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facré *our& nuit ; d'otl il paroîtqiiè toutes les heures
etoient diftribuées, & que les veftales (e rèlevoiènt
les unes après les autres. Chez les grecs le feu facré
fe çonfervoit dans des lampes où on ne mettoit de
l ’huile qu'une fois l ’an ; mais les vejiales fe fer-
Voient de foyers & de réchaux ou vaies de terre 3
qui étaient placés fur l'autel de Veila.
Outre la garde du feu facré , les veftales étoient
obligées à quelques prières, & à quelques fa orifices
particuliers, même perdant la nuit. Elles étoient
chargées des voeux de tout l'empire, & leurs prières
étoient la rellource publique.
Elles avoient leurs jours felemne’s. Le joùr de la
fête de V efla, le temple eto:t ouvert extraordinairement
, & on peuvoit pénétrer jufqu’au lieu même où
repofoient les chofes lactées, que les veftales n’ex-
pcfoîent qu'après les avoir volé es, c’eft-à-dire ,ce<
gages on fymboles de la durée & de la félicité de
l ’empre romain , -fur lélque’s les auteurs fe font expliquée
fi divefleniert. Quelques-uns veulentque ce
foie l'image des grands d eux. D’autres eroyent que
cv pouvoir être Caftox &Follux , & d-'autres Apollon
$ Neptune. Pline parle d’un, dieu particulièrement
révéré des veftales i qui étoit -le gardien, des enfans
& des généraux d'armées. Plcfieurs, félon Plutarque
, affectent de paroit: e plusanftruits des chofes de
la religion que le commun du peuple, eftimoient
que les veftales confê-rvoient dans l’iniérieur du
temple, deux petits tonneaux,,dent l’un étoit vuide
& ouvert, l'autre fermé & plein, & qu’il n’y avoit
qu’efles feules à qui il étoit pernu's de les voir : ce
qui a quelque rapport avec ceux dont parle Homere,
qui étoient à l’entree du pa’ais de Jupiter , dont l'un
cto^t plein -de maux , & l ’autre de biens. Difons
mieux que tout cela, c’étoit le palladium même que
les veftales avoient fous leur garde.
Jlïufofoit pour être reçue veftale, que d’un côté
ni d’un autre, on ne fût point forti de condition fer-
vile , ou ce parens qui euffent fait une profeflîon
bafïè. Mais quoique la loi fe fut relâchée jufque là ,
il y a toujours lieu de pehfer que le pontife avoit
plus en vue les filles d’une certaine naiflance, comme
lujets plus fiifcepttblesde tous les honneurs attachés'
à un ordre qui étoit, pour ainfî cire, à la t été -de la
religion. Une fille, patricienne ,. qui. joignait à fon
caractère de veftale la confîdération de fa famille ,
devenoit plus propre pour une fbciété de filles
chargées non-feulement des facrifices de Vefla ,
mais qui jouoientle plus grand rôle dans les affaires
de l ’état.
Elles jouiffoîent de la plus haute considération.
Augufle lui-même.jura.que liquelqu’une de fes jiie-
ces étoit .d’un âge couvenable, il la préfenteioit
volontiers pour être reçue veftale. Il faut.regarder
comme un effet de l’eflime des romains pour la
condition de veftale, l’ordonnance dont nous parle
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Capttplînus, qui en excluoit toute autre qu’une
romaine.
Dès que le choix de la veftale étoit fa t , qu’elle
avoit mis le pied dans.le parvis du temple, & étoit
l vrée aux ppniifes , elles entroit dés lors dans tous
les avantages de (a condition, & fans autre forme
d’émancipation ou changement d’état, elle acqué-
roit le droit de tefter, & n’étoit plus liée à la puif-
fancè paternelle.
Rien de plus nouveau daifs la fociété, que la condition,
d’une fille qui pouvoit tefler à l’âge de ,fix
ans 5 rien de plus jferange qu’une pleine majorité
du.vivant même du père avant le nombre d’années.
que les loix donnent à la rai fon. Elle ç toit
habile à la fucceflion au fortir des veftales., où elle
portait.une dot dont elle difpofoit félon fa volonté*
Leur bien refloit à la maifon, fi elles mouroient fans
rellament : elles perdoient à la vérité le droit d’hériter
ab inteftat. Une veftale' difpofoit même de
fon bien fans l’entremife d’un curateur : ce qu’il y
avoit de bifarre en celayc'eff que cette prérogative,
dont on vouloit' bien gratifier des vierges fi pures ,
avoit été jufques-là le privilège des femmes qui
avoient eu au moins trois enfans..
Il y a apparence que dans lès; premiers’ tems le
refpeél des peuples leur tint lieu d’une infinité de
privilèges, & que les vertus des veftales fuppléoient
à tous ces honneurs, d’établiffement, qui liùr furent
accordés dans la fuite y félon le befôin & le zèle du
peuple' romain.
Cç fut dans.ces tems fi purs que la pitié, d’Albinus
fe fignala à leur égard. Les Gaulois .étoient aux
portes de Rome, & tout le peuple, dans la confler-
nation ; les uns fe jettent dans le ca pi tôle, pour y
défendre , félon T ite-Live, les dieux & les hommes
j ceux d’entre.les vieillards qui avoient obtenu
les.honneurs du triomphe 6c du confu a t , s’enfer-
moientdans la vijJe,jpour foutenir par leur exemple
le commun du peuple.
Les vejiales, dans ce défordre général, après avoir
délibéré fur la conduite qu’elles avoientà tenir à l ’égard
des dieux & des dépouilles du temple , en cachèrent
une partie dans la terre près de 4a maifon
du facrificateur, qui devint un lieu plus. faint, &
qui fut.hopo;ro dans la fuiie jufqu’à la fuperfiition ;
elles, chargèrent le relie fur leurs épaules., & s’en
alloient, dit Tite-Live, le long de la rue qui va
du pont de bois au janicule.
Cet Albinus , homme plébéien , fuyoit par fe
meme chemin avec fa famille, qu’il emmenoit fur
un chariot. 11 fut touché d'un faint refpeâ à la vue
des veftales ; il crut que c’étoit bleffer la religion
qu-é de lâiffer des * jSrëtréfTes, & , pour ainfî dire ,
des dieux même à pied j il fit descendre fa femme
& fes enfans6c-mit à la place non-fculeiment les
veftales , mais ce qui fe trouva de pontifes avec
elfe s : il fe détourna de fon- chemin;, die Yalere
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Maxime , & les cohduifit jufqu’ à la ville de Cerêy ;
oô elles furent Veçdes avec autant de r’efpeét,que
fi l’état de la république avoit été aufïi flûriffant
qu’à l’ordinaire. La mémoire d’une fi feinte hofpi- i
ttilité , ajoute J’bifforien , s’eft confervée jufqu’à
ijou,s c’eft de-là que les facrifices ont été appelles ;
cérémonies , du ho.iîi même de la ville > & cet équipage
.vil & ruftiefue , où il ramalla fi, à-propos les !
veftales , a égalé ou -pafTé la gloire du char de
.triomphe le-plus; riche 6c le plus brillant.
On nlieu de croire que dans cet effroi des vef-
,taies le'ferace du feu facré fouffrit quelque interruption.
Elles .fe chargèrent de porter par lout le
culte de Vefla , :& d'en continuer les fohmnités
tant qu’il y en auroit quelqu'une qui furvivroit à la
ruine de Rome ; mais il ne paroît point que dans la.
conjoncture préfente elles euffent pourvu au foyer
deJ-yefla, ni que cette .flamme fatale ait été com*
pagne de leur fuite. Peut-être eut-41 été plus digne
d’elfes d’attendre tout événement dans l’intérieur de
'A’gur temple, 8c au milieu des fondions du facer-
doce. La vue d’une troupe de prêtreflès autour d’un
brafîer faccé , dans un lieu jufque-là inacceflible ,
recueillies ainfi au milieu de la 4éfolation publique,
n’eut- pas été moins digne de refped & d’admiration,
que. l ’afped de tous ces fénateurs qui attendoient
la fin de leurs deflinées, aflis à leur porte avec une
gravité morne, & revêtus de tous les ornemens de
léur dignité. I^euf-êtie àufli eurent-elles', raifon de
craindre l’infolence des barbares, & des inconvé-
mens plus grands que l’ext'ndion même du feu
facré.
, Quoi-qu’ il en fok , l ’adron d’Albinus devint à la
poftériié une preuve éclatante & du refped avec
lequel on regardoit les veftales , & de la fîmplicicé
de leurs moeurs : elles ignoroienc encore l ’ufige de
ces marques extérieures de grandeur qui fe multiplièrent
fi fort dans la fuite : ce ne fut que fous fes
triumvirs qu’elles commencèrent à ne plus paroître
en public qu’accompagnées d’un liéteur. Les faif-
ceaux , que l’on porta devant elles, impofèrent au
peaple , & l’écartèrent fur leur route. 11 manquoit
à la.vérité à cette diftinélion une caufe plus honorable
j l’honneur eût été entier s’il n’eût pas été en
même tems une précaution contre l ’eniportement
des libertins , & fi , au rapport de Dion Cafïîus, ce
nouveau rcfpeét n'eût pas été déterminé par le violentent
d’une veftale.
Ce fut apparemment dans ce tems-là que les pré-
féan'cës furent réglées entre les veftales & les magistrats.
Si les confuls ou les préteurs fe trouvoient fur
leur chemin , ils étoient obligés de prendre une
autre route ; ou fi l’embarras étoit te l; qu’ils ne
puffent éviter leur rencontre , ils faïfbient baiffer
leurs haches & leurs fai le eaux devant elles, comme
fi dans ce moment ils euffent remis entre leurs
mains l’autorité dont ils étoient revêtus , & que
toute cette puiflànce confulaire fe fût dilfipée devant
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ces filles, qui ayô'èiïfc été chargées des plus grands
myftéres de la religion par la préférence même des
dieux , & qui tenoiènt;, pour ainfi dire, de la première
main , les reffources & la déflinée de
l’empire.
On les, regardoit donc comme ptrfonnes facrécs,
& à l ’abri de toute violence, du moins publique,
j Ce fut par-là que l ’entreprife des tribuns contre
Claudius fut rbrhpue. Comme il triornphoit malgré
leur oppofition , ils entreprirent de le renverfer de
; fon char au milieu même de la marche de fon
triomphe. La veftale Claudia fa fille avoit fuivi
i tous leurs mouvemens. Elle fe montra à-propos, 8c
• fe jetta dans fe char, au moment même que le tri—
I bun ail oit renverfer Claudius : elle fe mit entre fon ■
; père & lui, & arrêta par ce moyen la violence du
; tribun , retenu alors malgré fa fureur par cet extrême
refpçél qui étoit dû aux veftales , & qui ne
Jâfffoit à leur égard qu’aux pontifes feu’s !a liberté
des remontrances , & des voies de fait : ainfi, l ’un •
alla en triomphe au capitole, & l ’autre au temple
de Vefla ; & on ne put dire à qui on dévoie le plus
I d'acclamations, ou à la vidoire du père, eu à la
piété de la fille.
Le peuple étoit fur le caradère des veftales dans
une prévention retigieufe, dont rien n’eût pu le dépouiller.
Ce n'éroit pas feulement le dépôt qui leur
étoit confié qui avoit établi cette prévention , mais
une infinité de marques extérieures d'autorité & de
p ui fiance.
Quelle impreflion ne devoit point faire fur lui
cette prérogative fi finguiière , de pouvoir fauver la
vie à un criminel qu’elles réneontroieut fur leur
chemin, lorfqu’on le menoit au fupplice ? La feule
vue de la veftale étoit la grâce du coupable. A la
vérité elles étoient obligées de faire ferment qu'elles
fe trouvoient là fans deffein, & que le hazard
feul avoit part à cette rencontre.
Elles étoient de tout tems appellées en témoignage
& entendues eh juftice, ma's elles n’y pouvoieut
être contraintes. Pour faire plus d’honneur à la religion
, elles étoient bien ailes qu’on les crût fur une
dépofition toute fimple, fans être obligées de jurer
par la déeffe Vefla , qui étoit la feule divinité qu’elles
pouvoient atteller ; ce qui arrîvoit en effet très-
rarement , parce que par-là, on écartoit tous les autres
témoignages, & qu’il ne fe tiou voit perfonne
qui voulût aller contre 1e rapport & le ferment des
veftales.
Il y avoit une loi qui punilToit de mort fans ré-
miiîîon quiconque fe jetteroit fur leur char, ou. fut
leur litiere, lorlqu'elles iroient par la ville ; elles
afliftoient aux fpectacles, .où Augufle leur donna
une place féparée vis-à-vis celle du préteur. La
grande veftale, v e f t a l i s maxima , portoit une bulle
d’or.
' Nujna Pompilius qui, dans leur inftitution , les