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la fit échouer, malgré la valeur de Fouqueflblles & de
T a ix , qui forcèrent la baffe-ville , & taillèrent en
ÿ.èces tout ce qui voulut la défendre. Leurs foldats enivres
de ce premier fuccès s-vétant livrés au pillage ,
un gros d’ennemis vint fondre fiir eux de la ville haute %
& les mit en déroute, quoique les François euffent
l ’avantage du nombre. Fouqueffolles & de Taix voulant
les rallier & les fbutenir > furent accablés. Fou-
queffolles fut tué for la place ; de Taix fut bleffé d’un
coup de flèche. De Taix fut aufli grand-maître de
l’artillerie, & perdit cette place pour avoir tenu quelques
propos fur les amours fecrets & peut-être entièrement
chimériques de la ducheffe de Vaîencinoîs
du Maréchal de Briffac. On ne doit jamais perdre
un emploi militaire , fruit des fervices & prix des
taie ns pour des propos échappés dans la Ibcieté , car
les rations qui vous ont fait confier un tel emploi,
font toujours étrangères aux tracafferies de la fbciété
& d’un ordre bien fopérieur. Les indiferérions ou
témérités de la converfetion doivent avoir leurs peines
particulières adaptées au genre & tirées de la chcïè même,
mais fens nulle influence for les réccmpenfes & les
peines qui regardent le fervice de l’état. De Taix
fot tué dans la tranchée au fiège de Hefdin en
On tiouve dans tes mélanges de Camufet unere-
ïation curieufe des états de Blois de 1*76, de Guillaume
de Taix , doyen de l’églîfe de Troyes , qui étoit
de la même famille que Jean' de Taix^.
TAKIAS , terme de relation ; nom que les turcs
donnent aux monaflères des dervis , dans lefquels
<es moines logent avec leurs femmes. 11 leur eft néanmoins
défendu d’y danfer , & d’y jouer de la
flûte. Les takiai' font, plus ou moins grands. Il y en
a en. Turquie de très-beaux , & d’autres très-médiocres..
( D. J. )
\ TALAPOINS eu T A LE PO IS , ( Bifiâ mod. )
c efb le nom que les Siamois & les habitans des royaumes
de Laos & de Pégu donnent à- leurs prêtres :
cependant, dans les deux derniers royaumeson les
défigne fous le nom de F L Ges prêtres font des
efpèces. de moines qui vivent en communauté dans
des couvens,. ou chacun , comme nos chartreux,
a. une petite habitation féparée des autres.
Le P.. Marini \ jéfoite m’ffionnaire nous, dépeint
ces moines avec les couleurs les plus odieufes &
les plus noires^ fous un extérieur dé grayité qui en
impofè au peuple,. ils fe livrent aux débauches lès
plus honteufos J. leur orgueil &. leur dureté, font
poulie s jufqu a. l’excès. ï es talcpoins ont une efi-
f èce de noviciat ils ne font admis dans l’ordre
quà -'l’âge- de vingt-tro’s ars ; alors ils choififfent un
homme riche ou diftingué qui!leur fort, pour ainfî
dire y de pa^rein lorfoi#ls font reçus à la profeflion ;
elle fe fait avec toute la pompe imaginable.. Malgré
cette profeflion y il leur eft permis de quitter leurs
couvens & de fe marier , ils peuvent enfuite y
rentrer de nouveau fi la fantaifie leur prend. Ils [
portent une tunique de t«ile jaune qui ne va qu’aux: I
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genoux, & elle eft liée par une ceinture rouge ?;
ils ont les bras & les jambes n u d s& portent dans
| fours mains une elpèce dfoventail pour marque de
‘ four dignité.; ils fe raient la tête & même les four-
cils , le premier jour de chaque nouvelle lune. Ils.
font fournis à des chefs qu’ils choififfent entr’eux.
Dès le grand matin ils fortent de leurs couvens en-
marchant d’abord deux à. deux ; après quoi ils fe ré-
: pandent de divers cotés pour demander des aumônes
, qu’ils exigent avec la dernière infolence. Queî-
; ques crimes qu’ils commettent , le roi; de Laos n’ofe.
les punir; leur influence for.le peuple lés met au-
deffus des Ioix, le fouverain même fe fait honneur
. d’être leur chef. Les taLipcins font obliges de fe
confcffer de leurs fautes dans leur couvent , céré--
monie qui fe fait tous les quinze jours. Ils confà-
! crent de l’eau qu’ils envoyent aux malades, à qui ils
la font payer très-chèrement. Le culte qu’ils rendent!
, aux idoles confifte à. leur offrir des fleurs, des parfums
, du riz qu’i’s mettent for lès autels. Ils portent
à. leurs bras des chapelets compcfés de cent
grains erfilés. Ges indignes prêtres font fervis par
; des efclaves qu’ils traitent avec la dernière dureté r.
les premiers de l’état ne font point difficulté de leur.
; rendre les fervices les plus bas. Le refpeél qu’on a
pour eux vient de ce qu’on les croit forciers , au.-
. moyen de quelques fecrets qu’ils ont pour en im-
pofer au peuple , qui fe dépouille volontairement:,
de tout ce qu’il a pour fatisfaire l’avarice, la gour-
mandifè ÔC la vanité d’une troupe de fainéans inutiles
& nuifiblès à i’etat. La feule occupation des tala-
poins confifte à prêcher pendant les folemnités dans-
les temples de Shaka ou Sommonat-Kodom qui eft
four législateur & leur dieu. Voye^ cet article. Dans
fours fermons ils exhortent leurs auditeurs à dévouer
leurs enfans à l’état monaftique , & ils les entretiennent
des vertus des prétendus feints de leur or-
■ dre. Quant à leur lo i, elle fe borne, r°. à ne rien
tuer de ce qui a vie ; a*. à ne jamais mentir ;. 3°.^.
ne point commettre l’adultère ; 40. à ne point vo-
. 1er; 50. à ne point hoire de vin. Ces commandemens
' ne font point obligatoires pour les talupoins , qui,
. moyennant des préfens, en difpenfent lès autres,. ainfî,
? cu’eux-mêmes.. Le préc- pte que l’on inculque avec
i le plus de foin, eft de faire la charité &. des préfens-
auX moines. Tels font ks; talapoïns du. royaume tde
Laos., Il y en a d’autres qui font beaucoup plus efti-
més. que les premiers ; ils vivent dans les bois ; le
peuple, & les femmes fur-tout,. vont leur rendre
leurs hommages ; les vifitts de ces dernières leur
font fort agréables m elles contribuent,, dit-on , beaucoup
à la- population du pays;.
A Siam les taLipolns ont des füpérièurs' nommés-
fancrats. Il y en a comme à Laos , de deux efpèces;
lés uns habitent les villes , les autres les forêts.
Il y-a aufli les religieufes talapoines , qui font v c -
tues de blanc , & qui , fuivant la réglé , devroiént
obferver la continence , air.fi que les talapoins n &\es>
Les Siamois croient que la yertu véritable ne jéfidc
T A L
que dans les taJapoins : ces derniers ne peuvent jamais
pécher, mais ils font faits- pour abfoudre les
péchés des autres. Ces prêtres ont de très-grands
privilèges à Siam; cependant les rois ne leur font
point fi dévoués qu’ à Laos ; on ne peut pourtant pas
les mettre à mort, à moins qu’ils n’aient quitte 1 habit
de l’ordre. Ils font charges à Siam de l’éducation-
de la jeuneffe , & d’expliquer au peuple la- doéfoine
contenue dans leurs livres écrits en langue balli ou
palli, qui eft la langue des prêtres. Voyc^ Laloubere,
description de Siam. (A. Ä.)
TALBE , £ m. terme de relation, nom" qu’en donne
à un deéleur mahometan , dans les royaumes de
Fez & de Maroc. ( D. J. )
T A L B O T , ( Hiß. d’Anglet. ) grande maifon
d’Angleterre , originaire de Normandie , a produit
plufieurs perfonnages d’un mérite d.ftingué î
i°» Le plus célébré eft Jean Talbot , comte de
Shrcwsbury & de Water for d.; il fut feit gouverneur
de l’Irlande , qu’il avoit beaucoup contribué à- réduire
fous l’obéiffance de Henri V. Il paffa en France en
1417, pour partager les avantages que l’Angleterre
y remportoit alors , & bientôt Ion nom égala , puis
iforpafla ceurTdes capitaines Anglois les plus illuftres;
les Salisburi, les Arondel, lès Warwick , les Wil-
loughbi, &c. En 14.28', il prit Alençon , Pontoife,
Laval. Au fiège d’Orléans y il ccmmandoit les af-
fîègeans avec Salisburi & Suffolk. Prifonnier au
combat de Patay le brave Talbot fut préfenté au
roi charles V I I , par le brave Saintrailles , qui en-
même-temps lui demanda la permiflion de le renvoyer
libre à l’ii.-ftant fans rançon. Talbot eut le
bonheur dè prendre' fe revanche dans la fuite à
Regard de Saintrailles-. Il montra qu’il étoit libre en
emportant d’affaut Beaumont fur Oyfe. Le roi d’Angleterre
le fit maréchal de France en 1441 , puif-
i qu’enfin il étoit roi de France.
Le principal objet des François, lorfqu’après les
exploits de la Pucelle d’Orléans,, la fortune leur fut
devenue conftamment favorable , fut de recouvrer
la Normandie ; tous leurs efforts furent heureux ; la
bataille de Fourmignyoù Thomas Kyrie ou Tyrrel
’•fot défait & pris par \e connétable de Richemont,
-ôta aux Anglois toute efpérance de conferver cette
province; Talbot même ne pur qu’èn retarder quelque
temps la perte. Ce fut en vain que ce grand homme,
à qui fe nation devoit les feuls fuccès qu’elle eût eus'
depuis la mort du duc dè Bedfort, épuife toutes les
reffources de fon génie pour la défer.dre ;.il eut encore
des fuccès de détail , il perça plus d’une fois les ;
armées Frarçoifès pour introduire des convois dans
-les places affiègées-pil acquit beaucoup de gloire.,:
mais une gloire ftérilë pour fe nation , qui acheva-;
de perdre courage lorfijue Talbot eut été tue avec
fon fils à la bataille de Gaftillon en Guyenne. , le
17 Juillet 14^3. Il étoit allé, dans cette province;
après la réduélion de la Normandie, ^pour défendre
ce qui reftoit aux Anglois en France. C© Talbot étoit
l’Heélor des Anglois; ^eftueux, vaillant Ôc malheureux
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il s’enfevelit fous les ruines dè fe nation qui , fans
lui , aùroit beaucoup plutôt foccombé. Il fervit avec
autant d’éclat dans les négociations que dans les armées.
C ’étoit Talbot qui difoit que f i Dieu éteil homme
d-armes , il fieroit pillard. Il parloit de ce qu’il voyoit
& non de ce qu’il faifoit.
20. Quelques- autres perfonnages du même nom-
& de là même maifon , fans être parvenus à la même
gloire, ont mérité que ÏMrftc ire'fît mention d’eux.
Tel eft Pierre Talbot, archevêque de Dublin , né
en 1620 ; recommandable par fon zèle pour la religion
catholique,,qui alla prefque ju(qu’au martyre. Il mourut
en prifon vêts l’an 16S2 , perfécuté par les pro-
teftans. On a de lui une hiftoire des Iconoclaftes y,
un traité de natard fidei & karefis, un autre de religions:
& regimb e-, le Poliùcorum catechifmus.
30. Richard Talbot, duc de Tirconne!frère de
Pierre, partageoit fon zèle pour la foi catholique.
11 s?étoit trouvé, des l’âge de quinze ans, à‘ une bataille
cîi il étoit refté trois jours parmi les morts. Fortement
attaché aux Stuarts-, Jacques II lui confia la'
vice-royauté d’Irlande Iorfqu’ïl paffa en France^
Talbot défendit en Irlande les droits de Jacques II.
Il mourut en 1692 , dans un moment cù il fe pré-
paroit à livrer bataille aux Anglois du § parti de'
Guillaume. Son oraifon funèbre fut prononcée àParis,,
par l’abbé Ànfeîme.
40. On a des fermons dam Guillaume Talbot
évêque d’Oxford ,. puis de Sarisbury &. e. fia dè
Durham.. Il étoit de la même maifon que les précé-
dens , mais d’une branche proteliante , mort en 1730.-
11 fut le père :
50. De Charles Talbct, Lord , grand-chancelier
d’Angleterre, né en rô86, mort en 1736
T A LED , f . m. ( Hifl. Judaïque. ) nom que les-
Juifs donnent à. une elpèce: de voilé quarre , feit de
laine blanche ou de G tin , & qui a. des houpesaux-
quatre coins. Ils ne prient jamais dans leurs fyna-
gogues qu’ils ne mettent ce voile fur leur tête ou
autour de four col afin d’éviter les diftraélions, de
ne porter la vpe ni.à, droite .ni à gauche ,r & d’ê-ire;
plus recueillis dans i’oraifon , fi l’on en croit Léon
de Mo'dène. Mais dans le fond ,. ce taled n’eft qu’une-
affaire de cérémonial ; les Juifs le jettent for leur:
chapeau qu’ils gardent for la tête pendant la prière,,
à laquelle, ils font fi peu attentifs'qu’ils y parlent de-
leur négoce & autres affaires , & qu’ördiuairemenfc
Ils la-- font avec une extrême confufion. ÇA. R.y
TALESTRIS , Çvoye^ T halestris. )
T ALEY.RÀND , ( . Ckalais r}Pengor4 ) ( Hifl..
vde Fr. ) Te/lPérigord.après.-avoir appartenu à nos
î rois. .eut -vers 1 le neuvième frëclç ,:dès comtes par—
tieuhers ;- c’eft de, ees comtes que defesnci la-noble-
,&c tantique -maifon dès Taléyratfd QiV Tal-eraiid—
Périgord; De cette maifonetpit le cardinal de Tallerand-
Périgord légat du pape Innocent T I , en. France,,
dans le temps de cette fijnefte bar aille dè Poitiers^
_ Il ne tint ^ à-lui d’égargper la France çe défeftrç*.