce phyficien
étoit fort attaché aux vieux fyftêmes & aux idées
antiques, même au dix-huitième fiècle il n’en étoit
point encore au fÿftëme de Copernic, & il s’en te-
noit a celui de Ptolemée. Il mourut en 1707.
Z AHU RIS ou ZAHORIES. ( les ) ( H i f . d’Efp. )
Ou appelle ainfi, en Efpa^ne, des gens qu’ôn fup-
pofe doués de la faculté de voir dans le fein de
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la t e r r e , & d’y découvrir les veines d’eau, les mé-
taux, les tréfors & les cadavres, Cette fubtilité
de vue s’annonce , dit-on, chez eux par un fign$
manifefte , ils ont tous les yeux rouges ; ainfi l ’on
peut croire qu’au jugement du peuple, quiconque
a les yeux rouges, eft foupçanné & prefque convaincu
d’être 7 ahuri , & que ceux qui ont befoin,
d’eau, ou qui convoitent des tréfors , s’adreflent à,
tous les yeux rouges, & imputent à mauvaife volonté
1 impuilfance de fatisfaiie à leurs delirs ou à
leur cupidité. MartiniAntoi|ié Delrio, dans fes dif-
quifitions magiques, où il difeute ce qui concerne
les zahitris, eft allez embaraffé entre la fuperftiticrt
qui le domine & la ’ philofopliie dont il fe pique#
Dans l ’explication qu’il donne des faits merveilleux
qu’il rapporte, il fait un partage à-peu-près tgaL
entre la phyfique & la magie ; il croit pouvoir
expliquer par là phyfique là découverte des eaux 8c
des métaux. Des vapeurs, dit-il , annoncent aux
£ahuris la préfeuce de 1 eau-ç eh ! pourquoi ne l'an?-
nôfjcent-elles pas aux autres ? On connoît les mines
par la nature des herbes qui croiflent en certa:ns
lieux; pourquoi tous les gens infiruits , tous les
naturalises 11e 1rs connaiffent-iis 'pas par ce moyen ?
Quant aux trélbrs & aux cadavres, Délrio croit la
plîyfîque impuifiante à en expliquer la découverte *
il a recours à la magie , c’ell le démon qui les indique
avec une précifîon qui n'appartient qu’à lui ,
car ces {ahuris marquent exaélement quels font
les tréfors & les cadavres qu’ils voient, & , ce qui
eft fur-tout bien remarquable, ils.n’ont cette puil-
fance que les mardis & les vendredis- Il ne vient
point dans l ’efprit à Qflrio de douter d’aucun dé
ces fai s. Gutierrius, médecin efpagnol, fait plus
que d’êii douter, il s’eri moque , & il nous apr
prend encore une autre mèrveille (uperftitieufe,
dont les dévots aux -{ahuris chargeoknt leur croyance
à cet égard, c’clt qu’ils prétendoient que , pour être
{ahuriSi. pour en avoir les privilèges, il falloit être
né le vendredi faint. Ces ortes de merveilles fe re-
nouveLent de lems en tems dans tous les pays, avec
des circonftances particulières, & toujours avec
fuccès» Il y a quelques années qu’on nous produiûc
en France un petit payfan hydrolcope, c’eft-à-lire,
qui voyoit ou lentoit l’eau à travers la terre ; faute
de folies plus trilles & plus funeftes, & par cela
même pliis entraînantes , on amuft pour lors par
ce petit prodige , * ainfi • que par ceux du mefmé-
riffne, notre aélive & inquiète oifîveté :
Stren.ua nos exercet inertia.
'ZAIM , ( Milice turque. ) ce foat les chevaliers
à qui le grand feigneur donne à vie des commanderas;
à condition qu’ils entretien Iront un c.rtain
nombre de cavaliers pour fon fervice. Ces nbcVà-
liers reflemblent aflez aux timariots, dont ils né
diffèrent guère que par le revenu.
Les {aims ont les plus fortes commanicries, &
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leurs revenus font depuis vingt mille jufqu a quatre-
vingt-dix-neuf mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf
afpres. S’il y avoit un afpre de plus, ce feroit le
revenu d’un pacha; anfi^ lorfqu’un commandeur
vient à mourir, l ’on partage la commandeiie, fup-
fofé qu’elle ait augmenté de revenu fous le défunt,
comme çela a; rive ordinairement , car on les augmente
plutôt que de les laifîer dépérir. Les {aims
doivent entretenir pour le moins quatre cavaliers,
à rail on de cinq mille afpres de rente pour la dé-
penfè de chacun.
Les {aims doivent marcher en perfonne à l’armée,
comme les timariots : leur fervice militaire eft tout-
à-fait feiublable. ( A. R. )
ZALLA ( Hift. de l’Arianifme. ) Cet hom'&e
dont il eff parlé dans les dialogues attribués au pape
faint Grégoire le grand , étoit ungoth arien, violent
perfécuteur des eccléfiaftiques 8c des religieux ,
il ne traitoit pas beaucoup mieux les laïcs : il fit
fouffrir de cruels tourmens à un malheureux payfan
qu’il croyoit riche , pour l'obiiger à lui donner tout
fon bien, le payfan lui dit qu’il l’avoit mis entre les
mains de faint Benrit. Z alla tenant le payfan lié
par les bras , fe fit conduire par lui vers Benoît,
a qui Zalla redeman ia d’im ton impérieux le bien
du payfan ; Benoît jetta fur eux un regard , & par
le leul effet de ce coup-d’oei! miraculeux, les liens
du payfan fe détachèrent & tombèrent, ce qui j
étonna tellement Zalla qu’il finit par fe recommander
aux prières du faint. Les piemiers fîècles fur-
tout, de l ’hiftoire eccléfîaffijue font féconds en miracles..
ZA LEU CU S , (Hijt. anc. ) Ces anciens légif-
lateu's de la partie de l ’Italie , connue fous le nom
de la grande Grèce , Charondas, Zaleucus étoient
des fages difciples de Pythagore. Il ne nous rfeftedes
loix de Zaleucus que le préambule , & il donne une
idee favorable de ces loix ; il y parle noblement de
la divinité , infprie pour elle le plus grand refpeâ;
il exclud avec foin du culte quil exige pour elle
toute id,:e de- fuperftition ; il établit pour principe
qu’une conduire fage & des moeurs pures font plus
agréables à lê 're funrême que les offrandes & les
facrifices. La divinité , dit-il, eft Je parfait modèle
auquel on doit chercher à fe conformer ; elle eft la
fource primitive de‘ loix ;d le eft U principale autorité
qui en preferit robfervaiion, elle eft le plus puifl’ant
motif d’y être fi Je e.
A la fuite dts devoirs des hommes envers la divinité
, viennent les devoirs des hommes envers les
hommes, objet plus précis des lo x. A la différence
de ce philofophe qui avoit la cruauté d’avertir les
hommes que leurs plus inrmes amis pouvoient un
jour devenir le-u-s ennenvs, Zaleucus ejfhnrtoit le\
hommes à < n ufer toujours avec leurs ennemis mêmes
comme devant bientôt les avoir pour amis.
Z A L' 6_p j
M. le premier Préfidént de Lamoignon , difoif,
en parlant de fes fondions de juge : Ma vie & ma
fanté font au public & non à moi. Toujours accef-
fible & patient à l’égard des plaideurs , même les
plus indiferets & les plus importuns : Laijfons-leur,
d:foit-il , la liberté de dire les chofes néceJJaires fr la
confolation d‘ en dire de fuperflues. El1 ajoutons pas
au malheur quils ont d‘avoir des procès, celui d’être
mal repus de leurs juges. Nous fommes établis pour,
examiner leur droit, & non pas pour éprouver lewr
patience , & il leur laifToit éprouver la fienne.
M. de Lamoignon ne devoit fans doute cette indulgence
aimable qu’à fon heureux caradère; mais
nourri comme il Pétoit de l ’antiquité, il pouvoit en
avoir trouvé le principe dans le préambule des loix
de Zaleucus, où cette indulgence eft expreflément
recommandée aux juges & aux magifirats.
L a loi fomptua’re par laquelle Henri IV déf n-
doit le luxe & l ufage des étoffes riches & précieufis
aux hommes & aux femmes , excepté aux filles publiques,
eft une imitation de Zaleucus, qui avoit
fait la même loi avec la même exception : More
inter veteres recepto, dit Tacite, qui fatispcenarüm
adversus impudicas in ipsâ profejjione flagitii çrede-
bant. II ne fe trouva perfonne qui eût afFez renoncé
à toute pudeur pour vou'oi-r porter aux yeux de
toute la ville les marques de fa honte. En général,
le principe dtZaleucus étoit de conduire les liomirfes
plutôt par l’honneur que par la crainte, par des
moyens-volontaires, plutôt que par des voies coactives.
Une de les loix , jufte, fans doute , mais peut-être
un peu févère, condamnoit à avoir les yeux crevés
pour adultère. La loi retomba fur le légilateur ; ft>n
fils fut furpris en adultère. Le peuple qui aimoit
Zaleucus & qui lui devoit des loix ut-lcs, voulue
faire grâce a (on fils ; Zaleucus s’oppofa lui-même
à cette indulgence qui, par une première exception
, alloit énerver l ’empire de la loi ; mais
généreux père autant que lage légjflatèur, il prit
fur lui la moitié de la peine; fon fil< n’eut qu’un
oeil crevé, Zaleucus donna un de fes yeux pour lui.
Qi'tm plus ille oculis fuis amabat.
Ce grand exemple de juftice & d’amour que
l ’afpeél kul de Zaleucus r traçoit fans cefie , fit un
effit qui dut confoler lo légiftateur d’un tel facrl-
fk e ; on n’entendit plus pa 1er d'adultère pendant
tout fon règne.
Le p^u de traits par lcfquris on connoît Zaleucus
le repréfentent comme un homme précieux & vraiment
refpeft «ble. Quelques auteurs lui attribuent
ce que le p us grand nombre raconte de Charondas,
que jaloux de l'execution de fes h ix , il ordonna
qu on ne pourroit y propofer aucun chang ment ,
qu’en fe préfentant dans l’alfemblée du peuple , 1*