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<lentv pour (errer les grains & les fruits. Dans la
luite il commença à fignifier un manoir ; en fuite une
partie de la paroiffe, & enfin la paroifle même.
Delà vient que dans plufieurs anciens livres de
droit, les mots de village & deparoijfe font employés
indiftinôement, & c’eft en conféquence que Forte-
fene, de laudibus leg. ang. dit que les limites des villages
ne font point marquées par des maifons ,-rues,
ni murailles, mais par un grand circuit de terre dans
lequel il peut fe trouver divers hameaux , étangs ,
bois, terres labourables, bruières , vignes, &c.
L e Flèta met cette différence entre une maifon ou
habitation , un village, un manoir, que l’habitation
peut confîfter dans une ou pluüeurs maifons ; mais il
faut qu’il n’y ait qu’un feul domicile , & qu’il n’y en
ait point d’autres dans le voifinage ; car lorfqu’il y a
d’autres maifons contiguës à ce domicile , on doit
l ’appel 1er village; & qu’un manoir peut confîiler en.
un ou plufieurs villages.
Afin que les villages fuffent mieux gouvernés, on
a permis aux feigneurs fonciers de tenir toutes les
trois fémaines, une affife , de tenir une cour foncière.
{ A . R . )
V IL L A IN , (Hiß. d3 Anglet.) fous le regne des
Anglo-Saxons , il y avoit en Angleterre deux fortes
de villa ins ,• les uns qu’on nommoit villains en
gros y étoîent immédiatement aflujettis à la perforine
de leur feigneur, & de fes héritiers ; les autres
étoient les villains du manoir feigneunal,
c'eft-à-dire, appartenais & étant annexés à un manoir.
U n’y a préfentement aucun villain dans la
grande-Bretagne , quoique la loi qui les regarde
n’ait point été révoquée. Les fucceflèurs des vil-
lains , font les; vafiaux ( copy-holders ) , ou plutôt
( copy-hobdcrs) , qui malgré le tems qui les a
favorlfés à tant d’autres égards , retiennent encore
line marque de leur première fervitude : la voici.
Comme les villains n’étoient point réputés membres
de la communauté , mais portion & accefîoire
des biens du proprietaire , ils étoient par-là exclus
de tout droit dans le pouvoir législatif ; or il eft
arrivé que leurs fiiccefleurs font encore privés du
droit de fuffrage dans les élections, en vertu de leur
vaffelage. ( D . J . )
Ê V ÎL L A N I (Jean, Matthieu & Philippe) (Hiß.
lit, mod. ) , écrivains florentins du quatorzième
Cède. Les deux premiers étoient frères, le dernier
etpit fils de Matthieu. On a de Jean une chronique
en Italien , depuis le commencement du monde,
ou du moins depuis la confufion des langues , &
depuis la féparation des peuples jufqu’en 1348.
Matthieu la continua jufqu’ên 1364 ; Philippe
augmenta & corrigea cette continuation : le
tout fut imprimé chez les Juntes, à Ven ife , au
v 1 L
feizième fïècle, & réimprimé à Milan au dix-huitième.
Cette chronique eft confultée pour les événe-
mens des treizième & quatorzième fiècles.
VIL LARET (’Guillaume & Foulques de) (Hiß.
de Maltke ) . Les chevaliers hofpitaliers de Saint-
Jean , avant d'être établis à Malthe, avoient été
tranfportés, par la viciffitudè des évéïumens, de
Jérutâkm à A c re , d’Acre à Limiflo dans l ’ fie
dejCypre, de Limiilo, dans Lifte de Rhodes dont
ils firent la conquête le 15 août 1310. Letir grand-
maître Guillaume de Villaret, avoit formé ce projet;
Foulques, fon frère & fon fucceffeur, l’exécuta. A
peine en étoient-ils en poffiflion, qu'Othman I ,
chef de la race des Oitomans, voulut la leur enlever,
en 1315; il fut repoulfé avec perte par le
même grand-maître. Malgré deux fi grands fervices
& deux époques fi brillantes, il fut obligé de. fe
démettre en 1319, entre les mains du pape, pour
éviter la honte d’une dépofîtion. On lui reprochoit
du defpotifme, un luxe exceflîf, plus d’attachement
à fes intérêts qu’à ceux de l’ordre. Il vint
en France & mourut Lan 132.7, dans le Languedoc,
chez une foeur qu’il avoit dans cette, province.
V il l are t, (Claude) (H iß . litt, mod.) né
à Paris en 171$. Il fit d’abord feul un mauvais
roman, la belle Allemande : puis en fociété une
pièce de théâtre qui ne réuflit pas davantage. Il
fut enfuite comédien, fous le nom de Dorval, &
on dit qu'il ne manquoit pas de talent pour cetté
profeflion ; l’eflai qu’il en fit nous a valu de fa
part des confidérations fur l’art du théâtre : il le
quitta & fe confàcra aux lettres. Il fut nommé
premier commis de la chambre des comptes, &
mit de l ordre dans le dépôt des titres de cette
cour. L’abbé Velly ( fon article ) étant mort
en 175^, M. de Villaret fut fon continuateur^
On le nomma prefque en même temps fecrétaire
de la pairie & des pairs. Sa continuation de l’h iF
toire de France commence au huitième volume
in - i i , par le règne de Philippe de Valois, &
finit à la page 348 du dix-feptième volume, hif-
.toire de Louis XI. Aujourd’hui qu’on ne lui doit
plus que la vérité, il faut avouer que c’eft un
mauvais hiftorien & un mauvais écrivain. Quant
au fond» il a beaucoup d’inexaditudes, d’inadvertances,
d’erreurs, il a même beaucoup de partialité;
il déféré trop à l’efprit du temps ou plutôt du moment
, à des circonftances éphémères : il ne parle
de certains corps qu’avec engoûment, de quelque?
autres qu’avec dérifion & irrévérence. Quant a la
forme, elle eft encore plus v.cieufo : ftyle toujours
bourfonffié , furchargé d’épithètes oifeufes, fans na^
turel, fans facilité ; affedation continuelle de phi—
lofophie , d’énergie, de fenfibilité , mauvaife comédie
mal jouée. Quand il a des révolutions fan-
glantes à décrire, des tableaux tragiques à présenter,
c'eft-à-dirc des occafions d’être éloquent&
je intéreffant, il s’en afflige , ilen demande pardon
au lecteur : •
Pardon, Meffieurs, j’imite trop Tacite.
Il ne rapporte jamais un fait fans faire Convenir
Je ledeur qu’il n’a pu fe difpcnfer de le
rapporter , & que fon devoir d’hiftorien eft bien
rempli 3 enforte que fon hiftoire , n’eft qu’une longue
& ennuyeufe apologie de fon hiitoire même :
c’eft un mémoire juftificatifdontil eft toujours l’unique
objet. Au lieu d’être entrainé par les grands intérêts
de l’hiftoire , il eft toujours occupé des petits in- 1
térêts de fa petite gloire. Le meilleur des trois
auteurs de la nouvelle hiftoire de France eft , fans
contredit, le continuateur aduel ; fes recherches
font folides, & fon ftyle eft naturel.
On attribue encore à M. Villaret l’opufcule
intitulé: L’efprit de Voltaire. Il mourut en i j 66.
VILLARS-BRANCAS. ( Pfoy^BRANcAs. )
VILLARS ( hifi. de France ) La famille de Villars,
originaire d*e Lyon , a donné cim[ archevêques de
fuite à l’églifede Vienne , des perfonnages diftingués
dans la robe, & un grand homme dans l’épée 5 ce
grand homme c’eft le maréchal duc de Villars„
Nous avons déjà des mémoires du duc de Villars,
imprimés à Londres en 1739 , en trois volumes
in -ix , mais qui n’étoient de . lui qu’en partie.
M. le maréchal de Caftries , & feu M. le marquis
de Vogué ( petit neveu du maréchal de iVillars ) ,
ont defîré avec raifon que fa vie fût refaite 5 &
elle l’a été par M. Anquetil le génovéfain , fous
ce titre : Vie du maréchal de Villars écrite par
lu i-même, parce que fes lettres en forment la plus
grande partie , & que les autres mémoires & matériaux
paroiflent être fon ouvrage.
Louis-He<ftor de Villars naquit au mois de
mai 1651 , à Turin , félon l’opinion commune 3
mais elle eft démentie par un difeours de M. Pal-
lières , procureur du roi au bureau des finances de
Moulins , lequel , en haranguant le maréchal de
Villars y réclama , pour la ville de Moulins , l’honneur
de lui avoir donné la naiflance. Pierre de
Villars fon père , employé en différentes ambaf-
fades, confeiller d’état, d’épée , gouverneur de
Damviüiers & de Befançon , homme d’un mérite
diftingué , étoit recommandable même à l’extérieur
par fa bonne mine & fa taille avqntageufe ,
qui, à la cour , le faifoient nommer Orondate.
Marie de Bcllefonds , mère du maréchal, étoit une
femme de beaucoup d’efpiit. On a d’elie , fur
l’Efpagne , des mémoires agréables, où ce paysn’cft
pas peint agréablement.
Le marquis, depuis maréchal de V i l l a r s , fit fes
Hiftoire Tome V»
premières armes en ïêfflb. Il Ce trouva au pafTage'
du Rhin , aux lièges d’Orfoy , de Doësbourg, de
Zutphen. Cornette des chevau-légers , il fe mêle
parmi les grenadiers dans la tranchée de Maëftrichc
en 1673, & court rifque de la vie. Le roi,témoin
de fon danger, le fait appeiler, & lui dit d’un
ton févère : Ne fave^-vous pas que j ’ai défendu ,
même aux volontaires, d’aller aux attaques fans
permiffion , a plus forte raifon aux officiers de cavalerie
, qui ne doivent pas quitter leur troupe.
——J’ai éru , Sire, répond le jeune Villars fans fc
déconcerter que Votre Majefte me pardonneroic
de vouloir apprendre le métier\ de l ’ infanterie, Jur~
tout quand la cavalerie n’a rien a faire.
Au même fiège, il y eut une escarmouche affez
vive , où une poignée de gendarmes repouffa les
ennemis. Qui commande ces gendarmes ? demanda
le roi. On lui répond : Villars. I l femble , dit-il,
des que l ’on tire en quelque endroit , que ce petit
garçon forte de terre pour s ’y trouver.
Villars mérita plus d’une fois les éloges de Tu-
renne & ceux du grand Condé. A la bataille de
Sencf, en 1674, Condé regardoit défiler l’armée
ennemie dont il vouloit attaquer l’arrière-garde.
Quelques-uns des officiers qui l’environnoient voyant
du mouvement dans ces troupes , dirent : Elles
s’ébranlent pour fuir. — Non , , dit Villars, elles
changent feulement d’ordre. — Et a quoi le con-
notjfcç-vous y dit le prince ? C’eft, répondit-il, qu'a
mefure que quelques efeadrons paroiffent fe retirer ,
d'autres rentrent dans les intervalles , afin que vous
les trouviez en bataille quand vous pajfereç le ruif-
feau.— Jeune homme , reprit Condé , qui vous en a
tant appris ? — Ce jeune homme-la voit clair , ajouta-
t-il , en s’adrefTant à ceux qui avoient parlé les premiers.
En même tems il fit fonner la charge, &
mit l ’épée à la main. Ah voila, ce que j ’avois tou-
jours defiréy s’écria Villars , de voir le grand Condé
Vépée a la main ! A la première charge , le
marquis reçut un coup d’épée qui s’arrêta dans
l’os de la cuifïe. Fourille» mourant & Condé vain-
; queur, le recommandèrent à Louis X I V , & il eut
un régiment de cavalerie. En 1675 il fervit fous
M. de Luxembourg , qui rendit compte aufli au
roi de plufieurs belles allions du marquis. En 167$
il fervit fous le maréchal de Schomberg , qui fit
lever le fiège de Maëftricbt au prince d’Orangc.
Villars vouloit qu’on donnât fur l’arrière - garde
des ennemis: Quand une place comme Maéftricht,
lui répondit le maréchal, eft fecourue fans bataille ,
le général doit être content 5 & pour fatisfaire
un jeune colonel avide de gloire, il faut lui donner un
parti de cent cinquante chevaux. Faites-les commander
, prenez les officiers que vous voudreç ,* fuivcç
l ’armée ennemie trois ou quatre jours , voyeç ce
quelle deviendra, & ce que vous pourrez faire fans
vous commettre.' Villars revint dès le lendemain,
ramenant autant de prifonniers qu’il |avoit de
foldats.
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