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qui tendoit à- l'embelliflement d’Ahènes , & au
maintien de la Ipicndeur de l ’état, Péricles ne fe
piquoit point de fournir à tous les caprices & à
toutes les- prodigalités de Xantippe & de fa jeune
femme plus faftueufè encore que lui. Xantippc fit
des emprunts fous le nom- fon père qui ne les
avoua point, & qui non-feulement rtfula de payer
les fpmmes pretees, mais appella néme en ju/Vice
le prêteur , comme ayant fécondé par ces prêts
funefies^ les défordres de la conduite de Xantippe.
. Celui-ci outré de,colère, s’emporta contre fon père,
lui manqua de refptft, tourna en ridicule la phi-
iofophie de Péricles, & les afiemblées de philofoohes
ou de fophiftts qu’il tenoit chez lu i, de forte que
Périclès eut également à fe plaindre, & de fes actions
& de fes difeours.
Ce fils mourut de la pelle qui Vavageoit Athènes
Bc qui enleva vers ce temps à Périclès fous fes en-
fans légitimes , fa foeur & pluficu.s autres de les
parens.
** 4q» Xantippc, général athénien , commandoit
avec Léotychide , roi de Lacédémone , la flotte
des grecs, au combat de Mycale, qui fut livré le
même jour que la bataille de Platée, & qui acheva
de détruire ces innombrables & monftrueufes forces
de Xerxès, & les réduifît à une fuite honteufe.
5°. Xantippc, général lacédémonien, efl celui
qui remporta la vidoire en Afrique dans ce fameux
combat décrit par Polybe avec tant de détail, &
où Régulas fut fait prisonnier. ( voye% l ’article :
Régulas ) Les carthaginois, commandés par Hannon
& Amilcar venoient de perdre la bataille navale
d’Ecnome en Sicile, contre les romains commandés
par les confiais Marcus Attiiius Regulus &L.Man- i
lius. Les vaincus fe voyoient réduits à la plus !
f^cheufe extrémité , lorsqu’il. leur arriva de Sparte
des troupes auxiliaires commandées par ce Xantippc?,
grand homme de guerre ,, élevé dans la difeipline
«de Sparte, & qui avoit plus profité que perfonne dans
cette excellente école. Il fe fit rendre un compte
ex ad ' de toutes lés circonflances de la bataille
d’Ecnome ; il fit voir aux carthaginois que c’étoit
uniquement par la faute de leurs chefs qu’ils avojent
perdu.cetté bataille; il parla fi bien & montra une
£ profonde connoiflance de l’arc militaire, qu’on le
pria, qu’on le força d’accepter le commandement
de l ’aumée; on ne pouvoit le remettre dans des
mains plys habiles. Xantippe raifonna fa vi&oire
comme il avoir raifonné la défaite des carthaginois,
& avant de 'mener ceux-ci au combat, il leur avoit
prouvé démonflratiyement qu’il les menoit à un
avantagé cer ain. II efl beau de faire de telles prédictions
& de tenir parole. Après fa viètoire, Xantippe
prit le parti de fe retirer & de difparoître pour ne
-point trop exciter ï t nvie. Cette prudente modeftie
ne put le fauver, fi l'on en croit Appien. Cet hifto-
rien rapporte que les carthaginois jaloux des talens
St. des fuecès de Xantippe 3 & honteux de devoir
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leur falut a une puifiance étrangère, prirent .le
prétexte de reconduire par honneur Xantippe dans
fa patrie avec une nombreule efeorte de vaiffeaux ,
& qu'ils donnèrent un ordie (ecret à ceux qui con-
duifoient ces vaifteaux, de faire périr en chemin ce
général, avec les lacédémoniens qui l ’accompa—
gnoient. Ce n’eft pas la feule fois que la politique
a recompenfé ainfî des fervices dont elle ne pouvoit
s’acquitter.
XANTHUS eftle nom du philofophe dont Efope
fut i’efclave. M. Rollin eût pu le difpenfèr de répéter
i’hiftoire des langues qui font & la meilleure, &
la pire chofe qui foit au monde, & il auroic pu Ce
dilpenfer fur-tout de flaire honneur de cette infipîde
plaifimtcrie à i’efprit & à la vivacité d’Efope. Il faudrait
plutôt fi on admettait le fait, louer la patience
& 1 indulgence de Xanthus, qui aurait fouffert de
fon efeiave une pareille plaifanteric.
X A V IE R , ( Saint-Françdis ) ( Hiß, eccléf. )
furnommé l'apôtre des Indes, fut un des fix premiers'
compagnons de Saint-Ignace de Loyola dans
fa fociécé naiflante; il avoit les memes avantages
qu’Ignace du coté de la liaifïance ; & avoit eu
d abord la meme indifférence pour Ion falut ; la
grâce le changea comme elle avoit changé Ignace ,
qui fut l’heureux infiniment de la converiion de
fon ami. François- Xavier étoit hé en 1506 , au
chateau de Xavier fitué au pied des Pyrénées, ce fut
à Park qu’il fit la conhoilfnce d’Ignace, Xavier
enfeignoit alors la phiiolopn-e au collège de Beauvais.
Ils firent leurs voeux à Montmartre en 153.4,
le jour'de l ’aflomption comme un de ces voeux
etoit de travailler à la couverfion des infidèles,
Xavier s’étant embarqué à Lisbonne en 1541 , palfa
d’abord à Go a & prêcha l ’évangile dans diverfes
parties de l’Inde, à Malaca, dans les îles Moluques,
au Jap6n même. II avoit fur-tout l’ambition de
conveitirla Chine, mais il ne vit ce vafie empire
que comme Moyfe avoit vu la terre proniife du haut
du Mont Abarim. Xavier mourut en 1 ^ 2 , dans
une île à la vue du continent de la Chine. Grégoire
X V j le canonifa en 1622. Il y a de lui
quelques ouvrages; mais ce.n’eft pas par-là qu’il eft
. connu.
XENETAS. (Hiß. anc.) Les commencemens du
regne d Anriochus, dit le grand, roideSyrie, furent
troublés par des révoltes & des cabales. Molon &
Alexandre , deux frères, au premier defquels il
av<»it donné le gouvernement de la Médie, & au
fécond celui de la Perfe, fe rendirent foùverains.,
ch.icun darls fa province. Les mécontentemens que
leur avoit donnes Hermias, minifire dur^ infolent
& njufte, qui gouvemoit entièrement ie jeune roi,
etoient la cau(e principale de leur révolte. Un générai
plein de zèle & de talens, Epi gène, voulut
taire marcher le rqi contre eux , Hermias redoutant
l ’afcendant d’Epigcne , combattit fon avis avec
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aigreur, infinuant que c’étoit livrer le roi entre les
mains des rebelles, & ajoutant qu’il 11e convenoitau
roi *de marcher que contre des rois. Il fit nommer,
pour aller combattre Molon & Alexandre, Xênétas
homme fans talens & fans ufâge dtf commandement»
mais cour-tifan fouple & voué à la faveur. Le fuccès.
répondit, & à la qualité du choix & au motif qui
l ’avoit fait faire. Xénétas paflant le Tigre pour
marcher aux rebelles , donna dans la première
embufeade où l ’ennemi voulut l’attirer, & y périt
avec toute fon armée. Cette feule viétoirc rendit
les rebelles maîtres de la Babylonie 8c de la Mé-
fopotamie. Telle fut la fuite d’un mauvais choix.
XENOCRATE- ( Hifi. anc. ) un des plus célèbres
philofôphes de l’antiquité, difciple de Platon,
étoit de Calcédoine. Il étudia la philofophie fous
Platon avec Ariftorc. En comparant «nfemble ,
Ariftote & Xcnoctate, on difoît d’eux ce qu’Ifocrate
difoit auffi de Théoporape & d’Ephore, que l’un ,
( c ’éto’t Xénocrate ) avoit befoin d’éperons, &
l’autre ( Arifiote) de frein. Platon en jugeoit ainfi,
& difoit qu’en voulant faire marcher de front Ariftote
& Xériocrate, il'apparioit un cheval avec un âne.
Mais que ne peut l’ém*dation! Xtno r a te ne.fe rebuta
jamais d’une étude toujours péniolè & fouvenc
ingrate ; il ne perdit peint courage. Il voulut être
un digne difciple de Platon , & il le fut.
Dignion proefiabo me etiam pro laude merentis.
Plutarque encouragé par l’exemple de Xénocrate
& par celui de Cléanthe, ( il pouvoit y ajouter celui
de Démofthcnes ) ^ccux à qui la nature paroît avoir
donné moins de difpofîtions que de bonne volonté.
Cette bonne volonté même cil la plus grande & la
meilleure des difpofitions; on parvient à dompter
une nature rebelle.
Labor emnia vinclt
Improbus.
n ,
Ariftote fut toujours fiipérieur à Xénocrate pour
les connoiflànces, les lumières & les talens, mais
Xénocrate le furpafîa dans la philofophie pratique,
but où doit tendre la philofophie fpéculative 5 il eut
fur lui l ’avantage de la pureté des moeurs.
Il avoit l’humeur dure & auflère, & porté à la mélancolie
; c’étoit lui que Platon , favoii des grâces,
exhorto t louvent a facrifier aux grâces ; il 11e lui
épargnoit ni les leçons ni les reproches fur les dé ;
fauts qui pourraient un jour dter à fes inftruélions
une paitie dis leur agrément, & à fes exemples une
parrie de leur vertu. Xénocrate doux & docile pour
•fon maître feulement, prenbit en bonne part tout
ce que lui difoit Platon, & quelques 11ns de fes con.-
difciples , par une amitié indiscrète ou par des
moiifs moins purs, cherchant à l ’inditpofer con re ce
philofophe, & l’exhortant à repouflèr avec vivacité,
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des îeçonsqu’fis lui peignoient comme défobligoantes,
,il leur impola filence par ce mot qui peint une aine
reconnoiflante : cefi pour mon. bien quil me traite
ainfi*
Oh hune nunc
Laus illi debetur 6’ a me gracia major.
Il fut le fuccefleur de Platon dans fon école,
Philippe, roi de Macédoine pour devenir le
tyran de la Grèce , en croit alois le corrupteur,
prodiguoit fes perfides larpefles à ceux qui s’élp-
voient au-defiiis des autres par les talens ou par le
crédit.
Diffidit urbium
Portas vir Macedo , & fubruit oemulos
Reges muneribus.
Xénocrate étoit inaccefïible à ce genre de fédue-
tion & à tout autte. Ni les honneurs ni les louanges,
quoiqu’il y fur plus fcnfible, & que Philippe fût préparer
ce poifon , n’avoient aucune vertu pour le dé*
tourner de Ion devoir. Il fut député avec quelques
autres Athéniens vers le roi de Macédoine, qui
averti par la renommée, du njérite d’un tel am-
baffadeur, n’oublia rien pour le gagner, mais voyant
toutes fes tentaiives inutiles, il prit le parti de le
traiter en ennemi ou plutôt d’affeéter pour fa perfonne
un faux mépris. Xénocrate étoit exclus des
conférences où étoient admis Ce s collègues qui s’é-
toientlaifles corrompre par les libéralités dejPhilippe,
&par les fêtes qu’il leur Aomxoït.Xénocrate ne fe prit
point à ce nouveau piège, il ne parut point s’apperce-
voir du changement de conduite de Philippe à fon
égard; pour lui, fa conduite fut toujours la mêm«^
exclus de tout, il patut captent de tout, ne fc plaignit
de rien, foutint feui la dignité de la république
& celle de la philofophie. Au retour de l ’am-
bafTade , les autres ambaftadeurs firent beaucoup
valoir les avanfiage6 que leur dextérité avoit procurés
à la république, ils eurent l’imprudence de
blâmer la conduite de Xénocrate , & de le mettre
dans la néeeffîté de faire fon apologie. Selon eux,
ce philofophe avoit été entièrement inutile dans
cette ambafiade, i f ne les avoit fécondés en lien,
le peuple prévenu par leurs plaintes , étoit déjà
prêt à condamner Xénocrate à l’amende comme
un mauvais citoyen & un mandataire infidèle. Xénocrate
alors rompit le filence, expofa tout ce qui
s’étoit paffé à la cour de Philippe, & plus inftruic
de la conduite de fis collègues que ceux-ci ne le
penfoient, il dévoila le vil principe de leurs perfides
complaifances pour Philippe , & les. couvrit de con-
fufion à la face de la république.
. Alexandre le Grand , fils de Philippe, tenta aufti
de ga?ner Xénocrate & crut y réuffir mieux que fon
père. Des ambafiadeurs qu’il avoit envoyés à Athènes
pour quelque négociation , vinrent offrir de là part
à Xénocrate une lomnie d’argent xonfidérable;