
l$c ruftiqoe éloquence. Leur extérieur néglige bleffa :
des yeux accoutumés à l'agrément des cours & au
luxe'des cités opulentes , Valentinien entra dans
une fîngulière erreur , il crut que c’éto.t par dé-
rifion qu’on-., lui èir-'oyoit des payions pourambal-
fadeurs ; il les accabla de reproches & d’mfultes,
&c s’irritant toujours de plus en plus par leurs
excufès & leurs foumiffions il parvint enfin, à
un tel excès d’emportement, maladie à laquelle
i l avait le malheur d'être fujet, qu’il fe rompit
une veine & eut un - vomiiîement-de fàng , dont
il mourut '.quelques heures après dans des con-
Vulfions violentes , le 17 novembre 375.
Les écrivains qui ne lui font pas favorables^,
. obfervent qu’il eft le feul empereur qui n <-iit
ligné aucune grâce pendant fon règne. Ce n’etoit
rien moins qu’un bon maître, dil'ent-ils , & s il
avoit quelque juftice , c’étoit celle d’un juge lever
e & impitoyable ; il fçmbloit même punir par
humeur ou par goût plus que par un efprit d'équité.
Ceux qui lui font moins contraires , lui
•donnent l ’éiope d’avoir aimé fes peuples, 8c difent
que fr ces ptuples ont été foulés par des tyrans j
lu b al ernes , par des mini (lies, c’eft parce que les
plaintes des opprimés ne parvenoient pas jufqu à
Ion trône ; mais cela même eft un tort dans un
iouverain , qui doit ouvrir aux p'aintes des opr
primés toutes les a\ enues du trône.
Valentinien, particulier, s’étoit annoncé comme
un chrétien zélé jufqu’à l’intolérance ; il ne fut
fut fur cet article qu’un empereur prudent &
modéré ; il ne fut point Adrien comme Valens fon
frère ; mais s’il ne perfécuta pas comme lui les
catholiques , il ne perféçuta pas davantage les
ariens ni même les idolâtres. Il fut tolérant, on
lui en a fait un crime, on devoit lui en, faire un
mérite.
Valentinien II étoit fils de Valentinien I , &
frère puîné de l ’empereur Gratien , que Valentinien
I avoit nommé dès l ’an 367 fon coliegne
& fon fuccefieur. G rat: eh avoit dix-fept ans à la
mort de fon père, Valentinien II n’avoit que quatre
à cinq ans. On n’en fut que plus empreffé à le faire
proclamer empereur par l’efpérance de 1 egner plus
longtems fous fon nom. On agita pour lors dans
l ’emp:re romain la queftion frivole qui s’étoit élevée
deux fois chez les Perf-s, à la mort de Darius,
fils d’Hyftafpes & à celle de Darius Nothus &
qui avoit été décidée de deux manières contraires.
A la naiflance de Gratien , Valentinien n’étoit
«u’homme privé, il étoit empereur à la naiffance
de Valentinien II. Celui qui etoit ne fils d empereur
ne devoit-il pas l’emporter fur celui qui
»’étoit né que fils d’un homme privé f Queftion
frivole, difons-nous , car comme elle ne s’ élève
qu’au moment de la mort , tous deux alors font
fils de fouverain , & le droit de primogéniture
doit évidemmeet l’emporter. Mais «e qui trancha
toute difficulté , ce fut que Gratien prenant pour
ion jeune frère les unrimens d’un père, approuva
•fon élection 8c confent:t de partager avec lui l’empire
d’occident. Il garda l’Efpagne, les Gaules, la
Bretagne, c’eft-à-dite l ’Angle terre. Valentinien II
eut l ’Ilyrie | l ’Italie & l’Afrique. Valens yivoit
toujours'. & pofiedoit l ’orient. Après la mort de
Yalens , Gratien étendant à tout l’empire ce fin*
riment paternel & voyant combien il avoit befoin
de puiffans défenfeurs, aflbcia encore à la couronne
impériale le grand Théodofe . ( Voye\ fon article, )
& le chargea de vei 1er fur les provinces éloignées,
que ni G.arien., à caufe de cet éloignement
même , ni Valentinien II , à caufe de foçi
bas âge , n’étoienr. à portée ou en état de défendre.
( Voye£ auffi à l’article Théodofe comment
ce grand empereur vengea Gratien de fon affaflm
Maxime & rétablit Valentinicn II ou le jeune ,
dans fês états envahis par cet ufurpateur. ) Voyeç
encore dans ce même article, T héodose , la fin
tragique & l ’éloge de ce jeune Valentinien II , &
comment il fut vengé par Théodofe ; nous avons
parlé dans le même article , des magnifiques obsèques
que S. Ambroife fit à ce prince aimable s
pendant que Théodofe étoit occupé à le venger,
nous avons parlé de la, douleur des peuples à fa
mort, il nous refte à parler de celle de fes
foeurs. L e corps étant relié expofé à -'Milan pendant
deux mois qui furent employés aux préparatifs
des obsèques , fes foeurs tout éplorées vendent
tous les jours affiéger fon cercueil; on ne
j pouvoir pas toujours empêcher qu’elles n’en ap-
! proebaffent ; alors l’inondant de leurs larmes^&
faifant retentir l’air de leurs gémifîemens, el'es le
renoient fi étroitement embraifé, qu’il n’étoit plus
poffible de les en arracher , que quand elles étoient
évanouies ; ce qui n’arrivoic que trop fouvent.
Nec miniis Heliades fletw. & ïnanïa morti
Tdunera dant lacrymas, & tunfee pcctora palmis ,
Non auditurum miferas Vhaëtonta quereîas
No3e dieque vocant ajiemunturque fepulchro.
Valentinien III étoit petit fils du grand Théo-,
dofe par PJacidie fa mère , ( Voye% fon article, )
feeur des empereurs Arcadius & Honorius. Il
n’avoit que quatre ou cinq ans , lorfque Théodofe
II fon coufîn germain , fils d’Arcadius , lui
donna le titre d’empereur 3 8c celui d’Augufte à
Placidie fa m è r e fo u s la régence de laquelle il
régna. ( Ce fut en 424. ) Valentinien époufa la
fécondé ou la troifième Eudoxie, fille de Théodofe
I I , & de cette célèbre Athénaïs , que Pul-
chérie , foeur de Théodofe ajoit fait époufer à
celui-ci ; ( Voye% T héobose II. ) 8c qui au baptême
avoit changé ce nom d’Athénais en celui-
d’Euxodie. Une autre Eudoxie encore avoit été^
femme d’Arcadius, oncle de Valentinien II. C ’étoit
le temps où l ’empire attaqué par Attila étoit défendu
par Aetius 3 mais Valentinien , plongé dan$
les voluptés , prenoit peu de part aux affaires
publiques & accéléroic par fon indolence la chuté
de l’empire. Il avoit fait enfermer pour quelques
mécontentemens Honora fa feeur , elle invita le
roi des Huris à venir .la délivrer , lui propofant
de l ’époufer 8c de lui porter en dot la moitié
de l ’empire qu’elle difoit lui appartenir de droit.
Attila n’avoic pas bèfoin de ce prétexte pour
envahir l’empire , mais enfin c'étô t un prétexte,
il promit tout 8c s’arma des droits qu’on lui ofFroit.
Il mourut fubitement d’une hémorragie au moment
où il fe rendoit le plus redoutable, 8c Valentinien ,
qui n’avoit jamais su lui réfifter au moins par lui-
même , délivré d’un ennemi fi puiflant, fe re-
pfongea plus que jamais dans les voluptés. Le
fénaceur Maxime, petit-fils de ce tyran Maxime
qui avoit fait périr l’empereur- Gratien 8c ufurpe
pendant quelque teins les états de Valentinien II ,
jivoit une femme auffi fage que belle , dont Valent}
nienlll devint éperduemenc amoureux. N’ayant
pu la féduire , il fbngeoit à lui faire violence.
Maxime lui en fournit l ’occafîon en perdant contre
lui au jeu une fomme fi forte que n’ayant pas ,
dequoi la payer toute entière fur le champ , il remit
à Valentinien fon anneau pour gage de ce qui ref-
toit à payer. Muni de cet anneau l ’empereur
envoyé un officier du palais prier la femme de
Maxime de la part de fon mari , de venir en
diligence faire fa cour à l ’impératrice Eudoxie,
8c pour prouver que l’ordre ou l ’invitation venoit
de Maxime, l’officier montra l’anneau. Valentinien
qui épioit le moment de l’arrivée de cette femme,
la fit conduire dans un appa'tement écarté, où,
malgré fes Cris & fes larmes , il confomma fon
crime... . En fe plaignant à fon m2ri de cet" outrage
, elle fe plaignit fur-tout de lui , l'anneau
lui ayant perfuadé que Maxime avoit confenti à
fa honte. Il la déttompa aTément par la fureur
où le mit ce récit & par le v if reffèntiment qu’il
fit éclater. Ce reffèntiment alla jufqu'aux projets
de vengeance les plus finiftres, mais Aètius , qui
veilloît fur l’empire 8c fur l ’empereur , étoit un
obftacle à l ’exécution de pareils deffèins. Maxime
commença par écarter l ’obfiacle. Valentinien voyoit
d’un oeil jaloux un général fi célèbre & qui l ’avoit
trop bien fervi. Maxime s’attacha en toute occafion
a le rendre de plus en plus fufpeét à fon maître,
jufqu’à ce qu’enfin l ’infenfé Valentinien, dans
fon aveuglement déplorable , fit affàffiner le feul
homme qui pouvoit encore le défendre 8c contre
les ennemis étrangers 8c contre les ennemis domef-
tîques. ( Voye\ à l ’article A etius , le mot que
dit Valentinien III lui - même fur cet affaffinat
à un de fes courrifans. )
Aëtius mort, Maxime eut la principale part
dans la confiance de Valentinien. Il fit aifément
entrer au nombre des gardes de ce prince , deux
foldats d’Aetius , qui brûloient de le venger ,
& dent il redoubla le zèle par fçs exhortations, les
trompant par le zèle qu’il affèéfoit lui-même
pour la mémoire & la vengeance de ce grand
général. Ils trouvèrent le moment qu’ils cher-
choient 8c Valentinien mourut fous leurs coups
l ’an 4 fy . En lui périt la race fi dégénérée de
Théodofe. Nous ne parlons que de la race ma£«
culine, qui fut toujours trop indigne de ce grand
empereur. L’efprit. les talens, les grandes qualités
ne fe trouvèrent plus que chez les femmes. Les
Puiriiérics , les Placidies , les Eudoxics iiluftrèrent
feules la maifbn de Théodofe.
V A L EN T IN O IS, ( pour le duc de) ( Voye^
Borgia. )
Pour la duebeffe de ( Voye\ Poitiers , )
VALERE - MAXIME ( Valerius - Maxi mus )
Hiß. litt. mod. ) hiftorien latin ; il étoit des
maifôns Valéria ou Fabia. Il vivoit foùs Tibère
8c il lui dédia fon ouvrage fi connu : dans
fa jeuneffè, il avoit porté les armes fous le jeune
Pompée ( . Se x t ü s . ) Nous avons une traduction
françoife de Valere - Maxime. Plufîeurs
croyent .que fon ouvrage tel qu’il eft, n’eft que
l’abrégé de fon véritable ouvrage , abrégé com-
pofé par Nepotien d’Afrique.
VALÉRIEN , ( Puhlius-Lucinius- Valerianus 3
( Hiß. rom.) fur le traitement que -Sapor fit à cet
empereur Se à Mariniana fa femme , une réflexion
à l ’article Bajazet. )
On fait quelle avoit été dans les tems de U
république la puifl'ance redoutable des cenfeurs 5
elle avoit paru trop grande pour un particulier
fous le gouvernement monarchique ou defpotique
des empereurs 8c ces princes avoienc cru ne la.
devoir confier qu’à eux-mêmes. L’empereur Dèce
eu Décius penla plus noblement 8c rendit au fénat
le pouvoir d’élire un c^nfeur. Son choix tomba
fur Valerien , avec l ’agrément de l ’empereur Dèce
qui dit que Valerien éioit cenfeur né , fa vie étant
une cenfure continuelle. Valerien étant abfent
lorfqu’il fut élu etnfeur , 8c cette circonftance
n’ayant pas empêché de fonger à lui , paroît
confirmer le jugement que l'empereur Dèce pcxtoit,
de lui.
Après la mort de l’empereur Dèce , arrivée en
251. Emilien & Gallus fe d'fpuièrent l ’cnipire.
Gallus fut tué avec fon fils Volufiçn dans une
bataille livrée à fon • compétiteur. Emilien fe crut
empereur , mais l ’armée des Alpes v de concert
avec Borne, proclama empereur Valerien, alors
fon général,, & la fupérîoricé de ce c,hoix|, glaça,
le zèle des partifans , d’Emilien, qui le facrifiè-
rent pour faire, ceiïer la concurrence. Valerien fut
élu en 2f3 étant âgé d’environ foixante 8c dix
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