
nom d’Yorck ; fous ce règne , il reftort de mâles
de la branche d’Yorck, le comte dé warwick , fils
du duc de Clarence , que Henri VII retenoit prisonnier
; le comte de Lincoln , lé duc de Suffolck
et leurs frères, qu’il mécontentoit en toute occafion;
le premier iffii des Yorck , de mâle en mâle ; les
autres fortis'du fang d’Yorck, par Elisabeth , leur
mère, foeur d’Édouard IV , du duc de Clarence &
de Richard III. Tous ceux qui tenoient à cette race
opprimée , étoient autant d’ennemis ou fecrets ou
déclarés de Henri VII : fa belle-mère , la veuve
d’Édouard IV , le haiffioit, parce qu’il maltraitoit
fa fille , & qu’il affeéloit de méconnoître les droits
qu’il tenoit d’elle. Ces conjonctures parurent favorables
aux aventuriers, ils voulurent tenter fortune ,
en prenant le nom de quelque prince, chéri &. malheureux.
Le bruit courut qu’une viétime étoit échappée
au cruel Richard III ; que le jeune duc d’Yorck,
second fils d’Edouard IV , vivoit caché dans un
coin de l’Angleterre. Un prêtre d’Oxford, nommé
Simon, imagina de préfenter, sous le nom du duc
d’Yorck un jeune écolier qu’il élevoit , & qu’il
jugea propre à jouer, un tel perfbnnage. Ce jeune
homme fe nommoit Lambert Simnel , fils d’un me-
nuifier, félon M. Smollett ; d’un boulanger, félon
tous les autres. Vers le même temps, un autre faux
bruit fé répandit que le comte de warwick , fils du
duc de Clarence, s’étoit échappé de la tour de Londres ;
Simon alors changea fa fable, & fon,élève fut le
comte de warw;ck , împofture encore plus aifée à
détruire que l’autre. Warwick avoit vécu quelque
temps à la cour d Edouard IV ; bien des gens le
connoifîoient, il étoit difficile d’ailleurs que Simnel
reffemblât également aux d ux princes dont il jouoit
le rôle tour-a-tour , & fur-tout il étoit mal-adroit &
dangereux de le faire palier pour un prince qui pouvait
parckre à tout moment, fait qu’il fut en- prison
, fait qu’il fût libre. Tous ces obftacles n’arrêtèrent
point Simon , il fit embarquer Simnel pour
l’Irlande où il féduifit fans peine des ennemis du
Gouvernement, qui voulaient être feduits; d fut
couronné à Dublin. Des Yorckiftes Anglois T le
comte de Lincoln à leur tête , commencèrent à se
déclarer pour lui ; ôn crut que la reine douait ière
avoit eu des intelligences avec lu i, on- en jugea par
la cruelle ingratitude dont Henri VII paya fes bienfaits
; elle n’avoit rien négligé pour le porter fur le
trône , afin d’y placer fa fuie , Henri la fit enfermer
, & confifqua fès biens. Il crut que pour détruire
fe parti d-j Simnel,. il suffiroit de montrer War-
w;ck au peuple t mais ce fut fur Henri qu’on rejetta
l’împofture , on vit Warwick , & l’on nia que .ee
fût lui ; On avok réfolu de croire à Simnel | il fallut
en venir aux armes. Henri VII fut vainqueur à la
bataille de Stoke , près de Newarck ; ( 1-486 ) le
comte de Lincoln y fut tué, Simnel tomba entre les !
mains de Henri qui , pour toute punition, le rapprocha
de sa condition originaire : Simnel férvit d’abord
dans la cuifine du roi comme marmiton , enfuire
dans ses chaffes, en qualité de fauconnier, & parut
. contént de fort fort. Henri recevant, quelque’ tèfftpsf
après cette bataille, des députés Irlandois, les fit fer-
- vir à table par le roi qu’ils avoient adopté ; le peuple
fe dégoûta de fon fantôme, quand il le vit ainfi
j avili. Si Ta comtefïé de Flandre Jeanne , fille de I
l’empereur Baudouin ( Foye^ l’artide Baudouin ) ,
avoit eu cette politique indulgente, elle auroit évité
le foupçon affreux d’avoir fait pendre fon père pour
ne lui pas rendre fes états, & le temps auroit achevé
d'éclaircir la vérité.
SIMQN I , ( Hifl. fàcrée. ) grand Prêtre des
Juifs, que fa grande piété fit furnommer le"jufte ,
étoit fils d’Onias I , auquel il fùccéda dans la grande
facrificature l’an 3702. Le Saint-Efprit, par la bouche
de Jefus , fils de Sirach, fait un éloge magnifique
de ce Pontife des Juifs. Il répara le temple de Jerufalem
qui tomboit en ruine, le fit environner d’une double
muraille, & y fit conduire de l’eau par des canaux
pour laver leshoflies. Ce grand Prêtre biffa en mou-
t ant, un fils unique en bas âge, nommé Onias,
qui, étant trop jeune pour exercer la: fou ver aine facrificature,
ne jouit de cette dignité qifàprès qu’Eléazar
fon oncle , & Manaffé fon grand-oncle l’eurent
exercée pour lui ; 2°. Simon , petit-fils du premier ,
fuccéda à Onias fon père l’an du monde 378y. C ’eff
, fous fon Pontificat que Ptolbmée Philopator vint à
Jerufalem , & , apres avoir fait des dons eonfidérables
au. temple, il voulut entrer dans l’intérieur, &. pénétrer
même dans le faint des feints , où le feul grand
Prêtre pouvoit entrer une feule fois au grand, jour
des expiations. Mais ce grand Prêtre s’oppofâ. avec
..force à cette entreprifè fecrilége , & représenta au
Roi la famteté du lieu , & la loi formelle de Dieu
qui lui en défendait l’entrée. Ptolbmée , inflexible
dans fa- réfblutipn, s’avançoit toujours pour entrer,
lorfque Dieu étendit fon bras vengeur fur ce Prince
impie, & punit fa profanation en le renverfent par
terre fans force & fans mouvement. Quelques auteurs
appliquent à Simon II , l’éloge du St.-Efprit
que nous avons rapporté à Simon I , (■ £)-
SIMON MACCHABÉE , ( HiJF. facrée. ) fils
de Maihatias, furnommé T ha f i , fui prince & pontife
d.s Juifs , depuis l’an du monde 3860 jufeu’én
3869 Son père étant fur le point de mourir, le
recommanda à- fes autres en fans comme un homme
de confeil , qui pouvoit leur tenir lieu de père. Simon
lignai a fa valeur dans plufienrs occafions, fous' le
gouvernement de Judas &: de Jonathas fes frères. Le
premier l’ayant envoyé avec trois mille hommes dans
fa Ga-'üée, pour fecourir les juifs de cette province
contre leshabitans de T y r , de S’;dbiv& dePtôlémaïde,
Simon défit plufieurs-fois fes ennemis, & revint triomphant
& chargé d’un grand butin > auprès de fes
frères. Il battit Apollonius ,. conjointement avec
Jonathas; celui-ci ayant été arrêté par Tryphon ,
Simon alla- .1 Jerufalem pour raffiner le peuple que
cette détention avoit alarmé. Il lui fit un excellent
di(cours dans lequel on voit éclater lfamour de fe
religion, ôc de la patrie , le détachement de la. yie a
& la ferme réfolution où il étoit de remplir ", â
a l’exemple de fes frères, fa vocation , en combattant
■ jufqu’à la mort pour la gloire de Dieu , & pour le
1 fàlut d’Ifraël. Ces font mens héroïques rendirent le
■ courage à tout le peuple , qui , ne voyant
I perfonne plus digne que Simon, d’être à la tête des
f l affaires, l’élut tout aune voix. Simon, devenu père
I cle la Nation par ce choix unanime, fit bien voir
■ par la fageffe de fon gouvernement, que Dieu avoit
B préfidé à cette' éleélion ; il fit d’abord afTembler tous
B les gens de guerre, répara en diligence les murailles
B & les fortifications de Jerufalem, & fe difpofa à
f l marcher contre Tryphon , qui s’avaoçoit avec une
B grande armée dans le pays de Juda , réfolu de lui
B livrer bataille. Mais celui-ci lui envoya des ambaffa-
B denrs pour lui dire qu’il n’avoit retenu. Jonathas,
■ que parce qu’il étoit redevable de quelques fommes
K au Roi ; mais que s’il vouloit lui remettre cent talens,
S & les deux fils de Jonathas en otage , il rendroit la
liberté au père. Quoique Simon reconnût que le per-
■ fide ne parloit ainfi que pour le tromper, il fe trouva
B cependant dans la cruelle néceffité de mettre fes deux
B neveux à la merci de ce traître, de crainte qu’en lui
H refufant ce qu’il demandoit, Ifraël ne le rendît cou-
■ pable de la mort du père. Ce qu’il craîgnoit arriva ;
B Tryphon ne renvoya point Jonathas ; mais défefpéré
B de ce que Simon faifoit échouer fon deffein fur Je-
B rufalem , il affaflina le père & les.deux fils, & reprit
B le chemin de fon pays; Simon envoya chercher les
H os de fon frère , & les fit enfevelir honorablement
| f l à Modin, dans le fepulchre ,de fes pères , qu’il fit
B orner de colonnes, de pyramides & de trophées.
J| Après cela , il s’appliqua à réparer les places de la I! Judée, & à les mettre en état de défenfe. Il envoya
j enfuite des ambalTadeurs à Démétrius , qui avoit fuc-
| cédé, dans le royaume de Syrie, au jeune Antiochus,
B màflaeré par Tryphon , & pria ce prince de rétablir
B la Judée dans fes franchifes, & de l’exempter de tri-
» buts. Démétrius accorda plus qu’on ne lui demandait:
B il affranchit la Judée du joug des Syriens, laifïa aux
■ Juifs les places fortifiées & les exempta de toutes
Pu charges ; & l’on commença en cette année d’écrire
fur les regiftres- publics : la première année, fous
a. ; Simon, grand pontife , chef &C prince des juifs. Un
Ul an après que la liberté eut été rendue aux Juifs, les
B Syriens Sortirent de la citadelle de Jerufelem , qu’ils
B occupoient depuis long-temps ; & Simon, après
B l ’avoir purifiée , y entra en cérémonie, & établit
B une fête folemnelle en mémoire de cette téduél-ion. 9 II s’appliqua enfuite à faire le bonheur de f ît peuples
Ji il établit par-tout l’abondance, la joie , la fécurité &
B fe paix ,* il fit fleurir l’agriculture, protégea ceux
S qui cnltivoient la terre , foulagea les pauvres, réprima
S I’injufiice, rétablit la pureté du culte divin, & fit
m ©biërver les loix de Dieu. Toute la fuite cte fon ad-
S miniflration nous trace l’imagé & le modèle du plus
B heureux gouvernement. Il renouveHa- avec fes Lacédé-
B moniens & les Romains, Valliance que ces deux
B peuples avoient faite avec fes frères ,& iT envoya aux
J derniers par Mummius,. un bouclier d’or , qui fu t1
reçu avec la plus grande fatisfaélion. Les Juifs , pour
donner à ce généreux chef, un témoignage de- leur
reconnoiffance, firent dreffer un aéfe public des ob'[gâtions
qu’ils avoiént à Simon &L à toute fa famille;
lui confirmèrent pour toujours la dignité de prince
&. de Pontife de la Nation , pour en jouir, lui &
fes defeendans, à perpétuité , jufeu’à çe qu’il fe levât
parmi eux un Pontife fidèle. Ces denrères paroles
marquent l’attente où étoient les juifs du règne du
Mefiie. Cette déclaration fut écrite fur une ta);le de
cuivre , placée dans les galeries du temple , & on
•en mit une copie dans le tréfor pour fer vir à Simon
& à fes enfans. Ce tranfport de la dignité pontificale
dans la mai fon de Simon , qui étoit de la tribu de
Lévi, paroît d’abord donner atteinte à la fameufe prophétie
de Jacob, qui prédit que lè lceptre ne fortira
point de Juda julqu’à ce que celui qui doit être en-
voyé foit venu. Mais il faut faire attention que les
defeendans de Juda faifoient alors la plus confidérable
partie du peuple juif, en qui réfidoit l’autorité du
gouvernement, & que ce peuple ne faifoit qu’ufer
de fon droit , en tranfportant à Simon toute la
puiffiance publique. Ainfi la Tribu de Juda ne fe dé-
pouilloit point du feeptre , elle ne faifoit que le
mettre à la main de^ Simon & de fes fucçeffeurs pour
vivre fous eux, dans l’efpërance du Chrife tant de
fois promis. Antiochus Sidétes, roi de Syrie, ayant
propofé à Simon de joindre fes troupes aux fiennes.
pour chaffer l’ufurpateur Tryphon, le grand Prêtre
y confcntit à condition qué le roi confirmeroit aux
juifs les privilèges que fes prédéceffeurs leur avaient
accordés. Antiochus promit tout & beaucoup plus
meme qu’on ne demandoit ; mais quand il crut-pouvoir
fe palier du fecours de Simon , il ne garda aucun
des articles du traité, & il voulut même le forcer a
rendre ptufieurs placés qu’il prétendoit lui appartenir ,
ou à lui payer en échange mille talens d’argent.
Simon lui ayant fait une réponfé peu fatisfaifante il
envoya Cendebee , fon lieutenant , avec une puiliante
armee, pour ravager la Judée. Simon , que fon grand
âge mettoit. hors d'état de commander- les,troupes ,
envoya Jean & Juda, fes deux fils, avec vingt mille
hommes pour combattre fes Syriens. Ces deux guerriers-
obéirent , & , apres avoir défait Cendébée & difperfé
fes troupes , ils retournèrent triomrhans en Judée-
Trois ans après cette victoire , Simon employant
pour 1e bien de l’état, tout ce qui lui reftoit de
vigueur, sappliquoit à vifiter Tes villes de fon état,
à y régler toutes chofes , lorfqu’il arriva au château de
Doch , où demeuroit Ptclomée, Ion gendre. Cet ambitieux,
qui vouloit s’ériger en fouverain du pavs. 9
méditoit depuis long-temps i’affieux- projet d: fé défaire
de ceux, qui pou.voient mettre obffacfe à l'élévation
de fa fortuné. 11'crut en avoir trouvé î'occafion y
& ce monftre fe livrant -fans remords a tout ce que
1 ingratitude , la perfidie, la cruauté ont de plus norr
fit inhumainement maflacrer Simon & doux de fes
fils, au milieu- d’un feftin qu?il leur donna. Ainfi mourut
ee grand prince , . par 1a îrahifon d’un gendte
dénaturé, dans.le temps où fa valeur &, lafe^cfle