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n i c u s , l’incident de la mort dé Narciffc & de l'entrée,
de Junie parmi les Veftales , a moins d’intérêt
que le récit fait par Burrhus , de la mort de Britàn-
nicus 5 ce qui paroît contraire à la loi très-raifon-
nable de la gradation continuelle de l’intérêt.
Si ces obfervâtions font juftes , il en réfulte que
Racine a un peu trop d’uniformité dans fes dénouement
5 qu’il y emploie trop fouvent la même forme ,.
& une forme empruntée de Corneille 5 qu’on peut ■
faire encore à fes autres (déno,uemcns quelques lé-
gers reproches , dont il nous femfele que M. de ‘
V o l ta i r e eft entièrement exempt. Nul auteur dra- •
matique n’a mis autant de variété dans le choix,
•de fes fujets dans: la manière de les traiter ,
dans fes noeuds dans fes- dénouemens , dans fon,
ftyle.
A la mort de M. de Vo ltaire , le premier mouvement
a dû:être de louer un lî grand homme,
>& ce fera toujours le mouvement le plus naturel
-comme le premier devoir de la juflice 5 il faudra
. toujours.» &, il falloir, fur-tout dans ce moment
fatal , obéir, à fon coeur & le foulager par des
«loges 5 mais il refteroit peur - être un livre plus
wiie à faire , ce ferojc un examen impartial, un
examen à charge & à déchargé des ouvrages de
M. de V o lta ire relativement au goût & à la'
morale ; ouvrage dans lequel on apprécieroit & les
bons & les mauvais effets de l’influencé qu’il a eue
fur les opinions & fur les moeurs de fon liècle ; on
fent qu’un tel examen les réfoudroit le plus fouvent
en témoignages d’admiration , en expreflions de
pîaifir^j de. tendrelïe ôt de reconnoiflance ; cependant
lî ce livre étoit fait , comme il doit l’être,
avec impartialité , avec courage , il -éconneroid
peut-être . également & certains admirateurs & cer-
. tains ( ceiifeurs dé M. dé Volràire. ‘Tout homme de
| Thon- goût de bonne-fôf eft fans doute admirateur
né de cet homme' unique. Il eft pourtant vrai
que"O. mémoire a quelques'zélateurs Fànàrquës Si
fhtolérans qui ne veulent pas que M. cfe Voltaire
puifle être-l’objet* de la moindre critique y ctr'font
‘ dé pareils zélateurs qui 'ont1 fait tort â'Hbriièfe7^
a la belle antiquité dans l’efpric des ;gefts du méntle
& des ‘ ignorans; ce’ fônt eux que Taèfté fêmble
•avoir désignés par cé mot : Pejfijnùrrr. inirnicorüm
' genus Laiidàntés , & c’cft à eux qnon' p eut âppli-
■ quer ces deux vers de La Fontaine : !
Rien n eft fl dangereux qu’un indiferet ami ;
M.eux yaudroit un fage ennemi, .. '
VOLUMNIUS ,( m f i / . r ç r n / ^ C’cft.fé nom fde
plofieurs /romains que. rhiftoiré a ? diftingnés.
.. i,?. L. V o lum n iu s , furnomijié tj.am m a , y io le n s ,
fut /deux : fois confié » l’an dé Royae 44 6 8c l^m
&• toutes ,lçs deux foi s. ilf.eut pour collègue.
. .Appius ÇLauiius, dont il n’-eut pas toujours à fe
A fon premier COnfufat ,* il fut* envoyé
V O L
contre les falentins, nouveaux ennemis de Rome ,
que leur éloignement avoit tenus jufqu’alors hors
de la portée des armes romaines, mais dont les
romains, de conquête en conquête , étoient devenus
les voilins & par conféqtrent les ennemis 5 ce qui
auroic bien du avertir toutes les nations de fe
réunir contre Rome comme contré lin ennemi
commun. Volumnius acquit de la réputation .dans
cette guerre, eut des> fuceès , gagna des batailles,
prit des villes $ il fe concilia fur-tout la faveur des
foldats par une popularité aimable, jointe à une
grande libéralité : il employoit toujours ces qualités
à l'avantage dé ‘la république ; il étoit pan-
venu, dit Tité-Live, à rendre le foldat avide &
de périls & de travaux. Pr&doe e ra t la rg ito r 3 &
b enign.it atem p e r f e g ratam comitate a d ju ra ba t ,
militemque i i s artibus fc c e ra t & p e ricu li b labor'Cs
avidum.
Pendant fon fécond confulat, e’étoit aux fam-
nites & aux étrufques que Rome avoit principalement
affaire. Volumnius partir pour le Samnium ,
Ion collègue pour l’Etrurie. Quelque tems après
deur départ , Appius -Cüudius' voit- arriver dans
l’Etrurie Volumnius avec toute fon' armée'.; Tolîs
deux ’font également étonnés , l’un de cette arrivée
fubite de V o lum n iu s , .l’autre de l’étonnement
même de Claudius : celui-ci demande avec aigreur
& d’un ton d’infulte à V o lum n iu s> , pourquoi ,
fuififant à peine aux affaires de fa province , il
s’ingère, de porter fi oÆcieufement à fon collègue
des feco'ürs que celui-ci ne ' lui demandoitr pas ?=®
Je vous porte', -répondit Volumnius , les feco.urs
que vous m’avez demandés , je ne viens que d’après
la lettre que'vous 'm’avezi.vdus-même écrite =»
Je ne vous ai p<jânt écrit.-— Eh bien 1 foit que la
lettre foit faulfc , foit que vous repentant"de l’avoir
écrite , il vous plaife en ce moment de la
défavouer, je rétoufne fur-lc-châîup dans le Sam-
nium , bien plus content d’avoir fait un voyage
inutile , que fl vous aviez réellement befoin de
mon fervice, comme la lettré m’avoit donné lieu
de le penler.. I l; alloitr partir ; en effet, lo;fque les
principaux officiers de l’armée d’Appius , dont la
lettre étoit "vtaifemblablement l’oûvrage, entourent
les deux généraux , fupplient Àppius de ne pas
rejetter un fe cours:que la fortune lui préfentoît ,
•dont il'àyoit véritablement befoin & qu’il auroit
du demander lui même 5 d’autres, conjurent: V o -
'lum n iu s de refter , de né pas s’oflfenfer de la jaloulje
_?d-; Appius & de «né pas.tratiir les intérêts die. Ja ; république
, ' par trop de fenflbilité au mauvais
accueil q’u’Ü recèvoit de fon collègue > jils.,lui
‘ repréfentent que fi i’armée .d’Etrurie éprouve dfs
■ malheursils lui feront- tous, imputés ; qa’on .ne
demandera pas que.s auront été les discours d’Appius,
mais quel, étoit i état & le befoin de l’armée ;
que fi Àppius le renvoyoit , la république & l'armée
le , retenoient!.' 'Ce'tté 'canfe füt plaidée devint
entière 5 Volumnius* brave foldat,
fage
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fage général » ne s’étbit pas piqué jufques-là d’éloquence
; cependant il expofa tres-nettem nt k fujet
de la difpute , & on remarqua qu il parloit- ferre
bien ; le jaloux Appius en fut encore bielle ; il
s’étoit acquis une grande réputation d’éloquence.
3> On me doit cependant quelque reconnoiffance,
dit il avec une ironie amère ; voilà que Volumn
iu s , toujours muet jufqu’alors, eft devenu tôut-
à»-coup difert & prefque éloquent' pour me combattre.
« J’apprend:ai toujours d’Appius avec plailîr
l’art de parler éloquemment, répondit V o lum n iu s ,
mais Appius pourvoit quelquefois apprendre de-moi
l’art d’agir avec vigueur , chacun a fon talent, &
la république en ce moment a plus befoin d’aftions
courageufes que de belles harangues. Volumnius
demanda enfin que les foldats manifeftaffent leur
defîr d’une manière qui ne laiffit point de doute ,
& le voeu général fut que Volumnius reliât & que
les deux confuls , avec leurs forces réunies, fi lient
la guerre en Etrurie , où les Samnites s’ecoient
joints aux Etrufques ou Tofcans. Appius fut obligé
de confentir à cette réunion des deux conluis &
des deux armées, de peur que tous fes foldats ne
fe rangeaffent fous le# drapeaux de fon rival ;. ils-
livrèrent enfemble une bataille aux etrufques &
•aux famnites & remportèrent une vidoive fignalée,
a laquelle Volumnius eut beaucoup plus de paît
qu’Appius ne l’auroit defîré , mais Appius y contribua
auffi par fa bonne conduite. Après cette
victoire Volumnius retourna dans le Samnium où
il en remporta une nouvelle contre les fam-rites ,
auxquels il enleva tout le butin quils ve noie rit de
faire dans la campagne. Ils avoient fait aufli une
multitude de prifonniers ; ceux-ci dans le tumulte
de l’adion fe mirent en liberté; les premiers qui
rompirent leurs , fers, délièrent leuTs compagnons,
tous enfemble prirent les armes qu’ils trouvé en?
parmi le bagage, & les tournèrent contre les fam-
ïfites. Puis ayant apperçu leur général Suius Mi-,
liacius, qui parcouroit les rangs pour exhoiter fes
foldats, ils coururent à lui, le firent prifonnier à
fon tour & le menèrent au conful. Volumnius eut
dans certe occafïon une double gloire. Les affaires
d’Ètrurie , depuis fon départ, s’étoient brouillées
de nouveau ; les etrufques & Iss famnites avoient
repris les armés, d'autres peuplés paroiffoient dif-
pofés à fe joindre à eux , & îesj romains en avoient
jconçit beaucoup d’alarmes , lorfque les nouvelles
Venues du'Samnium, annonçant tes fuccès fou-
tenus de Volumnius , arrivèrent à Rome , & y’firent
renaître le calme & la fécurité. Volumnius , rappelle
a Rome pour prelïder à l’éledion des nouveaux
magiftfats, déclara que, s’il ne le tenoit affuré
que le peuple romain alloit élire l'homme généralement
connu pour le plus grand capitaine, il
f auroit qommé d.dateur par lë droit de fa place,
tout Me monde comprit qu’il défignoic le fameux
.cundateur Q. Fabius Maximus , il eut en effet tous
les luffrages & on fengeoit à lui donner Volumnius
pour collègue 5 mais Fabius lui-même de-
H i f o i r e , Tomç V r
V O L Gff
maefla Décîus , 8c V o lum n iu s , fans montrer le
moindre reffentiment de l’efpèce d’exclufion que
lui donnoit le général, auquel il venoit de rendra
un hommage fi flatteur, a-pplaudit à fon choix &
combla Dédus de louanges. Enfin, toure fa conduite
eft celle d'un excellent citoyen & d’un générai
véritablement utile.
Volumnius , ( Titus ) ( H iß . r o m . ) héros &
martyr de la patrie & de l’amitié, avoit fuivi le
parti de Brutus & de Caffius contre O da vie n &
Antoine , & avoit entraîné dans ce même parti
Marcus Lucullus fon ami ; celui-ci étant tombé
entre les mains des vainqueurs , Antoine le fit
périr. Volumnius qui pouvoit fié dérober au même
fort par la fuite, ne voulut jamais abandonner fon
ami ; il donna tant d’éclat à fes regrets & à les
plaintes fur la mort de Lucullus , qu’il fut traîné, *
comme il le defiroit, aux pieds d’Antoine. « C’eft
» moi , lui dit-il, qui ai caufé la mort à mon
» ami, c’eft moi qui l’ai forcé d’embralftr le parti
33 qui fèroit réputé le plus jufte s’il avoit triom-
r ». plié. Vengez-vous & puniffez lé vrai coupable.
33 En me livrant moi-même , j’ai droit à quelque
33 grâce , je.n’en demande qu’une * celle d’être
« conduit fur-le-champ vers le lieu oà le corps de
» mon ami eft encore renverfé par terre 8C d’y être
» égorgé auprès de lui. » Antoine , tyran cruel,
mais qui n’étoit pas toujours incapable de généro-
fité , en »manqua cette fois , ce que V olumnius
avo;t demandé fut exécuté à la lettre , on le con-
duifit à l’endroit qui alloit être pour la fécondé
fois le lieu de fon fupplice , il prit la main de
Lucullus & la baifa, il ramaffa la tête fanglante
de fon ami. & la prelîa contre fon fein , puis il
préfenta fa propre tête au bourreau , montrant
jufqu’au dernier moment l’empreffefnent le plus
vif & le plus ferme à être réuni au inalheuieux
Lucullus.
50. Un autre V o lum n iu s (Pubiîus) avoit donné
un àfyle dans fa mailbn au célèbre AtticuS , qui,
quoique ami d’Antoine, quoique aimé & refpeété
dans tous les partis, avoit été mis au nombre des
proferits , cet alyle le fauva , on fentit qu’on
n’àvoit pas dû proferire Atticus, & il fut rayé de
la lifte des vidimes.
VOLUSIEN, ( CaïusVibius Volufianus) {H iß .
r o m . ) fils'de l’empereur Ga'lus , qui avoit fuccédé
à l’empereur Déce l’an 2.5 1 de J. C. Déce avoit
laiffé un-fils, nommé Hofiilien. Gallus, qui avoit
fait périr Déce par* une horrible trahi fon a en le
faifanc tomber entre lès mains des goihs , parut
adopter Volufien, & lui conféra le titre d’Augufte;
il paroit fa vidime pour l’égorger. Une pelle qui
ravagea l’empire romain pendant douze -ans, depuis
l’an 250 jufqu’en 1 , lui fournir les moyens
!, d’exécuter fon projet, Hoftilien mourut en 25z
& Gallus publia qu’il étoit mort de la pefte ; mais
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