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Perfécutè long-temps , frappé dans ce qu’il avoit
de pins cher , il fie des heureux & ne le fut pas lui-
même. Enfin il tomba dans le feu, & mourut le
2.3 février 176 6 , au milieu des douleurs les plus
cuifantes. Il les fouffrit avec cette force qui vient
du courage & qui tient plus au moral qu’au phy-
fx^ue; la re’ne lui ayant recommandé de fe munir
conrre le froid, « vous auriez dû plutôt, lui dit-
il , me recommander de me munir contre le chaud.»
Stanislas avoit l’&fprit jufte, le jugement fain, les
reparties vives , le coeur droit & iènfible ; il aimoit
les arts & les cultivoit : fa piété n’avoit rien d’âpre
ÔC de farouche. Clément fans oflentation il par-
donnoit fans effort, & ne s’en faifoit pas un mérite ;
fon ame naturellement belle n’avoit pas hefoin de
lecole du malheur pour s’épurer,, mais fes difgracts
le rendoient plus intéreffant ;. il parloit notre langue
avec pureté & même avec élégance : fes écrits en
font une preuve ; ceux fur-tout où il raconte les
malheurs portent un caraélère de vérité qui les fera
fur-vivre long - temps à leur auteur. (A / . d e
S a c y )
STANLEY , ( Hijl. d’Angl. ) le Lord Stanley
avoit épeufé Marguerite de Sommerfet , mère du
comte de Richemont, qui fut dans la fuite le roi
Henri VII. Richard III, ce monftrueux prince qui
s’étoit élevé au trône par le meurtre ou l’empoifbnne-
ment de tous les princes qui l’en écartoient, s’aveu-
gloit au point de croire que Stanley lui feroit fidèle
au préjudice du comte de Richemont fon beau-fi's.
Star.ley n’attendit qu'un moment décTrf , pour fe
ranger fous les drapeaux du comte. Il fe déclara
pour lui à la bataille de Bosworth , du 22 août
1485 , qui décida & termina la querelle des deux
Rolès | par la mort de Richard III ; celui-ci avoit
voulu , comme nous l’avons dit à fon article, ( voye{
l’article Richard III. ) combattre-la couronne lùr
la tête , foit pour braver fon ennemi , foit pour
mourir ( s’il le falloit ) , avec les marques de la
royauté. La couronne de Richard, trouvée fur le
champ de bataille après fa mort , fut ramaffée par
Stanley , qui la pofa lui-même fur la tête de Riche-
mont, qu’il fit proclamer roi fous le nom de Henri
V il. Ce rci fe montra bien ingrat clans la luite ; il
voulut perdre le Lord Guillaume Stanley, frère de
celui auquel il de voit la couronne ; les rieheffes de
Stanley étoient fon. vrai crime, celui qu’on lui imputa
n’étoh pas plus puniffabîe , c’étoii d’avoir dit;
que rien ne lui feroit porter les armes contre perkin,
dit Warbeck, ( voye^l’article Perkin ) s’il je erpyoit
le duc ci’Ycrck. Les moyens qu’on employa pour
convaincre Stanley d’un tort fi léger , furent infâmes.
Cüfford, efoion ordinaire de Henri , fe jettant aux
pieds de ce prince devant le confeil Ss ’accufe d’avoir
. \ \ des intelligences avec Waibcck <kfes amis, parmi
/efquels il nomma Stanley ; le confeil frémit, le roi
fit éclater une feinte colère contre Gifford , & le
menaça de le faire pendre , fi l’accufation fe trouveit
fauffe. CÜfford, avec l’ingénuité de Sinon , confit
ma ce qu’il avoit avancé ; Stanley arrêté fur cette
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dépontion , avoua le propos que nous venons de
rapporter.; fur cet aveu il eut la tête tranchée , &
tous fes biens furent confisqués au grand fcandale &
au grand effroi de l’Angleterre. Voilà ce que vaut
aux tyrans ayares, cette inique loi de la confifea-
tion qui fiibfifte encore. '
Un autre Stanley, ( Thomas ) mort en 1:678,
eft connu dans les lettres par une belle édition d’Efchylc
& par une hifloire. de la philofophie , en Anglois ,
qui a été traduite en latin , en partie pac le Clerc f
6>c en totalité par Godefroi Olearius.
STAPLETON, (Thomas ) ( H ijl litt. mod. )
Controv-.rfifte catholique Anglois L dont on a les
oeuvras en quatre volumes in-folio. Né à Henfiéld en
1535 , mort à Louvain en 1598»
STAROSTE, {, m. ( Hijl. mod. y en Pologne on
donne ce nom à des gouverneurs de villes & de
châteaux ; ils font nommés par le roi pour veiller
for fes revenus, & pour rendre la juftice en fon
nom; on appelle fiarofiie le diftriél fous leur jurifdic-
tion : cependant il y a des fiarofics qui n’ont point
de jurifdi&ion , alors ils ne- doivent être regardés que
comme des châtelains.
STAROST1F., f. f. ( Hijl. de Pologne ) on appelle
fiarofiie en Pologne, des terres que les rois de
Pologne diftribuent comme. bon leur femble, pourvu
que ce foit à des Polonois. Autrefois elles faifoient
le domaine de ces princes , & c’eft pour cela qu’on
lès nomme biens royaux. S'gifmond-Augufte céda
volontairement ce domaine aux gentilshommes, pour
leur aider à foutenir leurs dépenfes militaires.. Il fe
réferva feulement, pour lui & pour fes fucceffeurs ,.
le droit de nommer à ces feigneuries,. & que ie tré-
for de la république jouiroit du revenu pendant la.
vacance, jufqu’à la nomination d’un jlarofie , comme
les rois de France ont droit de jouir des évêchés
& autres bénéfices de leur nomination par économat.
Outre cela if chargea las Jlaroflies d’un impôt
appellé quaita ( kwarta ) , parce qu’il efl la quatrième
partie du revenu de la terre,.ce qui fait avec
ce qu'on lève fur les biens d’églife , le fonds pour
l’entretien d.s arfénaux de l’artillerie, & de la cavalerie
Polonoife.
Il y a deux fortes de jlarosties , les unes Amples,
les autres à jurifdiétion. Ces dernières font un tribunal
appellé grade , avec un juge, & un tabellionage,
où s*enregifirent tous les aéte<* pafïes dans le rtffort
de la fiarofiie, les proteftations , les contrats, &
autres,* comme elles ont au.ffi le privilège de pouvoir
juger à mort, les femmes ne pofsèdent jamais
de ces fortes de flirojlies , ni aucun jeune homme
avant fa majorité. ( D. J. )
STATHOUDER ou STADHOUDER , f. m.
( H fi., mod1 ) c’eft ainfi que l’en nomme , dans la
république des Provinces unies des pays-bas îm
prince a qui les états donnent le commandement des
troupes, & une grande part dans toutes les affaires
du gouvernement Ce titre répond à celui de lieu-
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tenant-general de Pétât ; il ne confère point les droits
de la touveraineté , qtii réfide toujours dans l’sffem-
blée des états-généraux, mais il jouit de prérogatives
qui lui donnent la plus grande influence dans la
république.
Dans le temps de la naiffance de la république
des Provinces unies , elle avoit befoin d’un chef
habile & propre à foutenir fa liberté chancelante
contre les efforts de Philippe II. & de toute la monarchie
efpagnole. On jetta les yeux fur Guillaume I.
de Naffau-Dillembourg, prince d’Orange, qui poffé-
doit de grands biens dans les pays qui venoient de
fe fouftraire au defpotifme du roi d’Elpagne, & qui
d’ailleurs étoit déjà gouverneur des provinces de
Hollande , de Zelande & d’Utrecht. Ce prince , par
fon amour pour la liberté , & par fes talens, parut
le plus propre à affermir l’état qui venoit de fe
former ; dans cette vue les provinces de Hollande &
dç Zélande lui confièrent, en 1576, la dignité -de
fiathouder ou de lieutenant-général de l'état ; l’exemple
de ces provinces ne tarda point à être fuivi par
celles de Gueldre , d’Utrecht , &c d'Overyffel. On
attacha à cette dignité le commandement des armées,
tant par terre que par mer, ay|c le titre de capitaine
général & d’amiral ; le fiathouder eut fe droit
de difpofer de tous les emplois militaires, celui de
nommer les. magiftrats, fur la nomination des villes,
qui lui étoient présentés, enfin celui de faire grâce
aux criminels. Outre cela il aftiftoit aux affemblées
des états , dans lesquelles on ne prenoit aucune
réfolution que de fon confentement. 11 préfidoir dans
chaque province à toutes les cours de juftice ; il
çtoi.t chargé de l’exécution des décrets de la république
; il étpit l’arbitre des différends qui furvenoient
êutre les villes & lès provinces de la république.
1-ous les officiers étoient obligé? de lui prêter ferment
de fidélité , après l’avoir prêté aux états des
provinces, fk.au confeil d’état.
Guillaume I. ayant été-affaftiné en 1584 , les mêmes
provinces, en reconnoiffance des fervices'érai-
nens de ce prince , conférèrent la dignité de fiat-
hoïicer au prince Maurice fon fils , avec la mênie4
autorité &. les mêmes prérogatives. Frédéric Henri ,
frère du prince Maurice , lui fuccéda en 1625 ; après
avoir fait relpeâer fa république , il mourut en
ï 647, & Guillaume II. fon fils prit poffeftjon du
ftailiouderat, dont on lui avoit accordé la furvivançe
du temps même de fon père. 11 en jouit jufq'ua fa
mort arrivée en i-6yoe Comme les vues anibitieufes de '
ce prince avoient donné de l’ombrage aux provinces
de la république , elles prirent des mefures pour
renfermer l’autorité du fiathouder dansées bornes
plus étroites, & même la province de Hollande forma
le deffein d’exclure fon fils Guillaume III. depuis roi
d Angleterre , de toutes les charges poffédées par fes
ancêtres. Cependant en 1672, la Hollande «tonnée
des progrès de Louis XIV, nonobftant les efforts
de la jaction républicaine, déclara le prince Guillaume
fiathouder & capitainè-général des forces de
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la république, avec le même pouvoir dont avoient
joui fes prédéceffeurs. Cet exemple fut fuivi de
quatre autres provinces. En ccnfidération de fes
lervices , les états de Hollande déclarèrent , en
1674, la charge de Stnthoudcr héréditaire , &. accordèrent
qu’elle paflèr'oit aux héritiers mâles de
Guillaume III. De cette manière il fut (iathouder de
cinq provinces, & il conferva cette dignité , même
après être monté für lé trône d’Angleterre. Ce prince
exerçoit en Hollatide'un pouvoir fi abfolu , qu’on
difoic de lui, qu’il étoit roi de Hollande & fiathouder
(dAngleterre. Il mourut fans enfans én 1702 , Sc déclara
pour ion légataire univérfel le jeune’ prince de
Naftàu-Dietz, fon parent, defçendu de Guillaume-
Louis de Naffau-Dietz , coufin de Guillaume I. fondateur
de la république, qui étoit déjà fiathouder héréditaire
des provinces de Frife & de Groningue ,
ce prince eut le malheur de fe noyer en 1 7 1 1 , en
paflànt un bras de mer appellé le Moerdyck. Il
n’avoit point é-:é fiathouder de toute la république ,
mais fimplerâent des deux provinces fufdues. Son fils
pofthume , Guillaume-Charles-Henri Frifon-, prince
de Naffau-Dietz , fuccéda à fon père dans fes brins
& dans' le ftathouderât des provinces' dé Frife &
de Groningue ; en 1722 la province de Gugîdre le
nomma aufli fon fiathouder, mais les quatre autres
provinces, dans lefquelles le parti républicain domi-
noit, ne voulurent jamais lui accorder cette dignité.
Enfin en 1747, ces provinces forcées par le peuple,
& d’ailleurs effrayées des viéloires de la France ,
déclarèrent ce prince fiathouder, lui accordèrent une
autorité plus grande qu'à aucun de fes prédécefleurs , .
déclarèrent le ftathouderat héréditaire dans fa famille
, Sl y appellèrçnt même les femmes au défaut
des mâles. Ce prince a joui de la dignité dé fiât-
houder jufqu’à fa mort ; après lui elle eft pâffée au
prince Guillaume fon fils , né en 1746*
Oh donne auffi dans les Pays-Bas le nom de
\ fiathouders à des officiers municipaux , qui font
dans de certains diftricls les fonélions des fubdélé-
gués desimendans de provincè en France. (— )
STATIR A , ( ffîfi. apc. ) l’hiftoire ancienne nous,
offr e quatre Princesses célèbres du nom de Statira.
i°. Une femme d’Artaxerxès Mnémon, Roi de
Perfe , connue par les-vengeances qu’elle exerça & ■
quelle éprouva. Elle étoit"fille d'Hidarne, gouverneur
d’une des principales provinces de l’emoire de
Perfe : elle avoit un frère nommé Térkeuehme, &
une feeur nommée Roxane, qui égaloit Statira en
beauté. Tériteuchme avoit époufé Ameftris ou He-
meftris, fille de Darius & de Paryfatîs , & feeur
d’Artaxerxès. Téritéuchme conçut pour Roxané ,
une pafîicn inceftueufe , fi dans un pays où la loi
permet d’époufer fa feeur, il peut y avoir de l’in-
cefte ;. mais ce qui eft criminel en tout pays ; c’eft
que pour devenir libre de l’époufer, il voulut tuer
Ameftris; Darius, père d’Ameftiîs , inftruit'de çe
complot, fit afTafiiuer Tériteuchme lui-tnême, ,par