
criptîon dévote. Moi, Gaspar Scioppius j déjà fur
U bord de ma tombe , 6* prêt de paroître devant le tri-,
bunal de Jefus-Chrij?, ƒ?(?«/* lui rendre compte de mes
oeuvres. Ainfi la fureur aveusloit cet homme au point
4e !ui Ppfoaôer qu’un libelle étoit une oeuvre méritoire
; il avoit traité les Cafaubon ,. les Du Pleflîs-
Mornay, fur-tout les Scàliger, encore plu.s mal que
les jéfuites ; il n’avoit de tous côtés que des ennemis,
& ne cherchoh que des ennemis ; 8c lorsqu’il mourut
en 1649 à Padoue, cette ville étoit peut-être le
lèul afyle qui lui reliât fur la terre. La lifte de lès
ouvrages monte à 104, parmi lefquels il s’en trouve
qui ont quelque mérite littéraire; tels que Commen-
tarins de arte criticâ, notatioms criticcc in Phcedrum, &c.
Sa folie à la fin de là vie étoit d’expliquer l’apoca-
lypfe , cette folie pourroit paroître innocente,
mais elle lui fourniftoit des injures à vomir contre
ceux qui n’expiiquoient pas comme lui ce livre difficile
a expliquer; elle lui fourniftoit d’ailleurs des
allégories contre lès ennemis, •
SCIPIONS ( Hifl. Rom. ') Un des plus grands ou
le plus grand nom dé la république romaine; Les
Çcipions étoient de la malfon Cornelia. Parmi les
perfonnages d.ftingués de cette mailbn, on trouve:
i°. Publius Cornélius Sdpion, général de la cavalerie
fous Camille , diélateur l’an de Rome 3 59.
2°. Lucius Cornélius $ dp ion, conful i’an de Rome 454» & qui fit la guerre aux Samnites & aux Fa-
ljiques.”
3° Cneius Cornélius Sdpion Afina, deux'fois
çonlul l’an de Rome 492 & i’an 498. Dans fon
premier conlulat, qui tomboit à la cinquième année
ne la première guerre Punique , il eut le commandement
de la première flotte que les Romains euffent
fait conftruire; Duil us, qui remporta la première
viéloire navale chez les Romains, étoit fon collègue-;
Sdpion avoit pris les cbvants avec dix-fept vaiffeaux. ;
Le général des .Carthaginois lui ayant fait parler
d’accommodement, Sdpion fe rendit à Ja galère de
ce général fur là parole ; à peine y fut-il entré que
lé Carthaginois, par un de ces traits qui ont fait
paffer en proverbe l i foi Punique, l’enleve 'avec les
principaux cftjciers qui î’accompagnoient, & le conduit
à Carthage ^ 011 il .fut jette dans un cachot,
& eu il effuya toute forte d’putrages. Nous ignorons
fi c’eft pour s’être laiffé ainfi furprer.dre, qpe Sdpion
fut furnommé Afina , à -peu-près dans le même
fens cfi Komçe. $it à Vinnips Afella,
Si te forte meçt gravis uret farcina chartce
flbjicito potius , quant qub perfeire juberis
Cliicllas férus impingas, Afineequs paternum
Cognomen yertas ht rifum & fabula fias.
Valere Maxime admire les viciffitudes de la for»
tüne de ce Sdpion , devenu de conful captif, 8ç
de captif conful. Dans fon fécond confulat, il fit
avec fon collègue la guerre en Sicile,où il prit Panorme
( PaJerme ) & plufieurs autres places, 6c qù il acquit
beaucoup de gloire,
f4°. Lucius Cornélius Sdpion , copfùl l’an dé
Rome 493. La première expédition des Romains
contre la Sardaigne & la Corfe,eft de lui; il battit
Hannou dans la Sardaigne. Une ancienne infeription
lui allure la gloire d’avoir été l’homme le plus vertueux
de fon temps.
50. Publius Cornélius, & Cneius Cornélius Sdpion,
frères, 8c le premier pçre , le fécond oncle du grand
Publius Sdpion, le premier Africain , furent tous
deux conluls, 8c fe fignalèrent tous deux dans la
fécondé guerre Punique. Publius Cornélius étoit op-
pofé a Annibal dans la Gaule & en Italie., Cneius
Cornélius l’étoit à Afdrubal , dans l’Êfpagne. Publius
fut vaincu par Annibal fur les bords du Tefin, il
fut bieffé dans cette aélion, mis hors de combat ,
& il alloit perdre la vie fans la valeur furnaturelle
de fon fils , alors âgé de dix-fept ans , 8c qui fai-
loit fous lui fa première campagne. R le tira d’entre
les mains des ennemis qui l’environnoîent & qui
l’accabloient, ÔC te premier exploit de ce jeune Sdpion,
fut de fauver la vie à fon père,
A mon fils Xipharès, je dois cette fortune.
La manière dont Publius Sdpion, malgré là défaite
&fa blelïùre, échappa aux ennemis , pana la Trébie ,
& fe fortifia fur fes bords , valut prefque une victoire. 11 alla bientôt joindre fon frère, en Efpagne 3 & lui
porter des fecours. Leurs procédés généreux leur
gagnèrent les coeurs des Efpagnols ; leurs païens ÔC
leur bonne conduite, leur procurèrent de grands
fuccès. Afdrubal étoit. appelle en Italie ; une viéloire
complette qûè les deux Sdpion remportèrent lùr lui,
le retint enfermé dans l’Efpagne , ils le battirent
encore , ainfi que d’autres généraux Carthaginois,
dans plufieurs autres occaûons ; ils efpéroient enfin
terminer cette guerre Punique en Efpagne ; pour
réiiliîr dans ce projet & tenter à la fois plufieurs
expéditions, ils crurent bien > faire de féparer leurs
forces ; Cncïus eut en tête Asdrubal, la dçfeélion des
Celtibériens , qui fervoient dans Ion armée , lui fit
perdre la bataille ; Publius de fon côté ayant marché
contre les autres généraux Carthaginois , fut défait
£c tué dans le combat ; tous ces généraux réunirent
alors leurs forces contre Cneïus, tandis qu’il ignoroit
encore la deftinée de fon frère ; mais cette réunion
même la lui faifoit preffentir ; fon camp fut bientôt
forcé par les vainqueurs, &. il périt avec gloire comme
fon frère un mois après lui. Cicéron les appelle deux
foudres de guerre ; dm duo fulmina nofiri imperii
fubitb in Hifpanià, Cneius & Publius S dp ionés ex-
tinêli occidijfent. Çe n’eft pourtant pas d’eux , mais
des deux Sapions, tous deux furnonhnés Africains ,
que Virgifo a dit;
Geminos, duo fulmina belli ,
Scipianas , cladem lybice.
Cneius avoit commandé pendant 7 3ns en Efpagne,’
il étoit pauvre ; il pria le fénat ds lui donner un
fùcceffeur, pour qu’il pût aller à Rome chercher les
moyens de marier là fille } 8c de lui afiîgner une dot
Le fénat ", polir fie pas priver la république des fSrvi-
ces d’un homme fi néceffaire , fe chargea de marier
& de doter fa fille"; mais quelle dot I la fomme
que le fënat jugea fuffifante pour la fille de Sdpion,
dit Sénèque, ne fuffiroit pas aux filles de nos affranchis
pour acheter un miroir : jam libertinorumvir-
gunculis in unum fpcculum non fufjidt ilia dos ,
quant dédit fenatus pro Sdpione.
6°. Publius Cornélius cipion. C ’eft le grand Sdpion
l’Africain, fils & neveu des deux précédens. Nous
avons vu comment à dix-fept ans il avoit fauvé la vie
à fon père au combat du TV.lin , à dix-neuf ans il
fàuva la république , même après la bataille de Cannes
, en s’oppofant avec autorité à la réfolution dé-
lèfpétée qu’avoit prifè l’élite de la jeuneffe Ôc de la
nobhffe Komaine, d’abandonner l’Italie , & de fe
réfugier chez quelque ro i, ami des Romains. Il fut
fait Edile-Curule à vingt-un ans, quoique lelon les
loix annales, on ne pût être nommé à aucune ma-
giftrature avant vingt-fèpt ans, & Lucius, fon frère
ainé, fut nommé en même temps que lui à la même
dignité. A vingt-quatre ans , Sa pion -fut nomme pour
aller commander en Efpagne en quai-té de proccn-
ful, comme le vengeur naturel de fon père & de
fon oncle ; il arrive , il prend Carthagène, & c’eft
dans cette ville prife d’affaut qu’ilfe diftingue à vingt-
quatre ans par le trait connu fous le nom de continence
de Sdpion. ( Voyc\[ l’article A lluciüs' ) Il
attire au parti des Romains les Rois de l’£tpagne,
Lidibilis & Mandonius, il remporte une pleine victoire
fur Afdrubal, frère d’Annibal , & refufe le
titre de ro i, que luioffroient l’admiration & l’enthou-
fiafme des Efpagnols, difant que ce titre ne pou-
yoit jamais convenir à un Romain : Regium nomen
alibi magnum, Romeo intolerabïle ejfe. 11 renvoie fans
rançon & avec des préfens le jeune Maffiva, prince
Numide, pris dans cette bataille, à MaflinifTa , fon
oncle, alors allié des Carthaginois. Par- tou- de la
grandeur, de la genérofité, de la vertu. Bient.t il
remporte une nouvelle v.éloire fur un aütre Afdrubal,
fils de Gifgon ou Gifcon , & fur Magon, frère d’An-
nibal. Il fait enfuite la démarche peut-être téméraire,
mais héroïque, mais utile, de paffer feul en Afrique
pour aller traiter avec Syphax , Prince Numide , fur
la foi duquel il n’avoit pas leu de compter; il y
trouve cet Afdrubal, fils de Gifgon, qu’il vetnoit de
vaincre qui avec fept vaiffeaux tenta vainement
d’enlever fes deux galères ; ils .converfent dans la même
cour, ils. s’affeyent à la même table, fur un même
l i t , Syphax s’enyvre dé l’honneur de voir fon alliance
recherchée par deux illuftres gén. raux des deux
plus publiantes nations de l’univers ; mais Afdrubal
voit avec inquiétude combien fon jeune & aimable
ennemi a le talent dé plaire & de féduire ; il avoue
à regret qu’il fe défend à peine de tant de fèduélion,
que Syphax ne pourra s’en défendre, que Sdpion
eft auflï redoutable à fes ennemis par fes négociations
, par fon feul entietien , que par fes armes. Il
foupçonnoit d’ailleurs dans ce voyage des defleins
& des vues pour l’avenir ; Annibal tàifoit la guerre
èn Italie & aux portes de Rome.. Sdpion avoit dé;à
plus d’une fois demandé pourquoi les Romains ne la
porteroient pas en Afrique, & ne menaceroienr point
Carthage à leur tour. Il venoît en ce moment obfèr-
ver l’Afrique, ôc voir par où il pourroit l’attaquer
un jour.
Locum infidiis confpecdmüs ipfi.
Il vit dès ce moment tout ce qui alloit? arriver, il
vit que les Carthaginois dévoient déformais fonger ,
non à recouvrer les Efpagnes, mais à conforver l’Afrique.
Sdpion rentre en Efpagne , prend d’affaut ïîli-
turgis, fourni t d’autres places, confàcre à la mémoire
de fon père & de fon oncle des jeux funèbres
8c des combats de gladiateurs. Ii tombe malade,
on le crcit mort, les alliés deviennent infidèles
, les foldats féditie.ux ; la révolte des Romains
dans le camp de Sucrons ne fort qu’à faire connaître
combien ce général a de reflources clans Icfprit,
combien d adreffe, de douceur & de fermeté ; il paroît,
il parle , il agit, tout eft calmé ; la défeélion de
Mandonius & d’Indibilis ne fait que lui fournir une
nouvelle occafion de vaincre & de pardonner. Il retourne
à Rome, il eft créé conful pour i’an de Rome'
547. Alors éclate fon grand projet de porter la guerre
en Afrique, projet combattu par Fabius , ( voyc^
Fabius ) mais pleinement juftifié par le; fuccès ; un
combat dans lequel Hannon eft défait & tué ; ' une
grande bataille gagnée contre Afdrubal, fils de Gifgon,
& contre Syphax , qui ayant époufé Sophô-
nisbe, fille d’Afdrubal, avoit quitté le parti des Romains
, obligèrent lis Carthaginois de rappeller Ann*-
bal en Afrique ; alors fe livre entre Annibal &
Sdpion, cette admirable bataille de Zama, où ces
deux généraux épuiferent toutes les reffources de
leur art, & où Annibal, qui fut -vaincu, mérita
l’admira.ion de fon vainqueur. Sdpion retourne à
Rome avec la gloire d’avoir terminé la fécondé guerre
punique, & avec le furnom d'Africain. Il reçoit les
honneurs du triomphe ; eh I qui jamais les avoit mieux
mérités ? il eft créé cenfèur lande Rome 553 , confié
pour la fécondé fois pour l’an 558.
Ce grand homme s’oppofa toujours à ce honteux
acharnement, avec lequel Rome pourfui voit un grand
homme dans laperfonne d’Annibal; il fo rencontra,
dit-on, avec lui à la cour d’Antiochus, comme il
s’étoit rencontré avec Afdrubal à la cour de Syphax,
8c c’eft laque, dans un entretien convenable à des
héros , Annibal ayant donné à Alexandre le premier
rang parmi les grands capitaines, & ayant nomj
mé Pirrhus lé fécond , parce qu’il avoit vaincu les
Romains, fe nomma lui-même le troifième: Scip'on
fourit, & que diriez-vous donc, repliqua-t-il, fi vous
m’aviez vaincu ? Alors, répondit Annibal, je me
forois mis au desfus de Pyrrhus &mêoee d’Alexandre,
Sdpion alla fervir fous Lucius Cornélius. Scîpicn,
fon frère , dans la guerre contre Antiochys : fon fils
fut fait prifonnier dans cette guerre ; Antiochus le
lui renvoya fans rançon, en-même temps il