
L I S M C R E T À I R ï.
** Et vous ,• fi vous aviez lé pape & tous less
cardinaux en votre pui/Tance, qu’en.feriez-vous’?»? '
L u T H x r ( fo u r ia n u )
*« Je tâcherais de leur rendre toute forte d’hon-i
neur 8c de refpeéi..»
Luther s’enfuit fecretement. d’Augsbourg à Vit-
temberg , feignant: 3e craindre bu craignant réelle -
ment qu’on-ne l’arrêtât^' ,1e légat, écrivit à J’éledeur
de Saxe pour le prier d’abandonner un hérétique que
les foudres1 de l’eglife alloient frapper j Téleéteur
répondit qu’il ne priverait point fori' univerfitéde
Vittemberg d’un tel ornement..
Thomas de Vio étoit néa Gaëcëdans lé royaume
- de Naples en 1469. - Il étoit -'entré cheiz'l les1 demi- ■
nicains en 1484 il en avoit été -nôminé £énë- ;
ral en 1508. Leon X l’avoit' fait cardinal ërf i ÿ î y '
,égat en Allemagne en 1518 /pois1 ett; Hongrie
en 1513. Il avoit été nommé à'|Tévêché dé Gaëte
ea 15151. Il mourut à Ronie: en 1534’ Il a travaillé
fur l’écriture fainte& fur la fomme de S. Thomas.
V IR E T , (Pierre) ( Hifi.du-'Calvrq.fameux
minière du calvinifrne. naji/ïant j il exerçaje min^-
,tere a Laufanne 8c. ailleurs.., & mourut Pan en
1 57*• R eft auteur de divers -ôpufcules .de ^parti;",1
VIRGILE , (. PubliuS- Virgilius Maro. ) H i f t .
l i t t . de Rome ) eft furnommé le prince des poètes
latins , & jamais titre ne fut mieux méritéjamais
on ne ht de plus beaux vers • & o u - né -répandît i
plus d’intérêt lur tous les détails de ftyle 3 ex-
preffion toujours heureafs', harmènie^ toujours brillante,
pompeufe & naturelle , fenfibilité. profonde,
fentiment exquis du beau Sc du -jafle ën tout, goût
En & fûr; Jamais rien de - trop , > mefûrè exadë de
ce qui plaît & qui intérelFe & qui ne fatigue’ja^
mais.-Tous l’ont imité , aucun n’a fü comme' -lui
fe renfermer dans les bornes précifes de la f e r-
Eéfon. Qii ne fait par coeur & les églogues de
Virgile & les épifodes qu paffionnés ou rouchans
de cet excellent poème des georgiques ? Quiconque
aime la campagne* aime à en voir- la peinture3
prefque tous les poètes, prefque tous les hommes
ferlîbles l’ont aimée.,- c’eft le goût 1er plus naturel.
Horace, qui 1 aimoit tant , va jufqu’à contefter
aux plus grands amateurs de la ville , leur prétendu
dégoût pour la campagne x il leur prouvé
qu ils laimoient plus qu’ils ne croient 5 qu’éloignés
® e'iJc leurs pâmons 8c leurs erreurs , iis en
recherchent du moins l’image 3 qu’ils. combattent |
la nature , mais que la nature triomphe .de leurs
vains efforts :
Nemph inter varias nutritur fylva columnas,
> LaudaCurquc : dornus (àngbs qu& prùfpicjt dgrçs»
Haturgm expelles furcâ , tamen ujqâe recurret,
Et mala perrumpet furtim fafiidia viSlrix.
Mais perfonne n’a plqsiaimé 8c n’a plus fait aimer
la helle nature &,la campagne que Virgile. < t
Noèis. placemt ante omniafylvA......
Rura mihi & rigüi plateànt iti vallibus arnn&s s
Ffuminaamlem'fylvàf^eihgtotidfi^ Osib'i cdmpi\
, Sperchiufque 6* Virglnibus hacchata, tacAnis
• - ' ■ ■' Taygeta 3 â qui me gelidis in vallibus JiAmi
Siftat3 & ingenti ramorumprotegat umbrâ !
L e téridreiPénélon -pronon^bit toutes les malédictions
de la littérature contre ceux qui- pcm-
: voient n’êqe attendris, ;jpfquiaux larmes r par
\le charme ,de ces vers, : ^ .
- 1 - Fortunate fenex 3 \hic inter jhimina nota.3\i il
Et fontes facros , frigus captabis opacum.
Il envioit avec Virgile le bonheur des habicaris de
-la caqipagne^j t-i i__ ? f ,,r . . , ,. -
O fortunatos nimiïim 3 fua f i bona nôrint > : eu
- ‘Agrtboleis . ncLhgcM tri.-* J
IL defiroiti, tantôt comme -Gallus , d’être h tràùC-
porté parmi les bergers de l’Arcadiè :
. - O mîhi tum quam molliier ojf&quîefcant, J
Vefira meos olim fififi'ula dicat àmor'es ! - ” -
■ - -Atque- utinam ex vobjs unies vefiriquefuijfim
-i .. ^-uteuftosgregis 3 aut m,aturs, viniior-.uvA !
Tantôt de partager fur ; les bords du Galtfus les
occupationSj champêtres , les douces jouifïances
dç l’heureux vieillard du quatrième livre des Géor-
giques: ,?! .j. ,_■ ; gm
Cui pauca reliEti
jugera riiris èrant 3 nee fertilis ilia' juvencis 3 \l
' $ ecPecori opportunafeges., nec cornmodu Baccho. .
: Hic rarum tamen in duniis olus albaque circum
Lilia3 verbenafqué prçmens 3 vefeumquepapaver
Regum aquabat opes ahimis, ferâque revertens
2 Nobtedomum 3 dapibus menfus onerabat intmptis.
• ' rrlmus yere rofam atque autumnocarperepoma3&c*
I) fe tranfportoit en îmaginaripn dans tous les pay-s
fages que Virgile décrit :
Sivefub incertas Zephirls motahtibus ambras
Si've antro po'tius fuccedimus, ajpice ut antrum
Silvefiris raris/parfit labrufça racemis....
: Hic viridis tèherâ prktexit arundinéripas
Min. ci us , eque fàcra refonant examina quercu...
I Miifiofi fontes fyfdmho molliorhèpba , '
EtquA vos rarâ viridis tegit àrbutus uipbrà,..., J
Hic ver purpureum 3 varios htc fiümind èircum
Fiindit humus flores 5 hic candida pop ululant ro
Imminet13 6* lentp texunt umbracula Vîtes- , . - 1
Hic gelidi fontes : hic-, molli a praita , ,hicoti.\. i -
: Hic nemus'y hic ipfo tecum confumerer avo.
De . telles defcriptions ptoduifent à; la fois & un
défir Ur'dent de voir ces lieux, & l’iHufion qui fait
qu’on croit les voir. !Qui n^imeroit “ce trait '
d’une naïveté fi fine 8c fi voluptueufe ?
Mala me Galate a petit lafciva puella :
i Et fugit ad falices fecupit Ante videri.
Et ,ce petit tableau d’une naïveté fi pa/Iionnée :
Soepibus in nofiris parvam te rofeida mala
( Dux ego vefier eram ) vide cum matre legentem,
fi.lt^r ah .fdÿçimp jar$ me ium ceperat ahnus 3 f
Jam fragilespoteram a .terraicontingere rdmp.s, Sir\
Ut vidt J ■ uiperii A ut rtte malus dbfiulit errov- !> 1
. *c Quel homme de goût n’eft pas en étàtde ïereqdïe
compte du plaifir que lui-font césJ images, tbû-
jours fi agréables OU fi touchantes , les fleurs & lés
ruifieaux, lés bois & leurs ombrages , les foin? dés
froupèaux & des' biens'qu’ils donnent à l’Homme 3
tous ces objets qu’ bti ne féHafle pas plus'dé1 rëvoir
dans les vers que dans les champs , vers lefquels
l’imaginUtioV des vrais poètes'Te retourneJfî'Souvent
dans les Tujets mêmés qui les en élo^nént ,
qu’Homère 8c le Tafle retracent au milieu des combats
& du carnage , 8c Lucrèce au milieu des fyftê-
mes abftraits ^d’une faufle philofophie. ee Amfi
s’exprime l’éloquent 8c heureux panégyrifte de
Fonçenellc 3 le chantre des jardins a dit- aufli :
Non , je ne puis quittèr lc fpéftaclc des champs.
Eh l »qbi» dédâighéroit cé ftijet de5 rhés chahts ? ?
II infp.iroit Virgile , . il féduifit Homèrc.
Homère , qui d’Achille a chanté fa colère,
Qui nous peint la tcrrcjir attenant fes courfiers ,
Le vol fiflant des dards,, le choc des boucliers ,
Le trident de Neptune ébranlant les muraille^ ,
Se plaît à rappéller au milieu des batailles ;
Les bois, les prés, les champs, & de ces frais* cablcafox
Les riantes couleurs délaflent fes pinceaux 5
Et torique pour Achille' il prépare des armes ,
S’il y grave d’abord les fiégës , les allarmes,
Le vainqueur tout poudreux, le vaincu tout fanglant,
Sa main trace bien-,tôt, d’unhurin confol^nt,
La vigne , les troupeaux , les bois, les pâturages,
Le héros fe revêt de ces douces images,
Part, 5c por.te à travers les affreux bataillons
L’innocente vendange, èc les riches moiflons..
« N ’entend - on point, ajoute le panégyrifte de
Fontenelle , les; douleurs les plus plaintives de l’a-
Imo.ur 8C Tés prïèré.s ' lés . plus ardentes dans cette
’églogue de Virgile , où un berger , tandis que la
nature entière repole 34 accablé tous lé poids des
^chaleurs , erfè à traveVs les campagnes fans chercher
même l’objet qû’il adore , 8c dans des difeouss
^remplis de tout le défordre de fapaflion , luiadreffe,
!coinrrîé‘ f i l étoit préfent, des fupplications qui ne
»font écoutées que des . forêts. & des montagnes ?
Quel tableau que celui de Galius fuccombant fous
les maux dé l’amour , entouré de troupeaux attentifs
à fà > douleur, . interrogé- tou r-à-tour par tous
les bergers & par tous les dieux des champs 3
montrant, avant t qu’il ait. dit un mot., la nature '
entière émue & troublée de. fa paflion, & quand :
,il fort de ce fi'ence , ne prononçant pas un vers
qm.-ne foit digne des grands mouvemens que l’a-
imOürjx m douleur d’ùn berger ont excités dans les
cîe’ux & fur la terre; .
Voilà comme il. faut voir & fèntir cés objets :
. Virgile & plufieurs autres auteurs bucoliques ont
employé la magie , dans leurs paftorales. « Je ne
puis, die à ç e lu jet. l’auteur aimable de Gdlatée 8c
d'Eftelle ^,.jé rie puis ’ m’i^térefTèr à des amans qui'
fç font aimer par des philtres, ou cëfTent' d’aimer
par deS breuvages.,»
Là critique eft .jufte , aufli ne font-cc pas les
opéiations magiques qui plaifënt dans la huitième
églogue de Virgile , c’eft le couplet :
\ Tàlis amor Daphnim ,
Talisdmor t'ene a t : nec fit mihi cura mederi.
C ’eft ce violent , amour, que la bergère veut infpircr
à Daphnis pour le dédaigner & qui. prouve la rio-
lcuçc du fiens, c ’eft apre^ ce couplet fi paflionné*