
premier Tilere, cette petite recherche d*un amour-
propre Machiaveslifte, de faire un mauvais choix
pour être regretté dava.-.tage par la comoaraifon.
Plus jaloux dafljrer le bonheur des Romains, que
de s’allurer leurs regrets, il imita iùftin ; 6c la première
bonne aâion de cet empereur, fut la dernière
de celles de Tibè-e II. Il nomma Maurice Céfar le 5
Août 582, & lui fiança Confiantin*e fa fille aînée.
Huit jours après il le proclama empereur, & le couronna.
11 déclara , dans le dilcours qu’il fit prononcer
en fon nom a cette occau m , n’ayant déjà plus la
foi ce-de le prononcer lui-même , qu’il croyoit entendre
chacun de fes fujets lui dire : tu as pris foin de
mon bonheur pendant ton régn: ; ctfi encore ton devoir
defonger à me tafifiurer quand tu ne firns plus. Après
ce d.lcou.s, Tibère , alors mourant, rappelant ce
<fui lui reftiit de forces, pofà lui-même la couronne
fur la tête de Maurice, & le revêtic de la pourpre
impériale. Après la cérémonie, il fe fit reporter dans
ion lit, ou U mourut le 14 Août, lendemain de la
cérémonie du couronnement de Maurice. Tous les
Romains prirent le deuil; ce qui étoit alors l*ex-
preflion volontaire d’une douleur vraie, 6c non un
fimple ufage de bienféance. Sanglots-, éloges perpétuels
de ce prince ; voilà tout ce qu’on entendit à
fos funérailles; Rome avv.it véritablement perdu un
père.
IBERGE , ( Louis ) ( Hiß. litt. mod. ) les abbés
Tiberge & Brifacier , fupéiïeufs des féminaires des
millions étrangères à Paris, fe figna'èrent dans l’rfta-ire
des Rits de la Chine, & ne furent point favorables
aux Jéfuites. Tiberge mourut en 1730.
TIBIR , f. m. terme de relation ; nom que l’on 1
donne à la poudre d’or en plufieurs endroits des ci, tes 1
d’Afrique. ( A. R, )
TIBULLE , ( Hiß. litt. Rom. & Fr. ) Aulus
A i b iu s Tibulluf, chevalier romain , ami d’Ovide
cpH a fait fuf fa mort une très-belle élégie, &. dHorace
qui lui adrefle la 33- ode du Ier livre;
Albi , ne doleas plus nimio , memçr
lmmïtis Glyceroe, &c.
Rt la quatrième épitre auffi du premier livre;
Albi , fiermpnum noßrorum cand id e judçx &c.
Il lui accorde les avantages de la figure ;
D i tibi formant,
Ceux de la fortune 6c de la fagefle qui fait en.
9 1 ùbi d iv u ia s âcdzgunt aitemque f im e n d i ..............
Quærcntcm quidquid dignum fiapiente konoque eß.
f a avantages de la fortune ne lui refièrent pas,
Ses biens furent compris dans la diflribution de terrèfc
fa-te par Augufte à les foldats , ce qui eft le fujot
de la première églogue de Virgile;
Tttyre, tu patulce recubans fub tegmine fiagi, 6cc<
Et de la neuvième :
Quo te, Mceri3 pedes , an qui) via ducit ? in urbem ? $CCl
Et moins heureux ou moins adroit que Virgile , il
nob.int point la refiitut:on de ces biens, parce qu’il
négligea trop, dit-on , de faire fa cour à cet empereur,
que Virgile & Horace fe trouvèrent très-bien d’avoir
encenfe. Tibulle a mieux aimé célébrer fon ami ,
fon proteéleur M fTala Corvinus, qu’il fuivit dans la
guerre de l'Ifle de Corcyre ; mais les fatigues de la
guerre étant peu compatibles avec la foibleffe de
fon tempérament, ou ce qui eft plus vraifemblabié,
avec fon goût pour la molleffe 6c les" plaiftrs , il
quitta bientôt la profeffiondes armes, & revint à Rome
goûter & chanter les douceurs & les peines de l’amour.
Sa^premiere inclination fut, dit-on, une affranchie ,
qu il a célébrés fous le nom de Délie ; ainfi oh put
lui dire, comme Horace à Xanthias Phoceus :
Ne fit ancilla tibi arfior pudori.
Horace & Tibulle furent rivaux comme le furent
parmi nous Voltaire & Cfénonviile, c’eft-à-dire, qu’ils
ne s en aimèrent pas moins , & que leur rivalité fut
pour eux l’occafion d’un badinage aimable ; c’éioit
apparemment Glycère qui étoit l’objet de cette
rivalité. v -
Tibulle etoit chevalier romain ; il étoit né à Rome 1 an 43 avant J. G. |j mourut peu de temps après
Virgile, l’an 17 de.J. Ç.
. E°tre ces.trois célèbres poë es érotiques., fi fouvent
imprimés enfembie, Catulle, Tibulle & Properce,
çetoit autrefois Catulle qu’on mettoit au premier
rang, il paroit qu aujourd’hui la faveur des gens
de lettres eft pour Tibulle.
Plufieurs d’entre eux lui ont rendu l’hommage de
le traduire en tout ou en partie , en profe ou en
vers.
On ne peut givres faire l’honneur à l’abbé de
Marelles, de le compter parmi les traciuéfours de
T U u .le : ce n’t ft point un traduéleur, ç’eft un parocLfta
ignoble. Il traduit :
Scljto membra. levure toro,
Par, de!aller mes nombres fur mapaillajfe accoutumée.
Si. Tibulle dit ;
cc f af iLt rit:o » fed corpora Jceda podagra.A
Di finis qmplcçtus cuit a puella fitint.
L’abbé
ï/abbé de Marolles traduit :
» Ce n’eft pas pourtant qu’il y ait du viefi ; tïfâîs
une belle dame, comme elle eft, fuit comme la
w pefte les gens goûteux. «
C ’eft avec cette baffefle que certains favans con- •
çoivent 6c parodient la fimplicité noble des ancie. s»
M. de la Harpe, dans un morceau plein de goût
for Tibulle, trouve ce poète très-difficile à traduire ,
fur-tout en profe ; il fait de quelques endroits de la
traduélion de M. l’abbé de'Longchamps , qui pafloit
pour la meilleure avant celle de “'M. de Pauoret,
un examen, à fon ordinaire jufte & rigoureux,
d’où il paroit réfulter que, pour faire de Tibulle une
bonne traduélion eh profe, on ne fauroit fuivre de
trop près les tournures du latin. C’eft en général le
principe le plus sûr en, matière de traduélion, 6c
M. de Paftoret nous paroît y avoir été plus fidèle
que M. de Longchamps.
M. de la Harpe fait aimer Tibulle : a c’eft , dit-il,
h un des écrivains- du fiècle d’Augufte , qui a mis
» dans fes vers le plus d’élégance & de charme.
» Il eft plein d’efprit, de délicateffe, de goût
» det molleffe, de grâce..........Son expreffion eft
» toujours celle du fentiment.............. Tibulle eft
?> le poète des amans. Il eft dans la poëfie tendre
w & galante , ce qu’eft Virgile dans la poëfie
» héroïque. »
M. l’abbé de Longchamps , quoique traduéleur ,
lui trouve un défaut , c’eft d’être monotone. Tant
pis, dit M. de la Harpe , pour qui trouve Tibulle
monotone. Il nous femble cependafit qu’eç lifant de
fuite les (quatre livres d’élégies de Tibulle , on fent
en effet cette monotonie. Elle n’eft pas un vice
inhérent à la perfeElion, comme le dit M. l’abbé de
Longchamps , par un rafinement dont M. de la Harpe
fe moque, & qui rappelle ce qu’on a dit, en plaisantant
,de Racine ; qu'il avoit la monotonie de la
perfeElion. La monotonie de Tibulle confifte dans le
retour trop fréquent des mêmes objets , des mêmes
idées, des mêmes images, des mêmes comparaifons ,
des mêmes allufions aux mêmes ufàges ; l’expreffion,
à la vérité, eft variée , ÔCprefque toujours h eureufe ;
mais enfin les objets font les mêmes. C ’eft toujours
la préférence donnée à l’amour fur la gloire
& fur la fortune , à la pareffe fur l’aélivité ,
à l’obfcurité fur l’éclat, à la médiocrité fur la richeffe;
toujours ou la peinture des voluptés, ou les larmes
d’une amante au tombeau d’un amant.
Tous ceiix qui goûtent la poëfie & qui ont aimé,
dit M. de la Harpe , favent par coeur les vers de
Tibulle.
Difons , favent par coeur des vers de Tibulle, On
cite principalement la première élégie , & dans cette
première élégie, cette tirade fi tendre & fi paffionnée:
Te fipcElem, fuprema mihi cinn venent Jioro , &c.
ne cite guères des autres, dont plufieurs ont
Hijioire. Tome
Pineonvénient d’être une répétition de cette première f
que des traits particuliers , tels que celui-ci ;
In folis tu mihi turba locis ’
mot charmant, qui a fans doute fait faire par op-»
pofition, ce vers çharmant de Racine :
Dans l’Orient défert quel devint mon ennui !
S eu mea , fieu fiallor, car a Ncotra tante n*
Trait qui femble annoncer de loin cet autre traü
plus joli ;
Mais , puiïqu’il faut être trompé>
Je ne veux l’être que par elle.
Nous avons bien de la peine à croire que l’hommé
de lettres dont parle M. de la Harpe , qui s’eft donné
la peine & le plaifir de traduire Tibulle pouf fa
maîtreffe, n’y ait pas fait quelques retranchemens
pour fauver le défaut de la répétition & de la
monotonie.
En un mot, ( & cette comparaifon marquera les
bornes que nous mettons à ce reproche de monotonie)
nous ne trouvons pas dans les élégies de Tibulle la
même variété que dans les églogues de Virgile &
dans les fables de la Fontaine. La première & la
neuvième églogue de Virgile roulent fur le même
fujet, la diflribution des terres de Mantoue 6c de
Crémone, faite aux foldats. La troiftème & la fèp-
tième fè reffemblent par la forme ; c’eft de part 6c
d’autre un combat de chant entre deux bergers : cependant
combien' ces églogues correfpondantes ne
diffèrent-elles pas entre elles, 6c combien fur-tout
ne diffèrent-elles pas des autres ? Si les élégies de
Tibulle avoient dans le même dégré le mérite de
la variété , elles ne laifferoient rien à defirer , &
tout ce qu’en dit M.de la Harpe eft très-jufte, quand
on les ccnfidère une à ,UF.e.
M. de la Harpe, pour montrer comment il conçoit
qu’un traduéleur en profe doit fuivre pas à pas
un modèle , tel que Tibulle* commence par traduirf»
én profe ces fix vers fameux :
Te fipeElem , fuprema mihi cum venerit hora ,
Te teneam mo riens déficiente manu.
Flebis & arfiuro pofitum me , Délia. , leElo ,
Triflibus & lacrymis oficula mixta dabisi
Flebis ; non tua fiunt duro pmcordia fierro
VinEla , nec in tenero fiat tibi corde fidex.-
Voici fa traduélion;
» Que je te regarde encore, ô ma Délie i quand
j> ma dernière'heure fera venue , que je te prefil-,
» en mourant, de ma main défaillante ; tu pleureras
jj fur le bûcher, funèbre où je ferai étendu ; tù. mêleras
» des bailèrs .aux larmes de ta douleur : tu pleureras ^
N a •