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J. C . , le fécond à-peu près deux cent cinquante '
ans. Ariftée -avait fa't cinq livres des l ie u x : f o ü d e s ,
c’cft-à-dire , des fe&ions coniques j ces cinq livres
font entièrement perdus.
Apollonius de Perge oü de Perga , Perg&us ,
avoit ramafie fur les fêftions coniques tout ce
qu’avoient écrit avant lui Ariftée & les autres
anciens géomètres 5 il eft le premier qui- ait donne
aux trois fedions coniques les noms de parabole ,
d hypeibole & d’ellipfe ; de huit livres , qu'il avo t
«ompofésjles quatre derniers avo/ent péri. Les
divinations de M. V iv ia n i confiftoient a reftitoer
ce qui manquoit de ces deux auteurs , c’efl-à-dire,
la totalité de l’un & la moitié de l’autre, à devmer
ce qu’ils avoient dit, ou ce qu’ils avoient du dire.
II paroît par plufieurs géomètres anciens, mais pof-
térieurs à cet Apollonius devPerge , que le cinquième
livre de fes, coniques , traitoit des plus,
grandes & des^Ius: petites lignes droites, qui fe
terminafleijt aux circonférences des feébons coniques,
c'eft ce qu’on a depuis appelié les queftions
de m ax im is & m in im is .
« M. V iv ia n i laiflant pour quelque tems Ariftée ,
fur lequel il s’étoit exercé d’abord , reftitua lé
cinquième livre d’Apollonius.
Tandis qu’il étoit occupé de ce travail , en
1658 , le fameux Jean Alphonfe Borelli , auteur
de l’excellent livré de motü animaliUm , raflant
par Florence g trouva dans la bibliothèque de Mé-
dicis un manufcrit arabe portant cette. inÇçription
latine : À p o llo n ii P erg Ai conicOruni lib r i o tto .
JVTalgré l’énoncé de l’infcription, il manqHo't au
manufcrit le huitième livre tout j entier d’Apollonius,
mais enfin le cinquième livre y étoit, & lé
moment étoit arrivé de reconnoître fi M, V iv ia n i
»voit deviné jufte. Borelli ne favoit point l’arabe.
Je grand duc lui permit de porteT le mânüfcrît
à Home, pour le faire traduire par le maronite
Abraham Ecchellenfis, profeffeur en langues orientales,
( v o y e i l’article Ecchelj-eksis. )
M. V i v i a n i , de fon côté, ne voulant pas perdre
le fruit de fon travail fur le cinquième livre d'A-
polîonius , prie toutes les mefiires néceflàires pour
bien établir qu’il n’avoit fait que deviner. Il fe fit
donner des ^ttéfiations authentiques qu’il n’énten-
doit poinç l’ârabé, il obtint du prince dfe Tofçane
Léopold, frère du grand duc Ferdinand I I , qu’il
paraphât de fa main les papiers de M- V iv ia n i dans
l’état où ils étoient alors, il ne voulut point que
M. Bprelli lui mandât jamais lien de ce qu’Ecchel-
lefifis auroit pû déçouyrir en traduilànt 5 il fe hâta
d’achever fa divination, il imprima & publia (on
outrage en 165^. fous çe titre: D e m ax im is &
p iinimis geômetriçct d iv in a iio in quintum çoniçorum
A p o llo n ii P erg aï adhuç defideratum.
Pepdané cç tems, Abraham Ecchellenfis, qui ne;
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favoit point de géométrie , aidé par Borelli, quï#
comme nousTavons dit, ne favoit point l’arabe,
travaillent à fa traduélion , il donna eiw66i le
cinquième , le fixième & le feptième livre traduits
à la fois. On put alors' computer ia divi nation e ,
M. V iv ia n i avec la vérité , & l’on trouva , dit M .'
de Fontenelle, qu’il avoit plus que deviné, c’eft-
à-dire, qu’il avoit été beaucoup plus loin quApollonius
fur la même matière. On 11’eut pas l’occa- ,
fion d’une femblable épreuve fur la divinatiou
d’Ariftée. .
M. V iv ia n i fut bientôt engagé dans une occu-
patioq toute différente, ou cependant, félon la,
remarque de M. de Fontenelle, fa deftince Voulut
qu'il fut encore queflion de continuer les travaux
des anciens.
Après un débordement du Tibre , qui avoit fait
du ravage fous Tibère, on s’occupa du foin de
détourner les rivières & les lacs qui tombent dans
le Tibre. Là rivière , la plus aifée à détourner,
éroit le Clanis ou la Chiana ; entre lès montagnes
de laTofcane il fe forme, dans une longue plaine,
un grand lac que la Chiana travéi fe , & où fes
eaux, en équilibre, n’ont pas plus de pente pour
couler du côté de l'Orient dans le Tibre què du
côté du Couchant dans l’Arno qui pafle à Florence,
de forte qu’elle coule & de l’un & de 1’àutrè côté,
8ç contribue aux inondations tant du Tibre que
dç l’Arno, tant de Rome que de Florence $ on
pouvoit fauver l’une de ces detix villes, mais ce
ne pouvoit être qu’aux dépens de l’autre., Les
romains fe déterminèrent alors à làifîer lés chofes
comme elles étoient, mais dans la fuite ils bâtirent
une grofie muraille, qui ferme d’une montagne
à l’autre la vallée , pat où paffe la Chiana pour fe
jetter dans le Tibre, & ils laissèrent au milieu
une ouverture pour régler-la quantité d'eau qu’ils
vouloient bien recevoir.
Les cohteflations fur le cours de la Chiana fe
renouvellèreut entre Rome & Florence fous le pontificat
d'Alexandre VII. Le pape nomma pour
commiffàres le cardinal Carpegne & M. Caflihi ;
le grand duc nomma le fénateur Mtchelozzi & M.
V iv ia n i . M. de F.oîitenelle ne perd pas l’occâfîon
de remarquer que la politique eut alors un befbin
■ indifpenfable-du fecours de la géométrie. Les cotn-
miffaires réglèrent, en 1664 & en 1 , ce qu’il
y avoit à faire de part & d’autre , & la manière
dont le tout devoit être exécuté. « Mais corffme il
arrive affez fouvent dans ce qui ne regarde que
le public, on n’alla pas plqs foin que Je projet. »
MM. Caflfim& V iv ia n i profitèrent del’occafioU
de ce voyage pouj? faire des obfervations fur les
, infedes qui fe trouvent dafis les Galles & dans les
; noeuds des chênes1, fu# des coquillages de mer en
I partie pétrifiés ? qu’ils déte^went dans les moqt
agîtes
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tagties du pays, fur des antiquités meme, urnes
fépulchrales, infcriptions étrufques, &c. M. Caffini
fit voir en ce même lieu à M. V iv ia n i des eclipfes
de foleil dans Jupiter, caufées par les fatellites,
il en dre {fa des tables & des éphémérides. Le
difciple de Galilée eut le plaifir d’être témoin des
progrès qu’on faifoit en fuivant les pas de fon
maître.
En -1^64 il reçut une penfion de Louis XIV,
dont il 11’étoit point fujec & auquel il étoit inutile.
De cette penfion qu’il recevoir du roi, il acheta
dans la fuite à Florence une maifon qu’il fit rebâtir
avec goût & même avec une forte de magnificence ,
& fur le frontifpice de laquelle il grava ces mots :
Æ d e s aD e o datA^ allufion heureufe, dit M. de Fontenelle
, & au premier nom qu’on a donné au roi &
à la manière dont cette maifon avoit été acquife ;
ajoutons, & à ces vers de Virgile :
D e u s nobis h&c o tia f e c i t ,
N am q u e e r it illem ih ifem p e rD e u s .
Galilée n’a pas été oublié dans le plan de cette
maifon. Son bufte efl: fur la porte , l’hiftoire de fa
vie dans des places ménagées exprès , & des
eifampes mifes à la fin de la divination-fur Ariftee ,
' ont multiplié ce monument érigé à la gloire de
Galilée.
En 16 6 6 le grand duc deTofcane, Ferdinand II ,
nomma M. V iv ia n i fon premier mathématicien,
titre d’autant plus flatteur pour lui , que Galilée
l’avoit porté.
On avoit trouvé quelques écrits pofthumes de
Galilée , principalement ùn traité des proportions
pour éclaircirTè cinquième livre d’Euclide. M-
V iv ia n i fit imprimer en 1674 un petit in - ^ i
fous ce titre : Q u a n to libro deg li elementi d tLuclide
overo fe ie n ^ a u niverfale delle p fo p o r [io n i , f p ie g a ta
colla d o ttr in a de l Ga lile o .
■ En 1676 parurent dans un journal trois problèmes
, propofes par M. de Com’-ers , prévôt de 1 e-
glife collégiale de Ternant. Les deux premiers
avoient rapport à la trifeftion de l'angle » problème
fameux chez les anciens & qui les a beaucoup
exercés. Tous les ouvrages de M. V iv i a n i devenaient
pour lui -une oçcafion de remplir quelqu.
devoir de reconnoiffance ou d’amitié: il avoit ei
des obligations à notre trop fameux Chapelain
dont le nom aujourd'hui ne réveilleroit plus qu
l’idée du ridicule, s’il n’eût été le réda&eur de
fentimens de l’académie françoife fur le Cid
mais qui de fon teins jouilfo.it de la plus haute
confidération ; ,M. V iv ia n i avoit promis autrefois
de lui dédier quelque ouvrage; quoique Chape’ai
fût mort depuis, M. V iv ia n i ne fe croyoit pou
dégagé de (à. proméfié. Il rcfolut les problefnes d>
M, de Comiers pour en dédier la folution à 1
H ijlo ire , Tonie V .
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mémoire de fon ami , fous ce titre : E n o d a tio
problematum unïverfij g eome tris p ro p o jîto rum a C l.
Claudio Comiers, 1677.
En 16 9 1 il propofa lui-même dans les aétes de
jueipfick un problème qui confifloic a tro u v e r l a r t
de p e rc e r une voûte hémisphérique de q u a tre fen e tre s ,
telles que le refle de l a voûte f û t a bfolum ent q u a r-
rabie. Le problème étoit propofé A . D . P i o L i f c i
pufillo geometrâ ; c étoit l'anagramme de ces mots :
pojîremo G a lil& i difcipulo , d e rn ie r d i f c ip le d e G a l i lé
e , car il avoit fui vécu à Torricelli, autre difciple
Mluftre de ce grand maître.
Ce problème de la voûte quarrabk, dont Léib-
nitz, Bernoulli de Balle & le marquis d e l’Hôpital
donnèrent afiément une foule de folutions par la
méthode du calcul différentiel, a peine connu alors
de répu;arion en Italie ; ce problème faifoit partie
’’un ouvrage que V iv ia n i donna la meme annçe
i 6 ? z fous ce titre: L a f t r u tu r a e q u a d ra tu ra e fa tta
dell’in te ro , e de le p a r t i cCun nuovo cielo ammi-
rab ile , e l uno degli a n tic h i delle v o lte regolari
d eg li a rc h i te t ti . Il y traite tant en géomètre qu’en
architede, des voûtes anciennes des romains, &
d’une voûte nouvelle -qu’il avoit inventée , & qu il
nommoit F lo ren tin e . -
Eu 1699 il fut nommé un des huit aflcciés étrangers
de l’académie des fciences.
En 1701 il publia trois livres de fa divinaron
fur Ariftée ; il les dédia au roi Louis XIV fon bien-
faveur par une' infciiption en ftyle lapidaire. Il
feroit à fouhaiter , dit M.de Fontenelle, pour 1 honneur
de V i v i a n i & de fon ouvrage qu’Ariftée pût
refiufciter comme fit Apollonius. Cette divination
fur Ariftée fut le dernier ouvrage publié par M.
V iv ia n i. La préface de ce livre eft pleine des
éloges des grands géomètres de fon tems, parmi
lefquels il diftingue fur-tout le fameux Leibnitz ,
dont il exalte les découvertes prefque divines, Sc
qu’il appelle le p hæ n ix des e fp r its , & p o u r to u t
d ire un fécond G a lilé e .
M. V iv ia n i mourut le i z feptembre 1703 , âge
de plus de 81 ans. « Les italiens, dit M. de Fontenelle,
confervent lefouvenir des bienfaits, & pour
tout dire , aufti celui des offenfes plus profondément
que d’autres peuples. . . . mais la reconnoiffance
que M. V iv i a n i a fait éclater en toute occa-
fîon pour tous fes bienfaiteurs , a été regardée
comme extraordinaire , & s’eft attire de I admiration
même en Italie.
VIVIERS (des romains) , (h i j l . r o m . ) aucun
peuple n’a été auffi curieux de beaux, de grands,
& de nombreux v iv ie r s , que le furent les romains
, dès qu’ils eurent fait dupoiffoti la pr:r.c pale
partie du luxe de leurs tables. L's hiftorsens & lés
poètes ne parlent que de la magnificence des v iv ie rs
qu’on voyôit dans toutes les màTons de campagne
E e e- e