
a tomba dans la difgrace de Louis XIV ; & ennuyé
enfin d'un long exil , il prit le parti de fouir du
royaume , & d’aller vivre à Rome en doyen du
îacré collège. On jugea en France qu’il avoit manqué
d’obéiffance& de refpea au roi ; le parlement,
par arrêt du 2ô juin 1710 , rendu fur les conduirons
, M. d*Agueffeau , alors procureur général, le dé*
creta de prife de corps, & faifit les revenus defes
abbayes : mais, l’exil n’étant pas une peine légale
comment un corps légal pur.iiToit-il l’aftion de fe
dercber a 1 exil Î-Et d’ailleurs , le neveu de M. de
Turenne ne mérîtoitil pas plus d’égards ? On a
imprimé dans des recueils une apologie du cardinal
de Bouillon , laquelle mérite confédération. Il mon- ■
rut a Rome le 2, mars' 1715.
10°. Louis de la Tour , prince de Turenne,
neveu du cardinal de Bouillon , mourut le 5 août
1692 , du|g bleffure reçueà la bataille de Steinkerque;
da»s les guerres des Vénitiens contre
l e s ' Turcs.
i-110- Le <3e Bouillon aéluel ( Gôdefroi-
Criiarles-Henri de la Tour ) né le 5 février 1728 ,
colonel général de la cavalerie en 1740 .grand cham-
-v kellan èn furvivancé , & maréchal de camp en 1748 ,
fit fa première campagne en 1744, fous le maréchal
de Saxe, Ôtaftîfta fous lui aux batailles de Fontenoy ,
- de Raucoux & de Lawffelt ; il commanda la cavalerie
en 1748 & 1757.
12°. Dans la branche des barons de Murat, Jean-
Maurice de la Tour eût une jambe emportée au
combat de Luzzara, le 15 août 1702.
13°. Louis-Gkude-Maurice de là Tour d’Apchier.
ion h!s , mourut à Farinée à Mons , le 2« ïuillei
.1747. * /
. ^ i colas* Julie-Xi {le , frère dé ce dernier .
e dimnguay & reçut une bleffure confidérable à
la bataille de Laivfteît.
La maifon de la 7W-Taxis ou Taffis , qui a
produit des princes de l'Empire, généraux héréditaires
des poftes de l’Empire ,-& plufieurs officiers
generaux en Allemagne & en Italie , chevaliers de
la loifon d'or, &c. prétend defcendre de la mailen
de la Tour d’Auvergne,
„ T O U R (Bertrand de la ) ( Hiß. lu . mod.) de
I academie de Montauban, & doyen du chapitre de
cette ville , a fondé le prix annuel de « o l iv , pour les
iujets proposes par l’académie de Montauban. On a
da lui des fermons, des réflexions fur le théâtre , des
diicours & des differtations dans les mémoires de
1 academie de Montauban. Mort à Montauban en
I7ÖI.
TO U R -D U T 1N. ( Hiß. de Fr.} C ’eft le nom
d un bqurg de France dans le Dauphiné, à quelques
heues de Lyon. Il a vraifemblablement donrié Ton
nom a la maifon de la Tour-du-Pin , de laquelle
etotem les derniers dauphins de Viennois , dont le
ermer ( Humbert II ) a cédé le Dauphiné à la
maifon de France. ( Voye^ l’article BiAt»in®Nf 5
& 1 article Humbert IL)
De cette même maifon étoit auffi un prédicateur
célébré de ces derniers temps ( Jacqaes-Tranço»
Kene de la Tour-du-Pin ) dont nous avons les fermon*.
Mort en 1765.
T our de pcrcslun* , (Hiß. de U Chine) cens
fameufe tour eft de figure oélogone, large d’enviro»
quarante pieds , deforte que chaque face en a quinze.
LUe eftentoures par-dehors d’un mur.de même fi-
gute, éloigne de deux teifes &. demie, & portant «
UÎJ? rnec*iOCf® hauteur un toit couvert de tuiles ver-
niliées ; ce toit paroît naître du corps de h ' tour , &
terme au^effbus une galerie aftez propre.
La tour a neuf étage? dont chacun eft orné d’une
corniche de trois pieds à lanaiffance des fenêtres, &
oiftingue par des tots femblables à celui de la galerie,
a cela près qu’ils ont beaucoup moins de faillie -parce
qu ils ne font pas foutenus d’un fécond mur ; ils deviennent
aeme beaucoup plus petits, à mefure que
la tjur s eleve & fe rétrécit.
Le mur a du moins fur le rez-de-chauffée douze'
pieos d epameux , & plus de huit & demi par le haut,
il eit merufte de porcelaine«: pofées de champ : la
pluie & la. pouffière en ont diminué la beauté ; cepen-
anti eJirIe^e enÇore affes pour faire juger que c’eft
en effet de la porcelaine quoique groflière ; car il y a
apparence que la brique, depuis trois cent ans que
cet ouvrage dure, n’auroit pas confervé le même
éclat*
. h* efcalier qu on a pratiqué en dedans , eft petit &
incommode, parce que les degrés en font extrêmement
hauts y chaque étage eft formé par de greffes
poutres mues sn travers, qui portent un plancher ,
& qui forment une chambre dont le lambris eft enri-
^ o e f f iv e n e s peintures, fi néanmoins les peintures
de la Chine font capables d’enrichir un appartement.
, Les^ murailles des etages fupérieurs font percées
d une infinité de petites niches qu’on a remplies d’idoles
en bas-relief, ce qui fait une efpèce de marque-
tage très propre. Tout l’ouvrage eft doré, & paroît
de marbre ou de pierre cifelée ; mais je crois que ce
n eft en effet qu une brique moulée ôt pofée de champ ;
car les Chinois ont une adreffe merveilleufe pour
imprimer toute forte d’ornemens dans leurs briques ,
dont la terre fine & bien faffée eft plus propre que
la notre à prendre les figures du moule.
Le premier étage eft le plus élevé , mais les autres
font entr’eux d’une égale diftance. On y compte cent
quatre-vingt-dix marches prefque toutes de dix bons
pouces, ce qui feit cen.t cinquante-huit pieds ; fi l’on
y joint la hauteur .du maflîf, celle du neuvième étage
qui na point de degré , ôc le couronnement, ontrou-
/Vera que la tour eft élevée fur le rez-de-chauffée de
plus de deux cent pieds.
Le comble n’eft pas une des moindres beautés de
cette tour: c eft un-gros mât qui prend au plancher
du huitième etage, ôc qui s’élève plus de trente pieds
T O 0
$Ti dehoft. D paroît engagé dans une large bande de fer
de la même hautéur, tournée en volute, & éloignée
de plufieurs pieds, de l’arbre, deforte qu’elle, forme
en l’air une efpèce de cône vuide •& perce à jour, fur
la pointe duquel on a pofé un globe doré d’une grof-
feur extraordinaire. Voilà ce que les Chinois appellent
la to ur de porcelaine , & que quelques européens
nomineroient peut-être la tour de brique. Quoi qu’il
■ en foit de fa matière, c’eft affurément l’ouvrage le
mieux entendu, le plus solide, & le plus magnifique
qui foit dans l’orient, à ce que nous affurent les RR,
PP. Jéfuites. ( D . J. )
TOURNEFORT ( Jofeph Pitton de) ( Hifl. Ht.
mod. ) très-grand nom dans la botanique , £k en gé-
" nérai dans les fciences , naquit à Aix en Provence le
5 juin 1656, de Pierre Pifton , écuyer , feigneur de
T o u rn e fort ^ ôt d’Aimare de Fagoue, d’une famille
noble de,Paris. » Dès qu’il vit des plantes , dit M. de
ïbnîenelie , il fe fentit botanifte ; » il connut .bientôt
de lui-même, & fans maître * les plantes des environs
de la ville d’Aix,
Il prit peu de goût pour la phîlofophie de l’école ;
mai» ayant découvert dans le cabinet de fon père la
phîlofophie de Defeartes , il la reconnut auffi-tôt pour
celle qu’il chçrchoit : il fe livroit à cette le&ure avec
d'autant plus d’ardeur , qu’il n’en pouvoit jouir que
par furprife & à la dérobée. » Ce père, qui s’oppo-
w foit à use étude fi utile , lui donnoit fans y pen-
» fer ( par cette contrainte même} une excellente
a éducation.
On le deftinoit à I’églife ; on Te fit étudier en théologie
, on le mit dans un féminairemais il failoit qu’il
vît des plantes, il a doit faire- fes études chéries, I
fes feules véritables études, ou dans un jardin d’un
apothicaire d’Aix , ou dans la campagne, quelquefois
fur la d me des rochers , s’introduifant par adreffe
•ou par pr'éfens dans des lieux fermés, s*ofcpciànt aux
plus grands- dangers pour fe fatufaire ; un jour il
penfà être accablé de pierres par des payfans qui le
prenoient pour un vohsur, méprife qui- n’eft point
rare à l’égard des botanifte s , des aniiquaües, des
voyageurs & eaa général de tous ceux qu’une curiofité
.peu commune attire dans des lieux oii ils ne font ni
attendus, ni -connus.
» Enfin , dit M,- de Fontenêlîe, la phyfique :& la
•n médeffine le revendiquèrent avec tant de force lcr
» la théologie , qui s’en étoit mife injuftement en
» poffeffion , qu’il fallut qu’elle le leu? aban-
v donnât
Il fut aidé par un exemple domeftique, il avoit
un oncle paternel,-médecin habile, & la mou- de~'
fon père le la-ifta maître ( çn 1677 ) de .fuivre fon
incitation..
En 1678, il commença fon herbier dans les
montagnes de la Savoy? & du Dauphiné, Ro&ufte,
autant que laborieux, fon corps aum bien qu$ fou
cfprit été fait» pour la botanique.
Ç? 1679, il partit pour Montpellier., oh fappelloit
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ûft )ardîti de? plantes établi par Henri IV ; bientôt
il connut ÔC fit connoître aux gens du pays tout ce
que les environs de Montpellier produifoient de
plantes ignorées à dix lieues à la ronde. -
En 1681, il partit pour Barcelone & pour les montagnes
de Catalogne, toujours fe perfedionnant dans la botanique,
. & toujours Fenfeignant aux au très. Les Pirériécs
étoient trop voifines pour ne le pas tenter; il s’y
engagea* il y fut plufieurs fois dépouillé par les
Miquelets Efpagnols. Pour tromper leur rapacité, il
imagina de cacher & d'enfermer fon argent dans du
pain fi noir & fi dur, que, quoiqu’ils le volaffent
n fort exactement,. ÔC qu’ils ne fuffent pas gens à rien
n dédaigner, ils le lui laiffoient avec mépris)». Un
jour il fut enfevelî pendant deux heures & prêt à
périr fous les ruines d’une cabane où il couchoit, ÔC
qui tomba tout à coup.
M. Fagon, alors premier médecin de la reine
Marie*Thérèlé d’Autriche, aimoit beaucoup la botanique
» il entendit parler de M. de Tourne fort, il
voulut l’attirer à Paris.; Madame de Venelle , fous-
gouvernante: des enfans de France, connoiffoittoute
la famille de M. de Tourmfort ; à la follickation de
M. Fagon, elle engagea M. de Tour ne fort à venir
i Paris en ï 68 3.. elle le préfenta elle-même à M.
Fagon, qui dès la même année lui procura la place
de profeffeur en botanique, au jardin royal dès plantes,
de Paris*.
Cet emploi ne l’empêcha pas de faire, encore de.
nouveaux voyages en Efpagne, en Portugal, en
Angleterre , en Hollande , pour voir des plantes ÔC
desBotaniftes, M. Herman, célèbre Botanifte à Seyde,
voulut lui réfigner fa place , choififfant ainfi un
lueceffeur , non feulement étranger, mais d’une cation
ennemie ; il avoit raifon, les fa vans né forment qu’une
feule nation , répandue dans toutes les contrées de
l’univers, kumanï rùhil à fe alienum putans. L’amour
de la patrie engagea M. dsTournefort à refofer des
offres li fiatteufts, ôc qui. d’aiileurs n’étoient pas moinf
avantageufes*
En 1^92 , M. l’abbé Bignon ~ qui ne le connoiffoit
que'de nom, ainfi que M.Homberg, lçsfit entre«
tous deux à P académie des fciences,
En 1694 „ parut le premier 'ouvrage de M. de
Tour ne fort ; il a pour titre : Êlérnens de botanique^
ou méthode pour connoître Iss plantes ; il fut imprimé
au Louvre. « La narure , dit M. de Fontenelîe, ayant
11 préféré une .çonfufton magnifique, à la commçdit®
» des phvficsens, c’eft à eux à mettre prefque malgré
» elle de Fai rar.gemem & un fyftême dans Us plante* ;
» ma;s, puif|uè'ce ne peut être qu’un ouvrage de-
» leur efprit, il eft -aifé de prévoir qu’ils fe partage-*
» font, & eue même quelques-uns ne voudront point
m de fyftêmc.u, M.' d§ Fontenellg. avoit fort bien
prévu.
Le ïyftjmë de M. de Tourne fort fisf attaqré fat
quelques points par M. f e ; , c é & e Boi^uiifte &
Phyiirien angloiç., auquel M. de Teùmefort réponds