
foulevant contre lui fon propre frère , le duc de Gla-
rençe, auquel il donna fa fille aînée, qu’Edôuard
avoit tenté de féduire , parce qu’elle étoit belle, &
parce qu elle étoit fille de Warwick.
Il reftoit une fille au comte de Warwick, il la
donna au prince de Galles, fils de Marguerite. De
ce mariage & de celui du duc de Clarence, il réfulta
une grande complication d’intérêts. Warvick réunif-
foit les deux Rôles dans fa famille ; beau père à la
fois du prince de Galles & du duc de Cla-ence > il
avoit un égal intérêt aux fucces de la maifon de
Lan aftre, & à ceux de la mai'ôn d'Yorck , il n’avoir
d'ennemi que le feul Edouard. Le duc de Cla-
jence i en quittant le roi fon frère pour lé comte de
Warwi> k a v o i r efpéré le trône; ma:s quand il vit
que la réconciliation d. Warwick avec RÎargueiite,
avoit pour but le rétabliflèment de la mai'on de
Lancaftre, il devint t'ès-fioid fur les projets du
comte, & le roi, fon frère, qui le fa fi'it obferver,
profitant de fon mécontentement, le ramma peu-à-
peu à fhn. parti, mais ce fur long-temps un fecret
ent* e eux.. Cinq cents pay‘ans du parti de Warwick,
gagnent la bataille de Bambury en 1469 ; ils fur-
prennent à Grafion le père & le fié e de la nouvel e
leire , & leur fôr t trancher la tête. Warwick de fon
côté fui prend Edouard & le fait prüonn er; les ciëox
rois font en fa puiffànce; mas Edouard trouve le
moyen d’échapper à fes gardes j bientôt il fe retrouve
à la tête d une armée ; on ménagé entre Edouard,
Wqrvüfîck & Cîaf; n- e ’qui n’avoit pas encore quitté
le part; de Warwick, une conférence , qui fe paffe
en reproches & ne fait qu'aigrir lés efprits. Warwick
.& Clarence courent raflembler leurs amis , &
cependant ils font marcher une armée fous la conduite
de Robert de Wèles, Edouard fe faifit du baron
de Wèles , père de Robert, l’obligé d’écrire à fon fils
pour l’engager a pofer les armes , & fur le refus de
Robert, il fait trancher la têce au vieux de Wèles ;
Robert battu près de Stafford, eft aufli décapité.
Warwick & Clarence, reliés fans armée, retournent
chercher des fecours en France ; mais lorfou’ils
croient débarquer à Calais, Vaucher à qui Warwick
avoit confié la ga^de de cette place en fon abfence,
fait tirer le canon fur eux ; pour comble d’embarras,
la Duchefïe de Clarence fut furprife, dans ce moment
là même, des douleurs de l’enfantement. Elle ac»
coucha fur mer d’un fils , qui porta dans la fuite ,
comme fon ayeul maternel, le nom de comte de
Warwick, & dont l ’article fuivra celui ci. On eut
peine à obtenir que 1'ciifantfut porté à la ville pour y
recevoir le baptême, & qu’on en fît venir les fecours
dont la mère avoit befoin. Cependant Vaucher fit
faire fous main, & peur- être à tout évènement, des
exeufes au comte de Warwick, fur fa conduite,
dont il promit de lui d re les raifons dans un temps
plus favorable. Warwick aborda en Normandie , il
trouva Louis X I , àffez zélé pour la caufe de Lan-
caflre, depuis que le nouveau , duc de Bourgogn
e , Charles Je Téméraire, ayant époufé la feeur
d’Edouard IV , étoit devenu ledéfenfeùr de la fâbïc
d'Yorck. Charles le Téméraire étoit comme le comte
de W a rwick, & comme quelques autres, allié aux
deux maifons rivales ; il defeendoit par faYnère, de
la maifon de Lancaftre, & avoit époufé une Yorck,
feeur d’Edouard IV , Ce dernier titre étoit le plus
puiffanc fur fon aipe, & il ferv.ôic la eau Te d’Yorck ;
en conféquence Lo.uis XI combloit d’égards &
d'honneurs Marguerite d’Anjou & fon fils, il avoit
voulu que le jeune prince de Galles fût un des pa-
rains de Char es V I I I , qui venoit de naître. Le comte
deWar wick obtient de Louis quelques fecours,il s’em-
i barque & trouve le pafiagefermé par une flotte con-
fidéi able que le duc de Bourgogne tenolt en mer pour
l’enlever. Cette flotte fe diffipe à fa vue, foit fai fie
d’une terreur panique, foit pouffée par les vents
contraires; Warwick reparoit en Angleterre,le Lord
Montaigu fon frère ( yoÿe^ l’article Montaigu ) lui
livre l’armée royale, dont Edouard lui avoit avec
beaucoup d imprudence confié le commandement.
Edouard s’enfuit dans les Pays-Bas à travers mille dangers
, fa femme va chercher fa fureté dans l’a file de
Weftminfter, où elle accoucha de fon fils aîné, qui
fut dans la fuite Edouard V , Henri V I , remonte
fur le trône, Edouard erra quelque temps dans 1eS
états de fon beau-frère le duc de Bourgogne, qui
trop occupé alors contre Louis X I , & ayant befoin
de toutes fes forces, neconfentit à fecourir Edouard
que foiblement, & que.le plus fecrétemenc qu’il fut
poflibie.
Edouard rentre en Angleterre , le duc de Cla-
rcnce fon frète éroit encore uni avec Warwick ; ee
fut alors qu’Edouard parvint à ciairer efficacement
avec Clarence , qui trahit Warwick , comme Montaigu
avoit trahi Edouard. Ce monarque heureux &
chéri eft introduit dans Londres par fes amis, fes
créanciers & fes maîtrefle* ; Warwick eft défait &
tué avec le Lord Montaigu , (on frère , à la bataille
de Bamet, livrée le 14 avril 1471 ; l’archevêque
d’Yorck, leur frère, mourut de douleur après avoir
langui dans les fers ; la comtefle d’Oxford , leur
feeur fut réduite à vivre du travail de fes mains ; fon
'mari, enfeimé dans une citadelle, y refta douze
ans. Henri fut de nouveau précipité du ttône &
pour jamais , le prince de Galles , (on fils, pris à
la bataille de Tewkerbury , aufli en 14 7 1 , fut
amené devant Edouard & fes frères, qui le mafla-
crèrent_, Marguerite d’Anjou retourna en France,
où elle pafla le refte de fa déplorable vie à regretter le
trône 8c à pleurer fon fils.
30. On fait par quel tiflu de crimes, le duq, de
Glocefire , fécond £1 ère d’Edouard I V , après avoir
exterminé les Lancaftres, fit aufli périr prefque tous
ceux des Yorcks qui le préccdoient dans l’ordre de
la fucceffion , & s’ouvrit le chemin du trône. A fon
inftigation & fur fes perfides innnuations, Edouard
IV avoit fait noyer le duc de Clarence fon frère,
dans un tonneau de Malvoifie 3 Edouard étoit mort
î>eii de temps après, laifiant deux fils que le duc de
Gloceftre fit difparoîcre, il prit la couronne;c’eft le roi
•Richard III, le plus décrié de tous les rois d’Angleterre.
Il avoit époule Anne, l’une des filles du
comte de Warwick ; c’étoit elle que Ton père avoit
donnée en mariage au prince de Galles, fils de
Henri VI & de Marguerite d’Anjou , fi indignement
malîacré par Richard lui-meme après la bataille de
Tewkesbury : elle alla fe jetter dans les bras du
meurtrier de fon premier mari ; elle fut malheureufe
le méritoic bien; on ne daigna pas même la
plaindre.
‘ Nous avons dit que fa foeur aînée avoit époufé le
duc de Clarence, & qu elle en avoit eu un fils, qui fe
nommoit le comte de Warwick, du nom de fon
ayeul maternel; c’étoit qui lui étoit né furla mer, a la
vue de Calais, pendant, que le canon du port tiroit
fur le v ai fl eau qui portoit fes parens. Richard III ,
fe contenta de le tenir enfermé ; il eft étonnant, d’après
fon caraâère défiant & cruel, qu’il laifïat vivre
un prince dont les droits au trône précédoient les
fiens. La deftinée du comte de Warwick fut déplorable
Henri VII, vainqueur & fuceeneur de Richard
III, tint quelque temps aufli Warwick enfermé.
Cet infortuné, privé de 1 air & de la lumière,
étoit élevé dans une telle ignorance , qu’il ne favoit
pas même le nom des animaux domeftiques de l’ufage
3e plus commun. Henri VII étoit haï , du moins
il avoit aflez d’ennemis pour que les .conjonctures
panifient favorables aux aventuriers pour tenter fortune
, en prenant le nom de quelque prince chéri &
malheureux. Le bruit coui ut qu’une vidime étoit
échappée au cruel Richard 111; que le jeune duù
d’Yorck, fccond fils d’Edouard IV, vivoit caché
dans un coin de l’Angleterre. Un prêtre d’Oxford,
nommé S'mon, imagina de préfenter fous le nom
du duc d’Yorck, un jeune écolier qu’il élevoit & qui
fe nommoit Lambert Simnel, fils d’un menuifier ou
d’un boulanger. Vers le même temps un autre faux
bruit fe répandit que le comte de Warwickr, fît s du
duc de Clarence, s’étoit échappé de la tour de
Londres ou il étoit enfermé; Simon iftors changea
de fable, & fon élève fut le comte de Warwick, irn-
pôfture encore plus aifée à détruire que l’autre.
Warwick avoit vécu quelque temps à la cour
d'Edouard IV, tien des gens le connoifloient; il
étoit difficile d’ailleurs que Simnel reffemblât également
aux deux princ’es' dont ii jouoit le rôle, tour
à tour, & fur-tout il étoit mal-adroit & dangereux de
lé faire palier pour un prince qui pouvoir paroîtié à
tout moment, foit qu’il fût en prifon, foit qu’il fût
libie. Tous cês ôbftaclcs n’arrêtè-enc point Simon ;
il fit embarquer Simnel pour l'Irlande , où il féduifît
fans peine des et nemis du gouvernement qui vouloient
être féduits *, il fut couronné à Dublin ; des yorckîftcs
anglois commençoùnt même à fe déclarer pour lui.
Henri VII crut que pour détruire 1e parti de Simnel,
il fuffifoit de montrer Warwick au peuple; mais ce
fut fur Henri qu’on rejet ta FÂmpoftïue : on vit Wats,
wick, & l ’on nia que ce fût lui, on’ avoit réfolu de
croire à Simnel, il fallut en venir aux mains;
Hem i VU fut vainqueur à la bataille de Stoke, près
de Newarck, en 1487. Simnel tomba entre fes
mains; le roi le fit fervir d'abord dans fa cuifîne
comme marmiton, enluite dans fes chalfes, en qualité
de fauconnier.
Bientôt un nouvel aventurier vint réclamer la
couronne. Celui-ci preténdoit être le duc d’Yorck,
fécond fils d’Edouard IV ; il fe nommoit Perkin
Warbeck ; il étoit réputé fils d’un juif nommé Osbeck.
( Voye.^ l'article W arbeck). Après divers fuccès
il fut pris; on le mit à la tour de Londres, & il paroît
qu'on fe fervit de lui pour perdre le comte de
Warwick. Ferdinand & ïfabe’le qui négocioient alors
ie mariage de Catherine d’Arragcn leur fille avec le
prince Arthur, frère aîné de Henri V III, montrèrent,
dit-on, quelques doutes fur la déclaration par laquelle
Peikin s’avouoit pour impofteur, déclaration qu’on
avoit exigée de lui,pour prix de la yie qu’on lui laifloit.
Cette déclaration fut imprimée & publiée, mais elle
cto t fupeiflue pour ceux qui ne le croyoient pas le duc
d’Yorck, &.félon Fufage, elle parut infuffifante aux
autres. Les doutes que conservèrent, ou qu’affedèrent
Ferdinand &c Ifabelle, ou qu’on leur imputa, furent
mortels, & à Warbeck , & au comte de Warwick.
L ’exiftence de celui-ci parut fur-tout les inquiéter.
Ils vouloient bien donner leur fille au prince Arthur ,
mais ils vouloient que les dto ts de ce prince à la
couronne fuflent à l’abri de ; tou te conteftation , &
ils n’ofoients'en flatter,tant qu’il refteroit un rejetton
mâle ^ ou réel ou fuppofé ) de la maifon d’Yorck.
Henri V il ne chercha qu’un prétexte pour les fatiT-
faire, peut-être même ne fit-il que füpppfer les prétendues
inquiétudes de Ferdinand & d'Ifabelle, pour
avoir une occafîon de fe délivrer des fîennes.
Quoi qu’il en foit, on commença à donner à Perkin
Warbeck plus de liberté , dans l’efpérance
qu’il en abuferoit ; on lui permit de voir le comte de
Warwick , dans l’efpéiance qu’ils eorifpireroienc
ehfembie. ' Perkin fut fon premier ma tre , il Fin(-
truififc du droit général que tout homme avoit à la
liberté, & des droits particuliers que. lui, Warwick ,
avoit au trône. Il fut aifé à Perkin d’entraîner
Warwick, fon ignorance aidoit à le feduire.
Sous prétexte de commifération pour les deux
prifbnnieis, on leur permettoit de longues cênverfa-
tions avec les domeftiques du lo,rd Digby , lieutenant
de la tour, & cettepermiflîonétoit un nouveau
piège. Quelques uns de ces domeftiques parurent.le
laifler gagner, ils dévoient tuer leur maître, s’emparer
dès clefs , & s’enfuir avec les deux pri fon ni ers ; iis
furent arrêtés au moment de l’exécution 5 & fur leur
dépofition Perkin fut pen iu , Warwick fut décapité »
deux domeftiques du lord Digby furent aufli exécutés
comme complices.
Pendant que cette trame s’ourdifloit, on
avoit pris foin de la juftifier. On avoit voulu