
40(5 T U L
Saueius at fsrpens'Jinuofa. vclumina verfat ,
Arreaifque horret Jquamis & fibilat ore
Arduus infurgens ; ilia haud minus urgct adunco
LuSantem rofiro, Jîmul eethcra verberat a lis,
QueUts images ! quelle 'énergie, & quel bonheur
d’exprciïious ! Implicuitquepcdes atque unguibus
h a fit y vous voyez l’aigle enfoncer tranquillement
& fortement fes ongles dans le corps du ferpent
pour le tenir aflhjetri, Jîn u o fa v olumina v e r f a t ,
arrêtais h o r re t fq u am is . Il eft impoffib'e de peindre
plus énergiquement les efforts inutiles & la
colère impuiiiante du ferpent. A ce fait qui termine
le tableau, J îm u l a tk e ra v e rb e ra t alis , vous
croyez entendre le battement des ailes, 8c voir
leur mouvement. C ’eft bien véritablement
L’aigle lier & rapide , aux ailes étendues.
Cicéron pouvoir pafîèr pour guerrier comme
pour po’ëte, c'eft-à-dire au même titre. S'il avoît
fait quelques bons vers, il avoir porté les armes,
& même avec quelque forte de fuccès , il avoît
fervi dans la guette fociale Cous Pompeius Strabon ;
l’an 702 d® Rome y procenful de Cilicie , il arrêta
& repouffa les parthes prêts à entrer dars fa province
, il attaqua un peup-'e de brigans qui , descendant
du mont Amanus , faifoient des courfes
dans le plat pays ; non content de les réprimer,
il leur prit plu fleurs places, & pour ces fuccès,
il fut proclamé, par fes foldars , îm p e ra to r , c’eff-
à-dire général vainqueur. 11 demanda même , &
obtint, ma:s contre l'avis de Caton, l'honneur des
fupplications publiques, c'eft-à-dire qu’on ordonnât
de rendre de fo’émnclles aéfions de grâces aux d eux,
pour les avantages qu’il avoit remportés , & dans
le fond de (on coeur il efpéroit d’arriver jufqu'aux
honneurs du triomphe; car fon ambition , tantôt
plus’éclatante, tantôt plus lourde, félon les objets,
ne rcnonqoit jamais â rien. La vérité eff cependant
que la nature ne lui avoit donné de véritables
difpofîtions , ni pour la guerre , ni pour la poéfîe.
Il plaifante lui-même d'a liez bon goût avec fon
ami Atticus y fur fes exploits guerriers & fur ce
qu’il a occupé un camp d’Alexandre , auprès d'Iffus.
Çajlra habuimus e a ip fa que. co n tra D a r ium habuerat
û p u d Ijfum A le x a n d e r , împ e ra to r h a u d paulo m e lio ry
quam a u t tu a u t ego.
Les éditions & les tradudions de Cicéron ont été
innombrables ; la meilleure édition paroît êtrece^e
de l’abbé d'Olivet. Quant aux tradudions, nous
n’en avons point de complexes , Duryer eft celui
qui a traduit la plus grande partie des oeuvras de
Cicéron , mais qu’eft - ce que des tradudions de
Duricr ? des traités & des ouvrages particuliers
ont été bien traduits. On eftime beaucoup fur-roue
la tradndion des lettres à Atticus par l’abbé Mon-
gault ; on fait cas auffî de la tradudion des offices
, & des traités de la vieilleffe & de l’amitié, 8c des lettres de Gicéron à Cet amis, epîjioloe a d
T U L
famdiares\ nommées vulgairement 8t pf.r corruption
fes epîtres familières, par M, Dubois; des
lettres à Brutus, par i’abbe Prévôt; de la tradudim
desoraifonspar M. de Villcfort;de celle dcsTufcu-
lanes t du traité de la nature des Dieux & des
Catüîn’iies par i’abbé d’Olivet ; du traité des vrais
biens & des vrais maux, & du traité de la divi-
nation par 1 abbe Régnier Desmarais ; du traité des
loix par M, Morabin , on a aufli de ce dernier
f adudeur une vie de Cicéron; on en a une autre
traduite de i’Anglois de Midleton par l’abbé Prévôt.
On a entrepr s depuis un certain nombre d’années
une tradudion complette des oeuvres de Cicéron ;
trois differens tradudeurs y ont déjà travaillé, nous
ignorons où l'on en eff aduellement de cette entreprit
j comme elle cft immenfe, peut être au-
roit-on dû commencer, par nous faire jouir des
morceaux qui n’ont pas encore été traduits ou qui
■ iPcnt été mal.
Quant au parallèle qu’on ne manque jamais de
faire de l ’éloquence de Cicéron & de celle de
Démoflhène, voyez l ’article Démajlhene. Nous
dirons feulement ici qu’on a remarqué ingénieu-
femert & avec allez de juftefle que Démoflhène,
dort le ftyle eff véhément & le goût pur jufqu’à
^l'auftcrité , aurait encore mieux réuffi aupiès des
romains naturellement ftr.eux & féveres , & que
Cicéron qui égayôit & ornoit (on éloquence, qui
repandoit des fleurs & qui fe permettoit des plai-
fanecries, aurait été encore plus du goût des Athéniens
, peuple léger & porté au rire.
Le parallèle de Cicéron & de Caton dans M. d t r
Montefquieu n’efl pas à l’avantage du premier.
» L acceflbire chez Ciccron, dit-il, c’étoit la vertu 3
” chez Catqn c’étoit la gloire. Cicéron fe voyoie
» toujours le premier, Caton s’oublioif toujours.
» Celui-ci vouloit fauver la république pour elle-
m même, celui-là pour s*en vanter. Quand Caton
» prévoyoit, Cicéron craignoit : là où Caton ef-
•» peroic, Cicéron Ce confioît. Le premier voyoit
» toujours les chofes de lar>g froid , l’autre au
» travers de cer-t petites pallions. »
Quintus Tullius Ciccron , frère de Porateur,
fut préteur l ’an de Rome 6 9 i ; il eut enfuite le
departemert de l ’A fie , & nous avons la lettre
.pleine de tendrefle & de railon que Ciccron lui
écrivît (ur Ces fondions 8C fur fis devoirs , ouvrage
où les plus importantes leçons font déguis
e s fous la forme de l’éloge. Quintus fut enfuite
l'eutenaot de Céfar dans les Gàules ; mais dans
la guerre civile il prit, comme nous l ’avons d it ,
Ie pvti de Pompée & de la république , & pendant
que Cicéron l’excufoit auprès de Céfar ,
nous avons vu que Quintus & fon fils , ufant d’ingratitude
envers ce même Cicéron , cherchoienc
a le rendre fufped à Céfar 5c vouloient rentrer en
grâce à .fes dépens. Il paroît que ce défaut de naturel
& de reconnoiffançc doit plutôt être atrri-
T U L
bué au fils qu’au pere ; ce fils en effet donna beaucoup
de mécontentement & de chagrin à fa famille;
mais il imita fon oncle en un point, c’eft
que fon dernier moment fut le plus beau de fa
vie : proscrit avec fon pere & fon oncle, il tombai
Je premier entre les ma'ns des bourreaux , ayant
été trahi par fes cfclaves ; il avoit caché avec
foin fon pere, on lui fit fouffrir les plus affreux
tour/rens pour lui arracher fon fecret ; oh ne put
le vaincre; mais Quintus ne put fouffrir que fon
fils fût fl- cruellement traité à caufe de lu i , il
forcit de fa retraite & vint de lui-même s'offrir
aux affaflmc , demandant feulement à mourir le
premier ; ils furent tous deux égorgés en même
temps.
Le fils de Cicéron ( Marcus Tullius) échappa
feul à la proferip ion. Il étoit en Macédoine auprès
de Biutus où fon pere & fon oncle avoient
voulu fe rendre. Il étoit à la bataille de Phi ip-
pes , & il s'y comporta en homme qui avoit fon
pere & fa famille à venger ; après la perte de la
baraille, il le retira fur la flotte qui recueillit les
débris de l’armée républicaine fous le commandement
des amiraux Murcus & Domitius OEno- j
barbus; Murcus en mena une partie en Sicile à j
Sextus Pompée , 8c Cicéron fut de ce détachement.
Les traités de pacification le ramenèrent
à Rome, ou O&ave , devenu le maître, parut vouloir
expier à l’égard du fils la funefte condefeen-
daoce qu'il avoit eue à l ’égard du pere. Mar.us
Cicéron fut fait augure , il fut même dans la
fuite él vé ail co fulat, il exerça cette magiltra-
ture depuis le 13 fep embre de l’an de Rome 721
jufqu’au premier novembre de la même aiînée.
Etant à ce titre préfident du fénat , il vengea
fo i pere fur la mémoire d’Antoine qu’il fit flétrir
par un décret folemnei de cette compagnie. Les
fiatues du Triumvir furent r.nverfées , le jour de
fil naiffance fut mis au rang des Jours malheureux ,
le prénom de Marcus fut interdit à toute la famille
Antonia.
Il paroît que Marcus Cicéron n’eut rien des
taie ns de fon pere, malgré l’éloge que Brutus en
avoit fait autr.fois à ce pere il uftre & qui eff le
ftul t:tre qu’on puifle citer en faveur du fi!s. Ci-
cero tuus , m an doit-il au grand Cicéron, fie mihi
fe probat indttflriâ , patientiâ , labore , animi ma
gnitudine , omni denique 0f l cio ut prorfus nun-
quam dunittere videatur cogitationem , citjus f t
jilius...... tibi perfuadeas , non fore illi abutendum
gloriâ tua , ut adipifeatur honores paternos. Ce
n’étoient là fans doute que de ces complimens
qu’on eroit devoir faire à un pere, en lui par-
lant de fon -fils ; cependant, c’étoit Brutus qui
parloir. Si le fils de Cicéron avoit montré dans fa
jeuneffe quelques heureufes difpofit’o<ns, elles n’a-,
boutirent à rien y fa vie fut obfcurc Sc crapuleufe ,
il fut de bonne heure abruti par le vin, auquel il
étoit trop adonné.
T u R 407
TUNDES , ( Hiß. mod. fuperß. ) les Japonoîs
défignent fous ce nom des prêtres revêtus d'une
dignité eccléfîaftique de la re'igion de Budsdo, qui
répond à celle de nos évêques. Ils tiennent leurs
pouvoiis & leur conféc:ation du fouverain pont fe
de leur religion appelié fiaka $ c’eft l’empereur
féculier du Japon qui nomme ce*tundes » le
fiaka confirme (on choix, & leur accorde le aroi
de difpenfer dans les cas ordinaires, & d'appliquer
aux vivant & aux morts les mérites
des dieux G* des faints.
le s tundes ne communiquent po:nt fans reftric»
t:ons, un pouvoir fi ctendu aux prêtres ordinaires.
Ils ont communément la dircébon de quelque
riche monade: e de bonzes , qui leur fournifftnt
les moyens de foutenir avec Iplendeur la dignité
de leur état. ( A. R. )
TU R B AN , ( Hiß. mod. ) c\ft la coëffnre de
la plupart des orientaux & des nations mahomc-
tanes. Il confifle en d' ux parties, favoir le bonnet
& le bour.’et ou la bande qui eff de li|;ge fin ou
de coton , ou de taffetas arciflement plié 8c cn-
torcillé autour de la partie inférieure du bonnet.
Ce mot vient de l’arabe dar ou dur , dal ou dulj
qui fignifie entourer 9 & de bond ou behd , qui veut
dire bande , bourlet , ou écharpe y de (o: te ! que
durband ou turband ou tulbend , ne fignifie autre
chofe qu’une écharpe , ou bande liée en rond ,
& c’eft ce bouilet qui donne la dénomination à
tout le turban.
Le bonnet eft rouge ou verd , Dns bord , tout
uni, & plat par-dellus, mais arrondi par les côtés,
Sc piqué eu fourré de coton , mcis il ne couvre
point les oiedles, une longue pièce de linge ou
de coton t/ès-fin l ’enve’oppe d puis le milieu de
fa hauteur jufqu’à fu naiffance fur le fi or.t , &
forme une infirmé de plis fur le bourlet.
Il y a beaucoup d’art à donner bon air au turban,
& parmi les orientaux c ’eft un commerce ou une
pmfeflion parfeulière comme eff parmi nous la
fabrique des chapeaux , ou plutôt le métier des
coeffeufes.
Les émirs qui fe prétendcnt de la race de Ma-
ho,met , portent leuts turbans tout-à-fait verds,
& eux feuls parmi les turcs ont le privilège de
l’avoir entièrement de ce:te couleur , qui eft celle
du prophè e. Ceux des autres turcs font ordinairement
rouges avec un bourlet blanc. Les gens de
qualité, 8c ceux qui aiment la propreté font obligés
de changer fouvent de turban.
M. de Tournefor: remarque que le turban eft à
tous égards une coëffure très commode , elle eff
même plus avantagenfe à la guerre que nos chapeaux,
parce quelle tombe moins facilement St
peut plus aifément parer un coup de tranchant.