
I <e.r.u.rban du .grand-feigneur 8fl suffi gros qu’un
boifllau , & les Turds Tont en fi grande véné
ration qu’ à peine ofent-ils y toucher. Il efl orné
de trois aigrettes-, enrichi de diamans Si de pierres
précieufes. Il y a un officier appellé tulbent-oglan,
chargé expreflémenr de.ie garder Sc d’en avoir foin.
Le turban d'ü grand vizir n’a que deux aigrettes ,
suffi bien que ceux de plufîeurs officiers qui les
portent plus petits les uns que les autres. Quel-,
ques-uns ne portent qu’une aigrette, d’autres n’en
ont point du tout.
Le turban des officiers du divan eft d’une forme
pait'culière , & on l ’appelle mugenezek. Nous avons
obfervé que le bourlet du turban des Turcs eft de
toile blanche, celui des Perfans eft de laine rouge
& de taffetas blanc rayé de rouge , & ce font-là
les marques dift'ndives de la religion différente
entre ces deux peuples*
Sophi roi de Perfe , qui étoic de la fcâ ed ’A li,
fut le-premier qui adopta cette couleur, pour fe
diftinguer des turcs qui font de la f iâ e d’Omar,
& que les Perföns regardent comme des hérétiques.
( a . R . y
TURBE , ( H ’fi. mod. c’eft ainfî que les Turcs
nomment une ef; èce de tour ou de colonne qu’ils
élevent fur les tombeaux. On les la'(Te communément
ouverts par. le hr-ur ; cecre -ouverture fert à
recevoir la pluie qui arrofe les fleurs & les plantes
odoriférantes dont ces tombeaux font ornés , &
l ’on y met une grille de fer ou de cuivre p-'mr
empêcher les oifeaux d’y faire l urs nids eu de s'y
loger. Voyei Cantemir, Hiß. ottomane. ( A . R.')
TU R G O T ( Hiß. de Fr. ) , famille diftinguée ,
qui a produit des gens de mérite & d’excellens
citoyens. MM. T urgöt font originaires de Bretagne ,
d’où ils fe font établis depuis en Normandie. Leur
nom paroît dès l'an 1x72 , dans un rôle des gentilshommes
de cette dernière provincë qui dévoient
Ici vice au roi. On le retrouve dans plu fieu; s mo-
numens du même âge, V e rs le milieu du quatorzième
fiècle, commence une filiation , prouvée par
litres , depuis cette époque jufqu’à préfènt. La
branche principale a pris anciennement & con-
ferve encore le nom des Tourailles , terre qu’elle
acquit en 1443 , par un mariage avec l’héritière
de cette maifon. Jacques Turgot de S ain t-C lair ,
îiifayeul du miniftre, dernier mort, eft le premier
qui ait fixé fon féjour à Paris. Après avoir , â
l ’exemple de fes ancêtres , fuivi le parti des armes
, il entra dans la robe , remp'it plufieurs intendances
, & eft mort confeiller d’é at. G’eft lui que
M. Huet met au rang des hommes illufires de la
ville de €aèn ; il fut ami de Bochart, qui lui a
dédié fon Fhaleg.
Les deux hommes les plus célèbres de cette
famille , 1 ont le prévrt des marchands & fon fils,
ie miniftre.des finances«
1°. Michel-Etienne Turgot, marquis de Souf-
mons ( c'eft le prévôt des marchands ) , naquit à
Paris le^ 9 juin 1690 , de Jacques-Etienne Turgot
, maître des requêtes , & de Marie - Claude le
vPeietier , fille de M. le Peletier de Souzy. Il
comptoit avec complaifance , parmi fis ayeux maternels
, le favant Pierre Pithou ; M. le Pdeiier
de Sôuzy, fon ayeul maternel, prit foin de fon
éducation 5 & dès fon enfance , M. Turgot voyoit
& entendoitchez luiDefpréaux, Maflïeu, Tourreii,
M. Mde. Dacier*
En 1711 , il fut reçu confeiller au parlement,
& fix ans après, préfîdent.
En 172^ , il fut nommé prévôt des marchands
à la place de M. Lambert. C’eft dans cette pla e
qu’on le vit, félon l’exprtffion de M. de Bougainville
, déployer le goût de Périclès & l’ame
de Publicola.
« Tous n°s livres économiques », dit cepmé-
gynfte, « s’élèvent d’une voix unanime contre
» l’énorme afeendant que la capita'e ufurpe de
” jour en jour fur les provinces. Nous gémiffons
» de voir ce gouffre deftiudeur attirer fans ceffe
» & abforber fans letour tous les tait 11s , tous
» l.s arts, toutes les richeflls , tous les hommes
» de la nation , & tromper les yeux par le fan-
*> tome d’une opulence & d’une population dont il
» tarit infe:'fîblem nt les fourecs. Le chef-d’oeuvre
» d un m niftère éc!airé fera peut-être de retenir
» ailleurs, & d’occuper cette multitude inlmenfe,
» inutile , fouvent dangereufe 5 mais le devoir
» d’un prévôt des. marchandé eft de la noir rir,
! » & de la nourrir au plus bas prix poflible ».
La récolte des bleds fut très - foible . dans les
de:nièies années de la prévôté de M. Turgot.
Depu s 1738 , jufqu’au moment où il for.it de
place, les pons de la ville ont fourni prefque feuls
i la fubfiftance de Paiis. Dans ces temps malheu
reux , M. Turgot raffembloït toutes les forces de
fon génie , & Je fuccès a toujours comoi-né fes
efforts. Tel fut l’effet de fes mefures, qu’il att’ra
dans la capitale , & qu’il yToutirt, en 1740, l’af-
nuence des bleds , au point de faire juger fuper-
flus , par le peuple même, les fecours extraordinaires
que fa prévoyance avoit préparés ; il vou-
loit que les murmures fufltnt non-feulement in*
juftes , mais impoffibles.
Parmi les autres obj.ts de confômmation , il en
eft un qui devient de jour en jour plus important
Si plus digne de l’attention des magiftrats & du
miniftère; c’eft celui du bob. M. Turgot voyant
d’un oeil inqui t notre luxe toujours croifiant ,
épuifer d’une manière déjà fenfible par une con-
fomnntion effrénée les forêts immenfcs du Morvan
Sc du Nivcrnois, avoit formé, en 1735», le
prôj ’t d’ouvrir aux bords de la Lorraine une route
jufqu'à Paris en établiffant une communication
entre
entre la fectsfc ,8c VÔIfe, par Ta rivière d’Ainè ,5i
que quelques, canaux culTent jobîtç à lâ hjeû.fe.,
Ce projet , en mettant en Valç.ui plufieurs; de nos,
provinces , eût à jamais rail tiré parts .contre la
difette des bois , & il feroit temps de fexécuter.
Lprfquc M. Turgot eut rétabli l’ordre dans tcii-
te^-.lcs parties de l’adminiftratiop de la ville , il
déploya, comme, Périclès , pour lavaqrigc &
l'ornement de ^ capitale , toutes les rWhcfles 'des'
arts.
; Ce. canal confirait pour l'écoulement eesf eaux
& des immondices qu’elles entraînent , ..ouvrage
digne des Pmmains } ce quai dont la ht. rdi effe. é ton ne
les connoiffeurs, Si pendant la çonftrnéHon duquel
on voyoit M. Turgot fans ceife à rla çète dès travailleurs,
les anim r Sc les /diriger j .la Trnr-a-ine
de Grenelle , monument qu’on eût admire .dans
A-thèmes- , voila, ce quül a exécuté. P r.plonger le
quai de l’Horloge jufqju’à la po.pre de i’jftè Notre-
Dame i Lappioehei ITfle S tinr-Louis du centre de
la ville , en batuTant un pont de pierre à la place
du pont Rouge j co ‘{Luire au-d<.fïus. de la p :rte
Saint-Bernard une machine qui auroit élevé l’eau
jufqu’au fbmm.ct de la montagne $ ante-Geneviève,.
d’jôù elie eut été conduite dans tous les qùartiers de,.
Paris ; déc-ouviir le portail de Saint-Gerv. is ,. achever
le Louvre , voilà ce qu’il avoit projetté.
-On fe fouvient encore de la magnificence , du
goût , de l’ordre qui régnoient dans les fêtes pu-
bîiq es Lus fa prévôté. IL feroit célèbre même à
ce feul ritre 3 & au milieu de toutes ces dépenfes ,
les revenus de la ville étoient prefque doublés en
1740. Le fait, dit M, de Bougainville , n’eft pas.
vraifemblable , mais iî eft vrai. Parmi les fléaux
qui peuvent ravager Paris , l’incendie t-ft un des
plus red urables & des plus communs; M. Turgo
n’.a rien oublié pour le prévenir : de-là ces pompes;
diftribuées dans tous les quartiers 3 ces regards placés,
de diftance en diffançe , pour ouvrir les grands
tuyaux des fontaines , & porter en un raflant dans le
lieu, de l'incendie cette inafle d’eau que la pompe
du pont Notre Dame élève meeffamment de*Ta
riyiè.rc , £: que tant de ruifieanx fou terrains font
cire.. 1er dans Paris. Au premier bruit d’un embrâfe-
ment il y voloit , il expo!oit fa vie pour fauver fes
concitoyens,- ... L ’embrà-femenr de l'Ko tel-Dieu &
celui de ia Clntmbrc des Comptes , arrivés coup
fur coup, en 17.37 ,. développèrent la fcnfibilité de
fon «une Sc Taûhyité. de l'on , c.ourage. A celui de
l'Hôre -Dieu, un peu; le ’'infortunés attendoient dans
lejji.s lins une m^rr c: ire lié Sc inévirab:c. M. Turgot
apprend leurs péril,, & vient les partager ou les en
o-arantir 3 il les f..ic tranfporter fous les yeux dans
PEg ife de Notre-Dame 3 en moins de fix heures
les malades curent le bouillon , la nourriture , les ,
îuédicamens Sc les lecours ordinaires. Qu’on oppofe,
dit M.. de Bougainville , qu’on oppofe à ce fpeilacle i
H i j lo i r e , T om e F *
l’ima'ge- d’ïùfi champ ffe bataille , Sc
qü’ôn nous -dife de qùël côté eft la véritable gloirev
'Dès:ce m'ôhrént, M. Turgot conçut le projet ,
Li’èhagg'ahdi depuis , d’e tranfportev l’Hôte j-Dieu
jdâfris rifle des Cygnes.
Pc a de fn a'giflfats o.ilr été auffi ché ris que M . T argot.
(Sa préféricê infpiroit dû peuple Je Befpcél & la joie ,
maintenoit la police, arrêt ,it le tumulte; l’autorité de
Ta vert-.f ie di^ènTôît'ffe feooir'fir à i’amorité de fa
place, il retnpliffoit entièrement 1 idée à n v i r .m q uem
dè‘:'Vfrgife: Ad de' jaïrvier 173 d , il y eut; au
port 'Sàfnt-Niéôras 'tih démêlé Gnglarft entre les deux
régirûéns des gardés du fujèt de la décharge d un
batteaU. Lés Fr-ïnçôis vinrent attaquer les S^iff-s , Sc
la querelle s’échafiitoït. 1VÎ, Ttirsot , qui favok toujours
fe trouver pdr-tôift oii il pouvoir faire du bien
& cmpê'cher du mal, M. Ta’rgttt1 parut - Sc retabht ie
calme. Mrfisq'.ie’qOes heures âpres, les S afies.s étant
r ngéSen bataille dans la place dû C hu'oufel , marchèrent
.lé Tibre à l i main vers le port. Dans ce
moment, quatre compagnies des gardes Françoifes ,
revenant de Verfailles , & paffarit fu" le pont Neuf
.mettent 1 :bayohnetre au bout éki’fufii , Sc .s’a va ne. fit
contre les Suiffes. M. Turgot 5 que fauptévoyancc
irame'noit alors vtfs l^portoih-.t Nicô’-as, fe précipite
au fort de la mêlée , faifule bras d'-un foidat furieux
d ns l’inftant qu’il le levoic pour fi-.pper : il crie
qü on mette bsS lés armes , & il eft-obéi. Pcûr-êtré ,
dit M . de Bougainvi’ie , rifquoit-il moins qu’on ne
penfe. Un magmrat eft armé par le refpeét qu’imprime
fa dignité 3 mais cette co 'fi incë, dans une pareille,..
occafion , fiippofe toujou'S bien du courage.
M.Turgot avoit été fait confeiller d’état dès î’anaée
1737. En 174 1, il fut fait premier préfident du grand
confeil. Sa prévôté avoit duré onze ans. 11 étoit de- ,
puis long-temps fujet à de fréquens accès de goutte ,
maladie funefte à toute cerre famille, qtiJe;h a moif-.
fonnée prefque toute entière avant le tenip;: elle em-
poifonna le refte de fa vie ; il fe vit condamné à des
infirmités doutoureufès & perpétuelles. Une humeur
d’abord vague, mais qui , en 1742. , s’étoit fixée tur
fes yeux , & lui caufoit des maux de têtes violons,
avoit paru fe diffiper au bout de fix mois. Il retomba,
au mois de janvier 1743 , dans un état continuel de
douieur Sc d’accablement, où i! paffa fix ans entiers ,
n’aÿant obtenu la mort que le premier février 1731.
Il avoir été reçu , en 1743 , honoraire de l’académie
des Inscriptions & Belles-Lettres.
Le dix-huitième fiècle a vu peu d’hommes auflî
vertueux que M. Turgot. Son fils le fut autant de
avec plus de lumières encore , s’il eft poffible , fur-
tout avec des connoifiances plus variées Sc plus étendues
dans tous les genres.
t ç. Ce fils ( Anne-Robert-Jacq-ues Turgot, mar-
F f f