
enfeîgnoh les lettres aux clercs. Quelqirës^ïifls cependant
ont prétendu que, par ce terme, on n’entendoit
que celui qui étoit chargé de leur montrer les langues,
les humanités & tout ce qu’on comprend fous le
nom de Belles-Lettres ; mais-cette occupation n’étoit
pas la feule' du fcholafiique. 11 devoit encore former
les fujets aux hautes fciences , telles que laphilofophie
& la théologie, ou du moins ces deux fondions auparavant
féparées , furent réunies dans la même per-
fonne. Celui qu’on appelîoit fcholafiique, fe nomma
depuis, en certains lieux, ècolâtre ôcthéologal, titres
qui fobfiftent encore aujourd’hui dàns la plupart des
cathédrales & autres chapitres de chanoines, quoiqu’il
y ait long-temps qu’ils ne remplilTent plus les fonc-
tions des anciens fcholaßiques, fur-tout depuis que les
univerfités fe font formées, &qu^on y fardes leçons
réglées en tout genre. On peut dire que, depuis le
9me fiècle jùfqu’au quatorzième, les auteurs qui ont pris
le titre de fcholajliques , ne l’ont porté que comme
une marque de la fonétion d’enfeigner qu’ils avoient
dans les diverfes églifes auxquelles ils étoient attachés.
L’auteur du Supplément de Moréri a fait une remarque
fort jiiifte. C ’cft que le fcholafiique étoit le
_■ chef de l’tcole, appellé en quelques lieux cii il y a
univerfité, le chancelier de F univerfité ; mais cette remarque
ne détruit point ce que nous avons avancé
ci-defl'us , qu’on a donné ce nom d'ècolâtre ou de
théologal en certains lieux , à ceux qu’on appelîoit auparavant
fcholajliques ; car il eft certain qu’il n’y
avoit pas des univerfités par-tout où il y avoit des
églifes cathédrales, & que dans prefque toutes les
églifes cathédrales il y avoit des écoles & un chef
d études qu’on nommoit fcholafiique, auqu lafuccédé
le théologal ou l’écolâtre. De ce que le théologal i .’eft
plus aujourd’hui ce qu étoit le fcholafiique, il ne s’en
Fuit pas que le fcholafiique n’ait pas eu autrefois les
mêmes fondions dans les églifes cathédrales ; & fous
le nom de clercs que le fcholafiique devoit inftruire
font compris les chanoines auxquels le théologal eft
obligé de faire des leçons de théologie.
Genebrard affüre que ce nom de fcholafiique étoit
chez les Grecs un titre d’office où de dignité ecclé-
fiaftique , femblable à la théologale des Latins, ou
au notariat apoftoTique ; &. il en apporte pour exemple
Zacharie le fckolaßique , qui , fous Juftinien , avoit
rempli de pareils emplois. Quelquefois on le donnoit
par honneur, à des perfonnages extrêmement distingués
par leur favoir;Stc’eft en ce fens que Walafride
Strabon a appellé le poëte Prudence le fcholafiique,
c’eft - à - dire , le do&eur de FE[gagne. On a même
enchéri, en le mettant au fuperlam, pour des hommes
qu’on regardoit alors comme de fublimes Renies î
ainfi , l’on a décoré Foftunat & Sedulius de l’epithète
de fcholaßijfmv. Si l’on Croit Cafaubon , Théophrafte,
difople d’Ariftote , eft le premier qui, par le terme
de fcholafiique ait défigné des perfonnages excellens
en r'lpouençe ou érudition. Ducange , Glojfar. latinit.
BaiHet, Jugement des fçav. ( A. R. )
SCHÖMBERG, ( Hifi. mod. ) Il y a deuxmaifons
èe Schomberg’, l’une eft celle des Schömbergs de Mifçie,
ou des comtes de Nanteuil. L’autre éfoït établie dans
le diocèfe de T rêves entre le Rhin & la Mofelle. La
première a donné deux maréchaux*de France; la
fécondé en a donné un.
De la première étoit ; i°. Gafpard de Schomberg, qui
fit l’acquifition du comté de Nanteuil-le-Haudouin.
1! eto-t proteftant , & porta d’abord les armes en
faveur de ce pa<ti , au a mmencement des guerres
de religion , icus Charles IX en 1562. Dans Ta fuite
il abjura , & fer vit les Catholiques avec zèle & avec
capacité. 11 fut naturalifé en 1570. Ce fut lui qui, dans
le fameux duel des Mignons en 1577 , fous H nn III ,
forvii , avecRibeyrac , de fécond à d’Entragues contre
Quelus , Maugiron &. Livarot ; & ce fut pour la
première fois que les féconds ; qui , comme les anciens
juges du camp , n’étoient d’abord que témoins &
arbitres du combat, voulurent y être aéfours. Mûri
par l’âge & par les événements, en 1593 , Henri IV;
le coniulta fur fa converfion , & il contribua beaucoup
, a\ ec Louis de R evol, leerétaire’d’état, & M.
de Thou l’niftonen, à déterminer te roi au parti qu’il
prit. En 1594 » le roi le fit entrer au confeil des
finances. En 1597 , Henri IV réunit toute l’aurorité dé
. ce confeil dans la feule perfonne de Sully ;. » ce qui,
dit Sully lui-même , mortifia fi fort Schomberg,
» qu’il aima mieux aller fervir au fiége d’Amiens,
» que de voir les finances fournîtes à mes ordres. »
La même année Schomberg fut envoyé avec MM. de
Thou, de V ie , deCalig on & de Montglat, à l’affem-
blée des Protcftans , à Châtelleraut, p ur leur faire
des propofitions, d’où réfolta l’année fùivante l’Edit
de Nantes, qne Schomberg fut chargé de drefler avec
le préfident de Thou , Jeannin & Calignon. Un des
articles de cet édit permettoit aux Réformés de
convoquer & de tenir toutes fortes d’affcmblées, en
tel temps, en tel lieu * & toutes les fois qu’ils voudraient,
fans lapermiffiori du roi, ni des magiftrats ,
d’y admettre les étrangers, fans,en donner connoif*
fance aux tribunaux , & d’aller de même aux affem-,
blées qui fe tiendraient chez les étrangers. Cet article ,
que M. de Sully blâme hautement, &. qui n’étoit pas
approuvé par les proteftans modérés, avoit été accordé
par les commiffaires, qui ne fe défendirent qu’en difant
que les chefs du parti, tels que Mrs. de Bouillon .& de
la Trémoille , menaçoient de rompre tout accord ôt
de reprendre les armes, fi on leur retufoir e t article.
L’article fut cependant réformé. Schomberg fut foup-
çonné, fur-tout dans cette occafion, de tenir toujours
à la religion proteftante, qu’il paroiffoit avoir
quittée: Il mourut d’apoplexie le 17 mars 1599» en
carroffe, près de la porte St. Antoine, en revenant
de Conflans ; il avoit depuis long-temps, une difficulté
de refpirer , qui provenoit, dit-on , de ce que
la membrane qui couvre le coeur , étoit devenue chez
lui, offeufe du coté gauche du coeur , auffi bien que
quelques-unes des autres parties voifines, ,ce qu’on
reconnut à l’ouverture qui fut faite de fon corps après
fa mort. M. de Thou eft beaucoup plus favorable à
ce guerrier-miniftre , que M. de Sully , qui ne rend
pas toujours juftice à tout le monde.
*•. Henri de Schomberg fon fils , fut le premier
maréchal de France de fa maifon. Il reçut le .bâton
de maréchal au mois de juin 1625. Il avoit ete en
1615 , ambaffadeur extraordinaire en Angleterre.
Il-fut fait fur-intendant des finances' en 1619. En
16 2 1, il fut mis à la tête des affaires avec le cardinal
de Retz. En 1623 , il fut éloigné de la cour, & le
duc de la Vieuville fut fait fur-intendant des finances
à fe place. En 1624» il revint a la cour. Mais ce
fut for-tout à la guerre qu’il rendit les plus grands
& les plus important fervices, & contre les Huguenots,
& contre les ennemis étrangers. Il défit les Anglois
au combat de l’Ifle-de-Ré, le -8 novembre 1627. Il
eut grande part à la rédu&ton de la Rochelle en
1628. Il força le pas de Suze, où il fut bleffé d’une
moufquetade dans les reins, le 6 mars 1629. Il fe
rendit maître de Pignerol le 22 mars 1630, avec
les maréchaux de Créquy & de la Force ; il fe-
éourut Cazal. Il a donné lui-même une. relation de
cette guerre de Piémont. 6e fut lui qui gagna, le 1".
. feptembre 1632 , la bataille de Caftelnaudari , où
lé duc de Montmorenci fut bleffé & pris ; il y gagna
le gouvernement de Languedoc qu’avoit cet illuftre &
infortuné Montmorenci. Il n’en jouit pas long - temps.
Il mourut d’apopléxie comme fon père , à Bordeaux
le 17 novembre 1732..
30. Charles de Schomberg , fils de Henri, fut le
fécond maréchal de France de fe maifon, & de plus,'
il fut duc & pair d’Halluinj, par fon mariage avec
Anne d’Halluin ; elle avoit d’abord époufé Henri ,
comte de Candale, qu’elle avoit fait duc & pair
d’Halluin ; ce premier mariage ayant été déclaré
nul , elle époufe en 16 20,Charles de Schomberg,'
qu’elle fit auffi duc & pair d’Halluin , & il y eut à
ce fojet de nouvelles lettres d’éreéfion en cette même
année 1620. Le comte de Candale & Charles de
Schomberg fe difputèrent la pairie ; la décifion , qui
peut paroître un peu étrange, fut qu’ils feraient tous
deux pairs , & que quand l’un aurait pris fe place au
parlement, l’autre ferait obligé de s’abftenir.
~ Schomberg ne fe diftingua pas moins que fon père
par fes exploits guerriers ; il fut bleffé en j 622 , au
liège de Sommières en Languedoc, il le fut encore
au combat de Rouvroy le 19, juin 1632. 11 fut fait
maréchal de France le 26 oéfobre 1637 , après
une viéfoire remportée fur les Efpagnpls, près de
Leucate en Rouffillon, le 28 feptembre préçédènt;
il fe fignala encore dans d’autres combats en 1639,
fit lever le fiége de la ville- d’Ishes en .Catalogne en
1640; il emporta les Villes de Perpignan & de
Salfes en Rouffillon l’an 1642. Il prit d’affeut Tortofe
en Catalogne l’an 1648. Il avoit été fait, en 1647, colonel
général desSuifl.es &Grifons. Mort le 6 juin 1656.
4°. De cette même maifon de Schomberg, étoit le
cardinal Nicolas de Schomberg , dominicain, difciple
de Savonarole, nommé cardinal par le pape Paul III,
lé 20 mai 153 5. Clément VII l’avoit envoyé en France
où il avoit eu part à la conclufion du traité de Cambrai
entre Charles-Quint & François Ier. Il mourut à
Rome le 9 feptembre 1537. Il étoit né le 23 août 1472.
Nous ignorons fi Pierre Schomberg, nommé cardinal
en 1439 , Par PaPe Eugène I V , & mort er»
1469, étoit de cette maifon.
De la maifon d ^Schomberg d’entre le Rhin & la
Mofelle, étoient :
i°. Théodoricde Schomberg. Ce capitaine fervitdans
l’armée des Reîtres , amenee en France au fecours
• des Proteftant« :en 15 6.8 , par le prince Jean-Cafimir,
fils de leleéfeur-palatin. Il fut tué en 1590 , à la bataille
d’Iv r y , au fervice d’Henri IV. Ce fut à lui que ca
prince eut le malheur de. dire , là veille , un mot
défobligeant , parce que Schomberg demandoit de
l’argent pour fa troupe , & que Henri n’en avoit pas.
Mais Henri avoit une manière de réparer fes torts,
fupérieure à l’avantage de n’en avoir point eus; le
jour de la bataille, il vaembraffer Schomberg, ôc lui
demander pardon. Ma réponfe, lui dit Schomberg, pleurant
de tendrefl’e & de reeonnoiffance , fera de
mourir pour vous, en regrettant de n’avoir pas mille
vies à vous facrifier. Il tint parole.
20. Othon-Frédéric de Schomberg 3 tué à la bataille
de Leipfick le 7 feptembre 1631 , au fervice de
l’empereur Ferdinand II.
3°., L e . plus célèbre de tous eft le maréchal de
Schomberg, Frédéric-Armand. 11 s’attacha d’abord au
fervice des Provinces-Unies, fous le prince d'Orange
Frédéric-Henri ; puis fous fon fils Guillaume : il pafia
enfoite au fervice de la France; & en 1661 , à celui
du Portugal ; ce fut lui qui contraignit l’Efpagne à
faire la paix en 1668 , en reconnoiffant le droit de
la ipàùon de Bragance à la couronne de Portugal:
il rçvint fervir la France, & c’étoit toujours l’avoir
fervia , que d’avoir défendu le Portugal contre l’Efpagne.
Ce fut encore contre l’Efpagne qu’il alla faire
la gueire en Catalogne. Il y eut, en 1675 , les plus
grands fuccès ; Sç cette année même , le 30 juillet ,
il fut compris, quoique proteftant, dans la promotion
des huit maréchaux de France , que Mme Cornuel
appelîoit la monnoie de M. de Turenne. En 1676 , le
27 août , il fit lever au prince d’Orange , le fiége
de Màftricht. En 1685 , la révocation de l’édit de
Nantes le força de quitter la France. Il fe retira en
Portugal, puis en Altem.tgnè , où il s’attacha au fervice
ae Féleâeur de Brandebourg, qui le combla
d’honneurs-. En 1688, il paffa en Angleterre avec le
prince d’Orange, qui devint alors le roi Guillaume III.
Il alla enfoite faire la guerre'en Irlande pour la même
caufe ; à la bataille de La Boyne, livrée le 11 juillet
1690 , il ccmmandoit lès treupes angloifes , fous
Guillaume III ; il dit aux réfugiés frâ çois qui fer-
voient dans fon arméeen'leur montrant leurs compatriotes
catholiques qui ferveient dans l’armée françoife:
Amis , voilà vos perfccuteurs. Il fut- tué dans une
décharge que fes propres foldats firent fur les Irl anders
, ignorant qu’ûs emmenoient avec eux le maréchal
de Schomberg, qui venoit d’être bleffé & pris. Le
maréchal de Schomberg avoit été honoré & ré-
compenfé chez toutes les nations qu’il avoit fervies.
En France, il étoit parvenu aux honneurs foprêmes
• de la guerre ; il y poffédoit d’ailleurs plufieurs gou