
Äe ce prophète j comme des ufurpateurs ", ils prétendent
que c’eft à Ali que l’autorité pontificale &
Souveraine étoit dévolue de droit après la mort de
Mahomet. Les Perfans font shutes, & les Turcs,
•ainfi que les Arabes, font fonnites : ces deux feâes
s’anathématifent réciproquement, & ont l’une pour
1 autre tbute la haine dont les opinions religieufes
peuvent rendre les hommes fofceptibles. Les Son-
nites affurent qu’au jour du jugement, leurs adversaires
feront montés fur les épaules des Juifs qui les
conduiront au grand trot en enfer. Les Sonnues fe
divifent en quatre feéles principales qui font toutes
regardées comme orthodoxes par tous les Mufulmans
<jui ne font point shutes. ( A . R. )
SOPHI,( Hifl.mod. ) (voyei l’art. Sofi) c’eft un
titre ou une qualité qu’on donne au roi de Perfe ,
qui fignifie prudent, fage, ou pjùlofphc.
g Quelques-uns prétendent que ce titre doit fon origine
a un jeune berger de ce nom, qui parvint à
la couronne de Perfe en 1370. D’autres le font venir
des fophoi, fages , anciennement appelles mag}.
Voffius donne à ce mot une autre étymologie ,• il
obferve que fophi , en arabe, fignifie laine : & il
ajoute que les Turcs Pappliquoient par dérifion aux
rois de Perfe, même depuis le temps d’Ifinaël ; parce
que fuivant leur religion, ils ne doivent fe couvrir
la tête que d’un morceau d’étoffe de laine 01 dinaire-
ment rouge : c’eft de - là qu’on appelle aufli les Perfes
ks^elbafchs, c’eft-à-diré, têtes rouges, Mais Bochart
aflureque fophi, dans le langage perfan d’où il eft
tiré, fignifie une perfonne qui fuit fà religion dans
toute fà pureté , & qui préféré le fervice de Dieu à
toute autre chofe ; & il le fait venir d’un ordre
religieux, qui porte ce nom.
Les fophi s font gloire de leur illuftre extraélion ,
& ce n’eft pas fans raifon, puifque cette famille ne
le cède à aucune autre dans tout l’orient : ils font
defcéndus en droite ligne de Houflèin , fécond fils
d’A li, coufin de Mahomet, & de Fathime , fille de
Mahomet ; mais on prétend qu’elle a été éteinte dans
Ja-'.dernière révolution de Perfe. Il n’y a point de
prince dans le monde dont l’autorité foit plus abfolue
que celle des fophis de Perfe ; leur pouvoir n’eft jamais
,borné par aucune loi, même par celles qu’il pourroit
établir ; car il les fofpend, les change, les. cafte,
Comme il le juge à propos.
; SÖPHIS ou SOPHÉES, ( Hiß. mod. ) efpèce
d’ordre de religieux mahométans er. Perfe , qui répond
à celui qu’on appelle dervis, chez les Turcs
& les Arabes ; & fakirs, chez les Indiens.
Quelques-uns prétendent qu’on les nomme fophis,
à caufe d’une efpèce d’étoffe qu’ils portent, qu’on appelle
fouf, parce quelle fe fabrique dans la ville de
S o uf, en Syrie ; d’autres, parce qu’ils ne portent
par humilité , à leur turban , qu’une étoffe de laine 3
qu’on nomme en arabe, fophi:, d’autres enfin Veu-
feit que ce foit du mot arabe fophie 3 qui fignifie pur
<5* fimple, parce qu’ils profeffent la pure religion de
Mahomet, qufeft, félon eux, celle de la feéfe d’A ly.’
Le plus éminent de ces fophis eft toujours décoré
du titre de feheik , c’eft-à-dire, révérend. Schteik Jophi
qui jetta les premiers fondemens de la grandeur de
la maifon royale de Perfe, éteinte par les dernières
' révolutions , fut le fondateur ou plutôt le reftaura-
teur de cet ordre. Ifmaël qui conquit la Perfe , étoit
lui-même fophi, & fe faifoit gloire de l’être. Il choir
fit tous fes gardes parmi les membres de cet ordre
& voulut que tous les grands feigneurs de fà cour,
fuffent fophis. Le roi de Perfe &. les feigneurs conti-
nuent à y entrer, quoiqu’il foit à-préfent tombé dans
un grand mépris ; car les fophis du commun font employés
ordinairement en qualités d’huifliers ou de
domefbques de la cour , & même d’exécuteurs de
la juftiçe ; & les derniers rois de Perfe ne voûtaient
pas leur permettre de porter l’épée en leur préfence.
Ce mépris dans lequel font les fophis, a été caufe
que les rois de Perfe ont quitté ce titre pour prendre
celui de feheik , qui fignifie roi ou empereur. Mais
M. de la Croix s’ eft trompé , en prétendant qu’ils
n’a voient jamais porté le nom de fophi, (A. R.)
SOPHOCLE, ( Hifi. litt. anc.) Efchyle ( voyeç
fon article j étoit depuis long-temps en pleine pcffef-
fion de la gloire du théâtre , & des suffrages du
public , lorfque Sophocle âgé de vingt-cinq ans ,
entra en lice avec lui, & l’emporta fur lui. Sophocle
etoit ne a Colone, bourg de l’Attique, l’an 495 *
avant J. C. il a rendu immortel le lieu de fa naife
fance, par fà tragédie d OEdipe à Colone 3 l’une de
fes^ pièces les plus intérefïàntes, & qui chez nous-
mêmes , dans ces derniers temps , a fait faire une
tres-bonne tragédie & un excellent opéra. Ce fut l’an
470 avant J. C. , que, pour fon coup d’effai , il
remporta la viéloire for Efchyle. Il fut couronné
jufqua vingt fois , dans le cours de fà vie. Cette
tragédie d’OEdipe à Colone , dont nous venons
de parler, eft encore célèbre, parce qu’elle lui fer vit
de titre pour confondre des enfants ingrats» & avides
qui, pour fe mettre en pofféflicn de fes biens, vou-
. loient le faire interdire , prétextant un état de démence
que fon grand âge rendait vraifemblable. Il
n’eut befbin que de lire aux juges cette tragédie
d OEdipe à Colone dont il étoit occupé alors , pour
fa:re reçonnoitre qu’il jotiiffo.it non feulement de
tout fon bon fens , mais de toute la fupériorité
d un talent eminentn auquel i’âge n’avo.t encore porté
aucune atteinte. Il mourut âgé de quatre - vingt
dix ans, 1 an 405 , avant J. C. Les uns difent qu’il
mourut, en récitant fa tragédie & Antigone , d’un
effort violent qu’il fit pour prononcer de fuite une
'longue période , après laquelle il ne lui fut plus
pofliblé de reprendre haleine ; d’autres , que ce fut
d un fà fiflement de joie , en apprenant qu’à cet
âge , & contre fon attente, il venoit d’être déclaré
vainqueur. On remarque dans fon talent poétique
deux caraélères principaux qui le difting^uent avanta-
geufement parmi les Poètes tragiques Grecs. L’un
eft la nojrieffe ôc l’élévation ; l’autre eft la djur
iceur touchante de fes vers , qui l’a fdît appeler
F Abeille & la Sirène attique, J & qui a fait graver
for fon tombeau un eflain d’abeilles ; monument
Symbolique, par lequel on a voulu lui rendre hommage
, & caraClérifer fon talent. C eft dans ^ le meme
efprit qu’on a imaginé que des abeilles s etoient
arrêtées fur fes lèvres , loriqu’iletoit au berceau.
Horace raconte fur lui-même , une fable a peu
près fenablable dans la quatrième Ode du livre 3.
Defcende ccelo , die âge, tibias-
Sophocle avoit compofé, les uns difent 1 17 ,, les
autres 130 pièces de théâtre, il ne ncu^ en eft
refté que fept ; favoir A ja x , El:lire, OEaipe Roi,
Antigone , OEdipe à Colone, les Trachiniennes &.
Philoélete ; POrejle de M. de Voltaire eft à beaucoup
d’égards L’Electre de Sophocle, & M. de Voltaire a
montré par cet exemple que M. de Crébillon avoit
témoigné peu de goût & peu de connoiffance de
l’antiquité , en difant avec tant de légèreté , que
s’il avoit eu quelque chofe à imiter de Sophocle ,
ce n’auroit pas été fon Eleflre. VOEdipe Roi, de
Sophocle , a aufli fervi de modèle à L’OEdipe de M.
de Voltaire, où l’on regrette que ce dernier n’ait
pas ofé retracer ce cinquième aâe fi terrible & fi
attendriffant de Sophocle , où OEdipe qui s’eft crevé
les yeux , & qui part pour l’exil , auquel il s’eft
condamné , fait fes adieux à fes enfants , & à tout
ce qu’il laiffe de cher à fon coeur dans fa patrie.
Le Philoctete, chef-d’oeuvre de la fimplicité antique,
a été prefque entièrement traduit, & de la manière
la plus vive, la plus originale, en profe par M. de
Fénelon dans Télémaque, & en vers par M. de la
Harpe. Nous ne parlons pas de beaucoup d’autres
traduâions connues de Sophocle , par M. Dacier ,
par M. de Rochefort , ni de la nouvelle traduction
du théâtre des Grecs , à laquelle plufieurs
mains habiles ont été employées.
Sophocle fut élevé à la dignité d’Archonte , il
commanda en cette qualité les armées de la république
d’Athènes avec Périclès , & fignaîa fa valeur
en diverfes oeçafions.
On a difputé fur là fupériorité de Sophocle ou
d’Euripide chez les Grées, comme parmi nous for
celle de Corneille &. de Racine. Illujlraverunt hoc
opus , dit Quintilien, Sophocles atque Eunpides•:
quorum in dijparï dicendi via uter fit Posta melior,
inter plurimos quaritur.
Le feul nom de Sophocle repréfente à l’efprit la
tragédie Grecque dans toute la gloire:
Sola Sophocleo tua carmin 1 digna Cothurno,
dit Virgile*
Qidd Sophocles & Thefpis & Æfchylus utile ferrent,
ditHorace.
Oh trouve dans l’hiftoire Grecque un autre S o -.
phocle , général Athénien , qui fut exilé quelques
années après la mort de Périclès, pour avoir
que la conquête de la Sicile.
SORANUS, {H iß. rom.)
Stoicus occidit Barèam, delator amicum
Dïfcïpulumque fenex, ripa nutritus in ilia
Ad quam Gorgonei delapfa eß penna cabauu
Voye{ à l’article Egnatius, comment ce Sot anus
Barea, i’un dés hommes les plus vertueux de Rome-,
& dont Tacite dit que Néron , en faifant périt*
Barea Soranus, & Poetus Thrafea* fembla vouloir
exterminer la vertu même : voye% comment il fut
livré aux fureurs de Néron , par ce Publius Egna-
tius, Stoïcien hypocrite, ami perfide, né à Tarie en
Cilicie , comme l’expriment les vers do Juvénali
On ne pouvoit reprocher à Soranus que quelques
traits d’adulation envers laffrançhi Pallas.
SORBET , C m. ( Confit. & boiffon des Turcs y
celui que les Turcs boivent ordinairement n’eft qu’une
infofion de raifins fecs , dans laquelle ils jettent
une poignée de neige : cette boiffon ne vaut pas
la tifane de l’hôtel-Dieu de Paris.
Tournefort raconte dans fes voyages , qu’étant
dans, l’ifle de Crète for le mont Ida, il, s’avifà de
faire du forbet pour rétablir fes forces épuifées
des fatigues qu’il avoit eftuyées en grimpant, cette
montagne. « Nous remplîmes , dit-il , nos taffes
» d’une belle neige cryftallifée à gros grains, & la
j) difpofâmes par couche avec du focre , for lequel
»on verfbit enfoite d’excellent vin; tout cela fe
3) fondoit promptement en fecouant les tafïes ». Ce
forbet eft fans contredit meilleur que celui des Turcs
ordinaires ; car ceux qui font riches & raffinés font
leur forbet avec du foc de limon &. des citrons
confits au focre , qu’on délaye dans de l’eatj glacée
; ainfi ie forbet des Turcs riches eft une
compofition feche faite de citron , de focre ,
d’ambre , &c. Ils appellent aufli du même nom
le breuvage que l’on fait de cette ccmpofition
battue, avec de l’eau ; mais les pauvres gens
ne boivent guère de cette efpèce de forbet. ( D. J )
S0 RB1ER E , (Samuel) Hiß., litt, mod.) né
au diocefe d’Uzès en 16 r 5 , de parents proteftants,
fe fit catholique. On crut avoir fait une grande
acquifition pour la fo i, & on le combla de bénéfices
& de penfions. Les Papes , Louis X IV , le
Cardinal Mazarin ,, le clergé de France lui prodiguèrent
les honneurs & les grâces, Sorbiers n’étoit
cependant qu’un uforpaîeur de réputation , qui
mettoit allez d’artifice dans les moyens de s’en oro-
curer. Il vouloit paffèr pour favant &. pour phi-
lofophe , & il n’étoit ni l’un ni l’autre, mais il fe
lioit avec les favànts &. les philofophes, & il fe
fervoit des. uns , pour fe faire valoir auprès des
autres. Par exemble Hobbes lui écrivoit for des
, matières, de philofophie, Sorbière envoyoit fa lettre
R a