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demandée d’abord par la reine & bientet pourfuivîe
avec plus d’ardeur par le roi lui-même , l’Abbé
Sug<.r, avant de mourir, lui rendit encore-l’important
ièrv-ce de fufpeadre au moins une ii fun&fte
réfolucion ; mais dès que ce fage miniftre eut les yeux
fermés , Louis ne garda plus de mefuxes ; les prélats
alTemblés par fon ordre à Beaugeacy* prononcèrent
la nullité de ce trifte mariage qui eut dû être heureux
, fi les convenances morales fe régloient toujours
fur les arrangemens politiques. Ainft ,. l’ouvrage de ,
la :fag :fîb de Louis le Gros fût détruit, &. toute la
grandeur que cette alliance avoit promife à la France,
paffa, comme Suger l’avoit pré vu, à une Puiflançe
rivale.
C ’eft l’Abbé Suger qui a bâti l’Eglife de Saint-
Denis , telle qu’on la voit aujourd’hui, à l’exception
du portail & des deux tours qui l’accompagnent ;
monumens vénérables, dit le préfidant Héfiault, de l’ancienne
égiife bâtie par Pépin & par Charlemagne.
On croit que c’eft à Suger qu’il faut foire honneur
du projet de la compilation dés grandes chroniques
dg Saint-Denis. Il a écrit-la .vie de Louis le Gros,
& M. de la Curne de Sainte Pülaye, le croit auteur
de toute la partie de l’hiftoire de Louis le Jeune ,
qui précédé l’année r i 52, qui fut celle de la mort
de l’Abbé Suger. Que d’ailleurs Saint-Bernard lui ait
reproché: fa vie fécuHère & mondaine , fon fafte
royal, fa fuite nombreufe; Suger qui eut la fageffè
de fe corriger d’après fes avis, eut pu lui reprocher
à fon tour d’autres erreurs plus funeftes à” l’état ;
mais que Suger ait paffe pour un des perfécureurs
d’Hélcïfe & d’A-bajlard , dontles amours malheureux
& fidèles font fous la proteâion de toutes les âmes
tendres, c’eft peut-être une plus grande tache à la
mémoire de cet Homme célébré , le premier bon
miniftre qu’on rencontre dans notre hiftoire,
Dom Gervaifô a écrit fa vie en trois volumes
in? 12.
SUIDAS , ( Hifi. litt. ) écrivain Grec , qui vivoit
fous l’empire d’Alexis Comnène, vers la fin du XIe
fiècle, eft auteur d’un lexicon hiftorique & géographique
, extrêmement connu.
SUINTHILA, .roi des Vifigoths, (H iß . cTE/pagne.
) Une mort prématurée avoit fait tomber du
trône le jeune Recarede I I , après quatre mois de
règne, lorfque les Vifigoths lui donnèrent pour fuc-
jceffeur, en 6 2 1, le brave Suinthila, que fon mérite
perfonnel, fa valeur , fes rares qualités rendoient
digne de ce haut rang ; quelques hiftoriens aflurent
que ce prince étoit i’Un des fils de Recarede le catholique
, & de la reine Badaj quelques autres le nient,
mais ils conviennent, tous de les vertus & des fervices
qu’il avoit rend is a la nation , avant que la recon-
noifiance publique eût placé la couronne fur fa tête:
il commença fon règne par des réglemens Utiles, &
réprima les abus qui s’étoient introduits dans Pad-
jninftration de la juft’c e , qu’il voulut que l’on rendit'
déformais avec impartialité & fans acception de per- 1
s u j
fonnes. Sa fagefle & fa vigilance avoient ramené le
calme dans l’état, lorfque les Navarrois, faifantune
irruption foudaine dans le royaume , y portèrent le
ravage & la défolation : Suinthila raflembla toutes
fes troupes , arrêta dans leur courte ces ennemis
dévaftateurs, les battit, & rendit leur retraite ft
difficile & fi dangereufe, qu’ils lui envoyèrent des
députés pour implorer fa clémence : il fe laifla fléchir,
mais ne leur permit de fe retirer , qu’après
avoir rendu tout le butin, qu’ils avoient fa it, &
qu’après avoir aidé les Vifigoths à conftruire une
ville nouvelle, qu’il fit bâtir fur la frontière , pour
empêcher des incurfions femblables. On ne fait
quelle eft cette ville; les anciens hiftoriens lui donnent
le nom d’ Qligito , d’ autres diPent que c’eft
Font arabie , & quelques-uns Valla do lui ; quoi qu’il
en foit, cette place fut conftruire , & Suinthila rentra
triomphant à Tolede. Les Impériaux poffedoient
encore en El pagne une petite contrée, aux environs
du cap Saint-Vincent, Suinthila fatigué de ce yoifi-
nàge, réfoiut de les en chafTer , & marcha conti ’eux,
fuivi de toutes fes troupes : le patrice qui gouve.r-
noit dans ce canton, n’avoit qu’une petite armée à
oppofèr aux Vifigoths , & l’empereur Héraclius
avo't trop d’affaires à Conftantinople pour donner
du Leurs à fes fitjets établis en Efpagae. Suinthila
ne voulant pas profiter de fa fupériprité,- propofa
au patrice de le dédommager, lui.& les Impériaux,
de ce qu’ils abandonneroient, S’ils voûtaient évacuer
le pays ; !a propofition fut acceptée, & par le.départ
de ces étrangers, Suinthila devint feùl roi de toute
i’Efpagne. La. gloire dont il s’étoit couvert, & l’attachement
qu’il avoit infpiré à fes peuples, l’engagèrent
à demander aux grands qu’il lui fût permis
d’affocier fon fils Licimer à la royauté , ils y confen-
tirent ; Suintkih ne trouvant, ni dans fes entreprifts,
ni dans l’exécution de fes volontés aucune réfiftance,
fe lai (fa éblouir par les faveurs trop cor flirtes de
la fortune ; fon bonheur l’enivra , & oubliant que
c’étoit à la fagefTe & à la bienfaifance qu’il devait
fes fuccès, il changea de conduite & de manière de
penfer ; fon ame devint dure & fon coeur corrompu.
II avoit jufqu’alors été jufte & ’ modéré, il fut tyran
& perfécuteur : il maltraita les grands , foula le
peuple , & l’accabla d’impôts : fa cruauté, Jès vexations
excitèrent un mécontentement général. Sife-
naud, gouverneur de la Gaule Narbonnoife , homme
éclairé, guerrier recommandable par fa valeur &
fès viétaire3 , mais rempli de l’ambition la plus outrée,
apprit avec joie le changement qui s’étoit
opéré dans le caraélère du roi , & l'impreffion défavorable
que ce changement faifoit fur la nation,
il crut qu’il ne lui fèroit pas impoffible de hâter la
chûte du tyran, &. de s’élever lui-même au trône :
plein de ces idées, il entra en correfpondance avec
les 'principaux d’entre les mécontèns d’Èfpagne ;
mais ceux-ci, que la valeur dé Suinthila intimidoit ,
n’ofoient fe déclarer &C lever hautement l’étendard
de la rébellion, Sifenaud s’adreffa à Dagobert, roi
de France: Dagobert étoit untrès-illuftre fouverain »
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mais il avoit un goût décidé pour le fafte & l’cften-
tation : Sifenaud profitant de ce foible, lui offrit,
s’il „vouloit le féconder , une fontaine d’or , du poids
de cinquante livres , qvi’Aëce , général Romain , -
avoit jadis donnée à Torifmond, & qui étoit depuis
dans le palais des rois des Vifigoths : Dagobert ne ré-
fifta point à cette offre, il fournit une armée à Sifenaud
, qui fe mit à la tête de ces troupes, pafî’a en
Efpagne, & pénétra jufques dans Sarragofte ; Suinthila
parut devant les murs de cette ville, fuivi d’une
nombreufe armée : les deux rivaux fe d fpofoient à
vuider leur querelle par une bataille déemve ; mais
au moment où le combat alloit commencer, Suinthila
eut la douleur de voir toutes fes troupes paffer
fous les drapeaux de Sifenaud , & fui vie l’exemple
de Geilan , fon propre fi ère , par les confèils duquel
il avoit irrité la nation qui, dans ce moment critique
, donnoit lé ftgnal de la défection. Abandonné
de tout le monde , Te roi des V ifigoths prit la fuite,
§L fe retira fecrètement, ne cherchant plus qu’à fau-
ver fa vie , puifqu’il avoir irrévocablement perdu la
couronne. On ignore dans quelle contrée il ..alla fe
cacher, & l’on ne fait pas plus combien de témps
encore il furvécut à fa chûte. H étoit devenu tyran
& cruel ; fo couronne étoit éleétive , il mérita de la
perdre, comme il fit en 63 1 , après un règne glorieux
en partie , & en partie déceftable ," de dix
années. ( L. C. )
SULLY, ( Maurice de ) ( HiJI. de Fr. ) Maurice
& Odon de Sully, furent tous deux évêques de Paris ;
ce fut Maurice qui fuccéda au fameux Pierre Lombard,
dit le maître des fenrences. Maurice fe nommoit de
Sully, parce qu’il étoit né à Sully-fur-Loire; Mais
Odon étoit de la maifon de Sully, ifïhe des comtes
de Champagne. Ce font ces deux prélats qui ont fait
bâtir l’Egide de Notre-Dame de Paris. Maurice en
jet. a les fondations. C’eft lui auffi qui a fondé les
abbaÿes de Hérivaux & de Hermières. Il mourut
en 1195 , ck voulut qu’on gravât fur fon tombeau,
ces mots de l’cffice des morts : Credo quoi redemptor
meus vivit , & in novijjîmo die de urrâ furreilurus.
fum.
SULLY (Maximilien de Béthune) yoye^ B é t h u n e .)
Un célébré .ait fte Anglois , nommé Henri Sully ,
qui fe fit catholique , & s’établit à Paris , où il
mourut en 1728 , eft auteur des deux ouvrages fui-
vans : Fcfjipàon d'une horloge pour m.furer'ie temps
fur mer. Réglé artificielle du temps. C’eft lui qui a
dirigé le méridien de l'Egide de Saint-Su!pice à Paris.
SULF1CE-SEVÈRE , ( H ï j l . l it t , ) Ivftorien Ecclé-
dîaftiqu- , auteur .de Vhijlona Jacra , continuée depuis
par Sl ûdan. 11 fut le ditciple fidèle de Saint-Martin dont
il aat-ffiécr.t la vie. On l’appel a le Sallujle chrétien.
Il étoit d’Agen en Aquitaine , & polsèdoit.de grandes
terres dans Tes provinces qu’on appelle aujourd’hui
le Languedoc & la Guyenne. C ’étoit un riche vertueux
, utile , éclairé. Ou croit qu’il mourut yers
î an 420.
s u L 1 rp
Il y a encore un Saint-Sulpice Sévère , évêque de
Bourges , mort en 591., & un autre Saint-Sulpice
auffi évêque de- Bourges, mort en 647.
SULPICIA, ( Hiß. Rom. ) dame Romaine, qui
vivoit fous l’empire de Dormtien , vers 1 a/190 de
J. C. ,fit contre cet empereur barbare, un poème
pour la défenfe des phiîofophcs qu’il perfécutoit.
Elle-avoit auffi compclè fur l’amour conjugal , tin
poème dont Martial fait l’éloge dans fépigiame
35*. du livre 10.
Omnes Sulpvidm le gant puellcz,
Uni qua. cupiunt viro placer e.
Omnes Sulfiïtiam le-gant marin ,
Uni qui cupiunt placere nupuz...
Hâe condifcipulâ vcl hâc magiflfà ,
FJJes doüïor & pudica Sapp/io,...,,..,
Sulpicia étoit encore auteur de plufieurs autres
ouvrages : fon poème contre Domitien fe trouve dans
divers recueils , tels que le corpus poètarum de Mait-
taire, les Poètes, latini minores , &c. ; & à la fuite
des fatyres de Juvenal, dans plufieurs éditions. M.
de Sauvlgny en a donné une traduûion libre en
vers François , dans le ParnaJJé des Dames. Le
mari de Sulpicia fe nommoit Calenus.
SULPICIUS ou SULPITIUS , ( Hiß. Rom. )
la maifon Sulpicia étoit très-illuftre dans Rome. - -
i ° . Servius Sulpitius, conful l’an de Rome 254,
découvrit & difiipa une conjuration formée en laveur
des Tarquins ; il fit venir dans 1 e Forum , les chefs dé
cette conjuration , & les-ayant entourés de -foldats
armés, il les fit tous paffer au fil de l’épce.
2p. Caius Sulpitius Pelieus , fut fait chélateur l’an
de Rome 395 , & vainquit les Gaulois.
3°. Publius Sulpicius Saverrio, & Publius Decius
Mus, confiais l’an 474-, perdirènr la fécond-3 bataille
livrée à Pyrrhus centre lés Romains , pies
d’Afcoli dans la Fouille.
4°. P. Sulpicius Galba, fut foit chélateur l’an 550.
1! fut envoyé d’abord comme proconful, er.fuitecomme
conful, l’an 5 5 3 , contre Philippe, roi de Macédoine :
il eut fur -lui des avantages continuels , qûM couronna
par une grande viéloire, où Philippe renverfé
de fon cheval qui avoit reçu fous lui une violente
bleïTüie , courut nique dé la vie , & alloit ê re percé
de coups, fi un cavalier ne l’eût promptement remonté
fur fon propre cheval en donnant fa vie pot r
celle du roi. Philippe envoya le foir un héraut au
conful demander une fufpénfton d’armespour enterrer
les morts ; Sulpicius ctoit à table , il fit dire que le
lendemain matin on auroit foréponfe. Philippe fentant
bien à quelle réponfe il dévoie s’attendre , la prévint
par une fuite précipitée pendant la nuit, en employant
le ftratagême ordinaire , de laifler beaucoup de feux
allumés dans fon camp pour perfùacier qu’il y étoit
refté.
y0. Dans la guerre des mêmes Romains contre