
Îiîiifon des fait* r c*eft l’invité , ç’eft l'intégrité dn tableau
<JU4 peuvent s’emparer de l’irn agi nation du leéteur , &.
y taire une imprciïion durable:
Tantîm fsrtes junghiraque poliet.
Dans les annales Ÿintérêt n’a jamais le temps de fe
former, & s’il fe formoit, ce ne ferait que pour impatienter
te leétetir, qui fe verroit à tout moment
arracher, .avec violence, à tous les objets de fa cu-
riofité. L’attention fans celle égarée y entraînée malgré
elle vers des objets Imprévus,, ifolés > étrangers les
«ns aux autres, eft obligée de fe ranimer d’elle-même .
avec effort, de revenir fur fes pas, de fe demander
ce qu’eft devenu l’objet dont elle s’occupoit d’abord , &
qu’elle ne reverra pas de long-temps ; ce que deviendra
celui dont elle s’occupe à prêtent, Ô£ s’il ne difpa-
roîtra pas de même , pour ne reparaître que lorfque ,
par toutes ces-interruptions , il lui fera redevenu indifférent
; il faut qu’elle rapproche labor.eufement les
traits épars, les portions de faits répandues çà & là
dans un ouvrage im-menfe , & féparées par de longs
intervalles. Mais ces rapprochemens y ce foin, de réunir
les parties homogènes , de féparer les hétérogènes ;
tout cet embarras enfin, étoh-ce au Ieâ. ur qu’il falloit-
le laiffer ?■ N’éioit-ce pas à . l’auteur à s en charger
i'J’eft. ce pas à lui qu’il convient d’arracher toutes les
épines, de lever tous les obftacies qui peuvent dégoûter
de Tinftruâion, en la rendant plus difficile i
Quelle obligation avez-vous à un maître qui ne veut
vous inftruii e que félon ia méthode qui lui coûte le
m o in s & qui vous‘coûte le plus i
O r , c’eft cette méthode chronologique, dont nous
ofons nous plaindre que l’üluftre M. de T hou n’ait
point allez fecoué le joug, ni évité les inconvéniens»
Mais quelle méthode falloir-i! fubflrtuer à la méthode
chronologique , fu-r-tout dans une hiftoire uni-
verfelle, qui devoir contenir tant d’événemens diffé-
cenSÿ 6t apporterons à des nations différentes i
Seroit-il donc impofiable de former dans l’hiûoire ,
des elpèces de péiiodes, dans telo.ueltes on ferait
entrer naturellement , & dans un ordre favorable à
^imagination, tous les événeinens qui concernent
toutes les différentes nations ! Ou choifirait poux le
feit principal de chaque période quelque époque importante
& remarquable , telle .que la ligue de Smal-
cade, & fes fuites ; ia rivalité ou de Louis XI & de
Charles-le-Téméraire, ou de Charles- Quint & de
François I , ùC les guerres qu'elle entraîna ; le changement
de religion en Angleterre , avec toutes fes di-
verfes revenu Lions, &c. Cet événement principal de
chaque période ferait .fuivi depuis fbn commencement
jufejuà là- fin fans aucune interruption, fans
aucun paâàge à d’autres événemens arrivé» chez les
autres nations pendant le cours de cette période ; on
les placerait ou fuivant l’ordre de cette importance,
©u fuivant Tordre qui avoit été d’abord établi entre les
différentes nations. Mais quels que fuffent ces événe-
mens , & quelle que fût leur importance, on auroit
foin de ne les jamais morceler , de les rapport#
toujours tout entiers à la fois r quand même leur
commertcement ou teur fia appartiendraient, l’un à la
période précédente , l’autre à la période fuivante..
Par-là ehgque tableau ferait complet 6t embraffé tout
entrer d’une feule vue ; rie'h rie traverferoit l’intérêt y
Pinftruélion deviendrait facile & agréable. La chronologie
ferait fatisfaite ; car cette méthode ne difpenferoit
point, & redoublerait au contraire l’obligation de
marquer exactement l’époque de toutes les portions
de faits réunies , comme on. marquerait dans l’ordre:
chronologique l’époque de toutes les portions de faits-
difperlées. Or , la chronologie n’à rien de plus a
prétendre.
Ce n’efi point une idée nouvelle que nous préfentons-
ici ; elle a fouvent été exécutée par de grands hifto-
riens poftérieurs à M . de Thou. Ce plan , que nous-
propofons pour Thiftoire univerfelte ; ce plan y qui
confifee à préfenter des faits toujours entierss’exécuterait
à plus forte raifon , & avec plus de facilité
encore, dans Thiftoire particulière, & il s’y exécute
tous les jours. Quel eft., par exemple , Thiftorien qui y
dans la vie de François I , ayant à. parler du fameux;
procès de Semblançay, ne l’ait, pas rapporté tout
entier à l’année 1522, & qui ait imaginé de le couper
dans cette année , & d’en renvoyer la fin à: l’année-
1527 , parce qu’en effet il- ne fut fini qu’en 15-27 ? On
fe contente de marquer d’avance 1’époqu.e du fupplice î
& ce tribut payé à; 1a chronologie, on renverfe l’ordre,
chronologique pour l’intérêt de la narration-
Mezerayy lui-même, dans fon Abrégé clironolo~
gique r féifit, autant qu’il peut, Tbccafion de fecouer
le joug qu’il s’eft im p o fé& de préfenter des tableaux
entiers. Le morceau des guerres de Naples foufc Charles
; VIII-, celui des guerres de religion T. us Charles IX.r
l fe règne entier de François II;, font traités par cet
écrivain avec cette liberté que nous déferons, & qui
lait fe dérober a toutes les épines chronologiques-
Toute hiftoire affervie au plan chronologiquequête
que bien faite qu’elle foit d’ailleurs , eft toujours effen-
fiellement ertnuyeufe, par fes ra.fons que nous avons;
dites*
Ce plan chronologique a d’ailleurs d’autres incon-
véniéns, Thiftorion y eft arrêté fans celle dans fit
courte* par la diificulré de multiplier & de varier 9
l’infini les 1 ranimons: il marcherait d’un pas toujours
libre dans l’autre carrière. De pàis, le chronologiûe
a befbin d’une attention plus marquée, & d’une mémoire
plus sûre, pour fê rappeiler le point précis où
il a 1 aille tes événemens fuipendus donc il veut poursuivre
la narration. Les exemples des fautes , des in-
conféquences, . dés contradiéfions où entraîne ce défaut,
foit d’attention, fort de mémoire, feraient in-
nombi ables. Nous n’en citerons qu’un , qui fe préfente
à nous en ce moment*
Dans te premier volume d’une hiftoire de Louis
X I , qui a para en 1755 , long-temps après celle de
M. Duclos, l’auteur s’exprime ainfi : » On voyoit tes
» deux aînés de la maifon de Montmorenci tranfr
Ü plantés aux Pays-Bas, par une aventure qui sex-
p pliquera dans fon lieu ». A la fiiï du fécond volume
on rapporte à Tannée 1467 la mort de leur père., Jean
de Montmorenci, fécond du nom, & on ajoute.
n nous avons rapporté comment &. pourquoi i’ avoir
w déshérité fes deux fils du premier lit, établis en
» Flandre ».
' Cependant on n’en a point encore parle ; ce n eft
enfin que dans le fixième & dernier volume qupn
dit ce commmt & ce pourquoi, qu’on fuppofoii avoir
été dits précédemment.
On a reproché, avec raifon, à M. de Thou, un
refte de fuperft tion, dont fes lumières auraient du
le garantir. En voici un exemple dans la meryeiîleule
hiftoire qu’il raconte au fujet de la conjuration formée
en 15 47 contre Pierre-Louis Farnefe , duc de
Parme &. de Plaifance. Le duc favoit, dit-on, qu il
y avoit une conjuration contre lui ; mais il ignorait
les rems des conjurés, & le lieu où ds dévoient
exécuter leur projet. Il employoit, -pour le
découvrir , tous les prétendus fecrets de 1a magie.
Un homme qui faifoic profeffion de cet art impof-
teur , & qui étoit fans doute inftruit du complot
formé contre Farnefe , Taffura qu’il n’avait qua
confulter une pièce de fa monneie, 6c qu elle lui
four niroit toutes tes lumières donc il avoit befoin.
L’ événement feul expliqua cette énigme. Sur la
monnoie de Parme étoient gravés ces caractères,
P. Aloif Tarn.. P arm. & P lac. dux. C étoient les
quatre lettres Plie, qui contenoient tout le-myftère;
raffèmblées , elles défignoient Plaifance, où 1e
duc devoit être tué ; féparées , c’étoient les lettres
iniùales des noms des principaux conjurés, Pal-
Uvïcïm, 'Lando , Anguijcïola , ConfAonïerl M. de
Thou dit , après quelques hiftoriens , dont 1! adopte
le récit , que ce prétendu magicien qui fit a Farr.efé
cette réponfe , dont celui-ci ne profita point, ne-
toit autre que le démon, qui, évoqué par la force
des enchaotemens , apparut au duc de Paime:
Ferunt , dit-il , ncc vanus rumor eft , mcantauonibus
evocatum dtzmonem. Puis il ajoute : quod iruer menio-
rab lia magicce delufionU exempta merhb rccenferi
poleft. 11 arrive quelquefois à M. de Thou de n’être pas
Tuffifaminent inftruit , fur-tout en ce qui regarde
Ph ft«)ire des nations étrangères.. 11 avoit adreffé à
Camden d :s lettres, dans îeiqueiies il s’exeufe d’avoir
fuivi, fur tes troub’es d’Ecoffe, Tautorité û fufpeâe
de Buchanan. »C ’étoit, dit-il, ie teuT écrivain qu’il
»» eût été à portée de confulter ». Il regrette de n’avoir
pas reçu de Camden des inftru&ions fur l’Ecofte ,
comme il en avoit eu fur l'Irlande. Camden lui envoie
Une lifte des erreurs où ce défaut d'mftruéVons, &.
une déférence aveugle pour Tautorité infidelle de
Buchanan avoient en effet entraîne de Thou. Le roi
Jacques fe plaignit lui-mçme au fils du prefidenc de
Thou, que fon père eût copie les calomnies Ae Bu-
rjchaiian. contre Marie Stuart, -mère fie, Jacques.
IV.arillas. prétend que le roi Jacques ue put obtenir
de Buchanan, fon gouverneur, qu’ il rétraâàt en
mourant ce qu’il avoit écrit contre Marie btuart.
Buchanan, félon Varillas, répondit, » que fa conférence
» ne lui reprochoit rien à cet égard , & qu il avoir
„ écrit la vérité ». Varias prétend avoir vu a la bibliothèque
du roi un exemplaire imprimé de llvltoirs
du Dtéfidem de Thou, en cinq volumes, aux^marges
defquels le plus jeune de MM. Dupuyavoît écrit de
fa mamies faits les plus curieux', que fonfrère & lui
avoient jugé à propos de retrancher a hmpreflfon.
O r , dans les additions au qua'r*eme volume, V a.
riUas avoit lu le fait qu’on vient de rapporter.
Voilà ce que Varillas dit dansla préface du cinquième
volume de l’hifioire de lhéréf.e; & l’on en pourrait
déjà conclure que MM. Dupuy avoient reconnu > a
fauffeté du fait qui concerne Buchanan, pu.lqu ils
l’avoient retranche à l’imprelhon.
Mais dans le corps du livre, Varillas oublie tout ce
qu’il 'a dit dans la préface. Ce n’eft plus dans un
exemplaire imprimé du préfident de Thon qutl a ltt
ce fait; c’eft dans l’original même du prendent de
Thou. Ce- n’eft plus de la main de, Duprw W* ,0*
fait eft écrit ; c’eft de la main du prefident de i non
lui-même.
Le même Varillas dit que Buchanan commua^ df
pafécutcr Marie Stuart après 'qu'on lui eut, tranche la
tête. Il ignore que Buchanan étoit mort en 1.502,
cinq ans avant Marie Stuart. ,
On voit par-là .quelle confiance on doit prendre
dans la prétendue noté, foit du. préftdent de Thou. ,
foit de Dupuy , & s'il eft poflible d'oppofer lamente
de Varillas à celle de Camden.
M. de Thou repréfenla auffi comme coupab’.e le
ma'heureux Coucy de Veivins,- décapité en 1549»
& dont M. de Belloy , d’après Dupuy,-a » Par™.":*
ment démontré l’innocence , & juftifé la ré f i l iation.
Mais on ne peut reprocher, a M. de i Ara
cette erreur , qui ldi eft commune avec, tous les hitto-
riens, & à laquelle le récjt des auteurs contemporains
les plus accrédités a donné lieu.
Le fils aine*de M. de Thou Mtorien, eft ce célébré
infortuné Fra.,çoh-Augufte de Thou, qui, dçlorab e
victime de l’amitié, eut la tête tranchés a Lyon le
la Septembre 164a, pour n’avoir pas cru devoir
dénoncer fon ami Cinq -Mars fur la con,uration dans
laquelle celui-ci étoit entré contre le cardinal de Ki-
cheiieu. On a prétendu q-e des interets de famille,
&t des motifs de vengeance étrangers a cette atiaq-e ,
avoient influé fur le fort de M. de Thou. Le cardinal
avoit, dit-on, corifervé un vieux reffeiinment dc.ee
que le prefident de Thou avoir dit flans fon hiftoire,
d'un des grands oncles de Richelieu, Antome du
PU-ffis d Fdchei 1, dit lé moine, aventurier.ÇûUr
pabie, auquel-il attribue tous les excès de la heepe?'
& de la débauche : Antcmus Pleffiacus Richcllus.
vulùo dilhts momichus, qmd eatn Via». M W
fiàtht; idn veto ejunita , 0 : ni fe liant:? acjffoung
getiire «mtatnimflci. Il eft difficile de favoir jufqua