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peine- fait gf^eè âeYa vie \ que Françoife d’Amboifé,
échappée à la tyrannie du favori, avoir époufé Pierre
de France , qui depuis avoir été duc de Bretagne.
Louis d’Antboife ne méiitoit ni d’être arrêté , ni
d'être condamné mais par les déjfordres de la vie , il
mérita d’être interdit , il lé fut.
. Louis de la Tremoille , après la difgrace de fon père,
& i’interdiçlion de Louis d’Amboiie , a voit époufé
Marguerite d’Amboife, foeur puînée de ia duchelfe de
Bietagne.1 La duchelfe, devenue veuve , fans enfans,
avoit renoncé au monde & à de fécondes né ces ; ainfi
Louis de la Ti\mollle, qui n avoit eu aucune part aux
violences de Ion père, alioit être le feul héritier des
grands biens de la «union d’Amboife. Louis d’Aut-
boile , qui hàïffoit le fils , par le fouvenir des injufl.cts
du père , çlierchoit les moyens de le fruffrer de la
lueCcilion ; il vouloit forcer la ducheffe de Bretagne,
fa fille , à le remarier, Louis X I , par un de çes caprices
qui préfidoient (buvent à fa conduite , appuyoit
le projet de Louis d’Amb'oife , & cherchoit à nuire à
la maifon de la Tremoille. Sous prétexte d'un pèlerinage
, il fait un voyage en Bretagne , & Louis d’Am-
boiù. le fuit. A leur ibliicitation , la duchelfe douai-
îièi e de Bretagne efl retenue prjfonnière à Mantes :
elle paroît devant fon père- & devant le roi ; mais le
duc de Bretagne, François.11, voulut être préfent à
l’entrevue. La cmçhdTe perlifta dans fon voeù ; prières,
menaces | rien ne put la fléchir. Sur fon refus , Louis
d’Amboife entreprit de l’enlever ; Louis X I y confèn-
tit mais le duc de Bretagne ia prit fous fa proteélion,
j& déclara qu’il ne voufiriroit pas qu’on fît dans fes
états la moindre violence à la veuve d’un de fes pré-
décelfeurs. Louis XI fit calfer l’interdiâion de Louis
crAmboife ; & celui-ci, pour fe venger de la du-
chelfe de Bretagne fa fille , & de Louis de la Tre-
moiile fon gendre, fit le roi fon héritier. Après la mort
de Louis d’Amboife , Louis XI fe mit en poffeffion de
fes biens." Louis de la Tremoille ofa les réclamer ; &
l’évidence de fes droits étoit telle , qu’il gagna la caufe
contre le ro i, dans des tribunaux dépendans du rqi,
50. Louis I I , fon fils, efl le héros de la bataille de
Saint-Aubin du Cormier ; il j fit prifonnier le duc
d’Orléans, qui fut depuis le roi Louis XII. C ’efl au
fujet de Loüis de la Tremoille , que ce prince , en
montant fur le trône , dit ce mot divin , que tout le
monde connoît : le roi de France ne venge point les
injures du duc dOrléans. Mais tout le monde ne fait
pas à quel point la Trémoille Favoit outragé , & fans
cettê çonnoilfançe, le mot perd la moitié de fon prix :
il ne feroit que jufle , fans être généreux, fi Louis
n’avoit eu à pardonner que fa défaite & fa prifon j
mais la Trémoille avoit cruellement abufé de la victoire.
Le jour même de la bataillante Saint-Aubin du
Cormier , ce général invite à louper le duc d’Orléans
, le prince d’Orange, qu’il avoit aufii fait pri-
fonnier, & tous les capitaines qui avoient été pris
avec eux. A ia fin du repas, on le voit donner des f
f.rdrei f e ç à un des officiers ; çet officier fort un
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moment, & rentre dans la falle avec deux cordeliersi
A cette vue, les princes pâlirent, & voulurent fe lever
de table. Princes, leur d:t la Tremoille, raJJ'ure^-vous,
il ne m'appartient pas de prononcer fur votre definie,
cela ejl refervé au roi : mais vous , dit-il à tous les
autres capitaines , vous qui ave^ été pris en combattant
contre votre fouvtrain & votre patrie , & q ie U rang
ne foufirait pas de même à mon autorité, rnette^ ordre
promptement à votre confdence. Les princes voulurent
vainement intercéder pour ces malheureux , la Tré-
modleeiut inexorable. Ce trait nous paraît injufle &
barbare. De quel d: oit ce général ordonnoit - il cette
exécution militaire, & difpotoit- il de la v e des ci-
royens.hors du combat ? C’étoit . lui de les faire pri-
fonniers ; c’étoit au roi à les faire juger félon les loix,
& peut-être le roi leur eût il fait grâce. D’ailleurs, cette
invitation , ce fouper , cet air de fête & d’am tié font
autant de ci.confiances de perfidie , jointes à une
violence atroce, & c’étoient autant d’infultes pour le
duc d’Orie'ans & pour le prince d’Orange.
Voilà ce que Louis XII pardonna fans réferve
&. fans retour. Il en reçut la récompenfè ; c’en efl une
pour un roi d’être fervi avec zèle par un grand
homme. La Trémoille avoit vaincu à Saint-Aubin , il
avoit été à Fornoue un des preux ou braves de
Charles VIII. Sa gloire remplit aufii le règne de
Louis X I I , &. une partie de celui de François I. Sa
faveur fous ces deux rois égala , comme fous Charles
V L I , fes talens & f.s fervices : ce fut lui qui fit prifon-
nier le duc de Milan Ludovic Sforce en 1 500. Il retarda
la ruine cfis François dans le royaume de Naples,
après la bataille de Cérignoles, en 1503'. Il contribua
au gain de la bataille d’Aignadel en 1 509. S’il perdit,
en 1513 , la bataille de Novare contré les Suiffes , il
fauva Dijon attaqué par les mêmes Suiffes. Il fe diftin-
gua , en 1 51 <j , à la bataille de Marignan, ou il perdit
Charles , prince de Talmond , fon fils ex fôn rival de
gloire. Si François I eût fuivi fes confèils au paffage de
FEfcaut, en 15 2 1 , il eût eu cet honneur, qu’il défira
tarit toute fa.vie , de vaincre Charles-Quint en' per-
fonne. En 1523 , le même la Trémoille repouffa les
Anglois & les Impériaux, qui avoient fait une def*
cente en Picardie avec des forces capables de conquérir
plufieurs provinces. Cette campagne de la Tri-
moitié fut une des plus favantes & des plus utiles
qu’on eût encore vues ; c’efl un des plus beaux faits
de guerre de ce fiècle guerrier.
En 1554, la Trémoille fit lever le liège de Mar-
feiile au connétable de Bourbon & au marquis de
pefçaire, L’annéç fuivante , il fut tué à la bataille de
Payie , livrée contre fon avis. » Sage la Trémoille ,
» s’écrioi’. la ducheffe d’Angoulême, en apprenant le
» défaftre du roi fon fils ; que n’en a-t-il cru votre
»expérience 1 il feroit libre, & vous feriez vivant»»
Guichardîn appelle ce, Louis II de la Tremoille, le
plus grand capitaine du monde.
6°. Charles fon fils fut tué , commç nous l’avons
dit, à la bataille de Marignan, en 1515.
7°, François, fils de Otaries, fut fait prifonnier à
' la
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la bataille c e Pavie, Ce fut lui qui acquit des, droits- A V T R t .
au royaume de Naples, par fen mariage avec Anne ;
de Laval, petite-fille de Frédéric , roi de Naples.
8°. G’efl pour Louis I I I , fils de François, que
le vicomté de Thouarsfut érigé en - Du che-Paii ie par
Henri IV ,en 1 J95. Les lettres né furent en régi ft ré es
qu’en 1599.
9-°. Claude fon fils, fut bleffé & porte par terre,
dars une rencontre entre les proteflans, dont il fuivoit
le parti , & les Catholiques. Il fe diflihgua en 1587 à la .bataille de Coutras ; en 1^90, à celle d'Ivry ;
*n 1 595 j au combat de Fontaine-Françoife.
io*. Frédéric , fon fils , mourut à Venife en 1642,
d’une bleffure reçue dans un combat fingulier.
ii° . Henri, frère aîné de Frédéric, fit abjuration
entre les mains du cardinal de Richelieu ; fe diflîngua
au fiège dé la Rochelle, à l’attaqu* du Pas de Suze ;
fut bkfféd’un coup de moufcjuet au genou , en allant
reconnoître la ville de Carignan , qu’il prit avec le
château.
120. Charles-René Armand de la Tremoille, duc
de Thouars, pair de Ftance, Prince de Tarente, premier
gentilhomme de la chambre, père de M . le duc de
Ja Tremoille d’aujourd’hui, eut, le 18 décembre t733 ,
au fiège du château de Milan, fon chapeau déchiré
par une balle de moufquet. Le 4 juin 1734 , à la re- ,
prile du château de Colorno, il reçut une contufiona \
la cuif£e ; le 29 du même mois, à la bataille de Parme, [
il fut bleffé légèrement ; le 19 feptembre fuivant, à
la bataille de Guaftal’a , il tomba dans unfoffé, y
fut foulé aux pieds, & ' ayant été relévé , il continua
quelques temps de combattre , jufqu’à ce qu’enfin j
les douleurs & l’état de foibleffe où il étoit réduit, j
l’obligèrent de fe reiirer. C ’tfl à lui cependant que
la fàtyre , obligée de reconnoître en lui beaucoup
d’autres mérites, a ofé dire :
Les Dieux t’auroient trop bien traité,
S’ils t’avoient donné le courage.
Trait qu’on peut ofer citer , parce qu’il efl fort
connu , & que fon injuftice efl univerfellement reconnue.
M. le duc de la Trémoille étoit de l’académie
Françoife , & méritoit d’en être. On a de lui des
vers très-agréables ; on en peut juger par ces deux
jolies châtiions :
Dans ces hameaux il efl une Bergère
Qui foumet tout au pouvoir de fes loixj
Ses grâces orneroient .Cythère.,
Le Rr.fligncl efl jaloux de fa voix.
J’ignore fi fon coeur efl tendre ,*
Heureux qui poiuroit l’enflammer 5
Mais qui ne voudrait pas aimer,
Né doit,ni la voir ni l’entendre.
Dans ces prés fleuris une abeille
Vole & vient s’enrichir d’un précieux butin ;
Mais voit-on fur la fleur les traces du larcin ?
Le baifèr que j’ai pris fur ta bouche vermeille i
En me rendant heureux , te laiffe ta beauté,
. Rofe aimable , je fins l’abeille,
Mon bonheur ne t’a rien coûté.
C ’est dire avec délicateffe , ce qu’Ovide dit
un, peu trop cruement..
G a u d ia nec ciipidis vejlra negate v in s .
Ut jam decipiant quid perditis ? omnia confiant.
Mille licet fumant -, dépérit inde nihil.
M. le duc de la Tremoille fut reçu à l’académie
Françoife le 6 mars 173S. Il avoit alors trente ans,
& le marquis de Saint-Aulaire, à quatre-vingt quinze
ans, fut chargé de le recevoir ; il fuit tirer parti de
ce contrafle : « je fens , dit-il à M. le duc de la
» Tremoille, toute la reconnoiffance que je vous
» dois. L’honamagë que vous vènez de rendre à M.
» le maréchal d’Eflrées, votre prédéceffeur, en ne
» me laiffant plus rien à dire, me foulage 6c me
» confole. Et comment une voix fi affoibhe par les
» années, auroit-elle pu célébrer dignement tant de
» vertus Si tant de gloire. Hélas ! l’illuflre nom
» qu’il portoit vient de s’éteindre dans la nuit du
» tombeau. Je fens que je m’attendris à cette trille
» réflexion. Il ne me refte qu’à baigner de larmes la
» refpeâable cendre que vous venez de couvrir dé
» fleurs. La différence des hommages que nous lui reur
» dons, efl affortie à celle de nos âges. »
Il eû beau de trouver dans fon ame , à quatre-vingt
quinze ans, afTex de fenfibilité pour produira
un morceau fi touchant. M. le duc de la Tremoille
mourut trois ans après, le 23 mai 1741 , de 1*
petite vérole , qu’il gagna de madame la duchdfe
dè la Trémoille, fa fetrime , avec laquelle il s’ëtoit
enfermé pour lui perfuader qu’elle n avoit pas cette
redoutable maladie quelle redoutoit beaucoup. M.
de Saint-Aulaire . v if périr: le jeune confrère auquel
il avoit fi peu cru pouvoir fur vivre. Ce fut la fable
du vieillard & des trois jeunes hommes.
Je puis enfin comp'ter Faurore
Plus d’utle fois lut- Vos tombeaux • • . ,
Et pleurés du vieillard , il graVa fur leur marbre
Ce que je viens de raconter.
'1 3 ° . Dans la branche de Talmond , Frédéric^
Guillaume de.la Tremoille, prince de Talmond ,
d’abord ecclèfiàflique & chanoine de Strasbourg #
enfuitç militaire liéùtenant général , fe fignala
dans divérfis expéditions. Au fiège de Landau , oài
il commapdpit la, tranchée le y j juillet 1713 , fl
Hifloire. Tome F.