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C ’eft notre-dame de la Garde;
Gouvernement commode & beau J
À qui fuffit, pour toute garde,
Un Sutfîè avec fît hallebarde
Peint fur la porte du château»«,'
?» Une defoription magnifique , qu’on a faite autre-
» fois de cette place, nous donna une curiefité de
» l’ailer voir. Nous grimpâmes plus d’une heure avant
» que d’arriver à l’extrémité de ' cette montagne, oh
» l‘pn eft bien furpris de ne trouver qu’une méchante
» mafure tremblante-p'rête à tomber au- premier
» vent. Nous frappâmes a,-K porte ;. mais doucement
» de peur de la jetter par terre ; & après avoir
» heurté long-temsfans entendre même un chien
» abboyer fur la. tour. »
Des gens qui travailloient là proche,'
Nous dirent « Meilleurs là dedans
» On n’entré plus depuis long- teins *
jj Le Gouverneur de cette roche
jj Retournant-en cour parle coche,
jj A dèpuis environ quinze ans,
jj. Emporté la clef dans là poche..»
On lifsfe avec peine for un écriteau prefque effacé.
Portion de Gouvernement
A louer tout' préfentement.
Sçuderi avoit épouféunè demoifelle de là famille
‘de Mar tin va 11 en Normandie, qui lui furvecut 44
ans, & mourut en 1711. Pour venger la' mémoire
de fon mari,-décrié par Boileau, elle effaya inutilement
d'irriter contre Boileau lè comte dé Bufly, au
iùiçt de ees vers- de la fatire 8e.
J’i rois par jna confiance aux affronts endurci,
Me mettre au rang des Saints qu’a célébrés Buffy ?
' Madeleine de Sçuderi ,-foeurde Georges, naquit èn
.1607 au Havre de Grâce ; fa réputation la fit nommer
la Sapho dé Ion fiècle- ; l’amitié qui l’unilToit
avec Péliffon, eft célébré comme leurs taiens ; l’A cadémie
des R’covrati de Pàdouë nomma Made-
moifelle de Scuderi , pour remplacer la fameufe
Heléne Gornaro , ( Voye^ l’article C ornaro. )Toutes
tes Académies où les femmes font reçues-, imitèrent
celle de Pado.ue ; Mademoifelle de Scuderi avoit
remporté le prix d’éloquence à l’Académie Françoife ,
par un difeours fur la gloire! Née fans fortune, elle
devint riche par les bienfaits des Protecteurs des Lettres;
Chriltine, reine de dé Suède , le cardinal Mazarin,
le chançelier Bouchferat, Louis XIV lui donnèrent
des penfions cônfidérables-. Elle mourut en 1701 ,
dans fa 94e. année. Il pa-roît par la lifte de fes
ouvrages , qu’elle, n’étoit pas un auteur moins fécond
que fon frère. • * _ .
Boileau & Molière ont donné, à l’hôtel de- Rambouillet
en général , Si en particulier, à Mademoifelle
s c U
de Scuderi , qui en fa’foit l’ornement, un ridicule
dont plufieurs perfonnes jugent qu’il faut un peu rabattre;
elles conviennent que le précieux , l’affeClation, le
mauvais ton de la bonne compagnie de" ce terris là ,
lè font un peu fefttir dans les écrits de cette nile
Ipirituelle ; mais" elles foutiennent que la leCture dt
cès‘ écrits , feroit encore aujourd hui inftruclive &
amufarite, qurelle formeroit les moeurs , qu’elle enfei-
gneroit des vertus ;• l’amour qui,fait lame de .tous
les romans de Mademoifelle. de Scuderi, n’y paroît
.jamais qu’accompagné de la modeftie, de la magnanimité
, de la gloire. La plupart de ces romans
avoient encore, dit-on, un autre mérite moins con-
fidérable, mais qui a dû contribuer dans le temps à
leur lùccès , c’eft lé mérite de l’allégorie ; le roman
de Clélie étoit rempli de traits relatifs à des anecdotes
de la cour de France ; Gyrus étoit le grand
Condé, Si plufieurs aClions réelles dé ce héros moderne
, étoient rapportées fous le nom du roi de
Perfe.
Plufieurs morceaux des oeuvres de Mademoifelle
de Scuderi, ; recueillis en 1765, fous le titre defprit
. de Mademoifelle de Scuderi , font des. elpèces de
plaidoyers pour & contre fur diverfès matières-;-
on propofe une queftion, dont on loutient tour-à-
tour l’affirmative & la négative ; tout cela eft biëp
dans l’efprit de l’hôtel de Rambouillet ,, mais tout
cela ne fait le plus louvent que rendre fenfible l’abus
du raifonnement & l’arbitraire dé la - plupart des
idées. Cependant Mademoifelle- de Scuderi »-quelquefois
des penlees heureufes , heureufement exprimées
; c’eft elle qui a. dit , « l’àmour eft je ne
fais quoi, qui vient de je ne fais ou* r Si qui fiait
je ne fais comment.
L’idée fui van Le fur l’amitié eft allez ' délicatement
tournée.
jj Quand nos vrais amis nous difient qu’ils ont des
jj ennemis à combattre, la-première chofe qu’il faut
jj leur dire, c’eft i-oie font-ils ? Si non pas , qui
» font-ils ?
C ’eft ençore Mademôifellé de Scuderiqui a dit ce
mot, paffé en proverbe:-
jj Une femme, qui reçoit dés préfens , fe donne ,
jj ou, pour mieux dire , fe vend.
Le portrait de Mademoifelle dè Scuderi fut fait
par Nanteuil, & flatté de l’aveu même de Mademoifelle
de Scuderi, qui fit ces vers pour remercier Nanteuil ;
Nanteuil, en faifant mon image,
A- de fon art divin, fignalé le pouvoir;
Je hais mes yeux dans le miroir ,
Je les aime dans fon ouvrage.
SCÜ LTE T, ( Abraham. ) ( Hiß. tilt, moi. )
écrivain proteftant d’Allemagne , auteur d’un ouvrage
théologique , intitulé Medulla Pair um. Obférvons
feulement qu’il avoit fait placer fur la porte de fon
cabinet cette infeription.
S E B
j/fmice qtiifquis hue ve/iis l
Aut agito paucis, aut abi,
Aut me laborantem adjuva^
Né en 1 566, mort en ï6 i6 ,
SCUTAGE, f. m. < HiflrJÀngl. ) le feutage
ctoit un fervice militaire auquel les poffefleurs des
fiefs étoient obligés envers le roi. Ce mot defigne
suffi la redevance que les feudataires payoient au
grince pour être difpenfés de ce fervice ; enfin ce
mot fignifie la taxe qu’on avoit tnife fur chaque
vaflàl pour quelque fervice public. Depuis Guillaume I.
les rois d’Angleterre avoient fouvent impofé de pareilles
taxes fans le .confèntement des états , c’eft
pourquoi le feutage fut aboli par la grande charte.
{ / ? . ƒ . )
S C Y L A X , ( Hiß, ans.) étoit unGrecdel’afie
mineure, de la ville de Cariandée en-Carie, Darius, fils
d’Hyftafpe , qui avoit la manie des conquêtes^ s’étant
mis dans la tête de conquérir l’Inde, voulut d’abord
la connaître, il chargea Scylax d’obferver le pays
[ fitué des deux cotés fur les bords de l’Indus. Scylax
partit avec fes compagnons vers l’an 509 , avant l’ere
; chrétienne ; ils defeendirent l’Indus , paflèrent par fort
\ embouchure dans l’Océan méridional, entrèrent da .s
Ha msr rouge par le détroit qu’on nomme aujourd’hui
de Babel-Mandel ; après une navigation dé treize
mois ils abordèrent en Egypte , d’où Scylax iß
i transporta enfuite a Saze., pour rendre. compte a
Darius de fo.n voyage & de fes découvertes. Ce-
prince fit fes préparatifs en conféquence pour la conquête
de l’Inde, où il entra l’an C06 avant J. G.
: Sl dont il fournit toute la partie feptentrionâle. Nous
avons lé Périple de Scylax, publié avec les ou-
j- vrages d’autres anciens géographes ; mais on ne croit
I pas que cèt ouvrage foit de l’ancien Scylax , dont
[ nous venons de parler.
SÊBANICOU, f! m. terme de relation ; efpèce de
! vin préparé en Ethiopie avec- un fruit appelle Séba-
mcou ; le vinôc le fruit portent lemême nom. ( A , R .)
SEBASTIEN , roi de Portugal* £ Hifl. de Porto»
gai, ) Une imagination ardente , une intrépidité à
- l’épreuve des dangers les plus effrayans, un courage
ï héroïque, un defir immodéré de gloire & de célé-
j brité, foutenu par des idées fortes, outrées , roma-
| nefques , peuvent faire un guerrier formidable, un
r général entreprenant; mais ces qualités ne font pas
| celles-qui forment les grands'rois. Tel fut pourtant,
t pour fon malheur, U; pour celui du Portugal, le
[ fameux Scbaßien , le plus intrépide des hommes, &
i le plus bizarre des rois. S’il fût né dans les fiècles
héroïques, il eût été peut-être auffi loin qu’Ale-
|> xandre ; il en avoit toute la fougue , toute' l’impé-
f tuofité. Mais dans le x v ie. fiecle , l’Europe étoit
i trop éclairée pour que la valeur d’Alexandre fuffît
1 à un fouverain ambitieux de gloire. Cette ambition
: exceffive étoit en lui un défaut qu’il tenoit de i’éduca-
| tion ; car il avoit reçu de la rtature les plus aimables
[ qualités ; il étoit bon, libéral, magnifique , ami de
S E B n
la juftîcê t ifdent, incapable de crainte ; & fes inf-
truâeurs abufant' de cette rare intrépidité, lui avoient
perfuadé que rien rfétoit plus beau , plus grand &
plus fublime que d’exterminer les infidèles, & d aller
d’un pôle à l’autre, inonder la terre de leur fàng.
Le zèle mal entendu de Sébajlien pour la région ,
lui fit regarder cette opinion meurtrière comme une
vérité facrée , & fa valeur ne fécondant que trop
fon zèle religieux , il ne fut plus d’obftacle capable
d’arrêter Les projets infenfés. Ce prince eût vraifera-
blabiement penfé différemment, & il fe fut conduit
avec plus de fàgefle, fi le roi Jean J1I , fon grand-
père., eut eu le tems de diriger fa jeunefte, & de
veiller à fon éducation ; mais il avoit à peine trois
ans , lorfqu’une mort imprévue lui enlev.a Jean III,
& il n’avoit jamais connu don Jean prince d«
Portugal, fon père , qui étoit mort avant même que
dona Jeanne , fon époufe , fille de l’Empereur
Alphsnlè, donnât le jour 3i.Sêbajlien. Dona Jeanne,
peu de tems après avoir perdu fon époux, fe retira
en Efpagne ; en forte que 1e jeune prince monta fur
le trône fous la régence de la reine ,.dona Catherine,,
fà grand’mère, veuve de don Jean I I I ., & foeur
de l’empereur Charles-Quint. Pendant le peu de tems
que cette princeffe fut à la tête de l’adminiflration,
elle gouverna l’état avec autant de prudence que de
modération. Elle fignala mê?ne fa régence par des
fùccës ..éelatans contre les Maures, & par des -victoires
importantes ; mais quelqueffentiéls que ftifiè t
i fes feryiees , ils ne purent éteindre laverficn naturelle
que les Portugais avoient pour le gouvernement
d’une femme, & fur-tout cette femme étant efpa-
gnole ; cette averfion alla fi loin, que dona Catherine ,
lè facrifiant généreufement à l’intérêt public , fe
démit de la régence en faveur du cardinal .Henri de
Portugal, qui, ne fe réfervant que les foins du .gouvernement,
.confia affez imprudemment 1 éducation
du jeune fouverain à don Gohçale de Caméra & à
deux prêtres, fort.bon théologiens , mais très-peu
capables d’élever & de former un roi. Du refte , par
les foins pacifiques du' cardinal, le, royaume devint
tout auffi floriffanc qu’il pouvoit l’être; & auffi-tét
que Sebaflien fut parvenu à fa quatorzième année , le
cardinal-infant fe dépouilla de la régence , & lui
remit l’autorité fuprême. La nature avoit donné aa
jeune monarque un efprit v if , & un goût décidé
pour les fciences ; mais fes' inftru&eurs , au lieu de
profiter des ces difpoûtions heureufes pour en faire
un grand prince , avoient 11 fort gâté lès bonnes
qualités, que leurs foins n’aboutirent qu’à lui donner
les opinions les plus.bizarres. En effet, ils lui per-
fuadèrent que la qualité la plus effentielle d’un lou-
verain étoit le courage, & que le courage confiftoit
à ne craindre aucun danger , à les chercher au contraire
, à les braver, & que la religion fe réduifoit à
nourrir une haine implacable contre les infidèles, Sc
à faiûr. tous les moyens de les exterminer. Nourri dans
ces fauffes idées , Sebaflien brûla dès fa plus tendre
jeunefte, ' du defir de fignaler fa valeur par les exploit
I iec plus, éelatans, 6c fur-tcut d’anéantir les infidèits
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