
anchois ; one bonne dette aélive du roi fe marque
fur” le regiftre par l’examinateur , ou autre officier
de l’échiquier, qui met en marge le mot tôt, c’efl-à-
dire autant efl du an roi , d’où eft-venule terme de
tôt té ; la fomme qui a été payée au ro i, fe marque de
même fur le regiftre. ( A . R. )
T O T IL A , ( Hiji. J Julie ) roi des Goths d’Italie,
fucceffeur dEvaric, vers fan 5 4 1 , eut à combattre
les deux plus grands généraux de l’empereur Juftinien ,
Bel faire & Narsès , & ce furent eux qui mirent un
terme à fes fuccès ; il avojt auparavant remporté deux
viébires fignalées fur les troupes de Juftinien , il
avoir conquis une grande partie de l’Italie & d,es
ifles qui l’avoifinent, telles que la S cile, la Sardaigne ,
la Corfe ; iL prit Rome ( en 546-) & Naples j fon
entrée dans cette dernière ville fur-tout, fut marquée
par des traits de clémence, par des recherches
même de bonté bien étonnantes dans un vainqueur
barbare. Les affiégés avoient long-temps souffert de
la faim , il comprit qu’ils alloient fondre fur les
premiers vivres , avec un empreflement qui pourroit
leur être ftmefte : il mit d’abord des gardes aux
portes, pour empêcher ces malheureux habitants de
fortir , il prit foin de leur faire diftribuer .des vivres
avec la prudente économie que les conjonctures pou-
Voient exiger, & lorlquM eut pourvu a leur fante
par ces fages- précautions,. continuées pendant tout
le temps qu’il jugea néceffaire g il leva les gardes,
& laifîa aux. habitans la liberté de fe retirer où. ils
voudroient.
- En fortant de Rome »qu'il n’avolt pas traitée avec
autant de douceur, il fut battu par Belifaire, mais
après le rappel de ce général, il rentra dans Rome
en 549 , & y répara autant qu’il put les maux
cn’avoit caufés la guerre. En 552. Narsès l’ayant
rencontré au pied de l’Apennin , lui livra bataille,
Xotïla y reçut un coup de lance , dont il .mourut
peu de jours après. Cetoit un barbare plus humain
que beaucoup de -conquérans très-polis.
TOUCHE (Claude Guymond de la ) {Hifl. litt.
mod. ) né en 1719 , fut d’abord Jéfuite , mais fon.
goût pour la., poëne & le théâtre l’obligea, de quitter
cette fociété; il ht à ce fujet la pièce qui a pour, titre :
les Soupirs du Cloître , ou le Triomphe du Fanatiftm.
Qn a~.de luiauffi un éEpître à J Amitié, dont-on s’eft
occupéquelques momens; mais c’èft fur-tout par fa
tragédie d’Iphigenie en Tauride qu'il'eft connup il la
donna.en 1757, elle eut un fuccès exagéré le jugement,
des leéleurs révoqua celui des fpe&ateurs ,. mais
elle eft.reftée au théâtre.. .
On fut gré à l’auteur’d’avoir pris pour modèle de
fon plan la. fimplicité d’Euripide , de n’avoir point
mêié de paffion étrangère aux mouvemens de la
Tfauiré & de l’amitié. Racine , qui s’étoit propofé de
traiter ce fjjet f^y introdüifoit un fils de Thoas amoureux
d’Iplf génie ; c’étoit trop fe livrer'à fon goût pour
les intrigues amoureufes , il eût fit fans doute tirer de
ce défaut des beautés immortelles ; mais enfin c’étoit un
défaut , M 'Ûe la 'Touche L’a évité,.
Dans Fopera d*Iphigénie en Tauride , Thoas 8â
Pylade forjt amoureux d’Eleélre , & cette rivalité ré-*
pand fur la pièce un intérêt puiflant , auoiqu’étranger.
D’ailleurs _, cette intrigue femble juftifiee par la nature^
du fpeââcle.
• Dans YOrefle & Pylade, de la Grange , Thoas efl:
auffi amoureux d’Iphigénie ; celle-ci & Pylade conçoivent
l’un pour l’autre une paffion fubite , qui nfa:
nf toute la vraifemblance ni tout l’intérêt néceffaires.
M de la Touche a fuivi Euripide autant que la.
différence de l’un &.l’autre théâtre a pu le permettre.1.
Dans tous les deux poèmes , le commencement eft:
rempli par les plaintes d’Iphigénie fur les horreurs de:
fa deftinée, par fes répugnances pour les facrifice$>
affreux que fon miniûère exige d’elle
Invita peragens triflia facra manu
par des alarmes fur te fort d’Oreftè , redoublées par un
longe amené, fans art dans l’une & dans l’autre pièce. Si
la marche du refte de la pièce ne correfpond pas auffi;
parfaitement dans les deux ouvrages, c’eft quechezle
poète Grec le vuide de l’aéf.on eft en quelque forte
rempli par les fréquens intermèdes,. & que cette reff-
fource manquant à l’auteur François , . 1’a obligé d’i--
ma<nner quelques- incidens qui variaffent la forme d’un
intérêt toujours le même au.fond. Voila pourquoi
au commencement du fécond acte »Orefte féparé de ■
Pylade , a fur le fort de cet ami des inquiétudes qui
rendent leur réunion plus touchante voilà pourquoi
Iphigénie ,. après s’être flattée de fkuver les deux;
étrangers',, eft.forcée , àu troiftème aéle , fur d’affez.
frivoles prétextes allégués par fes amis , d’en fâcrifier
un ; & fi cet incident n’eft pas ingénieufement amené »,
on lui doit du moins la belle fcène du combat généreux.
entre les deux amis. C ’eft encore pour donner de la ,
variété à l'intérêt,. qu’au quatrième aâe , Pylade en.
qui réfide toute l’efperance d’Iphigénie , eft: annoncé.
comme mort dans un récit trop confus & trop peu,
vraifemblable » & qu’au cinquième , ce même' Pylade.
ayant ménagé lourdement une révolution trop peudéveloppée
dans le cours de la pièce, arrive tout-à-
coup comme un dieu qui defeendroit du ciel , au moment
du plus grand danger d’Oreftè, l’arrache à la.
mort , en égorgeant Thoas»reconnoît Iphigénie,&.
l’enlève de la Tauride avec la ftatue de Diane, La .
plupart de ces défauts, ni les beautés qu’ils amènent,
quelquefois, ne font point imités d’Euripide..
L’auteur a cru que des fpeélateurs François, accoifr
tumés à une aétion v ive, preflee , rapide, féconde •
en incidens trouveroient trop sèche ,'trop nue, trop-
ftérile l’extrême fimpl’cité du poète Grec. Il s’eft contenté
de je fuivre dans les grandes fcènes ,. telles que
celle où Iphigénie interroge Orefte & Pylade, celle-
où cës deux amis fe difputent l’honneur de mourir ,
celle où Pylade cédant en apparence aux raifons d’D-
refté , fe charge du malheur de vivre, & reçoit
d’Iphigénie la lettre qu’elle écrit à fes parens ; celle
enfin de la reconnoiüance entre Orefte & Iphigénif ?
6h dé’taillaftt les traits de refîemblance 8c de différence
entre chacune de ces fcènes dans les deux poètes ,
yoici ce qU-on trouve :
Dans la fcène où Iphigénie interroge les deux étrangers,
elle éprouve le même trouble à leur afpeél; elle
lent la même prédilection pour Orefte , le même défir
de le fauver ; elle fait les mêmes queftions fur toute la
race des Pélopides, elle reçoit les mêmes reponfes: •
toute la différence confifte dans une équivoque adroite
d’Orefte dans la nouvelle Iphigénie ^ lorfqu’il eft interrogé
fur le fort d’Orefte même.
Il a cherché la mort, quil a trouvée enfin,
Orefte veut- parler du facrifice qu’on prépare , &
Iphigénie croit apprendre qu’Orefte étoit mort avant
que ces étrangers euflent quitté la Grèce. De-là le dé-
fefpoir d’Iphigénie & le redoublement de l’intérêt.
Dans Euripide , l’étranger avoue qu’Orefte eft.vivant ;
&. Iphigénie ,* confolée par cette nouvelle , rit de
l’impremon qu’un fônge où elle avoit vu mourir Orefte,
avoit faite fur fon coeur. Elle efti donc, un peu moins
malheureufè, par conféquent un peu moins intéref-
fante chez Euripide que chez M. de la Touche, -
La fcène de la dilpute héroïque entre les deux amis,
fe trouve dans Euripide auffi-bien que dans M. de la.
Touche. En effet , elle eft eflehtielle au fujet d’Iphifénie
en Tauride. Rien n’eft fi fameux dans toute
antiquité que cette difpute. Tout le monde connoit fur-
tout ces vers d’Ovide , au 3 V livre de Ponto ,
épitre. 2de,.
Ire jubet Pylàdes-• carum moriturus Oreflem ,
Hic negat, inque vicem pugnat uterquemon, .
Extitit hoc. unum quod non convenerit ïllis :.
Çceiera pars concors & fine lite fuit.
Diim peragunt juvenes pulchri certatncn A maris. &c.
M. de la Touche, dévoit donc retracer ce dévouement
généreux, comme ilTav fait ; .c-n pourrpitseulement
trouver qu’il a pris peu de foin d’dbferver
dans le- ftyle,. les- nuances délicates qui diftinguent
lès différens fentimens.. Pylade retrouvant Orefte ,
J’appelle ::
O moitié de mon être
C ’eft rendre un peu trop fortement l’expreffion
d’Horace peut-être un peu. trop forte, elle-même
pour l’amitié.
Ahirnot dimiâium mecev
.©refte , ravi de le revoir, s’écrie :
Je fens mon ame errer fur mes lèvres tremblantes^
Cès expreffions trop animées , ces mouvemens impétueux.,
doivent être yéfervés pour des paffion?
moins fages & moins douces que l’amitié. Orefte j
dans Andromaque, retrouve auffi Pylade , après des
périls & des malheurs ; voit-on qu’il exprime fa joie
par ces expreffions paffionnées , par ce défordre
dés fens ?
O u i, puifque je retrouve un ami fi fidèle 1
Ma fortune va prendre une face nouvelle ;
Et déjà fon courroux semble s’être adouci
Depuis qu’elle a pris foin de nous rejoindre ici'
Tel eft le ton doux & meforé qui convient à
Pàmitié. Racine , ce grand peintre des paffions ne
confondoit point les couleurs ; cependant * quoique
Orefte & Pylade, dans Andromaque ,.expriment leur
tendrefle avec moins d’impétuofité , ils ne là fignalent
pas par des témoignages moins éclàtans , & la belle
réponfe de Pylade à. Orefte , qui lé conjure d$
l’abandonner : :
Allons, Seigneur,. enlevons Hermione ÿ
ne le cédé point peut-être au defir dé donner fa
vie pour fon ami. Le Pylade d’Andromaque facrifie
tous fes devoirs à l’amitié ; le Pylade d'Iphigénie ne
facrifie que fa vie. Dans le genrè. héroïque, ce .dernier
effort eft le moindre.
Cette même fcène , & la fcène eorrefpondante -
dans Euripide, ont deux différences effentiellés. La
première confifte en ce que le pqëte Grec amène:
fans incident la difpute des dèux amis , en- fuppo-
fant qu’une feule vi&ime fuffit à Diane , & que la-
prêtreffe peut prendre fur elle de fauver un des-
deux étrangers, au lieu que M. de la Touche, par
des raifons que nous avons indiquées , donne à Iphigénie
le projet &.lefpérance demies fauver tous deux ,,
& fait enfuite trahir cette efnérance par les amis
mêmes d’Iphigénie. La fécondé différence eft dans le
ton que les deux poètes font prendre à Orefte. Euripide
lui conferve dans cette difpute le caractère doux &
tendre de l’amitié- ; M. de là Touche s’attache à exprimer
le caractère violent- d’un homme livré aux
furies; Peut-être cette différence eft-elle a l’avantage °
dé M. dé la Touche ; il étoit peut-être nécessaire que
les' moindes difeours, que les raifons mêmes d’Orefte:
portaffënt l’empreinte de fes fureurs. Cette tirade,,,
à quelques vers près qui la.déparent , a. véritablement
de: l’éloquence.
Ai-je quitté pour toi îé trône & ma patrië ?
L’horreur de tes forfaits , ta rage & tes remords
T ’ont ils ici conduit à travers mille morts ?
Parricide vengeur du meurtre de ton père,
Ton bras dégoûte-t- il dû meurtre de ta mère ?; » . ^
Vois-tu fuir devant toi la terre épouvantée
Marcher à tes côtés ta mère enfanglamée ?
V ois-tu d’affreux ferpens de fon front s’élancer
Et de leurs longs replis te ceindre & te prefter?., , s
T u m’aimes, & tu veux qu’en cet horrible état ?
^uccrafç fops.le poids de mon çoir