
î V O E
^es riches citoyens , de Lucullus , de CrafluS,
d’Horteafius, de Philippus , & autres confulaircs.
« Croyez-vousdit Cicéron 3 qu'aujourd’hui que
nos'grands mettent tout leur bonheur & toute
leur gloire à avoir de vieux barbeaux qui viennent
manger dans la main , croyez-vous que les
affaires de l’état (oient celles dont on fe foucie f »
(£>• / . )
V IV O N N E , ( v o y e £ Rochechouart. )
VIZIR du banc j (te rm e de relation") on appelle
v i z i r s du banc en Turquie , les v h z r s qui ont
(eance avec le grand-v/ç/r dans le divan , lorsqu'on
examine les procès. Ils n’ont que voix consultative
, & feulement lorfqu’iis Font mandés.
Quelquefois néanmoins lorfqu’il s’agit de délibérations
importantes 3 ils (ont admis dans le con-
*fe:l du cabinet avec le grand-v/çïr, le mufti &
les cadikskers. Ce font eux qui écrivent ordinairement
le nom du grand-feigneur au haut de fes
ordonnances, & le Sultan, pour les autorifer, fait
appofer Son Sceau au-delïous de Son nom. Voyez
y i s iR , ( D . J . )
Viz ir -xan , S. m. ( terme de r e la tio n ) on appelle
de ce nom à Conftantinople un grand bâtiment
quar-ré à cLux étages^, rempli haut & bas de bouti-
queso& d’at elier; j où l’on travaille à peindre les
toil s de coton ; c’eft aufli le lieu où l’on en fait
le commerce. ( D . J . )
VOET, (Gisbert) Voetius, (H i f i. l i t i .m o d .)
ennemi de Defcartes', pédant liollandois, qui a
fait Secte parmi les pédans , car il y a ou du moins
il y eut des Voètiens. Ce Vo e tiu s eft fameux,
comme Eroffrate, par le mal qu’il a fait. Guma-
rifte fougueux, il s’étoit fignalé au (ynode de
Dordrecht ; fa fanatique éloquence avoit contribué
à la condamnation des arminiens & à la mort de
ce vénérable Barneveit, victime d’un zèle vertueux
pour les loix de fen pays. Voetius étaloit
cet indigne triomphe , il exigeoit les refpefts &
les hommages dûs à un déf-nfeur heureux de la
vérité ; il le nommoit, il fe fa lbit nommer la
g lo ire & Cornement des églifes belgiques j Son impudent
orgueil ne rougiflo’t pas de piendre ce titre
dans des écrits publics. Un maintien grave, l’air
du recueillement & delà mortification t une néglfi
g-nce étudiée dans fon extérieur , une morale
au fl ère , des déclamations cyniques contre les
grands , un emportement, quon- croÿo’t (ânr
conne tous les vices de la mollefle, tandis qu’il
fe permettoit tous ceux de la dureté , un enthou-
fafme analogue à Tefprit de la réforme , des moeurs
pures & îauvages du zèle, de i’exsctïmJe à remplir
des devoirs qu’il aimdit, parce qu’il croyoit y
trouver l’occafion de paroître avec avantage: •
voilà ce qui lui avoit attiré là -faveur & Peftinre
du peuple. LadifcCrde exoit par-tout fur fes pas5
v o E
il âtoït befoin de combattre , de haïr, comme
une ame honnête & tendre a befoin d’aimer 8C
d’obliger ; il hall oit qu’il pourfuivît un ennemi i
qu’il s’acharnât fur une prpye. Il confuma upe
carrière de quatre-vingt-fept ans, dans les pénibles
hoflilites d’une argumentation barbare fuperficiel
dans fon érudition 3 incohérent & fouvent abfurde
dans fes raifonnemens, bas dans fes idées, violent
dans fon ftyle, atroce dans fes calomnies, quelquefois
fouple dans fes intrigues , ennemi né des
talens, des grâces, des vertus , d.e la gloire : tel
fut l’ennemi de Defcartes,
Il le devint pour l’avoir entendu louer, & fans
l’avoir jamais vu ; comme ce payfàn de l’Attique
condamnoit Ariftide à l’offracilme , fur' fa feule ré"
putation de vertu & d’équité.
Ce tyran des efprits, miniffre & profefîeur en
théologie à Utrechc , repoufia d’abord avec fa.
violence naturelle la lumière du cartéfîanifme qui
eommençoit à y pénétrer ; car ce 11’étoient point 1er erreurs de Defcartes qui excitoient fon-zèle &
fa colère , c’étoient au contraire ces principes fi
pbilofopliiques , fî lumineux , auxquels Defcartes
lui-même ne fut pas a fiez fidèle ; Voetius petfé-
cuta les profeffeurs favorables à cette nouvelle doctrine
; il fit & fie faire des livres, des recueils de
calomnie contre Defcartes, il le décria dans des
thèfes publiques-, il l’attaqua dans des tribunaux*
L’univerfîté étoic en feu ; les magiftrats s’allar-
moient.; Vo e tiu s leur perfuada aifément que tous
les troubles , dont il écoit le feul auteur , étolent
l’effet des nouveautés dangereufes que Defcartes
avoit inventées ou qu’on enfeignoit fous fon nom.
Voetius éfoit né à Heufden en 1 c 8 p . Il avoit été
fa't profefîeur en théologie à Utrecht en 1,634;.
il mourut en 1677. ( Voyez l’article Cocceius.)
VOEUX folemnels des rom a in s , (H i f i . rom. ) '
Au tems de la république, les romains ofFroient
fouvent des voeux & des facrifices folemnels pour
îe'falut de l’état. Depuis que la puiflance fou-
veraine eut été déférée aux empereurs , on offre
:t en différentes occafîons des facrifices pour la,
confervation du prince, pour le falut, la tranquillité
& la profpérité de l’empire; de-là ces
inscriptions de ’la flatterie fi ordinaire aux monôme
ns : V o ta p u b lic a . ’S a lu s A ugufia. S a lu s gene-
r ia h um an i. S e cu ritas . p u b lic a 3 &c. Le jour de
la naiffance des princes étoit encore célébré avec
magnificence par des voeux''St des facrifices ; ç’é-
tp 't un jour de fête qui a été quelquefois marqué
dans les anciens calendriers. On folemoifoit
ainfî le 23 du mois de fepte’mbre, v i i i j . k a l. ottob.
le jour de la îia’ffance d’Augufte.
VOGLERUS , ( Valentin Henri ) (H i f i . l i t t ,
m o d .) favanc allemand , profefîeur en .médecine-
à Helmffadt, eft auteur d’ur.e notice en latin des
bons écrivains en tout genre 5 fon ouvrage étoit
v o 1 V O I 587
refté imparfait ; mais MeiSomius en a donné une 1
édition à laquelle fes remarques & fes additions j
ont' procuré fine partie' de futilité dont un pareil
ouvrage feroit fufceptible. Ce feroit en effet un
ouvrage bien utile & à’ceux qui veulent fe former -
une bibliothèque Sc à ceux qui veulent en faire-
filage qu’une, notice faite avec choix & avec goût,
des meilleurs livres en tout genre. Voglerus 9 né
à Helmffadt en 1612 , y mourut en 1677. .
VOIGT, ( Godefroi ) (H i f i . l i t : , m o d ,) théologien
luthérien , reéteur de l’école, de Hambourg ,
mort en 1682 , eft auteur d’un favant traité des
a u te ls des anciens c h ré tie n s , & de quelques autres
ouvrages latins.
VOISENON, ( Claude Henri de Fufée de )
( H if i. l i t t , mod. ) d’une famille ancienne, naquic
au château de Voifenon près de Melun le 8 juillet
1708. Il fut toujours d’une compléxion très-foible,
& il difoit que la nature I’avoit formés dans un
moment de diftraétion. Il commença & finit fa |
carrière par faire des pièces de théâtre ; dans l’intervalle
il fut grand-vicaire de M. Henriot fon
parent , évêque de Boulogne ; il lui* faifo t des
mandemens dont le ftyle épigrammatique fut cen-
(uré dans un libelle avec tant d’amertume , que
le magiftrat crut devoir faire meltre en prifon
l’auteur du libelle ; aufli-rôt que l’abbé de Voifenon
en fut informé, il alla folliciter la délivrance du
prifonnier & il l’obtint. Celui-ci courut lui faire
fes remercimens j c’eft moi qui vous en dois , lui
répondit l’abbé de Voifenon en préfence de l’évêque ^
pour m’avoir averti que les vérités de l’evangile
exigent de ceux, qui les annoncent, un ftyle
plus fîmple, un ton plus noble & plus grave. Je
n’aurois pas dû l'oublier , & je vous promets de
faire ufage de vos confeils.
Dans un précis hiftorique c(e là vie de M. l’abbé
de V o ife n o n , placé à la tête de fes ouvrages, on
raconte de lui plufîeurs trajts femblables. On dit,
par exemple, que l’auteur d’une fatyre violente,
faite contre lui, eut l’effronterie de venir lui lire
fon ouvrage & de lui en demander Ton avis. Votre
ouvrage , lui répondit l’abbé de V o ifen o n , a befoin
d’être retouché ; puis fe mettant à fon bureau,
il y fit lui-même les changemens qu’il avoit jugés
néceffaires , & lui remettant' tranquillement fa
pièce, je la crois très bien à préfent, lui dit il,
vous pouvez -la faire courir , elle me fera du
tort. — Je ferôîs trop coupable de vouloir encore
vous en faire , lui dit le fatyrique défarmé par ce
trait de modération , il lui demanda fon amitié ,
l’affurant qu’il venoit de l’en rendre digne ; il la
nérija en effet par là confiante fîncérîté de la fienne,
& l’on ajoute que c’eft dans fes bras que l’abbé de
Vo ifenon a rendu les derniers foupirs. Il avoit lui-
même du penchant à la raillerie, & il auroit été
$rès fatyrique, s’il avoit pû (è le permettre \ un®
aventure de fa jeureffe l’en corrigea pour toujours /
& ne contribua pas peu à lui faire embrafler^ 1 état
eccléfiaftique. Un mot imprudent & malin lui avqü
attiré une affaire de la part d’an militaire qui e*
éioit l ’objet, iis fe battiient , & pour réparation
l’auteur du mot bleffa le militaire, M.de Voifenon.
épouvanré d’avoir été expofé à tuer un homme
qu’il avoit offenfé, alla fe jetter dans un féminaire
&. fe confacrer à l’églife.
A la mort de M. Henriot, la ville & le clergé
de Boulogne députèrent au cardinal de Fleury âç
lui demandèrent l'abbé de Voifenon pour ev.eque,
celui-ci, effrayé du projet, part de nuit pour Ver-
failles & fupplie le cardinal de n’en lien faire.
Comment, lui dit-il, gouvernerois-je un diocèfe 5
j’ai tant de peine à me gouverner moi-même.
Moi régner, moi ranger un état fous ma loi
Quand ma foible raifon ne règne point fur moi!
Un eccléfiaftique follicitant contre lui-même parut
un objet nouveau à la cour, tout le monde voulut
1 e voir & le connpître. Le çardipal qui fentic le
prix d’une telle franchife, açcprda au jeune ecclér
fiaftique de n’êtrc point évêque, mais il lui donna
l’abbaye du Jard.
Meilleurs de Choifeul, fes amis , lui ouvrirent
le dépôt des affaires étrangères, pour qu’il y puifât
des matériaux utiles à l’hifloire. Ses travaux dans
ce genre n’ont produit que quelques fragmens. Ils
lui firent accorder diverfes grâces & le firent nommer
miniftre plénipotentiaire du piihce-évêque de
Spire à la cour de France ; ils facilitèrent fon ad-
miflïon à l'académie françoife , où le poëue des
grâces, dit l’auteur de fa vie ou de fon panégyrique
, fuccéda en 1763 au plus teirible de vos
poètes tragiques*
Il partit le ij feptembre 177J pour le château
de Voifenon , afin , difoit-il , de fe trouver de
plain^pied avec la fépulture de fes pères, il y mourut
en effet le 21 novembre 177J.
On Ht au bas de fon portrait dans l’édition de
fes oeuvres ces quatre vers de M. CofTon qui confirment
ce que nous avons dit de la facilité qu'il
auroit trouvée à être fatyrique , s’il i’avoit voulu :
Dans le feu de fes yeux la faillie étincelle,
Sur fes lèvres on voit le ris fin & moqueur;
Mais fa bouche retient fépigramme cruelle;
Le trait, en s’échappant, feroit faigner fon coeur.
Parmi les différens mots de M. l’abbé de Voife-
n o n , rapportés dans le précis de (a vie,, nous re-
j marquerons celui-ci : « Il rendit des devoirs aftidus
j » à une dame recommandable par fes moeurs. Ma-
j sa dame de . . . •• en fit des reproches ( ou des
L » plaifantèries.) à cette dame en préfence de l’abbé