
Timon tomba, dt-on , d’un poirier fàu-vags 8c
“ie caffà la jambe ; il ne voulut pas recevoir les
fecours des chii urgiens. parce que côtoient des hommes,
ou il ne voulut pas Te -les procurer, parce qu’enfin
il netoit lui-meme qu’un homme; la gangrène fe
mît a là plaie, il tomba en pourriture , Ôc mourut
martyr de la Mifanthiopié.
Il fut enterré fur le bord de la mer, & comme
fi le fort avoit voulu favoriser Ion goût pour la
folitude, 8c le tenir éloigné des hommes après là
mort, comme il avoit cherché lui- même à s’en éloigner
pendant fa vie, il arriva que la terre s’étant affaiffée
autour de fon tombeau , les flots de la mer l’environnèrent
de toutes parts , 8c l’enfermèrent dans
une Ifle. On co.nnoît deux épitaphes de Timon ,* l*unç
qu il s’etoit , dit-on , faite à lui-même , 6c que
voici :
Je rcpofe- faits cette tombe , paffans , ne demandeç
point mon nom ,‘ mais , qui que vous foyeç , comme
% ous etes des méchants , puijße^-vous aufft périr tons
misérablement l
L’autre eft du poëte Callimaque :
M c i, Timon le Milànthrope , f habite cette demeure',
paffam, pourfuis ton chemin , 6* charge moi de
malédiéliaus 3 Ji tel efk ton. plaijîr , mais retire-toi promptement.
Le favant Tanneguy Lefèvre, père de madame
Oacier, a fa.it l’apologie de Timon , ÔC a foutenu
en propres termes , que c’ étoit un fort honnête homme ,
d'un excellent äarallere 9 & que jamais perfonne da eu
plus d’humanité ni de bonté que lui : opinion que
l’abbé du Refoel rejette 6c réfute.
TIMOPHANE , ( Hiß* anc. ) frère de Timoléon,
tue par lui, parce qu’il vouloir fe rendre tyran de
Corinthe , fa patrie. ( Voyeç l’article Timoléon. )
M. de la Harpe a fait fur ce fujet, • une tragédie qui
a de grandes beautés.
t TIMOTHÉE , ( Hiß. anc. ) général Athénien,
fils de Conon. ( voye% cet article ) Il joignit aux
talens militaires 8c politiques de fon père , la gloire
qi:i naît des talens de l’efprit , du goût pour les
fciences, de 1 éloquence. Hic h Pâtre acceptam glo-
riam multis auxit virtutibus. Fuit enim difertus ,
impiger , labortofus , rei rnilitaris peritus , neque
minus civitatis regendtz , dit Cornélius Nëpos.
Timotheus , Conoms filius, citm belli Lude non
inferior fuijfet quam pater, ad eam laudem doêtrinai
& ïngejni gloriam adjecitj dit Cicéron ,, de oflîc.
ijb. i , n°. i i 6,
Nul n’éprouva moins que lui, du moins dans le
commencement , l ’inconfiance ordinaire du fort des
armes., tout lui réuflifîoit, il n’âvoit qu a tenter.
XJn fl rare bonheur devok exciter Penvié ; pour
s en venger, on le fit peindre dormant d’un profond
fpmmeil, & ayant auprès de lui la fortune qui
prenoit des villes dans des filets. Timothée fe con-
jjëQtâ de r^oodre \ fi taut ejidojpiije prends les filles ,
que ne feraî-je pas éveillé ?II fe mqntfa très-éveille-
dans une expédition dpnt il fur chargé l’an 377 avant
J. C. Les Athéniens étoient alors ligués avec les.
Thébains, contre Lacédémone, il ravagea les cotes
de la Laconie , il fe rendit maître de l’Ifle de-
Çorcyre.
:j L’an 358 avant J. C. , les allies d’Athènes s’éta'nt
, révoltés contre elle,- les Athéniens , avec une flotta-
puifïànte , commandée par Charès , Iphicrate &.
Timothée, vinrent aflièger ßyfanee » les alliés accoururent
pour la défendre. Les flattes étant en préfence*
Charès, homme vain, préfomptueux, fans prudence „
fàns prévoyance, avide de gloire & fort envieux delà
gloire d’autrui, vouloit que , malgré une violente
tempête,on s’avançât contre les ennemis: les deux
autres chefs , plus prudents 8c plus expérimentés, s’op-
, posèrent à la bataille. Charès , indigné qu*bn eût ofé
lui réfifter , écrivit contre eux 3 Athènes , les ao-
cufànt de lâcheté, même de trahifon ; cette dernière
accufation eft prefque toujours accueillie dans les
états populaires ; le peuple Athénien, leger, foup-
çonneux , & trop naturellement jaloux de tout mérite
éclatant, rappelle ces deux chefs, & leur fait leur
procès. Populus acer , fufpicax , mobi is , adverfarius >
invidus etiimpotentice, domum revocal, dit Cornelius
Népos. Par une foi;e de cette difpofition, la faélion
de Charès l’emporta, 8c ce Timothée qui, toujours
diftingué par le plus noble défintéreffement , avoit
dans une occafion éclatante , remis à fà patrie du
butin fait fur l’ennemi, douze cent talens que Charès
; auroit pris pour lui, 8c dont plufieurs généraux même'
plus fcrupuleux fe feroient refervé au moins une
r partie , fe vit indignement condamné à une amende
; de cent talens , que fon défintéreflèment même i’ayoit
mis abfolument hors d’état de payer ; il fe retira
plein de douleur & d’indignation à Chaleis. Après
fà mort, le peuple touché d’un jufte repentir , mais
ne réparant qu’en partie fon iniquité, réduifît cette
amende à dix talens , qu’il fît payer à Conon , fon
fils, comme une contribution pour le rétabliffe-
ment d’une partie des murs , de ces mêmes murs
que Conon, père de Timothée , avoit rebâtis dgs
dépouilles des ennemis.
On a retenu un; root de Timothée, qui hit une
jufte diftînéfion de devoirs du foldat & des devoirs
du général; Charès, fe piquant de confondre ces divers
devoirs , & d’être tel à la tête des armées qu’il
avoir été avant de commander, montroit avec fàfte.
aux Athéniens , les bîeflures qu’il avoit reçues dans
l’exercice du généralatj il étaloità leurs yeux fon bouclier
percé d’un grand coup da pique. E l moi , dit
Timothée, lorfque f affige ois Samos , unirait étant venu
tomber ajjeç près de moi, ‘f en fus bien honteux , comme
tn étant expofè en jeune homme fans nècejftè , & plus
qu il ne convenait au chef d une grande armée.
T imothée, ( Hiß. anc.) Poëte6c muficien
célèbre, qui vivoit da temps d’Euripide, de Philippe?
roi de Macédoine, ,6c d’Aléxandre le Grand , en-
.y.iroii trois fiècles 6c demi ayant J. C . , étoit né à
■ Milet, ville célèbre de l’Ionie. Il exçelloit comme
poëte ,dans lapoëfielyrique 6c dithyrambique; comme
•muficien, à manier la lyre. Ses premiers eftais dans
ce dernier genre né réuffirent- pas , il fut fiflé, 6c
trop docile pour les juge me.s du théâtre , qui font
rarement juftes , parce qu’ils font effentiallement tu*
roultueux , il alloit renoncer à un art pour lequel
il ne fe croyoit pas né ; mais Euripide i’avoit entendu
, 6c un jugement n’eft véritablement celui du
pub'ic, que quand le public a eu le temps d’être
inftruit par les connoifleui s.
Euripide apprit à Timothée qu’il àvoit un grand
tarent, 8c qu’il étoit réfervé à de grands fuccès ;
c ’eft ainfi que dans la fuite l’aéleur tragique Satyrus ,
confola Démofthène des dégoûts qu’il effuyoît du
public dans fes premiers efiàis, 6c le raflura pour
l’avenir. ( Voye^ l’article D ém o s th è n e . ) Ces exemples
font fréquens dans l’h ftoire. Timothée devint en
effet le plus habile joueur de Cithare ou de Lyre de
fon temps.
Therpandre , ( vcy:{ fon article ) avoit augmenté
le nombre des cordes de la Ly re, 6c l’âvoit porté
jufqu’à fept, innovation qui avoit déplu aux fevères
Lacédémoniens. Depuis-Therpandre , ce nombre de
cordes avoit été porté jufqu’à neuf; Timothée perfectionna
encore cet inftrument ; il ajouta , félon
Paufanias , quatre cordes , fe'on Suidas, deux feulement
; 6c cette autre innovation déplut encore aux
Lacédémoniens , qui la condamnèrent par un décret
public , que Boëce nous a confervé. Ils reprochent 1
à Timothée dans ce décret , d’avoir montré qu’il
faifoit peu de cas de l’ancienne mufique ÔC de l’an- J
cienne lyre ; d’avoir multiplié les fons de l’une 6c i
les cordes de l’autre ; ils déclarent que ces innovations
ne pouvant qu’être préjudiciables aux moeurs ,
^ car les Grecs atttibuoient à la mufique une grande
influence iur la morale ) ils .ont réprimande publi- J
quenient Timothée , qu’ils ont ordonné que fa lyre
feroit réduite aux fept cordes anciennes : ÔC que toutes
les c-ordes nouvelles feroient retranchées. Cette histoire
eft rapportée dans Athénée, mais- cet auteur
nous apprend en même-temps que le décret des
Lacédémoniens n’eut point fon exécution , parce quau
moment où en alloit couper toutes ces nouvelles
cordes,, Timothée apperçut dans le lieu où le décret
venoit d’être rendu, une petite fila tue d’Apollon , dont
la lyre avoit auront de cordes que la Tienne ; il la
montra aux. jugesr 6c fut renvoyé abfous. Le décret
contenoit cependant quelques autres reproches dont
l’exemple de la lyre d’Apollon ne pou voit pas le
faire abfouçlre. 11 y étoit réprimandé, non-feulement
comme muficien , mais encore comme poëte ; on
l’accufoit d’avoir manqué à la décence dans fon
poëme fur l’enfantement de Sémelé.
La réputation de.Timothéé lui procura un grand
nombre dé difci’ples. On - dit qu’il prenoit le doublé
dp prix ordînàirè"-de fes leçons à ceux qui -avoiënt
déjà ri-.' ci’.iratïes- maîtres , parce 'qù’i! y avoir ,
ditok.-vi.. {ioub-iô peme à : prendre. ; l’une. dç. leur
ifaireoublier ce qu’ils avaient appris, Uâutre' de letf
infiruire de nouveau.
3°. Timothée eft encore le nom' de deux lieute-
nans ou généraux du roi de Syrie , Antiochus-
Epiphânes , tous deux vaincus par Judas Macchabée#
40. C ’eft aufli le nom d’un fameux difciple de
Saint-Paul, 6c auquel cet ajoTe adreffe deux épitre*
qui font partie du nouveau Tefiament. Il étoit de
Lyftres dans la Lycaonie, province del’Afte Mineure
entre la Phrygie 6c la Cappadoce , né d’un père
payen 8c d’une mère juive. Saint-Paul le fit chrétien,
8c lui confia le foin de l’églife d’Ephefe, dont Timothée
fut le premier évêque. On croit qu’il fut lapidé par
les payens, vers l’an 97 de J. C. J parce que par
zèle pour le chriftianifme, il vouloit empêcher la
célébration d’une fête en l’honneur de Diane.
50. On connoit encore dans l’hiftoire eccléfiaf-
tique deux Timothèes patriarches, lun d’Alexandrie,
vers la fin du quatrième fiècle ; l’autre de Gônftanti-
nople , au fixième fiècle , tous deux auteurs dô
quelques écrits théologiques péu célèbres.
TIMURIDE, f m. terme dHïfloire, nom que l’on
donne à la famille des Tamerlans qui régnèrent dans la
Tranfoxane jufqu en l’année 900 de l’hégire f qui répond
à l’an 1494 de Jefus-Chrift. ( D . Ji)
T IN AG O GO , f. m. terme de relation , nom d’une
idole des Indiens, imaginée par Fernand Mendez Pinto;
elle a , félon lui » un temple magnifique dans le royaume
de Brama , près de la ville de Meydur.
Ce voyageur românefque s’eft amufea décrire le teny
pie de cette idole, fes prêtres, fes procefîîonsjlaquant te
de peuples qui s’y rendent chaque année, le* millieis de
perfonnes qui tnînent avec des cordes le char de
Tinagôgô ; les martyrs qui viennent fe faire couper en
deux foux les roues du char, les autres dévots al idole
quifê taillent par morceaux, s’égorgent, fe fendent le
ventre fur la place, 8c autres contes femb'.ables, qui
forment peut-être l’article le plus long & le plus taux
du diâionnaire de Trévoux.
Toutes les fixions du récit de Pinto fautent aux yeux ;
mais le ieu même de la fcèrie eft imaginaire. Les
Géographes né connofTent ni la vilte de Meydur, ni
le royaume de Brama; tout ce qüon fait de cette
partie de l’Afie où les Européens n’ont pas encore
pénétré , c’eft qu’aux extrémités des royaumes d’Ava
6c de Pégu , il y a un peuple nommé les Bramas, qui
font doux, humains, ayant cependant quelques loix
femblâbles à celles du Japon ; c’éft à-péü près tout
ce'que nous apprend de ce pays le voyage des peres
Efpagnac Ôc Duchalz, jéfuites. ( D .J . )
TIND AL L , ( Mathieu ) ( Ht fl. lift. mod. )
écrivain Anglois , né en 1656 , mort en 1733 , eft
auteur -d’un ouvrage qui a été taxé d’impiété. ; il a
pour titre ; le Chriftianifme aufli ancien que Iç monde,
ou P évangile , tfécondé publication de la religion de'
nature.• 11 eft auteur aulft de remarques.fqT l’hjftyjre
j d’Angleterre "par Rapin Thoii as. Pope l a beaucoup