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Les vcftales étoient employées dans les médiations
les plus délicates de Rome , & l'on dépofoit
cotre leurs mains les choies les plus faintes. Leur
feule entremife réconcilia Sylla à Ce far 5 ce qu’il
avoit refufe à les meilleurs amis, il l’accorda à la
priere des vefiales. Leur follicitation l ’emporta fur
les craintes, & fur les preffemimens memes. « Syl-
»> la , dit Suetone, foit par infpiration , foit par con-
» jedure, après avoir pardonné à Céfar, s’écria
» devant tout le monde, qu’on pouvoit s’applaudir
» de la grâce qu’on venort de lui arracher , mais
» que l'on fut au moins que celui dont on avoir fi
” fo^Jouhaité la liberté, ruineroit le parti des plus
03 puiîTans de,Rome, de ceux mêmes qui s’étoient
•* joints avec les vefiales pour parler en fa fa-
33 v>e<ur ’ % qn’enfin dans la perfonne de Célàr, il
» s elevoic plufieurs Marius ».
T^rte ^ grande deference pour les v e f ia le s dans un
homme tel que Sylla, & dans un tems de troubles ,
ou les droits les “plus fàints n'étoient point à l ’abri
de fa violence, renchériffoit en quelque forte fur
cet extrême refpect des mag!ftrats pour les v e f i a l e s ,
devant lesquelles , comme je l'ai remarqué , ils
a votent accoutumé de baiffer les faifeeaux. Cet efprit
o’tnjuîlïce & de cruauté qui régna dans les prof-
csiptions , refpeâa toujours les vefiales j le gtn:e
de Marius & de Sylla trembloit devant ce petit
nombre de filles. ’ *
Elles étoient dépofitaires des teflamens & des actes
les plus.fecrets ; c’eft dans leurs mains que Cé-
ftt & Augufte remirent leurs dernières volontés
Rien n eft égal au refpeft religieux qni s’étoit géïtc-
raiement établi pour elles. On les affocioit, pour
ainfi dire , à routes les diltinâions faites pour honorer
la vertu. Elles étoient enterrées dans le dedans
de la v ille , honneur rarement accordé aux plus
grands hommes , &- qui avoit produit la principale
îilufiration des familles Valeria & Fabricia.
Cet honneur paffa même jufqn’ à ces malheurea-
les filles qui avoient éré condamnées au dernier
fttpplice. Eiles^ forent traitées en cela compte ceux
qui avoient mérite l’honneur du triomphe. Soit que
1 intention du légillateur eut été telle , foit que le
concours des circonflances eût favorifé cet événe-
ment, on crut avoir trouvé dans le genre de leur
mort le moyen de concilier le refpect dû à leur
caractère , & le châtiment que méritoit leur infidé-
lite.^ Ainfi la vénération qu’on leur pcr-roit fur- ■
yivoit en quelque forte à leur fupplice. En effet
il étoit fuivi d une^cramte fuperftitieufe, laquelle
donna lieu aux prières publiques qui fe faifoient
tous les ans fur leurs tombeaux , pour en appaifer :
Jes ombres irritées. ( l e chevalier Dx Jxucou&t .)
V E S TR Y , (H//?, moi. £ Angl. ) c’ efi le nom
qu on donne a 1 alfemblée des m^rguilliers & au- i
très principaux paroiffiens qui s’affembl.ent dans la
y e s
focriftie , pour y décider, & y régler tout ce qui
concerne les ornemens, les réparations & les chan-
gemens qu’il convient de faire dans les églifes
dont ils font membres., {D . J .)
VETERAN , ( Art milit. des Romains) foldat
qui avoit fini fon tems de fervice : ce tems marqué
par les loix, romaines , étoit depuis dix-fept ans
jufqu’à ' quarancéS-Iïx , & chez les Athéniens jufqu’à
quarante ans ; un foldat vétéran eft appellé dans
les auteurs latins miles veteranus.
L ’ufage de ce mot ne s’eft introduit que vers la
fin de. la république ; mais fon origine doit être
rapportée à la première distribution que Servius
Tullius fit du peuple romain en claffes & en centuries
, & où il diftingua les*centuries des vieillards,
de celles des jeunes.gens; il àppella les compagnies
qu’il forma des uns centurie, junîorum , & celles
qu’il forma des autres, centurie fieniorum. Ceux-ci,
qui étoienrde vieux foldats , furent deftinés à la
garde de la ville ; au-lieu que le. partage des autres
étoit d’aller cherche» l ’ennemi, & de lui porter
la guerre dans fon propre pays : cette difpofî-
' flou fubfifta fort long-tems..
Après que les Romains eurent reculé leurs frontières
, les vieux foldats qui dans les commence-
mens défend oient les murs & les environs de Rome ,
furent employés à la garde du camp , pendant que’
la jeunefle combattoit en pleine campagne ; ou s’il
s’agiffoit d’une aélion générale , ils étoient à la.'
troifième ligne fous le nom de triant.
Le peuple romain s’étant fort multiplié, & réuA
hfiant toujours dans les guerres qu’il portait au-de-
hors, l’amour de. la patrie & la gloire du fervice
militaire fournifibient des hommes au-delà du be-
foin ; & il n’y avoit rien qui s’accordât plus aif*-
ment par les magiftrats que la difpenfe d’aller à
la guerre, & le congé d’en revenir.
Alors les foldats qui .avoient fervi quelques années
, étoient appellés veteres, anciens, non pour
avoir fait un certaitv nombre de campagnes, mais-,
pour n’être pas confondus .avec ceux qui ne faifoient
que d’entrer dans le fervice , & qui étoient
appellés parles Latins novitii, tirones. Quand les
hiftoriens , long-tems après meme , parient des
vieilles troupes, ils le font encore dans Jes mêmes
termes, & confondent véteres, & veterani. Le nom
de vétéran n’erpportoit alors ni difpenfe biell marquée
, ni avantage bien confîdérable.
Dans la fuite tous les Romains furent obligés de
forvir pendant un nombre déterminé de campagnes
après lefquelles ils étoient déclarés vétérans , & ne,
pottvoient être contraints à reprendre les armes que
dans les plus preflans befoins de la république.
Mais l’amour du butin j les lîaifons d’amitié , les
relations de dépendance ou de client elle, les efpé-
rances de protection, la reconooifiancc des bien-*
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faits, les follicîtations des commandahs, rappel-
Joient fouvent les vétérans du foin de leur retraite
aux armées,.& leur faifoient entreprendre encore
plufieurs campagnes de furérogation. Ces vétérans
qui reprenoient ainfi le métier de la guerre, font
appellés par les écrivains du bon fiecle, evocati ;
ils avoient leurs étendards & leurs commandans
particuliers.
Les récompenfes des vétérans étoient peu de
chofe dans les premiers tems de la république ro-
maiee : ce ri’étoit que quelques arpens de terre
dans un pays étranger , qui fous le nom de colonie,
éloignoient un homme pour toujours de la vue de
fa patrie, de fifamille, & de fes amis. Aufii étoit-
ce un préfent^jui ne fe fai-foi t pas moins a ceux
qui n’étoieiit jamais fortis de R om e , & qui n’a-
voîent jamais ceint le baudrier, qu’à ceux qui
avoient dévoué tou'.e leur jeuneife à la défenfe ou
à la gloire de l’état ; mais enfin, les récompenfes
des vétérans devin : ent immen/es. Tiberius Grac-
chus leur fit diftribuet les tréfors d Attale , qui
avoit nommé le peuple romain fon héritier. Augufte
voulant fe les concilier , fit un reglement pour
afîurer leur fortune par des récompenfes pécuniaires
; & prefque tous fes fuccelfeu'rs augmentèrent
leurs privilèges. ( D. J. )
On donne encore aujourd’hui en France le.nom
de vétérans aux officiers qui ont rempli un pofte
pendant vingt ans , & qui joniflent des honneurs &
des privilèges attachés à leur charge , même après
qu’ils s’ en font tjémis.
Un confeiller vétéran ou honoraire a voix ou
féance aux audiences, mais non pas dans les procès
par écrit. Un fecretaire du^roi acqueroit par la vétérance
le droit de noblelfe pour lui & fes enfans.
Quand àu bout de vingt ans de pofieflion d’une
chargé , oh veut en confier ver les privilèges , il
•faut obtenir des lettres de vétérance. (Art. refié )
VETO , (Hifi. rom. ) formule célèbre conçue
en ce (èul mot, & qu’employoxt tout tribun du
peuple , lorfqu’il s’oppofeit aux arrêts du fénat,
& à tout a été des* autres magiftrats.
C’étoit un obftacle invincible à toute propofî-
tion , que l’oppofition d’un fièul tribun , dont le
pouvoir & le privilège à cet égard confiftoit en ce
feul mot latin veto , je l’empêche j terme fi puiflant
dans la bouche de ces magiftrats plébéiens , que
fans être obligés de dire les raifions de leur oppo»
fition , il fuffifoit pour arrêter également les réfio-
lutions du fénat, & les propositions des autres
tribuns. »
La force de cette oppofition étoit fi grande , que
quiconque n’y obéilfoit pas , fût-il même conful ,
pouvoit être conduit en prifon ; ou fi le tribun n’en
avoit pas la force , il le citoit devant le peuple
comme rebelle à la puilfance facrée, & cette ré-
VE T . fif
bellion pafloit pour un grand crime. Voye^ T ris-
bun d u -peu p le. ( G o u v e r n . r o m , ) ( I ? . *L)
VETRAN ION , (hifi. rom.) général des armées
romaines, fous l ’empire*de Confiance, fils de
Conftantin, fort aimé des foldats , fut revêtu ,
par fon aimée, de la pourpre impéria:e , àS'.rtniuni
ou Sirmick-, dans la Pannonie, le »premier mai
de l ’an 3 50 de J. C. Confiance marcha contre
lui j les armées étant en préfence & prêtes à s’attaquer,
les deux concurrens, d’un commun accord ,
remirent la décifîon de cette affaire au jugement
de leurs foldats. Confiance & VetrUnion, montèrent
fur le même trône, & s’afiirent à côté l’un de
l ’autre, revêtus des ornemens impériaux j & fans
armes ; leurs foldats rangés autour d’eux , tenant
l’épée nue à la main, écoutoient. attentivement*
Confiance parla , dit-ron , avec tant de force 5c
de dignité, que les croupes, entraînées par fon
éloquence , le proclamèrent foui empereur, 3c
obligèrent Vetranion de defeendre du trône, de
dépouiller la pourpre , & de la remettre à Gçnf-
tance. Il paroit qu’il confentit fans peine à fon
| abdication, & que l ’ambition avoit peu d’empire
fur fon ame. On lui donna de grands biens avec
iefqucls il vécut heureux, fans regretter le rang
fuprême. Il avoit régné fix mois ; il vécut hx ans
paifible dans fa retraire à Prüfe en Biihyniev II
entendoit la guerre, il l ’avoit faite toure fa vie;
d’ailleurs fon éducation avoit été fi négligée, que
pour pouvoir fîgner fon nom., lorfqu’il fut élevé à
l’empire j il fut obligé d’apprendre à écrire.
VETUR1E , ( hifi. rom. ) Voyei C o r io l an .
V eXILLUM , ( Art milit, des ^Romains ) les
Romains fe fervoient indifféremment des mots
fignum & vexillum pour défigner toutes fortes d’en-
feignes ; néanmoins le mot vexillum dé no toit i ° -
d’une manière expreffe , les en feignes des troupes
de cava ere , qi*e nous nommons dans notre langue
étenda-ts , guidons , cornettes • r°. il défignoit encore
les enfeignes des troupes foui nies par les
alliés de Rome ; 3°. il fe trouve quelquefois em-
ployé pour exprimer les enfeignes de l ’infanterie
romaine. (D. 7. )
VEZINS. (liift. de F r .) . Il faut do- ner de-s
éloges à la générofitc de ce farouche Vefins ou
Vérins , lieutenant de roi-du Quercy , qui fe
tro vànt à Paris dans le tems de la faint Barthélemy,
& voyant le proteflant Viguières, fon
ennemi, expofé, dans cetre capitale, au fer des
aiïaflins, va le prendre chez lui à main armée,
!e mène avec un filer ce; effrayant jüfqu’au fond
du Quercy , l’y lailfe étonné de fe trouver dans
!a propre maifon , en liberté , en fûreté ; rejette
les témo’gnages de fon admiration, de fa recon-
noifTance, & le quitte en lui difiant : « j’ai fait
33 ce que j’ai dû y fais ce que tu voudras ; tu peux