
re'nc avoit prife pour * elle , afin de ne fa pas
donner au duc d’Enghien , à la mort de l’amiral
de Bréze-, beau-f: ère de ce prince ; la reine s’en
démit en faveur du duc de Vendôme , & en donna
la furvivance au duc de Beau fort r fécond fils de
,Cçfaj*. La cour, alors ennemie des princes, s’é-
toît tournée du côté des frondeurs, à la tête desquels
etoicnt mdîieurs de Vendôme, nommément
le duc de Beau fort. Cefar fervit fort bien la cour
en Guyenne, pendant la guerre .moitié civile, moitié
étrangère. En 1653 ^ ?r t Bourg, il fournit Bordeaux
en fermant le perr de cet’e ville aux fecours
quelle attendait de i’Efpagnr. En 1654, il repré-
fenta le duc de Normandie au facre de Louis XIV.
En 16 $ f , le 29 feptembre il mit en fuite la flotte
d.Efpagne devant Barcelone. Il mourut à Paris le
t l oéïobre \66$ ; il laitfa deux fils.
Louis duc de Vendôme 8c de Mcrroeur, qui
ép^ufa Laure Mancini , nièce du cardinal Mazsrin ,
dont il eut le fameux duc de Vendôme , oéné-
ra'iffime des armées de France 8c d’Efpagne ,*& le
grand-prieur.
z°. Le duc de Beaufort, voyeç Br aufo rt.
L o u is Jofeph , duc de Vendôme 8c de Mcrccrur ,
f i l s aîné de L o u is , eft celui qui a donné le plus
d éclat au nom de Vendôme• Il f ît un des fculs
généraux qui foutinrent encore la goire & Ja ,
fortune de la France, au milieu des céfaft es de
cètie .longue guerre de la fucceflion d’Efpagr.e.
Il avoit fait fes premières campagnes dans la guerre
de 1672 ; il avait fuivi le roi, cete même a rince,
à la conquête de la Hollande, en qualité de
volontaire, il le fui vit de même dans tcu es les
autres campagnes de cette guerre. 11 fe diftingua
aux lièges de Luxembourg en 1684 > de Mons
en 1691 y de Namur en 1691 , & aux batatl.es
de Steinkerque en 16 9 1 , & de la 'Ma-faiilë en
1&9 \ \ il communia en > 6 9 $ y d aboidcn Provence,
enfuite en Cata'ogne. En 1697 t il prit Barcelone,
battit le vice-roi de Catalogne, Velafco, & fut
fait lui -même vice-roi de Catalogne pom la France.
Dans la guerre de la fucceflion . comraan lai t 1 n
I alie, il.compatît .'e prince E: gène a\e: t^ute
l ’émulation de la rivalité , & lui livia piûfi.eur--
batailles où l’on s’attribua de parc 8c d'autre la
vidoire ; mais il étoit beau de- pouvoir dire d’un
ennemi tel que le prince Eugène :
S i qu&ritis hujus
Fortunam pugn& , non fum fuperatus ‘ab illo.
Le principal avantage de ces affaires paraît
même avoir été du côté -du due de Vendôme. J
Le fruit de la bataille de Luzaia, livrée par et- I
prince au prince Eugène , le 1 f août 1 7 0 2 , fut I
Ig. prife d-- Luz ra & 'e Guaffalla , 8c avar.t c-vtf I
bataille , Je duc de Vendôme avoit 1 aie lever le I
blocus ds Mantoue au p:inc: Eugène, le 1 aeût; *
le iS juillet il avoit défait le général Vifcoitti,
à Santa-Vittoria.
L e 1 6 août 1705 , il livra encore au prince
Eugene, en Italie, » batail e de Caffano ; le
prince Eugène y fut blefle , le' duc de Vendôme
y eut un che'al tué fous lui , les fruits de ce
om'*at furent la prife de Ve;ue, de Soncino, de
M; ntméiian.
Le 1-0 décembre 17 16 , il livra, en Efpagne ,
au comte de Sfcaremberg, la batail e de Villa-
vicioi'a, qui fie époque' 8c révalutic n. Le roi
^ d Elpagne , Philippe V , qui s’cioit < éjà trouvé
’ 'n perfomie avec M. de Vendôme y à !a ba aille de
Luzara, le trouva encore à celle de Vüla-viciofa.
On fait que Philippe V abandonné par Louis X IV ,
fl n ayeul, lui avoit demandé pour dernière grâce
un homme, un feui homme , c’éto t le duc de
V e n d ôm e ; ce général n’-.voit point alors de ccni-
mandemert , il étoit affez négligé en France ;
Philippe V , qui en 1702 avoit fait h guerre avec
lui en Lombarde, le jugeoit fe;;l capable de .rétablir
fes affaires j en quoi il jugeoit bien diffe-
emment, & bien plus (a nement du duc de Vendôme
, que le duc de Bourgogne, qui ne le trouvo.it
nullement général y ce fc nt les termes d’une le trei
éefte parle duc de Bourgogn • à mada-i e de Main-
tenon, après le combat d’Oudcnarde , tn 1708.
Il faut pourtant avouer que les nouveaux mémoires
de Noailles font appert voir fenfiblcment beaucoup
dp fau-es & de négbgen - s eu duc de Vendôme,
même dans cette derniè.e expé-i t en d’EIpagne.
Quelques ifftoriens modernes, en convenant des-
excellei res qualités naturelles & acqui ev du duc
ue Vendôme , de fon amour févère pour l’ordre.,
& la jufiice , de fon amour tendre pour le peuple ,
'"‘e fôn affabilité genéreufe à l’égard des folciats,
d- f n npp.ication aux affaires, de fvn ex élitude
ferupu • ufe à remplir tous fes devoirs, enfin de la
perf d on raciale on il croit parveru en tout genre ,
! ont pa u douter de fes ta’ens militaires.. C e doute
a pour exeufe j a ürelle la née édité de pronoticec
entre le duc de Bou-gogne & le duc de Vendôme,•'
dans la campagne de 17 8 , & d’en a tribuer les
de fa Ares a 1 un ou a l’autre. La répu rat on de M. de
Vzndôme, fes fuccès., la manière dont il 1 établit
dar.s la fuite les affaires dëfefpcrées de Philippe V ,
.en Efpagne, une forte de faveur populaire que fon
oppofition meme au duc de Bourgogne & au parti 1
dp la cour lui avoit valu, la jeun elfe du prince ,
fon inexpérience préfu.mée , tout concourait à faire
donî'er la pr.ftr nce à M. de Vendôme, 8c à faire
rejetier fur le prince , les fan tes & les malheurs
de ce te campagne. Nous av0i s déjà dit que les
m mornes de’ Noailles avoieiit répandu quelques
ombres /ur la gloire de M. de Vendôme ; les
mémoires du maréchal de Beiwick, qui ont aufli
r-aru depuis quelques années, nous ont encore
difbolés à îemetirc la chofe en queflion, & i
concevoir que l'Inapplication, la négl gence & la
parefle connues de M. de Vendôme, dans les
détails du commandement, pouvoient etre uee
compenfation funeffe destraits de génie & descoups
de maître dont il devenoit capable dans l ’occafion.
D’après les fuccès du duc de Bourgogne dans
d’autres expéditions , d'après l’autorité du maréchal
de Berwick , d’après beaucoup de circpnftances,
on peut douter que les malheurs de la campagne
1708 doivent êtie imputés au duc de Bour-
gogne plutôt qu’au duc, de Vendôme. Ceux qui
ont racowé qu’un courtifan du duc de Bourgogne,
le marquis d’O , dit un jour au duc de Vendôme:
•voila ce que cejl que de n aller jamais a la meffe ;
aujji vous voyei quelles font nos difgraces , & que
Vendôme répondit : croye'^-vous que Marlborough
y aille plus fouvent que moi ? n’ont peut - être
vou!u que je ter du ridicule fur la dévotion qui
régnoit alors à la cour de Louis X IV , & dans
les camps du duc de Bourgogne.
Il paraît par les mémoires du maréchal de Ber-
wick, que M. de Vendôme ne put fe défendre
de quelque jaloufie à fon éga rl, & que ce i n timent
, indigne oLin fi gn n i homme, en le r-'ndart
contraire aux vues de M. de Betwick , influa
trop fur fes déterminations èc fur les opérations de
cette malheureufe campagne de 1708. On peut
voir fur cette méfinteliigence des deux généraux, &
fur les fuites qu’el'e entraîna , la cotrefpondance
de M. de Berwick avec M. le duc de Bourgogne , &
dz M. de Vendôme avec le roi & M. de ôhamillarr,
fans le n°. 1 des notes du fécond volume des
mémo’res de Berwick.
Nous apprenons par ces mêmes mémoires, que
Philippe V n- demanda, en 1 7 ^ , au roi fon
ayeul, M. de Vendôme, qu’a près avoir demandé
M de Beiwick , & que fur le refus qu’on avoit
Fait de le lui envoyer , parce qu’on avoit befoin
en Dauphiné & ai'leurs | des talcns & des fervices
de ce général. Plufieurs hifforiens françois avoir nt
donné à M. de Vendôme tout l’avan âge de la
bataii'e de Villa vicio'a 5 la veille, M. de Vendôme
avoit pris d’a fiu t Brih.iega , & comme c’étoit
pour faire lever le fiége de ce'te ville que M. de
Staremberg s’étoit avancé, il parut avoir perdu la
bataille , puifqivil en avoit perdu l’objet, l a vérité
eft qu’on put s’arribuer 8: qu’on s’attribua de part
& d’autre la vidoire. Cependant l’auteur de la
rivalité de la France & de l’Angleterre, ayant mis
ce'te ba’ai.le au rang des affbre- indécilcs, plu-
fitu s gens de lettres lui en témoignèrent leur
étonnement; ils n’avoier.t pas le moindre doute
fur la ple'ne vîdoire de M. de Vendôme. M. de
Berwick va plus loin que. l’auteur d| la r i v a l i t é ;
il dit formellem nt que le com e de S:ar:mberg
eut l’avantage à la ;o îrnée de Vilb-vicio'a. Cet e
opin on contraire à d ver fes relatons, & même à
l’opinion générale, eft appuyée par une let re du
roi d.Erpaj,pe"lui-même', écrite le u décembie
17TO, cveû-à-dire le lenlema'n de l^zffaire , &
rapportée dans ces mémoires de Bervrick, fous Je
n°. 3 des notes du fécond volume.
Au refte , il n’y a de doute que fur le fucres de
la journée même, car les fuites fuient entièrement
à l'avantage du roi d’Efpagne & de monfieur de
Vendôme.
Nul n’a mieux jugé , ni mieux peint le duc
de Vendôme 8c le grand prieur, fon frère, que
l’auteur du fiècle de Louis X IV , qui avoit vécu avec
le dernier.
« Le duc de Vendôme, dit-il, petit fils^ ae
Henri IV , étoit intrépide comme lui, doux, bien-
faifaht, fans fafte , ne connoiflant ni la haine, ni.
l ’envie, ni la vengeance. Il n’étoit fier qu’avec
des princes , il fe rendoit l ’égal de tout le refte.
C ’étoit le feul général f us iequc-1. le devoir du
fëfvice & cet inftinét de fureur purement animal
& mécanique, qui obéit à la voix df's officiers ,
ne menaflent point les foldats au combat; ils com-
battoient pour le duc de Vendôme 3 ils auraient
donné leur vie pour le tirer d’un mauvais pas, où
la précipitation de fon génie l'entraînoic quelquefois
Il ne paffoit pas pour méditer fes defleins
avec la même profondeur que le prince Fugène ,
& pour entendre, comme lu i , l ’art de fa re lub-
fifter les armées. Il nég’igeoit trop les détails}
il laiffoit périr la difeipiino militaiie ; la table &
le fommeil lui dérobo;ent trop de tems, a ffi-bien
qu’à fon f ère. Cette molL-fle le mit plus d’ une
fois en danger d’être enlevé ; mais un jour d’action
il réparait tout par une préfence d’efprit, &
par des lumières que le péril rendoit plus v ive s , &
ce» jours d’aftiors il les cher choit toujours ; moins
f.u’t, à ce qu’on difoit, pour une guerre'défenfive , &
aufli propre à l’offenfive que le prince Eugène
» Ce défordres & cet‘e négligence qu’il portoit
dans le ’ a mees, il l ’avoir à un excès furprenant
dans fa maife-n , 8c même fur fa perfo^ne. A force
de Jhaïr le fafte , il en vint à une malpr prêté
cynque dont il n’y a point d’exemple; & fon cié-
, fintérefleme! t , la p’us noble des vertus, devint en
lui un défaut qui lui fit perdre , pat f n dérangement,
beaucoup plus qu’il n’eût dépenfé en b en-
faits; on l’a vu manquer fouvent du ne ce/Ta ire.
Son frère, le grand pri ur, qui commando t fous
lui en Italie, avoit. fous ces mêmes défauts, qu’ .l
Doufloit eueorc plus loin, & qu’il ne rachttoit que
par la même valeur. 11 étoit étonnant dè voir
deux .généraux ne for ir fou vert de leur lit qu’à
■ juatre iieur-.s après midi , & deux princes, petits
fils de Heur; I V , plongés dans une négligence
de leurs per'on nés, dont les plus vils des homme s
auraient eu honte ».
Lé duc de Vendôme mourut à Vîn^ros en Efpagne,
le i l juin 17 12 , de e nq1 ante Huit ans3 il eft