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lui fit offrir uiiê fornme confidérable, s’il pouvoit ou
s’il vouloit procurer à la Syrie une paix avantageufe.
La réponfe de Scipion fut en fubftance,
Vous connoiffèz bien mal Rome 8i fon génie.
Mais , ajouta-t-il, en s’adreflant à l’Ambaffadeur,
je fuis peu fur-pris que vous ne- connoifiiez pas les
Romains, vous ne connoiffèz pas même Tetat où
fe trouve votre maître & les dangers qui le menacent
; dites-lui qu’il s’en fie à la reconnoiffance d’un
pcre. Il me rend mon fils ; touché d’un tel bienfait,
je prétends m’en acquitter en lui confeillant en ami
de mettre bas les armes , & de recevoir toutes les
conditions que Rqme voudra lui prefcrire ; c’eft le
ieul moyen de prévenir fa perte. On ne réfifte pas impunément
à Rome.
Tel étoit Scipion , il fut cependant cité en jugement
fur une accufation de péculat; on prétendoit, d’après
des conjeéhires vagues, qu’il avoit en effet reçu de
l ’argent d’Antiochus ; on fait comment, dédaignant de
difcutër de femblables foupçons , & fe rappellant qu a
■ pareil jour il avoit vaincu Annibal, il entraîna toute
Taffemblée au Capitole pour rendre grâces aux Dieux
fie les fervices 8c de les viâoires.
Scipion accule fur des prétextes vains ÿ
Remercia les Dieux & quitta les Romains;
B fentit qu’il falloit déformer l’envie, il le retira
'dans la folitude de Literne, où on eut bien de la
peine à le laiffer err paix. ( Voyeç l’article G ra-c-
chüs ) , on ne fait s’il mourut à Literne ou à Rome.
Ï 1 mourut à-peu-près dans le même temps qu’Anni-
è>al, l’an de Rome 569. M. Rollin fait un parallèle
détaillé de ces deux grands hommes ; nous obferverons
lèulement que Scipion étoit plus vertueux que fon
xi val. On l’acculè cependant d’avoir quelquefois
trompé les foldats pour leur inlpirer plus de con-
jfiance, & d’avoir, comme Numa, fuppofé un commerce
jnyftérieux avec la divinité.
70, Lucius Cornélius Scipion, furncmmé YAJza-
tlque, frère de Scipion l’Africain, fait édile avec
lui, fervit fous lui en Efpagne, fut nommé confié
aveç.Lælius pour l’année 562,. Il eut le département
de la Grèce & de l’A fie , 8c fon illuftre
frère , le vainqueur de l’Afrique, alla fervir fous lui.
Il fait la guerre à Antiochus, lé foumet après l’avoir
vaincu, il lui impofe les conditions de la paix, il
çn triomphe & obtient le furnom à'AJiatique. .
Lucius Scipion fut accufé de péculat & condamné.
La vente de fes biens, l’examen de Tes papiers le I
juftifièrent, 8c la honte retomba toute entière for les
perfécuteurs. Caton le cenfeur le dégrada clu rang
de chevalier l’an 568 de Rome : céqui ne fit point
d’honneur -à Caton , qui, auffr bien 8c plus encore
que Fabius , avoit montré en toute occafion là jalon-
fie & fo haine centre cette illuftre maifon des Scipions. _
8°. Publius Cornélius Scipion Nafica , coufin
germain de l’Africain 8c de l’Afiatique , & fils de
Cneïus. A virgt-fept ans, il fut déclaré par le fénat
l’homme le plus vertueux de la république r & çpjnraç
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tel, u fut chargé de recevoir la Mere des Dieux ,
apportée de Pemnonte à Rome, & qui avoit déclaré
par la voix des oracles qu’elle vouloit être reçue
par le plus vertueux des Romains. Tout cela
tient a des fables fuperftitieufes, mais l’hommage rendu
à la vertu de Scipion Nafica, eft vrai & pur. Tout
le crédit de Scipion l’Africain, fon oncle, joint à
cette réputation de vertu, ne put lui procurer le
confulat pour l’an 560 , mais il l’obtint pour l’année
fui vante ; il vainquit lés Boïens & reçut les honneurs
du triomphe malgré l’oppofition du tribun du peuple
Publius Sempronius Bloefos.
90. Son fils de même nom que lui, deux fois
confol, fut auffi cenfeur ; il eut les vertus de fon père.
io°. Un autre Publius Cornélius Scipion Nafica,
confol l’an de Rome 6 14 , dans une conteftation
entre les confuls 8c les tribuns, fut mis en prifon
par ceux-ci : c’étoit la première fois que les tribuns
du peuple fe portoient à cette violence, ce ne fut
pas la dernière. G’étoit un homme hardi & courageux.
Dans une deliberation où il s’agifloit d’un arrangement
relatif aux bleds, il ouvrit un avis peu
agréable au peuple, on l’interrompit par des murmures.
Romains, dit-il, en hauffant la voix, faites
Jilence. Je fais mieux que vous ce qui eji utile à la
république. Toute l’affentblée fe tut avec refpeft. Quâ
voce audita omnes pleno venerationis filentio majorent
ejus aufloritatis quàm fhorum alimentorum curamege-
runt 3 dit Valere Maxime. Ce Nafica fut l’auteur de
la mort de l’aîné des Gracques ( veye^ Gracchus. )
Il n’en fut que plus cher àu fénat, mais il devint
odieux au peuple; & le fénat lui-même , pour le dérober
à la fureur populaire, l’envoya en Afie avec
une commifiion d’où il ne réfultoit qu’un exil honorable
; Nafica ne vit que l’exil, & il mourut de
chagrin en arrivant près de Pergame, l’an de Rome
6zo , emportant les regrets des hommes les plus
vertueux , for-tout du parti des nobles ; Cicéron ,
quoiqu’homme nouveau, fait fon éloge en plufieurs
endroits de fes ouvrages.
1 1°. Un autre Scipion Nafica, ccnful l’an de Rome
641 , & mort dans l’année même de fon confulat,
eut toutes les vertus de fes ancêtres , Cicéron en
. fait auffi l’éloge.
12°. Scipion l’Africain eut deux fils qui ne purent
fotftenir fa gloire ; l’un par défout de tafons,
l’autre, par défaut de fanté. C ’eft celui-ci qui adopta
le fils de Paul Emile, & ce fils de Paul Emile fut
le fécond Scipion l’Africain, qui n’étoit Scipion que
par adoption.* ( Voye^ fur ce qui le concerne, les
articles ; Emiles , Emiliens , Gracchus, Lcelius ,
Lucilius),
i3°.Un Lucius Scipion , confol l’an de Rome 669 ,
fit la guerre à Sylla , qui lui débaucha jufqu’à deux
fois fon armée , & qui le comprit dans les proferiptions.
140. Céfor faifont la guerre en Afrique à Scipion,
beau-père de Pompée , & fachant que le préjugé
vulgaire étoit que le nom de Scipion étoit un garant
infaillible de la viéloire en Afrique, trainoit à la fuita
dans cette guerre ua imbécille , fort décrié d’ailleurs
poug
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I pour ses moeurs, mais qui étoit du nom 8c de la race
[des Scipions. . , ,
Quant au Scipion , beau-père de Ponipee , nomme
Quïntus Çoecilius Metelius , puis Scipion, voye{
Métellus.
SCOPAS ( Hiß. anc. )
Quas aut Parrhafius protulit aut S copas J
Hic Saxo, iiquidis ilte colorïkus ,
Solers nunc hominem ponere, nunc Deum.
On voit par ces vers,que cet artifte grec étoit
pour la fculpture , ce que Parrhafius etoit pour la .
peinture. Il vivoit environ 430 ans avant J. C. Ses
chef-d’oeuvres étoient une, Venus, tranfportee depuis
à Rome, & le fameux Maufolée qu Artemifo avoit
[fait ériger dansHalicarnaffe à Maufole , roi de Carie ,
[fon mari. Ce monument étoit une des fept merveilles
du monde.
SCORDISCIENS, f. m. pi. ( Hiß..anc. ) peuple
t de l’ancienne Thrace , mais originaire de la Gaule ,
qui vainquit les Romains. L’ufage de l’or & de
;l’argent étoit défendu dans leur pays, ce qui ne
[les empêcha point d’aller, fous la conduite de
[ Brennus, piller le temple de Delphes. ^ A . R- )
S CO T , ( Jean ) Voye^ D uns,
SCOTES, f. m. pl. ( Hiß. anc. ) peuples qui, du
fems des Romains, habitoient la partie feptentrionale
de llle de la Grande-Bretagne, d’où ils faifoient de
fréquentes, incurfions dans les provinces méridionales
occupées par les Bretons , „& lès Romains leurs
vainqueurs. C ’eft d’eux que defcendent les Ecoffois
dont le pays fe nomme encore en latin feotia. Lés
: S cotes ne furent fubjugués que fous l’Empereur
! Julien. ( A. R. )
Sco t , ( Jean ) dit Engine, ( Hiß. litt. mod. )
Bel-efprit Philofophe & Théologien. Charles le chauve
i’honora d’une amitié particulière, il ne pouvoit
fe paffer de fo conversation ; il le faifoit coucher
dans fo chambre. Ce Jean Scot avoit compofé for
l’Euchariftie , un livre qui l’a fait regarder par .quelques
uns , comme le premier auteur de l’Héréfre
\ facramentaire ; Bérenger s?appuyoit fort fur cette
• autorité ; le Concile de Rome tenu en 105^9 , près
de deux fiècles après la mort de Jean Scot, obligea
Bérenger à. jetter çe livre au feu, de peur d’y être
! jette lui-même. ( A. R.')
Jean Scot, qui avoit été focramentaire for l’Eucha-
■ riffie, fut Pélagien fur la grâce. Prudence, Evêque
de Troyes , le réfuta. v
, Scotti , ( Jules-Çlément ) ( Hiß. litt. mod. ) Ex-
Jéfoite , quoique Profés des quatre voeux, eft, dit-on ,
l’Auteur d’une Satire contre les Jefuites, intitulée :
Monarchia Solip forum , 8c qui a été traduite en françois
par Reftaut, auteur de la Grammaire. On a encore
de Scotti, d’autres ouvrages toujours relatifs à la fociété
des Jéfoites, de potefiate Pontificiâ in Societatem Jefu.
mort à Padoue en 1669,
Hißoire. Tome V*
s e u
SCQ TUS , ( Voyc{ Mariamus. )
SCRÏBANIUS, ( Charles, ) ( Hijl.lîtt. mod.)
jéfuite Flamand, auteur d’un ouvrage intitulé Amphi*
théâtre d'honneur, que Pafquier 8c Cafoubon appelaient
Amphithéâtre dhorreur, pour les maximes
régicides qu’il contient. Un autre écrivain appelle
l’auteur un Ravaillac théologien. Il s’eft deguifé fous
le nom de Clarus B o n a r fç iu s anagramme de fora
vrai nom, Carolus Scrïbanius ; né en 156 2, mort
en 1629,.
SCRIVERIUS , ( Pierre. ) ( Hiß. litt. mod. )
fovant hollandoi’s , a publié le premier les Fables
d’Hygiri ,. 8c donné de bonnes éditions de Végèce f
de Frontin & autres auteurs qui ont traité de l’art
militaire. Il a écrit l’hiftoire de la 'Hollande fon pays',
Batavia illuflrata , Batavia. Comitumque hißoria, mort
en 1653.
SCUDERI, ( Hiß. litt. mod. ) 1és Scuderis font
d’une ancienne famille, originaire du Royaume de
Naples, établie depuis long-temps en Provence, 8c
Georges de Scuderi ne" manqu oit. point de vanité fur
fo naifiance. C ’eft ce Scuderi, de l’Académie Françoife ,
bien moins connu par fes nombreux ouvrages quç
par ces vers ■ de Boileau qui apprécient cette
fécondité.
Bien heureux Scuderi dont la fertile plume ,
Peut tous les mois fans peine enfanter un volume!
T es écrits, il eft v rai, fons. art 8c languiffans v
Semblent être formés en dépit du bon fens :
Mais ilsJrouvent pourtant, quoiqu’on en puiffe dire
Un Marchand pour les vendre &desfotspour les lire»
Il n’y a plus aujourd’hui dé ces fots là. On connoit
à peine les titres de quelques unes de fos pièces
telles que Vamour libéral, Vamour tirawiioue 8c le
Poëme d'Alanç , dont on fait le premier vers ;
Je chante le vainqueur des vainqueurs de la terre,'
On connoît fes pbfervations fur le Cid , monument
de jaloufie & de mauvais goût,
Georges de Scuderi étoit né en, 1601 , au Havre
de grâce.'Il fut reçu en 1650., à l’Académie Françoife
où il remplaça Vaugefos ; il mourut à Paris,
le 14 mai 1667. Il fo piquoit fort d’être homme de .
guerre , 8c de n’être homme de lettres - qu’à force
d’efprit. J’ai, dit-il, pajp plus d’années parmi Us armes
que d heures dans mon cabinet , & beaucoup plus ûfé
de mèches en arquebufe , qu’en chandelles... Je Jais
mieux ranger les Soldais que les paroles , mieux
quarrer les bataillons que les périodes.... Je fors dune
maifon oîi l’on n’a jamais eu de plumes, qu’au chapeau,
On fait qu’il étoit gouverneur de Notre-Dame de
la Garde en Provence ; il avoit fait de ce gouvernement
une deferipiion magnifique, dont Bachaumcnt
Chapelle fo font plû à faire une parodie plaifante.
Mais il faut vous parler du fort
Qui fans doute eft une merveille,..'
É